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ASSORTIR, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Mettre ensemble des choses ou des personnes qui ont entre elles des rapports d'affinité.
1. [Le compl. désigne des choses] Mettre ensemble suivant un agencement harmonieux deux ou plusieurs choses qui ont entre elles des rapports de convenance, de conformité ou de ressemblance.
a) Domaine concr. :
1. La série des Pissarro est, cette année surtout, surprenante. C'est un bariolage de véronèse et de vert d'eau, de maïs et de chair de pêche, d'amadou et de lie de vin, et il faut voir avec quel tact le coloriste a assorti toutes ses teintes pour mieux faire s'écouler ses ciels et saillir ses premiers plans. Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 274.
b) Domaine abstr.Adapter à, concilier :
2. − Que faites-vous de la culture, monsieur? Elle est à vous, votre culture, et je vous l'ai composée avec amour, comme un bouquet, en assortissant les fruits de ma sagesse et les trésors de mon expérience. Sartre, Les Mouches,1943, I, 2, p. 23.
Rem. On rencontre aussi dans le même sens, les constr. assortir une chose à ou avec une autre :
3. Si les jeunes filles ont du goût pour les fleurs éparses dans les champs, elles n'en ont pas moins pour les rassembler en bouquets ou en chapeaux, et les assortir avec leur teint, leurs traits et leur humeur. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 110.
2. [Le compl. désigne des pers. ou certains de leurs attributs] Réunir ou unir des personnes qui ont entre elles des rapports d'affinité. Pour faire un bon mariage, il faut bien assortir les personnes. Il faut assortir les conditions, les âges (Ac.1798-1932) :
4. C'est que l'intégrité du moule de la race Est confiée au choix que la beauté vous trace, Amants qu'elle apparie et force à se choisir! Et chez les bêtes même, un sens de la figure, Où l'œil révèle au sang sa préférence obscure, Assortit les époux qu'accouple le désir. Sully Prudhomme, La Justice,Veille 3, 1878, p. 126.
Mettre quelqu'un en accord ou en harmonie avec quelqu'un ou quelque chose :
5. M. Morin était entre deux âges et si, comme l'homme de la fable, il était entre deux femmes qui voulaient l'assortir à leur âge, c'était assurément Madame Morin, son épouse, qui lui arrachait les poils noirs, car elle paraissait plus vieille que lui. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 113.
3. Emplois techn.
a) ÉLEVAGE
Assortir des chevaux. ,,Les joindre ensemble suivant les divers emplois`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté ds la plupart des dictionnaires.
Assortir une jument. ,,Lui donner l'étalon qui lui convient le mieux`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté aussi ds Littré, Nouv. Lar. ill., Rob.
b) IMPR. Assortir les caractères. ,,Faire un choix heureux et harmonieux des divers caractères d'imprimerie qui peuvent convenir au genre d'un livre`` (Éd. 1913). Cf. assortiment C 3.
B.− Assortir qqc. de qqc.Ajouter une chose à une autre de manière à former un tout, un ensemble cohérent. Accompagner, compléter :
6. L'A I E A, dans l'esprit de ses créateurs américains, devait être un organisme à la disposition des pays exportateurs de matériaux et de techniques nucléaires désireux d'assortir leur vente d'une clause de non-utilisation militaire, son rôle étant destiné à éviter, en particulier avec l'Union Soviétique, des surenchères dont le contrôle serait la première victime. Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 127.
Rare. [Le compl. d'obj. dir. désigne un établissement de comm.] Pourvoir de marchandises variées et répondant aux besoins de la clientèle. Assortir un magasin, une boutique de toute sorte de marchandises (Ac. 1798-1932).
Vieilli. [Qqf. le compl. désigne une pers.] Allez chez tel marchand, il a de quoi vous assortir (Ac.1835-1932).
II.− Emploi pronom.
A.− Être ou se mettre en accord ou en harmonie.
1. [Le suj. désigne une ou plusieurs choses abstr. ou concr.] :
7. Si l'incohérence est monstrueuse, une cohésion trop stricte détruit toute majesté dans les beaux ouvrages. Je voudrais que les pensées se succédassent, dans un livre, comme les astres dans le ciel, avec ordre, avec harmonie, mais à l'aise et à intervalles, sans se toucher, sans se confondre, et non pourtant sans se suivre, s'accorder et s'assortir. J. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 112.
