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PISSER, verbe
A. − Empl. intrans.
1. Vulg. Évacuer l'urine. Synon. uriner, faire pipi* (fam.).Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes, Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin: Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes, Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin, Avec l'assentiment des grands héliotropes (Rimbaud, Poés., 1871, p.87).On se demande comment un taureau noble peut sortir de ces ventres-là, dit l'autre. Regardez cela, quand ça pisse! Une vache pissait en voussant le dos, en raidissant la queue, dans une posture qui déclenchait le rire (Montherl., Bestiaires, 1926, p.488):
1. «J'ai le temps de pisser un coup», pense-t-il. Quand on vient de faire neuf kilomètres à pied, ce n'est pas de l'imprévu, c'est pourquoi il prend son temps. Il y a des gens qui pissent à l'aveuglette, sans bien regarder ce qu'ils font. Un vrai facteur ne peut pas (...). Quand il a fini, Déodat fléchit légèrement les genoux pour se donner du jeu dans le dedans de son pantalon... Aymé, Jument, 1933, p.100.
SYNT. Pisser copieusement, à petits coups, dru, quelques gouttes; pisser droit, de travers; pisser au lit; pisser accroupi, debout; pisser avec difficulté, avec peine; pisser contre, dans, sur qqc., dessus; pisser dans sa culotte; pisser d'angoisse, de fureur, de peur, de rire; aller pisser; avoir besoin, envie de pisser; être en train de pisser; emmener, faire pisser un chien.
Loc. pop., vulg.
Laisser pisser (la bête, le mérinos). Ne rien faire, ne rien dire, laisser aller les choses. Synon. laisser courir*.N'était-il pas, lui aussi, candidat au tourniquet? S'en faisait-il une miette? Ils n'avaient qu'à l'imiter et à laisser pisser le mérinos! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.228).−On lui dit? −Oh! ça va, dit Mathieu, laisse pisser (Sartre, Mort ds âme, 1949, p.73).
Prendre comme une envie de pisser. [En parlant d'une idée, d'une décision, d'une impulsion, etc.] Prendre subitement. Je voudrais m'engager... −Une idée qui te traverse toute cuite?... Ah! ben alors! T'y vas rondement!... T'engager?... Où?... Mais pourquoi faire?... T'as tout ton temps mon poulot!... Tu t'en iras avec ta classe! (...) −Ça c'est une lubie, mon lapin... ça te prend comme une envie de pisser!... Mais ça te passera aussi de même!... (Céline, Mort à crédit, 1936, p.691).
Il pleut comme vache qui pisse. V. pleuvoir.
Ne plus se sentir pisser. Tirer une vanité excessive d'un succès; être excessivement content de soi. [Mon acolyte] se sentait pus pisser, d'orgueil d'avoir indiqué un si fameux chopin, et (...) aurait ben pris le commandement (M. Stéphane, Ceux du Trimard, 1928, p.101).
[Pour marquer son mépris, son dédain]
Pisser sur qqn, qqc. Quand on voit ces beaux cieux, par une belle nuit, on est prêt à se déboutonner pour pisser sur la tête de toutes les royautés (Balzac, Corresp., 1830, p.463).Si je suis un chien, ton Dieu n'est qu'une borne; Je lèverai la patte et pisserai dessus (Richepin, Blasphèmes, 1884, p.219).
Pisser dans le dos, au cul, à la raie de qqn. Et moi je vous pisserai dans le dos en buvant le coup de blanc avec le Maréchal! et avec Laval! et avec Andromaque (Aymé, Uranus, 1948, p.225).Il nous méprise, répéta Longin avec une colère lymphatique. Il est là comme au cinéma, ça le fait marrer de voir des types saouls qui débloquent (...). −S'il nous méprise je lui pisse à la raie. Guiccioli se mit à rire: −On te pisse à la raie, répéta-t-il. On te pisse à la raie (Sartre, Mort ds âme, 1949, p.112).
