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ALICANTE, subst. masc.
A.− GASTR. Vin liquoreux très réputé, de couleur rouge sombre, d'un degré alcoolique assez élevé, produit par la province d'Alicante, en Espagne; vin du même type produit en Algérie et dans le Midi de la France :
1. ... j'avais eu soin de ménager une place aux qualités corsées que réchauffe le soleil du Midi, le châteauneuf, le côte-rôtie, l'hermitage, le la nerthe, le la malgue; puis, des vins liquoreux ou secs comme le madère, le malvoisie, le xérès, l'alicante et le rancio. L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 329.
2. Le comte ordonna à Baptistin de poser le plateau à la portée de la main de son hôte, qui commença par goûter l'Alicante du bout des lèvres, fit une grimace de satisfaction, et introduisit délicatement le biscuit dans le verre. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 805.
B.− VITIC. Cépage.
1. Cépage d'où provient le vin d'Alicante :
3. Jean ne le regardait pas [son chien], tout occupé de ce nouveau plant d'alicante, dont son père l'avait longtemps entretenu la veille. A. Daudet, Sapho,1884, p. 129.
Rem. Attesté ds Nouv. Lar. ill.
2. Nom donné, dans le Midi de la France et en Algérie, au cépage à fruits rouges, appelé aussi grenache :
4. ... les muscats du Roussillon sont fournis par l'Alicante... Mont.1967, s.v. cépage.
Rem. Attesté ds Littré, Rob., Lar. encyclop.
3. Alicante bouschet. Cépage teinturier hybride (croisement de grenache et de petit-bouschet) cultivé dans le Midi de la France et en Algérie :
5. En Algérie, on distingue trois sortes de vins : vins de plaine, vins de coteaux, vins de montagne, la qualité semblant croître avec l'altitude, que contre-balance un climat chaud et ensoleillé. Les cépages, comme dans les Côtes du Rhône ou de Provence, sont multiples et le vin est le fruit d'une manière d'alchimie subtile où chaque plant joue son rôle. Avant 1900, l'aramon et les terrets dominaient. Aujourd'hui ce sont, pour les vins rouges ou rosés : carignan, cinsault, avec, comme élément teinturier, l'alicante bouschet. Pour les blancs : les clairettes, le merseguero, le maccabéo. Pour les vins de liqueur : muscat, grenache, malvoisie. Cette liste n'est point limitative et nombre d'autres plants sont utilisés. Ac. Gastr.1962, s.v. Algérie.
Rem. J.-F. Rolland (Dict. du mauvais langage, 1813, p. 7) signale, pour la condamner, l'orth. vieillie alicant, encore attestée ds DG.
Prononc. − 1. Forme phon. : [alikɑ ̃:t]. 2. Homon. : aliquante adj. 3. Dér. : alicantin.
Étymol. ET HIST. − 2emoitié xviies. Alicant (F. Colletet, Le Vin d'Espagne et la croix du tirouer, Le tracas de Paris, p. 256 ds Paris burlesque et ridicule au dix-septième siècle, éd. P.-L. Jacob, Paris, 1859 : Voicy le pays de Cocagne, Où l'on boit le bon vin d'Espagne, Le doux hypocras, le muscat, Et l'Alicant si délicat). De l'esp. Alicante, nom d'une ville de la province de Valence dans la région de laquelle ce vin est produit (Rupp. 1915, p. 237; Schmidt 1914, p. 48).
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Comm. t. 1 1837. − Duval 1959. − Lar. mén. 1926. − Mont. 1967.