Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
RAMPER, verbe intrans.
I.
A. −
1. [Le suj. désigne certains animaux (vers, reptiles, gastéropodes, certains mammifères amphibies)] Progresser par des mouvements d'ondulation en prenant appui sur la face ventrale du corps. Ramper à terre, sur la terre; ramper sur le sol, au ras du sol. [Les talus littoraux] y sont connus sous le nom d'échoueries. C'est là que rampent les veaux marins, les morses, les phoques, les chevaux marins, pour regagner la terre (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 233).Le dragon montra sur les rochers du rivage sa forme indistincte et portenteuse. Il rampait comme un serpent et son corps tortueux semblait long de quinze pieds (A. France, Île ping., 1908, p. 121):
1. Plume, sans lever la tête, mangeait patiemment. Un serpent tombé d'un régime de bananes rampa vers lui; il l'avala par politesse, puis il se replongea dans son assiette. Michaux, Plume, 1930, p. 171.
P. métaph. Il sembla qu'une femme seule pouvait écrire ce dialogue de haine élégante et perfide où le vers rampe, siffle, se redresse, avec une goutte de venin tremblant à la pointe de chacune de ses rimes (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 235).
Au fig. S'insinuer, se développer insidieusement, sournoisement. Fasse Dieu qu'il [l'auteur] ne se repente jamais (...) d'être entré dans cette atmosphère [du théâtre] (...) où rampent les cabales (Hugo, Préf. Cromw., 1827, p. 42).Pourquoi certains instincts plus élevés, aussi incontestables que ceux qui rampent tout au bas de nos sens, n'auraient-ils pas les mêmes prérogatives? (Maeterl., Intellig. fleurs, 1907, p. 167).
2. P. anal. [En parlant de l'homme et de certains quadrupèdes] Progresser lentement avec l'aide des membres, le corps appuyé au sol ou maintenu près du sol. Synon. se traîner.Ramper à plat ventre; ramper sur le dos; ramper sur les genoux. [Toby-Chien] rampe sur le ventre, le train de derrière aplati en grenouille, jusqu'à Kiki-la-Doucette, fourrure tigrée immobile (Colette, Dialog. bêtes, 1905, p. 7).Il faut, à un endroit, se baisser très bas pour passer au-dessous du pont massif et gluant qui franchit le boyau, et ce n'est pas sans peine qu'on y arrive. On est forcé de s'agenouiller dans la boue, de s'écraser par terre et de ramper à quatre pattes pendant quelques pas (Barbusse, Feu, 1916, p. 183):
2. l'ange gardien: Regardez-la qui se démène au milieu des épines et des lianes entremêlées, glissant, rampant, se rattrapant, des ongles et des genoux essayant de gravir cette pente abrupte! Et ce qu'il y a dans ce cœur désespéré! Claudel, Soulier, 1929, 1rejournée, 12, p. 700.
Empl. subst. masc., SPORTS. On pratiquera, par la force des choses, (...) bien des sports divers: le grimper s'il y a des arbres; le ramper s'il y a des broussailles (L'Œuvre, 19 avr. 1941).Le crawl est une sorte de ramper à la surface de l'eau (R. Vuillemin, Éduc. phys., 1941, p. 157).
B. − P. anal.
1. [Le suj. désigne une plante ou une partie de plante] Pousser, se développer en prenant appui sur le sol ou sur un autre support (horizontal ou vertical). Le reste de vos herbes est misérable; ce sont des gueuses de champ; elles seront étranglées d'ailleurs par le melon et surtout par le cornichon qui les enlacera et les étouffera avec ses tiges qui rampent et ses vrilles (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 105).Dans le Midi on laisse courir les vignes sur le sol, car les sarments, en rampant sur la terre la préservent du desséchement pendant l'été, et en se coudant favorisent la fructification (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 87).V. liseron ex. de Karr.
2. [Le suj. désigne gén. une chose matérielle, parfois un être animé]
a)
α) Se déplacer (lentement) à la surface ou le long de quelque chose. La lumière lugubre des lampes, rampant sur les parois des voûtes, et se mouvant avec lenteur le long des sépulcres, répandoit une mobilité effrayante sur ces objets éternellement immobiles (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 265).Le bruit cadencé D'un lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames (Hugo, Orient., 1829, p. 84).Et partout cette épaisseur de poussière noire, sa douceur floconneuse qui stagnait, rampait, flottait (Genevoix, Assassin, 1948, p. 52).
