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PERCER, verbe
I.− Empl. trans.
A.− Traverser, de part en part, en faisant un trou; faire un trou plus ou moins profond.
1. [L'obj. premier désigne un inanimé concr. : bois, pierre, métal, etc.] Perforer. Synon. forer, poinçonner, tarauder, transpercer, trouer, vriller.
a) Qqn perce qqc.Percer une planche, un morceau de bois (Ac. 1835-1935). Marie Tricotet, qui est pourtant née le même jour que moi, s'amuse encore à percer d'une épingle des vessies de porc (Colette, Cl. école,1900, p. 26).
Percer un tonneau. Mettre un tonneau en perce (v. ce mot). La liqueur de Bacchus jaillit sous le fer dont une troupe de joyeux vignerons, a percé un vaste tonneau (Chateaubr., Natchez,1826, p. 162).
b) Qqc. perce qqc.[À la forme passive] Noisette percée d'un trou. Une table percée de trous ou des encriers en plomb à l'usage des « élèves » que nous étions (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Prisons, 1893, p. 360).La coquille des œufs est percée de très nombreux pores qui permettent les échanges gazeux entre le contenu de l'œuf et l'atmosphère extérieure (R. Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 74).
2. [L'obj. premier désigne le résultat du percement] Faire un trou, pratiquer une ouverture dans un bâtiment.
a) Qqn perce qqc.Percer un trou avec un outil, une vrille; percer une muraille, un plafond. On perça une fenêtre, on éleva une cloison, et nous eûmes chacun notre mansarde (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 209).Je croyais, ainsi que je vous l'ai dit, arriver jusqu'au mur extérieur, percer ce mur et me jeter à la mer (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 185).L'ouvrier fumiste doit, avant la pose de la frise, percer au ciselet et au marteau, deux trous rectangulaires, pour recevoir les bouches de chaleur (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 5, 1929, p. 35).
Percer un puits. Creuser un puits profond dans la terre pour y trouver de l'eau. Cet étrange logis est inhabitable : on l'a flanqué d'une ferme, (...) et l'on perce un puits artésien pour lui donner de l'eau (About, Grèce,1854, p. 361).
b) Qqc. perce qqc.[À la forme passive] Façade percée de fenêtres; mur percé d'une porte. La falaise est percée de distance en distance de grandes arches naturelles sous lesquelles la mer vient battre dans les marées (Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 29).Le toit est percé d'une petite cheminée pour l'évacuation des vapeurs produites (Stocker, Sel,1949, p. 56).
3. [L'obj. premier désigne une trouée dans un espace naturel ou dans un paysage urbain] Qqn perce qqc.Synon. ouvrir.Percer une avenue, un sentier. Au moment même où je vous parle, du nord au midi, on creuse des canaux, on construit des voies ferrées, on perce des montagnes, on élève des ponts (Zola, E. Rougon,1876, p. 261).Les isthmes de Suez et de Panama, obstacles intolérables, nous les perçons, nous les ouvrons à une navigation perfectionnée (Arnoux, Roi,1956, p. 342):
1. On bouleversait le quartier, cette année-là. On perçait le boulevard Magenta et le boulevard Ornano, qui emportaient l'ancienne barrière Poissonnière et trouaient le boulevard extérieur. Zola, Assommoir,1877, p. 737.
[P. méton.] ,,Percer les buissons, les halliers, les forêts. Passer au travers des buissons...`` (Littré).
ASTRON. Percer le ciel. S'élever dans l'espace au-delà du mur du son. C'est fait : à 8 h 4 ce matin, l'astronef « Faith 7 », ayant à son bord le commandant Gordon Cooper, a percé le ciel au-dessus de Cap Canaveral, en route pour l'espace (Le Figaro,16 mai 1963, p. 5, col. 1 ds Guilb. Astronaut. 1967).
P. métaph. Percer le plafond de... Synon. fam. crever le plafond (v. crever I A 2).L'on comprend que cette accession à la métempirie, même si elle ne dure qu'un instant, nous apporte une grande joie : la créature perce le plafond de sa finitude et de sa naturalité (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 133).
4. P. anal.
Percer un abcès, une ampoule. (Dict. xixeet xxes.).
Percer la langue. [P. réf. à un ancien usage] Remontant aux siècles d'ignorance, où l'on perçait et coupait la langue aux blasphémateurs (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 39).
