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* Dans l'article "ÉPIER2,, verbe trans."
ÉPIER2, verbe trans.
A.− Observer attentivement et à son insu quelqu'un, ses faits et gestes. (Quasi-)synon. surveiller, espionner.Le faire épier par un agent (Verne, Tour monde,1873, p. 90).Derrière la persienne mi-close, le vieux les épiait. Quand elle leva les yeux, il se recula dans sa chambre (Montherl., Célibataires,1934, p. 822):
1. Le vrai romancier observe, épie ses personnages, il est un peu comme quelqu'un qui écouterait aux portes et qui regarderait par le trou de la serrure, mais il ne tente jamais d'intervenir. Intervenir, changer le cours d'une action déterminée par les personnages, c'est fabriquer un roman. Tout le monde peut faire cela. Green, Journal,1955-58, p. 29.
B.− P. ext. [Gén. avec une idée de dissimulation ou d'hostilité de la part de la pers. désignée par le suj.]
1. Observer attentivement, avec insistance. Synon. scruter.Élisa Piombo épiait les expressions qui passaient sur la blanche figure de son mari (Balzac, Vendetta,1830, p. 218).Mais le mourant les épiait sans en avoir l'air, entre ses paupières mi-closes (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1432).Florentine courut aussitôt à la glace de l'armoire et là, sans témoin, épia longuement, en ennemie, cette nouvelle image d'elle-même (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 324).
Emploi pronom. réciproque. Ils s'épiaient entre eux comme des bêtes sans confiance, souvent battues (Céline, Voyage,1932, p. 278).
2. [Le compl. d'obj. désigne une réalité qui n'est pas visible] :
2. Un dégoût, une haine atroce de moi-même surit toutes mes pensées dès le réveil. L'hostilité minutieuse avec laquelle j'épie chaque mouvement de mon être, le contorsionne. Défauts ou qualités, je n'ai plus rien de naturel. Gide, Journal,1916, p. 561.
Emploi pronom. réfl. Elle s'épiait curieusement, pour discerner si elle ne souffrait pas (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 170).La plupart des jeunes gens modernes, analystes qui s'épient eux-mêmes, curieux qui se passionnent pour trouver les mobiles de tous actes (Barrès, Renan,1888, p. 93).
3. [Le compl. d'obj. désigne un son] Écouter avec attention. J'épiai le moindre bruit, retenant mon souffle. L'escalier privé craqua légèrement. Au dehors, la sirène d'un bateau (Sartre, Nausée,1938, p. 104).
4. Absol. Être aux aguets, à l'affût. Émile de Girardin est un veilleur public; son journal, c'est son poste; il attend, il regarde, il épie, il éclaire, il guette, il crie qui vive (Hugo, Hist. crime,1877, p. 201).
C.− Attendre quelque chose, en observant attentivement, pour en profiter. Épier le moment favorable, l'occasion de faire, pour faire qqc. (Quasi-)synon. guetter.C'est là que j'épiais le printemps, là que, quatre fois la journée, je lui dédiais au passage un hymne de muette allégresse (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 8).[Bernard] épia sur les lèvres et les joues de Catherine il ne savait quels signes de bonheur qu'il tremblait d'y apercevoir (Nizan, Conspir.,1938, p. 149):
3. Ils [les hommes] sont sans cesse aux aguets, toujours occupés à surveiller quelqu'un ou à se surveiller eux-mêmes, épiant les accidents, les gaffes ou les erreurs possibles, dragons de vigilance morale s'ils sont moraux − et ils le sont en général avec frénésie. Mounier, Traité caract.,1946, p. 288.
Rem. On rencontre ds la docum. qq. attest. du part. prés. épiant employé adj. Elle [Baptistine] se plaça au bout de la table, avec une attitude de domestique espion (...) et, à la voir ainsi épiante, silencieuse, l'idée venait tout de suite qu'elle devait jouer, dans le ménage Ferramus, une partie toute-puissante de vigilance malveillante (Estaunié, Simple, 1891, p. 63).
Prononc. et Orth. : [epje], (j')épie [epi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 espier « trahir » (Roland, éd. J. Bédier, 1147), emploi isolé; 2. a) 1155 « observer attentivement, essayer de découvrir (quelque chose) » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8966); b) 1160-74 « observer attentivement et secrètement (une personne, un animal) » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, II, 569). De l'a. b. frq. *spehôn « observer attentivement »; cf. a. h. all. spehôn de même sens (Graff t. 6, col. 323), all. spähen.
STAT. − Épier1 et 2. Fréq. abs. littér. : 807. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 966, b) 1 079; xxes. : a) 1 130, b) 1 348.
DÉR.
Épieur, euse, adj. et subst.a) Adj. Qui épie. Les regards allaient recommencer à s'échanger entre M. de Charlus et sa cousine, à la fois baissés et épieurs (Proust, Prisonn.,1922, p. 269).b) Subst. Personne qui épie. Il [Maurice] jetait un regard sur les haies d'alentour propices aux épieurs (H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 143). [epjœ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1reattest. 1260 espieur « espion » (Brunet Latin, Trésor, éd. J. Carmody, III 98, 3); du rad. de épier2, suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 31 (s.v. épiaison).