[Pour marquer l'inefficacité, l'inutilité d'une action, d'une entreprise] Pisser dans un violon, une clarinette, sur un bec de gaz (pour le faire fleurir) (vieilli). Tu as beau faire l'oeil en coulisse, roucouler et manger tous les soirs la botte, elle se fiche de ta fiole... C'est comme si tu pissais dans un violon (Les Joyeusetés du régiment dsFrance 1907).
Pisser contre le vent, contre la bise (vieilli). Agir en s'exposant délibérément aux conséquences fâcheuses qui peuvent survenir. [Le pauvre diable] avait attrapé une petite maladie de jeune homme. −«Ah! dit Chabassu [le major], en voilà encore un qui a pissé contre le vent!» (Fombeure, Soldat, 1935, p.184).
Proverbe. À pisser contre le vent, on mouille sa chemise. Synon. de quand on crache en l'air, ça vous retombe sur le nez (v. air1II B 4 d).Ce n'est pas la peine de venir m'aboyer que tu décides ci ou bien ça. À pisser contre la bise, tu en seras toujours de mouiller tes sabots (Aymé, Vouivre, 1943, p.132).
Pisser contre le soleil (vieilli). ,,Faire des efforts inutiles, se tourmenter vainement`` (Delvau 1883).
Pisser au, dans le bénitier (vieilli). Avoir un comportement scandaleux pour attirer l'attention sur soi. (Dict. xixes.).
Pisser à l'anglaise (vieilli). Disparaître, s'en aller sans prévenir (généralement pour éviter des désagréments). Synon. filer* à l'anglaise.Une après-midi, sur la place de la Bastille, elle avait demandé à son vieux trois sous pour un petit besoin, et (...) le vieux l'attendait encore. Dans les meilleures compagnies, on appelle ça pisser à l'anglaise (Zola, Assommoir, 1877, p.738).
C'est Jocrisse qui mène les poules pisser (vieilli). [En parlant d'un homme] S'occuper des moindres détails du ménage. (Dict.xixeet xxes.).
Mener les poules pisser. Quitter une occupation, un travail en invoquant un prétexte fallacieux, des raisons peu crédibles. [Gervaise] demandait aux ouvriers si Coupeau n'allait pas sortir, eux qui étaient à la couleur, lui répondirent en blaguant que le camarade venait tout juste de filer (...) pour mener les poules pisser (Zola, Assommoir, 1877, p.762).
2. Fam. [Le subst. désigne un liquide] Couler abondamment. Tout à coup j'ai vu mon sang pisser qui me coulait de la tête et me tombait sur les mains (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.392).
Impers. Il y a Gustave qui a trouvé un tonneau de Bordeaux (...). Il y a mis un coup de baïonnette. On est là-bas à tenir le trou avec le doigt. Ça pisse d'un mètre (Giono, Gd troupeau, 1931, p.132).
Loc. fig. Ça ne pisse pas loin. ,,Ça n'est pas très fort, ça ne va pas loin`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
B. − Empl. trans.
1. Fam. [Le suj. désigne une pers.] Évacuer avec l'urine, par la voie ordinaire des urines. Pisser un calcul, du pus. Ces malades enflaient tout à coup et pissaient le sang (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p.175).Cette garce d'anémone (...) affecte un air si tendre et qui vous fait pisser le sang (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p.224).
Vulg. [Le compl. désigne la boisson qui fait uriner] Quand l'accordéon perdait le souffle, les danseurs s'en allaient au zinc avaler la bière qu'ils pissaient toutes les demi-heures (Aymé, Rue sans nom, 1930, p.193).
Locutions
Pisser des lames de rasoir (en travers) (pop., vx). Subir, endurer des désagréments. (Dict.xixes.).
Pisser sa côtelette, des os, des enfants (pop., vx). Accoucher. Elle se marie! (...) en v'là des affaires pour rien! La maison ne nous donnerait seulement pas un radis à nous, si comme Désirée, nous voulions nous offrir le luxe de ne pisser plus tard que des enfants qui seront légitimes! (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.327).