Percer les oreilles. Faire un trou dans le lobe pour y placer des boucles, des bijoux, des pendeloques en ornement. Par les tableaux de Stuck (...), j'avais été tenu à jour de sa beauté et de sa croissance; je savais qu'en 1908 on lui avait percé les oreilles (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 131).Percer les oreilles. Faire mal aux oreilles à force de crier. Synon. fam. casser* les oreilles.Tous ces beaux oiseaux des ruines tournoyaient sur ma tête en poussant des cris aigus qui me perçaient l'oreille (A. France, Vie fleur,1922, p. 408).
5. Percer les dents. Aider les dents à sortir. Jacqueline mange depuis qu'on lui a percé ses dents (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1913, p. 338).Percer ses dents. Avoir les dents qui percent (v. dent A). Synon. faire ses dents (v. dent B).
B.− Blesser, blesser à mort à l'aide d'une arme blanche.
1. Qqn perce qqn.Percer un adversaire, un ennemi, un rival. Il me donna un coup sur le bras. Aussitôt mon épée brille en l'air : « Défends-toi, ou je te perce! » (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 204):
2. ... en même temps, l'autre hussard me donnait sur l'épaule un coup qui m'aurait fendu en deux sans l'épaulette; il allait me percer, si, par bonheur, un coup de fusil d'en haut ne lui avait cassé la tête. Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 187.
VÉN. J'ai appris à percer le chevreuil (Chateaubr., Mél. et poés.,Duthona, 1828, p. 44).
Au fig.
Percer l'âme, le cœur (de qqn). Affecter, toucher profondément. Ces paroles, son geste, son accent, m'ont percé l'âme; je me serais précipité à ses genoux, je les aurais embrassés si j'eusse pu (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 469).Il est juste de dire que la mort de Violette, son amante, lui avait percé le cœur à jamais. Un veuvage, une plaie inguérissable (Sartre, Mots,1964, p. 155).
[P. allus. littér. à Corneille, Le Cid, I, 6 : Percé jusques au fond du cœur] M. le baron des Adrets, (...) percé jusqu'au fond du cœur par la mort du seul être qu'il aimât (...) avait rompu avec le monde par dégoût de la vie (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 112).
Percer au vif, jusqu'au vif. Toucher en plein cœur. Talleyrand observé, démasqué, percé au vif à ce moment, passe devant la postérité un mauvais quart d'heure (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 81).
Absol., vieilli. Mais ce qui me perça, ce fut d'entendre cette terre qu'on faisait tomber sur la bière. Cela me blessa le cœur d'une douleur atroce (Michelet, Journal,1821, p. 135).
2. Qqn perce qqc. de qqn.Blesser ou tuer quelqu'un en touchant une partie du corps. Percer le bras, la gorge, le sein, les yeux de qqn. Il s'échappait des bras d'une femme impudique, pour aller à l'autel commettre un nouveau sacrilége. Je l'y surpris et lui perçai le cœur (La Martelière, Robert,1793, iv, 9, p. 51).C'est encore ainsi que David (...) s'écrie, présent à l'avenir : Ils ont percé mes mains et mes pieds, ils ont compté mes os (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 2, 1821, p. 313).
Empl. pronom. réfl. indir. Elle se perce le pied en marchant sur un clou (Michelet, Journal,1851, p. 156).
3. Qqn perce qqn de qqc.Blesser, tuer quelqu'un avec une épée, un poignard, etc. Percer qqn d'une lance. Enfin il (...) lève le bras pour le frapper de son sabre qu'il a ramassé, lorsque Clémence accourt rapidement et le perce d'un poignard (Guilbert de Pixer., Victor,1798, iii, 12, p. 54).Tcheng-Daï y est figuré, mort, au-dessous d'un soldat anglais qui le perce d'une baïonnette (Malraux, Conquér.,1928, p. 128):
3. Wallstein le regarda fixement, ouvrit les bras et présenta sa poitrine sans prononcer un seul mot. Les assassins le percèrent de leurs hallebardes, et il tomba mort, sans qu'aucun gémissement lui échappât. Constant, Wallstein,1809, notes hist., p. 189.
P. anal. Percer qqn de ses regards. Le fixer avec intensité. Comme il me darde et me perce de son petit œil dur, aigu, pénétrant, sous le couvert de ses gros sourcils, je rispote vivement (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 157).
Empl. pronom., vieilli. Se percer de... S'infliger une blessure mortelle. L'Indien désespéré se perce de son épée, et tombe dans le fleuve auquel il donne son nom (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 190).Se percer. Se donner la mort. Quand Antoine se retira dans Alexandrie, on lui dit que Cléopâtre s'était donné la mort : Je mourrai donc, dit-il; et il appela un esclave qu'il réservait depuis long-temps pour ce dernier moment. L'esclave leva l'épée, mais au lieu de frapper son maître, il se perça lui-même (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 325).
