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PÂTURE, subst. fém.
A. − Tout ce qui sert de nourriture aux animaux. Croyez-vous que le chapon à qui l'on jette du grain dans la basse-cour soit plus heureux que le ramier qui le matin ne sait pas où il trouvera sa pâture de la journée? (Lamennais, Paroles croyant, 1834, p.267).Dire que Dieu donne la pâture aux petits des oiseaux, c'est une idée d'enfant. L'oiseau ne cesse de travailler, à grande dépense de vitesse; et par chance il récupère quelquefois en nourriture l'énorme dépense du vol (Alain, Propos, 1933, p.1155):
1. C'est dans le lit de l'océan que naissent une multitude de plantes inconnues (...) elles fournissent des abris et des pâtures à un grand nombre de coquillages, de testacées, de poissons, d'oiseaux de marine, d'amphibies... Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.240.
En partic. Aliment que l'on donne aux animaux domestiques; en partic., fourrage destiné au bétail. Nous savons qu'un chien répond par le geste au nom qu'on lui a donné (...) c'est en lui donnant sa pâture et en le caressant que l'on prononce le nom qu'on veut lui donner (Broussais, Phrénol., 1836, p.620).Il avait dans son burnouss une brassée d'herbe et la leur distribuait brin à brin. Les cinq bêtes [des dromadaires], couchées le cou en avant, (...) se disputaient avec de sourds grognements cette maigre pâture, souvenir de la saison fertile (Fromentin, Été Sahara, 1857, p.274).
P. anal., fam. Nourriture des humains. Sans gîte maintenant et sans pâture, elle se voyait désormais livrée à Dieu seul, −comme une chrétienne à un lion (Bloy, Femme pauvre, 1897, p.193).Tous penchés sur l'étal, les mains tendues, se disputaient d'avance la pâture en braillant sous les regards impassibles du fourrier (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p.27).
P. méton. Action de prendre, de chercher sa nourriture. Des canards en pâture, au loin, sur les grandes eaux, appelaient des bandes sauvages qui passaient, invisibles (R. Bazin, Blé, 1907, p.206).La lune préside aussi aux amours des hiboux. Ils se recherchent à la nuit faite, au temps de la saison froide, avant de partir à leur pâture (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p.211).
B. − AGRIC. Terrain couvert d'herbe destinée à être consommée sur place par le bétail. Synon. herbage, pâturage.Pâture alternée; pâture d'été, d'hiver; région de pâtures. Je fus employé par mes propriétaires à fendre du bois, à porter de l'eau, à conduire les moutons à la pâture (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p.223).Les prairies devraient être utilisées alternativement comme prés de fauche et pâtures et non, comme dans beaucoup de pays, avoir un usage bien spécial (Qq. aspects équip. agric., 1951, p.13).
Vaine pâture; droit de (vaine) pâture. Droit réservé à une communauté de faire paître les troupeaux sur certaines terres cultivées, après que la récolte a été enlevée, et sur certaines prairies après la fauche; ensemble des terres où s'exerce ce droit. La clôture soustrait l'ancien champ ouvert à la vaine pâture, à la fois juridiquement et matériellement (Meynier, Paysages agraires, 1958, p.172).La vaine pâture ne perdait de son importance que dans les régions méditerranéennes où les zones cultivées, peu nombreuses, éparses et d'étendue médiocre (...) s'entremêlaient de vignes, d'olivettes et d'arbres fruitiers (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.31):
2. Quand la récolte des foins était faite, tous les habitants de Domremy avaient droit de pâture dans les prairies du village, et ils y pouvaient mettre des têtes de bétail en nombre proportionnel à celui des fauchées de pré... A. France, J. d'Arc, t.1, 1908, p.9.
(Droit de) vive pâture. Droit de faire paître les troupeaux sur les terres avant la récolte, dans certaines landes et forêts, dans certains bois de haute futaie (d'apr. Plais. 1969).
