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CAMP, subst. masc.
I.− ART MILIT.
A.− Terrain généralement clos et fortifié sur lequel des troupes s'installent en ordre avec des tentes ou des baraques pour se loger, s'entraîner ou se défendre; tentes et matériel disposés sur ce terrain. On força le camp, on fit un nombre prodigieux de prisonniers; enfin cette bataille fut décisive (Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 3, 1795, p. 303).
Camp volant. Camp installé très sommairement et pour une courte durée par une troupe ou un groupe de campeurs en déplacement.
Camp retranché. Place forte entourée d'une ceinture de forts.
Lit de camp. Lit léger pliant ou démontable comme ceux que l'on installe sous la tente; p. anal., lit de corps de garde, formé de matelas posés sur un plancher incliné (cf. Lar. 20e).
La vie des camps. (Au fig.). La vie militaire. La fréquentation des cours et des camps (Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1894).
SYNT. a) Camp + adj. Camp avantageux, fortifié, inexpugnable, ouvert, stable ou permanent. b) Camp de + subst. Camp de manœuvres, d'instruction. Camp où l'on rassemble des troupes pour les instruire en les faisant manœuvrer (cf. Ac. 1835-1932; Lar. 19e; Joffre, Mémoires, t. 1, 1931, p. 83). Camp de rassemblement. Lieu où l'on concentre des troupes avant d'entrer en campagne. Camp d'aviation. Terrain équipé où est installée une formation d'aviation militaire. c) Subst. + de + camp. L'enceinte, le fossé, le front, la garde, les quartiers, les tentes du camp. d) Verbe + camp. Asseoir, dresser, établir, mettre, poser son camp en tel endroit, devant telle ville pour l'assiéger; assaillir, attaquer, piller un camp; se retrancher dans son camp.
Spéc., MOY. ÂGE. Terrain aménagé pour les tournois où deux parties s'affrontent; champ clos. Donner le camp aux combattants. P. ext. Combat en champ clos. Demander le camp, être juge de camp, prendre le camp. Fam. Prendre le camp. Déguerpir, se retirer. On lui fit prendre le camp (Ac.1798-1878).Les juges du camp l'ont résolu ainsi : demain seulement le champ te sera ouvert (MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 148).
B.− P. méton.
1. Installations d'un camp; un camp bien ordonné.
Lever le camp. Démonter les installations d'un camp pour s'installer ailleurs. P. ext. Partir rapidement, déguerpir. Pop., fam. Foutre, ficher le camp. Même sens : Partir rapidement, déguerpir. :
1. Je n'y trouve que l'occasion de m'en aller. Je ne sais pourquoi on dit : f... le camp. C'est lever le camp qu'il faudrait. F... le camp, c'est le planter et stare. Valéry, Correspondance[avec Gide], 1926, p. 504.
Au fig. [En parlant d'animés] Se dégrader. Tout fout le camp avec la République (E. et J. de Goncourt, Journal,1870, p. 651).
2. Troupes qui campent. Le camp était tranquille; tout le camp fut alarmé; donner l'alarme au camp (Ac. 1798-1932). Le camp se réveille, mille feux s'allument (Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 205):
2. ... l'attente continuait, lorsque, vers deux heures et demie, une sourde agitation, peu à peu croissante, gagna le camp entier, des ordres coururent, on fit évacuer les prairies, toutes les troupes montèrent, ... Zola, La Débâcle,1892, p. 103.
Proverbe et fig., vx. L'alarme est au camp. ,,Se dit en parlant de ce qui met tout d'un coup plusieurs personnes dans une grande inquiétude`` (attesté de Ac. 1798 à 1878).
Camp volant (cf. supra I A). Corps de troupes légères (cavalerie) qui observait et harcelait l'ennemi. Il commande (commandait) un camp volant (Ac.1798-1932).Fig. et fam. Être (vivre) en camp volant. Être installé de manière provisoire et sommaire. Vivre en camp volant à l'hôtel (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 241).Absol. Un camp volant. Un nomade (attesté ds les dict. sauf. Ac. à partir du Nouv. Lar. ill.).Parfois aussi passait un couple de camps volants, de vanniers nomades qui vendent des paniers et des « charpagnes » aux paysans (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 65).
Aide de camp. Cf aide2*.Maréchal de camp. Cf. maréchal*.
C.− [P. réf. aux troupes de deux camps ennemis]
1. JEUX et SP. Équipe opposée sur une des deux parties du terrain à une équipe adverse occupant l'autre partie du terrain. Aux barres, à la paume, on se constitue en deux camps (Ac.1932) :
3. Chaque faute dans un camp donne un point au camp adverse. (...) Un compteur-chanteur informe en basque le public des péripéties de la lutte. Chaque camp se compose de trois pelotari, dont l'un est chef de groupe. La couleur des ceintures et des bérets distingue les camps : rouge et bleu. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 171.
2. P. ext., domaines de la pol., de la philos., de la litt.Groupe de personnes soutenant la même cause contre un autre groupe soutenant une cause adverse. Le camp adverse; changer de camp; le pays est partagé en deux camps (Ac.1932).Le portrait de Machard qui fait courir tout Paris. Eh bien, qu'en dites-vous? Êtes-vous dans le camp de ceux qui approuvent ou dans le camp de ceux qui blâment? (Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 374).