4. Qqc. perce qqn ou qqc. de qqn.[Le suj. désigne un objet pointu] Une flèche perce le cœur de qqn. La véritable histoire ne compte que le poignard qui perça le cœur de Henri IV, ou le boulet qui emporta Turenne (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 529).Quelle belle mort! Cette petite lame qui lui perce le cœur (Barrès, Cahiers,t. 2, 1898, p. 72):
4. ... Mérodack le regardait, le forçant à des distractions, et pendant la seconde de fascination, l'épée du prince perça en plein cœur l'Italien qui tomba raide. Péladan, Vice supr.,1884, p. 299.
[P. anal. de sensation avec la douleur physique d'une blessure] Tout à coup une douleur aiguë le perça; il lui sembla qu'un vilebrequin lui forait les tempes (Huysmans, À rebours,1884, p. 158).À peine eut-il posé le pied à terre, la douleur le perça si violemment qu'il gémit (Arland, Ordre,1929, p. 517).
Au fig. [Le subst. désigne l'irruption soudaine dans la conscience d'un souvenir, d'une représentation mentale] Un doute, un pressentiment, un souvenir perce qqn. Il entendait toujours ces mêmes mots, dont les syllabes lui perçaient le cœur comme les dards d'une couvée de serpents (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 194).
C.− Passer, pénétrer à travers.
1. Qqc. perce qqc.
a) [Le mouvement est perceptible]
[Le subst. désigne la végétation, une matière] Les fleurs percent le sol. Les semis sont établis soit en serre, soit en pleine terre (...). Là, ils germent, émettent des racines comme un fil, s'alimentent insensiblement, et un à un, suivant leur force, percent la couche poudreuse qui les protégeait et viennent à la lumière (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 88).
[Le subst. désigne une lumière, la lumière d'un corps céleste, celle du soleil, de la lune, du jour, etc.] Synon. passer à travers, être visible dans.Le soleil perce le brouillard, les nuages. Aucune lumière ne vient percer l'ombre; nulle porte fraternelle ne s'ouvrira (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 97).
[Le subst. désigne un bruit, une voix] Synon. déchirer.Une plainte perce le mur. Un cri déchirant perça les cloisons, emplit la cage de l'escalier, le cloua d'horreur, sur place (Huysmans, À rebours,1884p. 67).Un clairon qui chantait au loin (...) perça l'air doux et doré du mourant automne (Toulet, Tendres mén.,1904, p. 139).
Filtrer, suinter de. L'eau perce la roche (Michelet, Journal,1833, p. 109).
b) [Le mouvement n'est pas perceptible]
P. anal. Apparaître au travers de quelque chose. De petites maisons blanches percent çà et là la verdure de ces forêts (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 210).Chaque matin la plaine, pour un peu de temps, se recouvre d'un voile tissé de clarté, et puis elle s'illumine d'un seul coup (...). Les clochers et les peupliers, surgissant de la même souche, percent la brume (Mauriac, Bloc-Notes,1958, p. 167).
P. hyperb., loc. fam. Les os lui percent la peau. Être très maigre. La sveltesse du torse où l'os perce la chair (Régnier, Jeux rust.,1897, p. 111).
2. Qqc. perce qqn (souvent à la forme passive).Synon. transpercer.,,Il a été tout percé, il a été percé jusqu'aux os. [Celui] qui a été extrêmement mouillé de la pluie ou de l'eau qu'on a jetée sur lui`` (Ac. 1835). Percé jusqu'aux os! mon cher; la route est un vrai torrent (Gozlan, Notaire,1836, p. 206).
3. Qqn perce qqc.[Le subst. désigne la vue d'une pers.] Essayer de voir à travers quelque chose, scruter. Percer le brouillard, la nuit, l'ombre. Penché à la fenêtre, il s'efforçait de percer l'obscurité, de voir une dernière fois les ténèbres mouvantes du fleuve, au pied de la maison (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 231).
Au fig. Deviner, découvrir. Synon. déceler, pénétrer.
Qqn perce qqc. (de qqc. ou de qqn).Percer la cause de qqc.; percer le caractère, les desseins, le mystère, les projets, le secret, la vie privée de qqn. Oui, je percerai ce tissu d'horreurs (...) j'irai partout, je braverai tout (...) je découvrirai les coupables (Bayard, Chambre ard.,1833, i, 3, p. 108).Ils s'étaient trouvés devant un Staline énigmatique et portant un masque que ses visiteurs n'avaient pu percer (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 369).
