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LAPER, verbe trans.
A. − [Le suj. désigne un animal, en partic., un chien ou un chat] Boire en aspirant avec la langue. Le chien a lapé en un instant une jatte de lait (Ac.1935).Le silence était si grand qu'on entendait dans la cuisine la minette laper le fond d'une écuelle (Pourrat, Gaspard,1925, p. 104):
1. Que l'on imagine (...) un peuple de cigognes se laissant persuader par la prédication d'une horde de renards, que la moralité commande de se nourrir de brouet clair dans des assiettes plates, voici le peuple des cigognes (...) voué à la famine au grand profit des renards qui, du revers de la langue, laperont vite et sans peine les meilleures pitances. Gaultier, Bovarysme,1902, p. 139.
Emploi absolu. C'était l'abattoir. Sur le seuil, un grand chien lapait dans une mare de sang (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 289).
B. − [Le suj. désigne une pers.]
1. P. anal.
a) Boire en utilisant la langue pour aspirer de petites quantités de liquide. La joie de laper de l'eau en passant auprès de la fontaine des gens d'armes (Barrès, Cahiers, t. 1, 1896, p. 10).L'aïeul lapait à petits coups sa chartreuse jaune (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 47):
2. On enleva les fourchettes et les cuillères, pour ne pas laisser une arme aux détenus. Decraemer devait manger sa bouillie de navet avec ses doigts et laper le liquide comme un chien. L'homme se dégrade et devient semblable à la bête, à vivre ainsi. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 280.
Emploi absolu. Un court instant on n'entend plus qu'un bruit de bouches qui lapent, les têtes penchées sur les gamelles (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 84).
b) Fam. Boire avec avidité. Des gens soûls, debout, Dont les larges langues lappent, sans phrases, Les ales d'or et le whisky, couleur topaze (Verhaeren, Ville tentac.,1895, p. 151):
3. À part les contre-maîtres, qui plaçaient sous sur sous (...) tout le reste ne travaillait, les ouvrières que pour bâfrer des frites (...) les ouvriers que pour s'enfourner à tirelarigot, dès l'aube, des chopines de vin blanc et laper, dès l'après-midi, des litres de vin bleu. Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 20.
Emploi absolu. Le peintre attaquait vigoureusement l'assiette assortie, s'enfournait de la hure et des miches de pain et lappait sec (Huysmans, En mén.,1881, p. 24).
2. P. ext. Absorber de la nourriture à coups de langue répétés. La vieille originale prenait toute la journée, tantôt d'un graisseron, tantôt d'un fruit ou d'une crème de millet qu'elle étalait à la mode du pays sur le dos de sa main pour l'y laper (Jammes, Mém.,1921, p. 165).Il tenait un épi dans sa main gauche, de la main droite il en cueillait les grains; il renversa la main, la porta à sa bouche, sortit sa langue et lapa avec un mouvement de la tête ces petits fuseaux dorés (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 135).
3. [Ds un cont. métaph.] Aussi, Madame de Nucingen laperait-elle toute la boue qu'il y a entre la rue Saint-Lazare et la rue de Grenelle pour entrer dans mon salon (Balzac, Goriot,1835, p. 93).
REM.
Lapée, subst. fém.a) Quantité de liquide que l'on peut aspirer en un seul mouvement de langue. Il déposa dans la vasque de la fontaine son éponge qui se dégorgea, but une nouvelle lapée de vin (Huysmans, Marthe,1876, p. 134).b) Rare. Mouvement de langue semblable à celui que font les animaux qui lapent. Liant ses bras autour du cou d'André, elle le baisa à petites lappées (Huysmans, En mén.,1881, p. 228).
Prononc. et Orth. : [lape], (il) lape [lap]. Att. ds Ac. dep. 1694. Vx selon Rob. : lapper. Docum. : lappent (Verhaeren, loc. cit.), lappait (Huysmans, En mén., 1881, p. 24), lappées (Id., ibid., p. 228), lappement dér. (Goncourt, loc. cit.). Étymol. et Hist. Ca 1180 « (d'un animal) boire à petits coups de langue » (M. de France, Fables, 58, 9 ds T.-L. : L'ewe comença a laper); ca 1200 « (d'une personne) boire avidement » (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P. Rasch, 3349 : Et le vin boire, engloutir et laper). Issu d'une onomat. lap- traduisant le lapement; l'hyp. d'un empr. aux lang. germ. (cf. all. lappen « laper », m. néerl. lapen « lécher en faisant du bruit », Verdam, ags. lapian « laper », angl. to lap « id. ») n'est pas nécessaire, le mot existant également dans diverses lang. romanes (cf. génois lappa « boire », andalou lapo « gorgée », v. FEW t. 5, p. 175a). Fréq. abs. littér. : 58.
DÉR.
Lapement, subst. masc.a) Action de laper. α) [En parlant d'un animal] V. laper A.La cuisine, où l'on entend comme le lappement d'animal (Goncourt, Journal,1870, p. 584). β) [En parlant d'une pers.] V. laper B.Je retrouve au salon de vieilles Anglaises du corps diplomatique, de mûres et fades créatures, à exclamations bêtes, à monosyllabes inintelligents à travers le lappement d'une tasse de thé et la déglutition d'un sandwich (Goncourt, Journal,1872, p. 917).b) P. méton. Bruit analogue à celui que font les animaux qui lapent. Les légers bruits autour de nous : un bruit d'eau vive sur les galets, le lapement insensible et le minuscule gargouillis dans les creux de roche de la marée montante, donnaient à l'écoulement du temps, par leurs longs intervalles suspendus et leurs soudaines reprises, une incertitude flottante coupée de rapides sommeils (Gracq, Syrtes,1951, p. 130).[lapmɑ ̃]. Att. ds Ac. 1935.1reattest. 1611 (Cotgr.); de laper, suff. -(e)ment1*.