β) Se déplacer avec une lenteur excessive. Ce train omnibus (...) n'en finissait pas de ramper d'une station dénuée de génie à une gare sans originalité (Bloy, Désesp., 1886, p. 155).Le fiacre s'ébranle; mais le cheval, savamment contenu, rampe sur l'asphalte comme une limace (Courteline, Client sér., Mauv. cocher, 1893, p. 211).Quelques maigres ruisseaux rampent péniblement dans les bas-fonds dénudés [en Sicile] (Maeterl., Araignée de verre, 1932, p. 114).
En partic., dans l'arg. des cyclistes. ,,Rouler lentement, traîner`` (Riv.-Car. 1969). Ruffier veut totaliser des kilomètres. Je préfère « ramper » (La Pédale, 13 mai 1924ds Petiot 1982).
b) Rare ou vieilli. S'étendre, se développer, être étendu à la surface ou le long de quelque chose. Encore un peu de temps, et la seule voix qui retentit dans ces ruines s'éteindra aussi; encore un peu de temps, et ce corps misérable retournera en poudre comme ces colonnes qui rampent sur la terre, après avoir touché jusqu'aux cieux (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 323).Les vaisseaux qui rampent à la superficie du corps et des bronches pulmonaires (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 24).[Les] vaisseaux qui rampent principalement au fond des sillons des lobes pariétaux (Calmette, Infection. bacill. et tubercul., 1920, p. 185).
C. − Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou qqc. de relatif à la pers.]
1.
a) Mener une vie humble, obscure ou médiocre (du point de vue matériel, social ou moral). Synon. croupir, végéter, vivoter.Je suis née comme toi dans la vallée des larmes et tous les malheureux qui rampent sur la terre sont mes frères (Sand, Lélia, 1833, p. 13).Nombreux sont encore ceux qui confondent mysticisme et spiritualité, et qui croient que l'homme ne peut que ramper, si la religion ne le soulève; qui croient que seule la religion peut empêcher l'homme de ramper (Gide, Journal, 1933, p. 1153):
3. Quand j'y réfléchis, je rougis de ma vie dont j'ai tant abusé. J'ai flétri mon humanité. Heureusement j'avais deux parts dans mon âme: je n'ai plongé qu'à demi dans le mal. Tandis qu'une moitié de moi-même rampait à terre, l'autre, inaccessible à toute souillure, haute et sereine, amassait goutte à goutte cette poésie qui jaillira, si Dieu me laisse le temps. M. de Guérin, Journal, 1832, p. 145.
b) [Le suj. désigne un style, une composition et p. méton., celui qui en est l'auteur] Manquer d'élévation, d'inspiration. Il se trouve qu'une mélodie d'une simplicité extrême s'élève d'un coup d'aile aux plus grandes hauteurs, tandis que des œuvres prétentieusement travaillées rampent péniblement sur la terre. Il n'y a pas de recette pour faire les chefs-d'œuvre (Saint-Saëns, Harm. et mélod., 1885, p. 13).L'Aiglon. Lu ces six actes. Rostand est bien le seul à qui je reconnaisse une supériorité rayonnante. Il a des ailes, et nous rampons (Renard, Journal, 1900, p. 615):
4. Saint François fut sans doute un des plus grands de tous les poètes, à ce point qu'on se demande si la sainteté n'est pas la poésie dans sa forme absolue et si la poésie humaine, même lorsqu'elle rampe au niveau du sol, n'est pas le reflet d'une splendeur spirituelle que nous sommes incapables d'imaginer. Green, Journal, 1943, p. 60.