Qqn perce qqn.Ce Théodore!... quel coup d'œil!... En deux minutes il vous perce un homme (Labiche, Station Champb.,1862, ii, 11, p. 294).Pour la première fois, j'avais connu ce plaisir extraordinaire : percer un être, le découvrir, l'amener au jour et, là, le toucher (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 101):
5. Elle s'interrogeait sur son mari, cherchait à le percer, à connaître ses desseins secrets. Elle eût voulu tenter un rapprochement timide. Être mêlée un peu à ses soucis, à sa vie quotidienne, lui eût été une grande joie. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 483.
Percer à jour. Découvrir complètement. Elle avait appris à connaître son mari qui, d'heure en heure, se sentait déchiffré, percé à jour (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 28).
4. [Qqn perce un groupe de pers.] Se frayer un passage malgré les difficultés, la résistance. Percer la foule. Elle trouva un courage surnaturel pour fendre la presse, et pour rejoindre sa cousine encore occupée à percer la masse du monde qui l'empêchait d'arriver jusqu'au tableau (Balzac, Mais. chat,1830, p. 24).
ART MILIT. Percer les lignes adverses. Le 30 janvier, Milburn (...) perçait le front adverse au nord-est de Colmar (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 151).
II.− Empl. intrans.
A.− Se frayer un passage.
1. Qqc. perce (en faisant un trou, une ouverture).Le blé perce; les fleurs percent. Le lancinement des dents qui veulent percer (Mille, Barnavaux,1908, p. 206).Une herbe grêle perçait entre les cailloux (Bernanos, Imposture,1927, p. 511).
P. anal. Crever. L'abcès perce. Son visage, rouge comme celui d'un ivrogne émérite, et couvert de boutons âcres, saignants ou près de percer (Balzac, Curé vill.,1839, p. 25).
2. Qqn perce (en usant de tous les moyens pour parvenir quelque part ou auprès de qqn).Percer à travers la forêt, la foule. Et voilà Regnard et ses compagnons s'embarquant à Stockholm pour aller toucher au fond du golfe de Bothnie, et pour percer de là aussi avant que possible vers le pôle nord dans le pays des Lapons (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 7, 1852, p. 5).En s'aidant du nom de Jacques II (...) il perça jusqu'à la duchesse Josiane (Hugo, Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 16).
ART MILIT. Nous, une poignée d'hommes, nous avions bien percé (...) mon escouade et moi, nous étions sur la crête de Vimy avec quelques braves types (...) égarés comme nous qui avions poussé de l'avant en sautant quatre lignes de tranchées allemandes sans tirer un coup de fusil, et le front était crevé! (Cendrars, Main coupée,1946, p. 11).
Percer à travers. Percer à travers les ennemis, les rangs ennemis. Celui-ci, vainqueur sur tous les points, se préparoit à percer avec ses troupes à travers celles du sultan (Cottin, Mathilde, t. 5, 1805, p. 82).Il perça au travers des cosaques et parvint à s'échapper, mais en perdant la moitié de son monde (Mérimée, Cosaques d'autrefois,1865, p. 47).
P. anal., SPORTS. L'avant centre perce, essaie de marquer (Montherl., Olymp.,1924, p. 252).
VÉN. Fuir à travers bois. ,,Le cerf perce, il tire de long`` (Ac.).
Perce! ,,Expression dont on se sert quand on veut activer les chiens chassant ou quêtant`` (Duchartre 1973). Lorsqu'en chassant, les chiens traversent une route ou un chemin. On dit, en leur parlant : Perce, perce! et on nomme les chiens de tête : Ah! Thibau, oh! Belau, perce! (Baudr.Chasses1834).
Percer au fort. Passer à travers les endroits les plus fourrés. (Ds Littré).
B.− Vieilli. Se laisser traverser. ,,Cette étoffe, ce cuir ne perce point. La pluie ne les pénètre point`` (Ac. 1835, 1878). Ne dites pas : Mon papier perce, mais : Mon papier boit (Omnibus lang.,1835).
C.− P. anal. Apparaître, se montrer. Le soleil perce. Le jour perce à peine à travers les vitraux (Staël, Corinne,t. 2, 1807, p. 142).
D.− Au fig.
