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PRIMER1, verbe
A.− Empl. trans.
1. Littér. [Le suj. désigne un humain, un groupe humain] Primer qqn; être primé par qqn.Imposer sa supériorité à quelqu'un; être surpassé par quelqu'un. Synon. dominer.C'était avec colère que Julien se voyait primé dans ce genre par les paysans les plus grossiers. Il y avait de bonnes raisons pour qu'ils n'eussent pas l'air penseur (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 181).L'homme de lettres, s'il avait été un moment primé par l'homme de passion et de combat, se réveilla alors en lui [Béranger] avec toutes ses inquiétudes (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 1, 1861, p. 181).Dans la partie que je connais de la Syrie, me dit-il encore, les Français commerçants priment encore un peu les Allemands (Barrès, Cahiers,t. 10, 1914, p. 332).
2. [Le suj. désigne une chose abstr. ou concr.]
a) Primer qqc.; être primé par qqc.L'emporter sur quelque chose : être devancé par quelque chose. Le détail prime le panorama; l'industrie prime l'agriculture; l'intelligence prime le génie. L'effet masculinisant des autosomes primerait l'effet féminisant d'un seul chromosome X, alors qu'il serait primé par celui de deux chromosomes X (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 40).Cela n'empêchait pas que, par ces voies nouvelles et plus adéquates, la connaissance historique ne primât toujours les autres curiosités (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 419):
1. Mais ces chances n'infirment guère la préférence à donner en général au gros vaisseau : et elles s'effacent totalement en présence de notre navire; qui prime sans effort les plus fins voiliers... Maizière, Nouv. archit. nav.,1853, p. 56.
Rare. Primer sur qqc.Avoir la primauté sur quelque chose, l'emporter sur quelque chose. Dans chaque existence (...) le renoncement prime peu à peu sur les jouissances; la mort consomme la vie (Teilhard de Ch., Milieu divin,1955, p. 176).
b) [Le suj. désigne gén. une notion abstr. faisant force de loi dans un code moral, une échelle de valeurs] Primer tout (le reste). Dominer, avoir le pas sur tout. Et ce maître, dur à lui-même, dur aux autres, pour qui le travail à faire primait tout, même la maladie et la douleur, laissa une larme lourde tomber de ses yeux (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 171).Son nom n'y entrait pas pour grand'chose, tant, même chez ceux qu'hypnotise un nom, le talent prime tout (Radiguet, Bal,1923, p. 22).Le communiste ne renonce, en une certaine mesure, à la liberté du choix, ne se soumet à une discipline que parce que celle-ci est nécessaire à l'efficacité de l'action et qu'au stade actuel de la lutte, l'efficacité doit tout primer (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 163).
c) Empl. pronom. Se devancer. J'appelle concurrence non pas seulement la rivalité de deux industries de même espèce, mais l'effort général et simultané que font toutes les industries pour se primer l'une l'autre (Proudhon, Propriété,1840, p. 274).
B.− Empl. intrans.
1. Vieilli ou littér. [Le suj. désigne un humain]
a) Tenir le premier rang, avoir l'avantage sur les autres. Les hommes de génie sont faits pour primer, et les lois de l'égalité plient nécessairement devant eux (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 68).C'est un étrange phénomène, qu'après trois ans de révolution, l'Espagne n'ait encore produit aucun de ces hommes qui priment dans ces temps orageux (J. de Maistre, Corresp.,t. 4, 1811, p. 12).C'était le type des mauvais soudards, débauché, buveur, fumeur, vantard, plein d'amour-propre, voulant primer partout (Balzac, Œuvres div.,t. 2, 1832, p. 493).
b) [Avec un compl. prép.] Dominer dans une discipline, une pratique. La guerre des subtilités juridiques, que nous devions nous en vanter ou non, nous y primons, il faut le dire; le procureur est français de nation (Michelet, Introd. Hist. univ.,1831, p. 448).Les sanguins, peu aptes à l'abstraction formelle, quand ils sont plus intellectualisés, restent fermés à la métaphysique (...). Ils priment par le sens pratique (Mounier, Traité caract.,1946, p. 639).Je me disais : quiconque prime en quelque chose est toujours sûr d'être recherché. Primons donc, n'importe en quoi, je serai recherché (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 165).
2. [Le suj. désigne une chose abstr. ou concr.]
a) Avoir le plus d'importance, tenir la première place. Synon. faire prime (v. prime2), l'emporter.Malgré tant de traités pour la fondation d'un équilibre européen, la force brute, dis-je, peut s'exercer et primer comme au temps d'Attila, sans plus d'empêchements (Goncourt, Journal,1871, p. 709).Tas de farceurs, va! Que faites-vous de la liberté? Mais le bifteck prime!... Et c'est peut-être pourquoi, sentant venir tout cela, j'étais parti et vagabondais au Brésil dès 1924 (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 195).
b) [Avec un compl. prép.] Tenir le premier rang dans un domaine, une discipline. Synon. devancer.La France jouit, au tems où nous vivons, d'un honneur qu'on a pu lui contester à toute autre époque, celui de primer également dans les armes, dans les sciences, dans les arts et dans les lettres (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 280).L'irritation de Gênes sujette du Piémont, impatiente d'être Italie et de primer sur mer (Michelet, Journal,1854, p. 275):
2. ... l'industrie et le public français étaient très attachés à une production de qualité et redoutaient les effets vulgarisants de la machine. Aussi les nouveautés restaient rares et l'inspiration anglaise primait dans tous les domaines. Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 214.
Prononc. et Orth. : [pʀime], (il) prime [pʀim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1626 intrans. « prendre les devants » (D'Aubigné, Hist. univ., éd. A. de Ruble, t. 6, p. 188); 1633 trans. « l'emporter sur » (Corneille, La Veuve, II, 4, éd. Ch. Marty-Laveaux, I, 432); av. 1679 abs. « avoir l'avantage, se distinguer, exceller » (Cardinal de Retz, Mémoires, éd. Grands écrivains de la France, t. 4, p. 279); 1704 primer sur (Trév.); 1735-36 en parlant de choses primer sur « dominer, supplanter » (Marivaux, Le Paysan parvenu, éd. Fr. Deloffre, 1965, p. 68). Dér. de prime1*; dés. -er.