II.− P. ext.
A.− Terrain clos équipé d'installations de type militaire où sont placés d'autorité certains types de personnes. Camp de prisonniers (de guerre), camp disciplinaire, camp de travail, camp de réfugiés; s'évader du camp.
Camp d'internement, de concentration, de déportation, d'extermination; camp de la mort lente, de représailles (cf. Ambrière, Les Grandes vacances, 1946, p. 303).Terrains étroitement surveillés où sont détenues en temps de guerre ou de troubles internes des personnes considérées comme suspectes. Les charniers des camps de déportation (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 171);les horreurs, les sévices, les tortures des camps; être torturé, mourir dans un camp de concentration :
4. ... camp de Royallieu à Compiègne : un camp sans travaux forcés, sans chambre de torture, sans gaz asphyxiants, sans four crématoire, un camp anodin en apparence, un camp de repos, si l'on peut dire. (...). Il [le bourreau] laissait tranquilles ses victimes : il ne s'agissait que de les laisser mourir peu à peu de faim. Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 476.
5. La destruction de l'homme affirme encore l'homme. La terreur et les camps de concentration sont les moyens extrêmes que l'homme utilise pour échapper à la solitude. La soif d'unité doit se réaliser, même dans la fosse commune. S'ils tuent des hommes, c'est qu'ils refusent la condition mortelle et veulent l'immortalité pour tous. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 304.
B.− Terrain où s'installe un groupe de campeurs. Camp scout, camp de vacances; Camp de base; feux de camp. Camp nudiste (Aymé, La Jument verte,1933, p. 23):
6. L'originalité des camps de vacances réside moins dans l'organisation matérielle des camps que dans celle des activités et des programmes proposés... Différents types d'organisation peuvent être rencontrés : 1) le camp lourd, fixe, véritable colonie sous tente. 2) le camp fixe. 3) le camp itinérant ou camp volant. 4) la caravane ouvrière. Liaisons sociales, no345, 29 mars 1956, p. 22.
Rem. On rencontre ds la docum., appartenant à la famille a) Campe, subst. fém., région. Cabane de bûcherons construite en forêt. Une vieille campe de bûcheron (Genevoix, Match à Vancouver, Laframboise et Bellehumeur, 1942, p. 10). Attesté ds Canada 1930. b) Campion, subst. masc., région. Nomade, romanichel. Près d'une roulotte abandonnée dans le champ, un couple de bohémiens, vêtus de hardes de couleurs vives, se caressait, sur le talus, au bord de la route. Angélina rougit : − Regarde-moi donc ces campions (G. Guèvremont, Le Survenant, 1945, p. 211).
Prononc. et Orth. : [kɑ ̃]. Le groupe -mp est muet et la voyelle précédente nasale dans camp, champ, clamp (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 425). Ds Ac. 1694-1932. Homon. quand, quant. Étymol. et Hist. 1. Ca 1450 lit de can « lit pliant ou démontable en usage dans les campements militaires » (Myst. Vieux Testament, éd. J. de Rothschild, t. 2, p. 303); fin xves. lit de camp (Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 237); fin xves. « terrain sur lequel une armée s'établit ou se retranche pour sa défense » tenir ung camp (Id., ibid., II, 272 ds IGLF Litt.); a) 1548 camp volant « camp provisoire » (Th. Sebillet, Art poetique fr., éd. F. Gaiffe, p. 102); 1883 fig. vivre en camp volant à l'hôtel (Loti, loc. cit.); b) 1671 lever le camp (Pomey); 1836 fam. et pop. foutre le camp (Stendhal, Lucien Leuwen, p. 21); c) 1690 aide de camp (Fur.); d) 1921 camp d'aviation (Giraudoux, Suzanne et le Pacifique, p. 74); 2. 1543 p. ext. « corps d'armée établi dans un camp » (Amadis, IV, 17 ds Hug.); 3. 1927 camp de concentration (Proust, Le Temps retrouvé, p. 747); 4. 1813 « groupe de personnes du même bord qui s'oppose à un autre groupe » camp des créanciers (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, p. 173); 1831 pol. (Lamartine, Correspondance, p. 153); 1904 fig. changer de camp (Frapié, La Maternelle, p. 282). Plus prob. forme normanno-pic. ou prov. de champ* qu'empr. à l'ital. campo (Wind, p. 65; EWFS2) spéc. terme milit. au xiiies. (ds Batt.). Fréq. abs. littér. : 3 397. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 825, b) 3 373; xxes. : a) 3 442, b) 5 598. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 142. − Duch. 1967, § 9.6, 12.2, 40, 70.7. − Gottsch. Redens. 1930, p. 320, 322, 323, 456. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 63. − Kohlm. 1901, p. 35. − Quem. 2es. t. 2 1971, p. 12. − Sar. 1920, p. 37. − Wind 1928, p. 8, 9, 65, 141, 196, 201.