1. Se manifester. La bonne humeur du Roi, depuis que la révolte contre le bailli lui avait été annoncée, perçait dans tout (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 507).Son dédain pour la philosophie perçait à chaque mot; c'était un perpétuel sarcasme (Renan, Souv. enf.,1883, p. 235).
P. allus. littér. Ce siècle avait deux ans! Rome remplaçait Sparte, Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte, Et du Premier Consul, déjà, par maint endroit, Le front de l'Empereur brisait le masque étroit (Hugo, Feuilles automne,1831, p. 717).
[À la forme négative] Ne rien laisser percer. Ne rien laisser apparaître ou transparaître. Tortoni avait terminé à deux francs vingt centimes de baisse; la bourse s'ouvrit dans les mêmes termes. Cependant rien n'avait percé (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 405).
2. Acquérir la notoriété, commencer à être connu, à réussir dans ses activités, sa vie professionnelle. Finir par percer; réussir à percer. Aujourd'hui il s'agit d'un romancier, d'un conteur, dont le nom [Gogol], fort en estime dans son pays, n'avait guère encore percé en France (Sainte-Beuve, Prem. lundis,t. 3, 1854, p. 25).Il est difficile de percer, de faire une clientèle au barreau (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1937, p. 45).Pour toi, Laurent, on commence à parler de toi dans les journaux. Tu perces, mon cher (Duhamel, Cécile,1938, p. 21).
Percer à qqc. (vieilli).Je puis dire que c'est à force de mérite que j'ai percé aux mathématiques et au dessin comme nous disions à l'école centrale (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 263).
Percer dans qqc.Phellion, vu son âge et celui de sa femme, s'était chargé d'un domestique mâle (...) surtout depuis que son fils avait percé dans l'enseignement (Balzac, Pts bourgeois,1850, p. 88).
REM.
Perçable, adj.,rare. Susceptible d'être percé. Des pépiements d'oiseaux (...) perçaient l'air, les oreilles, le bruit des filets d'eau, toutes les choses perçables, de mille petites aiguilles dorées (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 19).
Prononc. et Orth. : [pε ʀse], (il) perce [pε ʀs]. Homon. perse. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Prend une cédille devant a et o : perçant, perçons. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « traverser en faisant un trou l'épaisseur de quelque chose » (Roland, éd. J. Bédier, 2077); 2. ca 1230 « se frayer un passage » (Chevalier aux deux espées, 9811 ds T.-L. : percier les rens); 3. 1262 fig. (Jean Le Marchant, Miracles N. D. de Chartres, éd. P. Kunstmann, VIII, 54 : Grant douleur le cuer l'en percha); 4. 1262 (Id., ibid., XI, 84 : Le tonnel ont tantout percié); 5. 1342 perçant (du regard) (Jean Bruyant, Chemin de Povreté ds Menagier de Paris, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 2, p. 14); 6. 1557 percer de froid (O. de Magny, Souspirs, éd. Courbet, p. 77); 7. av. 1593 « se manifester, apparaître » (Amyot, Du vice et de la vertu, 5 ds Littré); 8. 1606 « passer à travers (de la pluie) » (Nicot); 9. 1636 percer de l'œil (Monet); 10. 1651 percer les oreilles de qqn (de cris) (Scarron, Roman comique, II, 14 ds Littré); 11. 1666 « pénétrer avec l'esprit » (Boileau, Sat., VIII, ibid.); 12. 1680 « sortir (des dents) » (Rich.); d'où 1787 percer ses dents (Fer.); 13. av. 1742 « passer (de la lumière) » (Massillon, Or. fun. Villars ds Littré); 14. 1752 percer qqn (Trév.); 15. 1756 « sortir de la foule, se faire connaître » (Voltaire, Mœurs, 121 ds Littré). Du lat. pop. *pertusiare « percer », dér. de pertusum, supin du class. pertundere « id. », v. aussi pertuis. Fréq. abs. littér. : 2 042. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 906, b) 3 008; xxes. : a) 2 509, b) 2 233.
DÉR.
Percerette, subst. fém.a) Petite vrille. (Dict. xixeet xxes.). b) Petit outil pour percer les bouchons de liège. Percerettes (...) éclats avec une longue pointe portant de leur côté le plus large (Mortillet, Préhist.,1882, p. 515). [pε ʀsə ʀ εt]. 1reattest. 1671 (Pomey); de percer, suff. -ette (-et*).
BBG. − Gougenheim (G.). Chercher et fouiller. In [Mél. Harmer (L.C.)]. London, 1970, p. 22. − Sculpt. 1978, p. 584, 635. − Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p. 71 (s.v. percerette).