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IMPUTER, verbe trans.
Mettre quelque chose sur le compte de quelque chose, de quelqu'un.
A. −
1. Imputer à qqn.Attribuer à quelqu'un (des actions, des faits ou des comportements généralement jugés blâmables). Synon. prêter, charger de.On lui impute une mauvaise action; ne lui imputez pas cette faute (Ac.). Barrès (...) impute à la police la tentative d'assassinat faite sur lui par les anarchistes (Goncourt, Journal,1893, p. 489).Ces vices ne prouvaient pas cependant, à supposer qu'on les imputât justement à Bergotte, que sa littérature fût mensongère (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 558).Ce retard, on ne pouvait l'imputer à M. Millerand dont l'énergie m'était connue (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 482).
Emploi pronom. réfl. indir. Le gouverneur vint à cinq lieues au-devant de nous, dans sa pirogue : quoique le soin du fanal l'eût occupé toute la nuit, il s'imputait la faute de n'avoir pu réussir à tenir sa mèche allumée (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 101).
Emploi pronom. réciproque indir. Les deux partis s'imputent réciproquement les malheurs publics (Ac.1835-1935).Tous les chefs (...) s'imputaient à l'envi les projets les plus perfides (Mérimée, Don Pèdre Ier,1848, p. 169).
[Construit avec de + inf.]Synon. soupçonner.On lui impute d'avoir voulu corrompre les témoins (Ac.). Si je suis découverte et condamnée comme complice, poursuivit la duchesse d'un ton de fierté, je ne veux point que l'on puisse m'imputer de vous avoir séduit (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 353).
Emploi pronom. réfl. indir. J'ai eu bien tort pourtant. Et elle s'accusait elle-même dans son caractère en louant mon amitié; elle s'imputait de troubler les meilleurs moments par ses tristes humeurs (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 199).
Vx. [Constr. avec un compl. propositionnel introd. par que] On lui impute que, loin d'avoir cherché à calmer les esprits, il les a encore plus irrités (Ac.1835, 1878).
Rem. Dans des cont. didact., imputer garde parfois son sens étymol., accompagné d'un compl. désignant des faits qui ne sont pas considérés comme blâmables. Dans le projet, je m'implique moi-même; (...) je m'impute l'action future en identifiant ce moi projeté au moi qui projette (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 133).
2. Imputer à qqc.Attribuer à quelque chose (des faits, une responsabilité dans des faits). Imputer un retard à un malentendu. On ne doit imputer cela qu'au hasard (Ac. 1835-1935). C'est qu'avec Rousseau seulement la sensation acquiert droit de cité; jusqu'à lui nulle dignité n'est imputée aux états intérieurs (Du Bos, Journal,1923, p. 338).Les partisans de la génération spontanée (...) seront désormais tenus de dire qu'ils préfèrent imputer la naissance de la vie aux débris amorphes (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 111) :
1. Aussi faut-il sans doute imputer au contact de l'hellénisme la pénétration (...) de la spatialité du monde (...) à l'intérieur de l'hébraïsme. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 202.
B. − Vx, littér. [Constr. avec à/pour + subst.]
1. Attribuer comme tel ou tel quelque chose à quelqu'un. Ne m'imputer pas à crime un moment d'oubli (Ac.1935).Sentez-vous combien (...) le silence de notre dévouement pouvait nous être imputé à crime? (Gozlan, Notaire,1836, p. 58).Saint François de Sales n'a pas été pour nous, cependant, une trop longue digression, et ne saurait nous être imputé à hors-d'œuvre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 279) :
2. Le joli, le gracieux et l'agréable lui devinrent antipathiques. De là une injustice réelle dans plusieurs faits d'appréciation qui lui fut imputée à mauvaise humeur, à parti pris, bien qu'aucune critique ne soit plus intègre et plus sincère que la sienne. Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 275.
Emploi pronom. réfl. indir. L'Enfer ne peut pas être éternel sans que Dieu se nie lui-même, et ne s'impute à crime et maléfice la Création de l'homme et de l'univers (Abellio, Pacifiques,1946, p. 374).
2. Mettre quelque chose sur le compte de quelque chose. Imputer à négligence, à oubli (Ac.). Mais imputant à bonne fortune tout ce que j'ai pu rencontrer dans notre français d'expressions qui représentaient assez bien le grec de mon auteur (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1807, p. 758).Lorsque chacun fut retourné à son logement (...) il y eut un orage si épouvantable, que presque toutes les tentes du camp royal furent renversées. Ce malheur fut imputé à mauvais présage par beaucoup de personnes (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 173).
C. − FIN. Imputer sur, à.Imputer une dépense sur un budget; recettes à imputer; imputer une somme sur un compte. Les paiements que fait un débiteur doivent être imputés sur les dettes qui lui sont le plus à charge (Ac.).Si le pupille a quelque bien (...) l'administration de ses biens (...) passera au tuteur officieux, qui ne pourra néanmoins imputer les dépenses de l'éducation sur les revenus du pupille (Code civil,1804, art. 365, p. 68).Quant aux pensions, M. le Ministre de la guerre ne sachant sur quel fonds les imputer, porta la somme des 250 000 fr. dans son budget de 1818 (Chateaubr., Mél. hist.,1827, p. 377).La seconde section (...) reçoit (...) le montant des amortissements imputés aux charges de fonctionnement (Admin. Postes et Télécomm.,1964, p. 14).
Emploi pronom. passif. Être imputé sur le/au compte (de quelque chose). Les sociétés houillères ouvrent-elles sagement un compte (...) au débit duquel s'imputent les frais de toutes sortes (E. Schneider, Charbon,1945, p. 236).Les dépenses qui ne sont pas aussi spécifiquement liées à l'accroissement du potentiel de production s'imputeront à la première section (Admin. Postes et Télécomm.,1964, p. 13).
Prononc. et Orth. : [ε ̃pyte], (il) impute [ε ̃pyt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié du xiiies. emputer trans. « accuser, attribuer (à quelqu'un) une chose digne de blâme » (Rutebeuf, Le Testament de l'âne, 63 ds Œuvres complètes, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 301); mil. xives. [ms.] imputer (Isopet, I, Fable XIV, 33, éd. J. Bastin, t. 2, p. 225); b) av. 1628 « attribuer (quelque chose) à quelqu'un, sans idée de blâme ou avec éloge » (Malherbe, Traité des bienfaits à Sénèque, II, 23 ds Littré); 2. 1370-72 imputer à mal (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 182, 3); 3. a) 1587 « porter (quelque chose) au compte de quelqu'un, en déduction de ce qu'il doit » (au fig.) (Du Vair, Oraison funèbre, éd. R. Radouant, p. 14, 380); b) 1636 « porter en compte, appliquer à un compte déterminé » (Monet). Empr. au lat. de l'époque imp.imputare « porter en compte; mettre en ligne de compte, faire valoir; attribuer ». Fréq. abs. littér. : 393. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 905, b) 269; xxes. : a) 317, b) 560.