2. [Le suj. désigne une ou plusieurs pers.] Ces deux personnes s'assortissent (Ac.1798).Leurs caractères ne s'assortissent point (Ac.1798-1932).
[Le compl. d'obj. indir. désigne un inanimé abstr.] :
8. ... sur les pas de Montausier, il [Fléchier] s'est bientôt associé et assorti avec gravité à la décoration auguste du grand règne. Sainte-Beuve, Portraits contemporains,t. 5, 1846-1869, p. 107.
B.− [Le suj. et le compl. d'obj. indir. introd. par de désignent des inanimés abstr.] S'assortir de.S'accompagner de, être complété par :
9. ... un pamphlet se donna comme l'interprète de 80 000 Jacobins irréductibles. À supposer que cette assertion ne fût pas exagérée, il ne s'ensuit pas qu'un mouvement insurrectionnel se préparât et les rapports alarmants qui affluaient au Home Office ne s'assortirent pas de preuves. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 615.
Rare. [Le suj. désigne une activité comm. ou la pers. qui l'exerce; le compl. introd. par de, s'il est exprimé, est un inanimé concr.] Se pourvoir de, s'approvisionner en objets variés. Le commerce y trouve désormais à s'assortir complètement dans tous les genres de draperie (Lar. 19e);le libraire s'assortit de tous livres nouveaux (Ac.1932).
Rem. Emploi attesté également ds Littré, Nouv. Lar. ill., Rob. et Pt Rob.
III.− Emploi intrans., rare, vieilli. Assortir (à).Être assorti; être en accord, en harmonie. Cette pièce de tapisserie n'assortit pas bien à l'autre; ces deux couleurs-là n'assortissent pas bien ensemble (Ac.1798-1932).
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
PRONONC. : [asɔ ʀti:ʀ], j'assortis [ʒasɔ ʀti]. Enq. : /asoʀti/ (il) assortit.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xives. trans. « disposer, préparer, convenablement » part. passé adj. [sens peu clair] (J. Lefevre, Trad. La Vieille, éd. H. Cocheris, p. 255 ds Quem. : Que lors du ciel celle partie Faisant son tour et assortie Montoit et se traioit vers l'eure Ou Saturne avoit fait demeure) − xvies. ds Hug.; 2. 1530 « mettre ensemble des choses qui s'accordent » (Palsgr., p. 725 b : [...] assortissez ces laynes et mettez les plus fines a part); xvies. (O. de Serres, p. 374 ds Gdf. Compl. : L'on assortit les plumes selon ce a quoi on les destine); d'où 1580 pronom. « s'accorder (d'inanimé) » (Mont. I, 172 ds Littré : Aux exemples se pourront proprement assortir touts les plus proufitables discours de la philosophie); 3. xive-xves. assortir de « pourvoir de ce qui est convenable, nécessaire » (Sept sages, 187 ds Quem. : L'empereur fit logier Alexandre comme lepreux en une bonne chambre et le assortit de toutes choses a sa maladie necessaires); 1529 pronom. « se munir, se pourvoir » (Michel d'Amboise, Complainctes de l'Esclave Fortuné, 1 rods Hug. : Le Dieu Priape des jardins cultiveur... Faisoit fleurettes hors des boutons sortir, Dont mettent peine amoureux s'assortir Pour presenter a leurs dames frisquettes); 4. ca 1450 pronom. « se joindre, se lier à qqn » (A. Greban, Passion, 5842 ds Gdf. Compl. : Grant courtoisie et benefice Me ferez, roys de noble sorte, Si vous plaist qu'avec vous m'assorte, Tant que j'aye fait mon voyage); xvies. trans. « associer (des pers.) » (Amyot, Publ., 1 ds Littré : Ayant donques Solon esté tel, il nous a semblé bien seant de l'assortir avec Publicola). Dér. de sorte*; préf. a-1*; dés. -ir; cf. assorter « disposer », av. 1309, Joinville ds Gdf.; « se lier », 1remoitié xves., A. Chartier, ibid.; encore au xvies. ds Hug.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 59.
BBG. − Éd. 1913. − Kuhn 1931, p. 59.