PÊCHE. [Empl. à valeur factitive] Pisser des harengs. ,,Laisser les harengs égoutter leur eau et leur huile`` (Baudr. Pêches 1827). Synon. tenir les harengs à la pisse*.
2. Fam. [Le suj. désigne une pers., une partie du corps] Laisser s'écouler (généralement abondamment, un liquide). Bouche qui pisse le sang; seins qui pissent le lait. Jamais je n'oublierai cette équipée avec ce Boche qui me pissait dans le cou un sang chaud, douçâtre, gluant et écoeurant (Cendrars, Main coupée, 1946, p.39):
2. Quand le Corse retira son poing, le nez de l'autodidacte commençait à pisser le sang. (...) le Corse le frappa encore au coin des lèvres. L'autodidacte s'affaissa sur sa chaise et regarda devant lui avec des yeux timides et doux. Le sang coulait de son nez sur ses vêtements. Sartre, Nausée, 1938, p.210.
Pisser de la copie (fam.). Rédiger abondamment (généralement au détriment du style). Pisser de la copie, écrire pour un journal, une revue (Coston, A.B.C. journ., 1952, p.193).
3. P. anal., pop. et fam. [Le suj. désigne un inanimé] Récipient, tonneau qui pisse l'eau. Sa femme de chambre Antonia (...) la déshabilla en riant très-fort de l'égouttement de ses jupes qui pissaient l'eau sur le parquet (Zola, E. Rougon, 1876, p.301).Il brillait un triste soleil d'hiver. Le pavé était gluant (...). Des pannes de brouillard pendaient dans les branches effeuillées des acacias dont chaque épine pissait une lourde goutte d'eau (Cendrars, Homme foudr., 1945, p.220).
Absol. André glissa un coup d'oeil entre deux rideaux mal joints; mais les vitres embuées pissaient, il ne vit rien (Huysmans, En mén., 1881, p.212).Il n'y a qu'à desserrer les dents de ce monsieur (...), et à lui faire avaler une gorgée en pressant le cuir de l'outre. Elle pisse très bien (Jammes, Robinsons, 1925, p.164).
REM.
Pissard, subst. masc. et adj.,pop. (Saint) qui fait pleuvoir. C'est (...) saint Gervais qui a remplacé son confrère Médard comme saint pissard (Larch.1880).Ils sont trente-sept, là-haut, qui font de l'eau. Marche en tête, lance en main, saint Médard, grand pissard (Rolland, C. Breugnon, 1919, p.64).
Prononc. et Orth.: [pise], (il) pisse [pis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1180 [var. ms. xiiie-déb. xives.] intrans. «évacuer l'urine» (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, XIV, 16: sor lui pissa li goupiz); b) ca 1200 pisser sur qqn (pour marquer son mépris) (Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 2666: ras pisoit sor vous por vous honir); 1881 pisser au cul (Rigaud, Dict. arg. mod., p.296); c) 1508 (Eloy d'Amerval, Deablerie, éd. Ch.-Fr. Ward, p.119b: j'en pisse dedens mes brayes [...] tant me font rire); 1906 (Musette, Cagayous phil., p.148: y se pissent de rire); d) av. 1564 pisser au bénitier (Calvin, Sermon sur l'ép. aux Corinthiens, 8 [XLIX, 677] ds Hug., s.v. benoistier: pisser au benoistier); e) 1587 mener les poules pisser (Cholières, Apresdisnées, I ds OEuvres, éd. E. Tricotel, t.2, p.51: c'est dommage que vous n'avez nom Jocrisse; je croy qu'il vous feroit fort bon veoir mener les poules pisser); f) 1866 laisser pisser le mérinos (Delvau); g) 1876 il pleut comme vache qui pisse (Lar. 19e, s.v. vache); h) 1883 pisser dans un violon (Fustier, Suppl. dict. Delvau); 2. ca 1225 trans. «évacuer avec l'urine» (Pean Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 6074: pissa sanc); 3. a) 1552 intrans. «laisser s'écouler, faire jaillir un liquide» (E. Gautier, Construction de l'hôtel de ville de Loches, p.29: fera pisser chacune fontene); 1556 trans. «laisser s'écouler, faire jaillir» (Ronsard, Second l. des hymnes. Pollux et Castor, 442 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.8, p.313: Luy fist pisser le sang du nez et de la bouche); 1611 intrans. «s'écouler, jaillir» (Cotgr.: le laict pisse); 1877 (Zola, Assommoir, p.397: l'eau [...] pissa par-dessous sa robe); b) 1967 intrans. «pleuvoir» (Aragon, Blanche, I, 1, p.13 ds Rob. Suppl.); 4. 1776 pêche pisser les harengs (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches, t.2, p.411 ds FEW t.8, p.593a); 5. 1866 fam. pisser de la copie (Delvau, p.89). D'un lat. pop. *pissiare «uriner», d'orig. onomat. (FEW t.8, pp.594-595). Fréq. abs. littér.: 263. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 59, b) 522; xxes.: a) 352, b) 577.
