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BRIDER, verbe trans.
A.− [Le compl. désigne un cheval, un âne, un mulet] Lui passer la bride pour pouvoir le guider :
1. Tu as vu quel noble cavalier est mon fils? Et ce n'est pas un de ces coureurs de steppes qui ne savent que brider et panser leurs chevaux. H.-R. Lenormand, Le Simoun,1921, p. 56.
Absol. Je fus obligée d'aller seller et brider moi-même (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 284).
P. métaph. Une règle qui assure l'ordre social, qui bride l'animal humain que le sexe rend fou, et qui le maintient dans les brancards (Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 408).
P. ext.
1. [Le suj. désigne un vêt.; l'obj. désigne une partie du corps hum.] Serrer étroitement en gênant les mouvements. Il songea aussi aux ajustements des femmes (...) aux jupes bridant le ventre (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1895, p. 186).
Absol. Le pagne étroit bridant sur les hanches (T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 174).
2. [L'obj. désigne les yeux ou la bouche] Tirer, étirer. Le muscle de la troisième paupière [chez les grenouilles et les crapauds] bride la partie inférieure de celui en entonnoir (Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 2, 1805, p. 427).
Emploi pronom. [Le suj. désigne les yeux ou la bouche] :
2. ... une mystérieuse unité unissait maintenant la bouche épaisse et les yeux qui se bridaient légèrement. Malraux, L'Espoir,1937, p. 705.
Absol. (valeur pronom). Les lèvres brident sur les dents (R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 547).
Rem. On rencontre chez R. Martin du Gard brider employé transitivement avec pour suj. un nom de pers., le sens étant celui de « rendre ses yeux bridés » (cf. bridé B 1). Il (...) se mit à rire en bridant les yeux (Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, p. 686).
B.− P. anal. (dans les lang. techn.). Lier, serrer.
1. COUT. Brider une boutonnière. L'arrêter par un point de couture aux deux extrémités.
Rem. Attesté dans Rob., Pt Rob., Lar. Lang. fr.
2. ART CULIN. Brider une volaille. Lui lier les pattes et les ailes pour les maintenir pendant la cuisson. Une grosse aiguille à brider les poulets (Les Gdes heures de la cuis. fr., A. Escoffier, 1896, p. 196).
3. MAR. Lier ensemble en les serrant étroitement, deux ou plusieurs cordages tendus à peu près parallèlement. On bride les liures de beaupré, les estropes de poulies, les veltures, etc. (Will.1831).
4. TECHNOLOGIE
a) Brider deux tuyaux, deux pièces de bois. Les assembler à l'aide d'une bride (cf. bride B 7).
b) Brider une pierre. L'entourer d'un câble pour la hisser.
Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires.
C.− Au fig.
1. Contenir dans certaines limites, mettre un frein à la liberté d'action d'une personne ou au développement d'une force instinctive.
a) [L'obj. désigne une pers.] Le classicisme formel a bridé, brimé Corneille (Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 158).
b) [L'obj. désigne une émotion, une passion, une faculté instinctive] Brider l'imagination, la volonté de quelqu'un :
3. ... on peut dire que si le calvinisme les a servis, c'est à la manière d'une contrainte qui bride et bande les forces et fait dire à Joseph de Maistre ce mot dont on a quelque peu abusé : « Ce qui gêne l'homme le fortifie. » Gide, Feuillets,1911, p. 352.
Rem. On rencontre except. l'emploi pronom. avec le sens de se maîtriser ou se guinder chez E. et J. de Goncourt. L'autre tantôt furieux, tantôt se bridant, tantôt jouant la comédie du suicide devant elle (Journal, 1860, p. 761).
2. Arg. Tromper (cf. l'expr. vieillie brider la bécasse, la prendre dans un lacet, d'où prendre par ruse) :
4. Elle et lui menaient tout un commerce de taquineries, de plaisanteries. Il demandait les nouvelles des moutons-à-queue-courte − c'étaient les chèvres. « Reviens-y à les endormir! Tu les as bridées, mais tu ne me brideras pas! » Pourrat, Gaspard des montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 111.
PRONONC. : [bʀide], (je) bride [bʀid].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xiiies. « tendre le fil d'une fileuse » (Dit outils de l'hôtel, éd. G. Raynaud, 209, 10 dans Romania, t. 28, p. 58), attest. isolée; 1395 « mettre la bride à un cheval, à un mulet » (Viandier de Taillevent, MS. Vatic, Part II, ed. Pichon et Vicaire, 274 dans Barb. Misc. 25, no4, p. 47); 1534 oyson bridé « bête fantastique » (Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 3); d'où 1611 « personne crédule » (Cotgr.); av. 1630 « serrer avec une bride (une coiffure) » (D'Aub., Hist., II, 354 dans Littré); 1690 p. ext. « serrer, comprimer (d'un vêtement) » (Fur.); 1732 brider une pierre « l'élinguer » (Rich.); 1783 cuis. brider une volaille « ficeler ses membres pour qu'ils ne se détachent pas en cuisant » (Encyclop. méthod. Mécan. t. 2, p. 88); 1797 en parlant des paupières (Voyage de La Pérouse, p. 82); d'où 1857 yeux bridés (Fromentin, Un Été dans le Sahara, p. 165); 2. xves. fig. « freiner, réprimer » (Comm., V, 18 dans Gdf. Compl.). Dér. de bride*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 52.
BBG. − Thomas (A.). Nouv. essais de philol. fr. Paris, 1904, p. 321. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 122.