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DÉFERLER, verbe.
A.− Emploi trans., MAR.
1. Déplier (une voile ferlée) en détachant les rabans qui la tiennent serrée. Anton. carguer.Le vent (...) soufflant du nord-nord-ouest, je fis déferler le grand hunier (Kerguelen, Voy. mers austr.,1782, p. 59).
Emploi adj. du part. passé. Les voiles déferlées qui coiffaient les mâts s'enflèrent (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 245).
2. Déferler un pavillon, une voile. Le/la déployer en pesant sur sa drisse (d'apr. Gruss 1942 et Le Clère 1960).
B.− Emploi intrans.
1. [Le suj. désigne une vague, une succession de vagues, la mer] Se briser en écumant à l'approche d'un obstacle, du rivage. Une montagne d'eau qui s'élevait à la hauteur des hunes, déferlant contre la dunette, se déroula sur le pont (Sue, Atar Gull,1831, p. 3).Les matelots se sont jetés à la mer, ayant de l'eau jusqu'aux aisselles et par-dessus la tête, quand la vague déferlait (Mérimée, Lettres Panizzi,t. 2, 1870, p. 317).La mer, d'un bleu foncé, déferlait sur une plage de coraux brisés (Loti, Mariage,1882, p. 230).De grandes vagues somptueuses déferlaient sur la plage, derrière une poussée d'embruns (Gracq, Beau tén.,1945, p. 180).
P. méton. (du tout pour la partie). [Le suj. désigne la mer] Déferler (absol.). Être agitée, couverte de vagues. La mer est énorme et déferle méchamment (Cendrars, Confess. Dan Yack,1929, p. 119).
Déferler sur (une terre).Recouvrir, submerger. En cette minute des villages belges brûlaient, la mer déferlait sur les campagnes hollandaises (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 16).
2. [P. anal. et réf. au mouvement d'une vague]
a) [Son extension progressive, son déploiement] La houle des blés mûrs s'enfle et déferle au vent (Régnier, Jeux rust.,1897, p. 215):
1. Déjà la troupe humaine remue dans l'ombre, aux mille bras, aux mille bouches; déjà le boulevard déferle et resplendit... Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 59.
2. ... cette écume, ces cygnes, ces fantômes, ces anges (les fleurs des arbres fruitiers), en huit jours naissent, déferlent et s'anéantissent, meurent épars. Colette, Gigi,1944, p. 197.
b) [Son bruit] :
3. C'était le frisson des feuilles froissées par la brise. Une à une je les entendais déferler comme des vagues sur le vaste silence de la nuit tout entière. Proust, Les Plaisirs et les jours,1896, p. 195.
c) [La force, la brutalité de son surgissement]
Déferler contre.Venir buter contre, se heurter à. Poussés violemment par une bise haute, les nuages déferlaient contre les sommets (Giono, Bonh. fou,1957, p. 327).
Au fig. L'abri du drap mieux bordé, du papier fleuri contre lequel déferlaient les songes (Colette, Blé en herbe,1923, p. 228).
Déferler, déferler dans, sur, vers.
[Le suj. désigne un groupe, un phénomène fait de plusieurs éléments] Surgir, faire irruption brutalement et rapidement. Les rires, les acclamations déferlèrent. À ce moment, un flot de gens déferla de la rue de Buci vers la rue Jacob (Léautaud, Théâtre M. Boissard,t. 2, 1943, p. 65).Une marée de sanglots déferla dans la salle (Camus, Peste,1947, p. 1394).
Rare. [Le suj. désigne un seul élément] Démarrer, bondir violemment. Un sifflet retentit (...). Le train déferla (Estaunié, Vie secrète,1908, p. 925).Je m'élance, je déferle à travers les marches, les espaces (Céline, Mort à crédit,1936, p. 328):
4. ... le libre vent que rien n'arrête dans sa course à travers l'océan, et qui déferle sur la plaine avec une infrangible violence. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 180.
C.− Au fig.
1. Survenir brutalement, avec une force envahissante. Pour moi, c'était sans cesse le même jour qui déferlait dans ma cellule et la même tâche que je poursuivais (Camus, Étranger,1942, p. 1181).Heureusement, la colère déferla, recouvrit tout, il (Daniel) se sentit ranimé par une rage allègre (Sartre, Âge de raison,1945, p. 154).Cette vague d'un intense chagrin qui déferlait en elle (Vialar, Brisées hautes,1952, p. 180).
2. Se manifester avec force et continuement. [Le] tintamarre des 100.000 fiacres qui déferlent jour et nuit (Cendrars, Moravagine,1926, p. 92).Un flot de lettres anonymes déferlait, inondait chaque jour les bureaux (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 450).La musique déferlait dans le silence avec une sorte de tendresse violente et sauvage (Green, Chaque homme,1960, p. 262).
3. Se répandre, dans une poussée massive et continue. Endiguer le flot allemand qui déferlait à l'ouest (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 96).La marée de soldats identiques et anonymes qui déferle sur le quai (Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 127).
Prononc. et Orth. : [defε ʀle], (je) déferle [defε ʀl̥]. Ds Ac. 1762-1932 Étymol. et Hist. A. Trans. 1616 mar. « déployer les voiles » misene defrelée (d'Aub., Hist., II, 50 ds Littré); 1678 déferler (G. Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, 3epart.). B. Intrans. 1773 (Bourdé, Man., I, 167 ds Fr. mod., t. 25, p. 309); fig. 1859 en parlant des passions de l'âme (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, p. 64); id. 1866 « se répandre en grande quantité (ici, en parlant de la lumière) » (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Poèmes saturn., p. 91). Dér. de ferler* terme de mar. « relever (une voile) pli par pli tout le long et au-dessus d'une vergue sur l'avant »; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 234. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 63, b) 166; xxes. : a) 353, b) 637. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 274.