2. Avoir un comportement servile; s'abaisser, s'avilir par intérêt, par lâche complaisance. Synon. fam. faire des courbettes, s'aplatir.Ramper devant qqn, aux pieds de qqn. Le lâche peut ramper sous le pied qui le dompte, Glorifier l'opprobre, adorer le tourment, Et payer le repos par l'avilissement (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1872, p. 15).Tu veux saper la morale bourgeoise? Eh bien, les Allemands sont là pour t'aider. Ha! Tu verras ce coup de balai; tu verras ramper les pères de famille, tu les verras lécher les bottes et tendre leurs gros culs aux coups de pieds; tu verras ton beau-père à plat ventre (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 141).
II. − ARCHIT. ,,Se développer sur une pente, s'incliner suivant une pente donnée`` (Jossier 1881). On parvient à la croix [à Saint-Pierre de Rome] par un escalier qui rampe entre les deux calottes de la coupole (Stendhal, Prom. ds Rome, t. 1, 1829, p. 41).Aussitôt un pas lourd ébranla l'escalier de bois rampant le long de la muraille (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 309).Vis-à-vis des maisons s'élevait un mur au long duquel rampait un vieil escalier de bois, couvert d'une charpente moyenâgeuse, peinte en un rouge vineux (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1198).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ ̃pe], (il) rampe [ʀ ɑ ̃:p]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1remoitié du xiies. choses rampantes « reptiles » (Psautier Oxford, 68, 38 ds T.-L.); b) ca 1170 ramper « ramper (pour grimper) » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 25); c) mil. du xives. « (en parlant des reptiles, de l'homme) progresser par un mouvement de reptation; progresser lentement, le ventre au sol, les membres repliés » (Roques t. 1, IV, 7346); 1918 rampant aviat. (d'apr. Esn. Poilu 1919); 2. 1580 « vivre dans une condition abjecte, obscure, malheureuse » (Montaigne, Essais, I, 37, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 229); 1683 rampant « misérable, pauvre, obscur » (Bossuet, Marie-Thérèse ds Littré); 3. 1608 « manquer d'élévation et de distinction (en parlant d'un auteur, d'une œuvre) » (M. Régnier, Satires, IX, 63 ds Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. 96); 1690 stile rampant (Fur.); 4. 1666 rampant « qui s'abaisse devant les personnes influentes, riches » (Boileau, Satires, I, 95, éd. A. Cahen, p. 31, var.); 1680 intrans. (Rich.). B. 1. Ca 1150 « grimper » (Thèbes, 10077 ds T.-L.); 2. ca 1200 hérald. « se dresser sur les pattes de derrière » (Bueve de Hanstone, I, 977, ibid.); ca 1200 hérald. rampant (ibid., I, 7607); 3. 1314 anat. « s'étaler en se ramifiant sur une surface » (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 1578); 4. a) archit. α) 1547 rampant subst. « limon d'un escalier tournant » (J. Martin, trad. de Vitruve, f o123 r o); 1640 « partie, surface d'un édifice qui n'est pas horizontale » (Mémoires de la Sté de l'hist. de Paris et de l'Île-de-France, t. 12, 1886, p. 318); β) 1568 adj. « qui va en pente, qui n'est pas de niveau » (Ph. Delorme, Architecture, p. 92 ds IGLF); γ) 1701 ramper « se développer sur une pente » (Fur.); b) 1671 rampant subst. « penchant d'une montagne, d'une colline » (Pomey); 5. bot. a) 1584 « s'étaler sur une surface, un support, en s'y accrochant au moyen de vrilles ou de crampons, ou se développer sur le sol » (Du Bartas, La Seconde semaine, Artifices, 95 ds Œuvres, éd. U. T. Holmes, J. C. Lyons, R. W. Linker, t. 3, p. 77: la courge rampe-loin); b) 1690 rampant « qui se développe en étant étalé sur le sol » (Fur.). De l'a. b. frq. *(h)rampon, dér. de *(h)rampa « crochet, griffe », qui fait partie d'une famille germ. *hramp- désignant un objet crochu, cf. l'a. h. all. rimpfan « courber, rider », le m. néerl. ramp « crampe » et également l'ital. rampa « griffe », rampo « crochet », le cat. et l'esp. rampa « crampe », le prov. et le fr.-prov. rampa, rampo « id. » (FEW t. 16, pp. 658-661). Fréq. abs. littér.: 990. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 369, b) 1 976; xxes.: a) 1 349, b) 1 169.