DÉR. 1.
Pissement, subst. masc.,méd., rare. a) Action d'uriner. (Dict.xixeet xxes.). b) Pissement de sang. Émission de sang mélangé à l'urine. Synon. hématurie.Si le sang est pur, (...) le pissement de sang est reconnu et signalé par ceux qui entourent le malade (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p.169). [pismɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1565 «action de pisser» (S. de Vallambert, Cinq livres de la manière de nourrir et gouverner les enfans, 353 ds FEW t.8, p.590), b) 1588 pissement du sang (Joubert, Pharmacopée, p.238 ds Gdf.), 1765 pissement de pus (Encyclop. t.17, p.512a); de pisser, suff. -ment1*.
2.
Pissette, subst. fém.a) Appareil de laboratoire (de forme sphérique, cylindrique ou conique) contenant de l'eau pouvant être évacuée en jet pour laver les ustensiles, les filtres ou pour rassembler les précipités. Pissette à eau distillée. Pissettes à eau froide toutes montées en verre ordinaire (Catal. instrum. lab.[Prolabo], 1932, p.249).b) Arg. α) ,,Lance à incendie`` (Car. Argot 1977). β) ,,Lave-glace (dans les automobiles)`` (Car. Argot 1977). c) ,,Pénis, organe sexuel mâle`` (Richesses Québec 1982, p.1801). [pisεt]. 1reattest. 1838 (Ann. de chim. et de phys., t.LXVIII, p.222 ds Fonds Barbier: Nouvelle pissette, par A. Levol); de pisser, suff. -ette (-et*).
3.
Pissoir, subst. masc.,fam. ou région. (Nord et Nord-Est). Urinoir. Synon. pissotière (fam.).Au fond de l'allée principale, une baraque en planches, que des voyageurs, plusieurs fois, ont dû prendre pour un pissoir, si j'en crois l'odeur, et où se lisent de salopes exclamations germaniques (Bloy, Journal, 1899, p.343).D'où sors-tu? − De prison. Oui, pour avoir posé une enseigne où on lisait: pissoir, sur une statue immonde de Bismarck. Mon cher, c'était à s'y tromper (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.342). [piswa:ʀ]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1resattest. a) α) 1489 adj. pot pissoir «pot de chambre» (Compte de l'exéc. test. de Jehenne Boulette, Arch. Tournai ds Gdf.), 1555 subst. pissoir (B. Aneau, Trésor de Evonime Philiatre, p.15, ibid.), β) 1803 «baquet pour pisser» (Boiste), b) 1546 pissouoir «endroit où l'on pisse» (Rabelais, Tiers livre, chap. XV, éd. M. A. Screech, p.119), 1588 pissoir (Montaigne, Essais, III, 10, éd. Villey-Saulnier, p.1022); de pisser, suff. -oir*.
BBG.Nigra (C.). Note etimologiche e lexicali. Z. rom. Philol. 1904, t.28, p.646-647. _ Quem. DDL t.7, 19, 20, 23.