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CONSPIRER, verbe.
I.− [Le suj. désigne une pers. ou une chose personnifiée]
A.− Emploi trans., vx ou littér. Préparer secrètement (un acte violent et préjudiciable). Conspirer la mort, la perte de qqn, la chute de la République. Synon. tramer, ourdir.L'Église, dont ils conspirent l'abaissement (Mérimée, Hist. de Don Pèdre Ier, roi de Castille,1848, p. 136):
1. Le sort s'unit aux passions de mille monstres pour conspirer la perte de ces hommes innocents. E. Delacroix, Journal,1856, p. 10.
Rare, au part. passé. Un chêne altier, auguste, et par tous conspiré, L'homme y mettant son souffle et l'océan sa rive (Hugo, Les Quatre vents de l'esprit,1881, p. 232).
B.− Emploi intrans. (prép. contre).
1. Agir en secret, avec une ou plusieurs personnes pour préparer le renversement du pouvoir établi et de ses représentants. Conspirer pour renverser le gouvernement, pour le rétablissement de la République, pour le retour de l'Empereur; conspirer contre l'État, contre le Roi; conspirer avec l'étranger contre la sûreté de l'État. Synon. partiel comploter.Le clergé, tantôt gouvernant les empereurs, tantôt conspirant contre eux, soutenait le despotisme (Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 93):
2. Le Comité de Salut public avait fait arrêter les Dantonistes, soi-disant pour avoir conspiré contre le peuple français en voulant rétablir la monarchie... Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 308.
Emploi abs. Nous conspirons. Je ne sais si vous comprenez ce qu'il y a de danger à conspirer dans un temps comme le nôtre (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 186).
Rem. En ce sens, le verbe est surtout utilisé dans un cont. hist. ou ironiquement (cf. conspiration, conspirateur).
2. P. ext.
a) Littér. Œuvrer en secret pour ou (plus souvent) contre quelqu'un ou quelque chose. Conspirer contre, pour qqn, pour le bonheur de qqn; conspirer (avec qqn) pour faire qqc.; conspirer contre la liberté, la paix, les riches. Depuis longtemps, la philosophie conspire contre la superstition (S. Mercier, Néologie,1801, p. 125):
3. ... déjà dans tous les groupes, on m'appelle un conspirateur. Cela est vrai, citoyens, voilà cinq ans que je conspire pour rendre la France républicaine, heureuse et puissante. C. Desmoulins, Le Vieux Cordelier,1793-94, p. 136.
4. Stendhal conspire avec Stendhal sous des noms variés (...) parfois contre Stendhal, toujours contre les sots, les importants, les insensibles. Valéry, Variété II,1929, p. 100.
b) Région. (Canada). Agir en complicité et en secret avec quelqu'un contre quelqu'un ou quelque chose. Avoir conspiré pour frauder des créanciers (Canada 1930, Bél. 1957).
II.− [Le suj., désignant plusieurs choses ou plus rarement plusieurs pers., est souvent déterminé ou repris par tous ou par tout] Concourir par une action d'ensemble, hostile ou non, à un même effet.
A.− [Avec une idée d'hostilité; prép. contre] :
5. Les cris de l'enfant, le repos nécessaire à la mère (...), la présence de madame Pièdefer, tout conspirait si bien contre les travaux littéraires... Balzac, La Muse du département,1844, p. 220.
B.− [Avec ou sans idée d'hostilité; prép. à + subst. abstr. ou inf.] Les événements conspirent tous à ce but (Verlaine, Souvenirs et fantaisies,1896, p. 278).Tout conspire à nous la cacher [l'idée de la mort] (Green, Journal,1950-54, p. 118):
6. Oui, c'était par un soir joyeux de cabaret Un de ces rares soirs plutôt trop chauds où l'on dirait Que le gaz du plafond conspire à notre perte Avec le vin du zinc, saveur naïve et verte Verlaine, Œuvres complètes,t. 3, Élégies, 1893, p. 43.
Rem. 1. La constr. II A est proche des constr. intrans. recensées sous I B; la constr. II B glisse vers un emploi trans. indir., où l'emploi abs. ne semble pas possible. 2. On rencontre ds les dict. les dér. a) Conspirance, subst. fém. État d'éléments qui conspirent (cf II) au même effet. Mot créé par Mirabeau, attesté ds Besch. 1845, Lav. Diffic. 1846, Lar. 19e-20e, Guérin 1892, Quillet 1965, sans autre attest. que l'ex. de Mirabeau. b) Conspiroter, verbe intrans., fam. Se livrer à de petites intrigues (pour ou contre). Nous les avons vu conspiroter entre eux (Du Camp ds Guérin 1892).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃spiʀe], (je) conspire [kɔ ̃spi:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. intrans. « s'entendre, préparer secrètement une action, le plus souvent mauvaise » (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 62, 8); 1213 (Li Fet des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 99, 3 : .II. paire de genz conspirees [prob. trad. du lat. conspirati]); encore au xvies. ds Hug.; 1390 trans. (Choix de pièces relatives au règne de Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, 1, 102 ds IGLF); 1694 absol. (Ac.); 2. 1580 « s'accorder, contribuer à » (Montaigne, Essais, livre II, chap. 12, éd. A. Thibaubet, p. 491); 1753 part. passé adjective mécan. puissances conspirantes (Encyclop. t. 3, p. 767b, s.v. composé). Empr. au lat. class. conspirare « s'accorder » et en mauvaise part « se liguer, comploter ». Fréq. abs. littér. : 401. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 911, b) 563; xxes. : a) 451, b) 352. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 23-24.