C. − Au fig. Ce qui alimente intellectuellement, spirituellement un besoin, un désir, une recherche. Peut-être les soins de sa fortune, les spéculations de l'agriculture, une vie de mouvement avaient-ils jusqu'alors détourné son humeur atrabilaire en donnant une pâture à ses inquiétudes (Balzac, Lys, 1836, p.194).L'hebdomadaire, pour un prix modique, donne une pâture littéraire qui suffit à la plupart des gens (Civilis. écr., 1939, p.1806):
3. Le milieu religieux est un milieu désigné; il y apparaît des formations mystérieuses contre lesquelles vous ne pouvez rien. Ce n'est pas une question de raisonnement, il s'agit de donner une pâture à des sentiments. Barrès, Cahiers, t.8, 1910, p.164.
[Fréq. avec une connotation péj.] (Donner, jeter, livrer, offrir) en pâture. Abandonner, livrer à l'action de quelqu'un ou quelque chose. Personne sans doute ne se troublait de voir l'amoureux sympathique, pour obtenir celle qu'il aime, livrer en pâture sa jeune soeur à un vieillard libidineux (Brasillach, Corneille, 1938, p.123).Quand on livre un roman en pâture aux critiques, ils mordent l'un après l'autre (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.369).
Faire (sa) pâture de.Faire sa nourriture morale ou intellectuelle de. Tandis que les véritables savants avouent aujourd'hui ne conserver de ces fluides que les noms (...), on voit les charlatans et les improvisateurs de théories ou de nouveaux faits prétendus, en faire leur pâture (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.64).Elle tenait à la main je ne sais quel journal dont elle faisait sa pâture (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p.208).
Prononc. et Orth.: [pɑty:ʀ], [-a-]. Ac. 1694 et 1718: pasture; dep.1740: pâture. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. «lieu où pâturent les animaux», ici employé par image à propos du peuple hébreu figuré par un troupeau [grex] sous la garde d'un berger [pastor] (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXII, 2: En paistures de erbes aclinad [mes pastres] mei; LXXVII, 14: li tuens pueples e fuc de ta paisture); 1174-87 (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 3415: ...il [le loup] santi desoz le vant... Bestes salvages en pasture); 1176-81 bestes en pasture (Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 242); spéc. a) 1306, 23 avr. dr. vaine pasture «droit de faire paître le bétail dans des terres non closes, après la récolte» (Arch. Meuse, abbaye d'Escurey, éd. N. de Wailly ds Bibl. Éc. Chartes, 6esérie, t.3, p.606); b) 1598 id. «terre où les habitants peuvent librement faire paître le bétail» (Coutumes de Saint-Mihiel ds Nouv. coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t.2, p.1057a); 2. a) ca 1180 «nourriture des animaux» trover pasture (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 89, 2); ca 1210 querre sa pasture (Dolopathos, 266 ds T.-L.); b) xiiies. «(en parlant des animaux) action de chercher sa nourriture» aler en pasture (doc. ds Du Cange, s.v. almelinus); 3. ca 1245 «nourriture de l'homme» (Huon de Cambrai, Regrets N.-D., 271 ds T.-L. [en parlant de la manne]); xives. [ms.] livrer vesture et pasture (Philippe de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 533, var. ms. C Bibl. nat.fr. 4516); 1268 fig. «tout ce qui alimente une faculté, un sentiment» (Claris et Laris, 10468 ds T.-L.: J'avoie deus grasses pastures, Ma dame et mon compaing gentil); 1588, 25 oct. (Lettre de Henri de Navarre à M. de Launay d'Entraigues ds Lettres de Henri IV, éd. M. Berger de Xivrey, t.2, 398: ... argent n'est pas pasture pour des gentilshommes comme vous et moy). Du lat. pastura, à basse époque «action de paître, de brouter; nourriture des animaux» (ives. Palladius, St Jérôme ds Blaise Lat. chrét.); au Moy. Âge «droit de pacage» (774) et «terrain de pâture, pâturage» (807 ds Nierm.). Fréq. abs. littér.: 493. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 797, b) 777; xxes.: a) 621, b) 625.