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ACCIDE, subst. fém.
RELIG., arch. État de paresse, d'indolence dans le domaine spirituel :
1. ... mourir est bien moins cruel que de vieillir. Et ce qui est pis, c'est qu'on a le sentiment d'être inutile ou peu s'en faut, que rien de beau, de grand ne nous apparaît en perspective, et pas plus le bonheur que la gloire. On se trouve donc cheval de moulin, tournant machinalement la meule des jours, sans faire de farine et seulement par habitude. Cette impression n'est pas gaie ni fortifiante. C'est l'accide des solitaires. H.-F. Amiel, Journal intime,5 févr. 1866, p. 115.
2. Même les anachorètes et les cénobites, tous les religieux, cloîtrés ou non cloîtrés, parlent de ces langueurs spirituelles, de ces accides où le ciel les ennuie et où Dieu ne les charme plus. La faiblesse humaine est donc sujette à se lasser de ce qu'elle aime le plus, elle a une tentation diabolique d'offenser ce qu'elle révère, de fuir ce qu'elle a recherché, de se démentir, de se désavouer à cœur joie. H.-F. Amiel, Journal intime,9 sept. 1866, p. 438.
Étymol. ET HIST. − 1262-1268 accide, « indolence, paresse, manque de zèle » (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille, p. 465 : De accide naissent malice, petit corage, desesperance, paresce, desconnoissance, non porveance, sotie et delit de mal); accede (ibid., p. 264); av. 1265 « Paresse (personnifiée) » (Rutebeuf, Voie de Paradis, Jubinal ds Gdf. : Accide, qui sa teste cuevre, Qu'ele n'a cure de fere oevre Qu'a Dieu plaise n'a saint qu'il ait); encore attesté au xves. Empr. au b. lat. accidia (Gloses, CGL, IV, 5, 32 ds Ern.-Meillet 1959) forme du lat. chrét. acēdia (empr. lui-même au gr. α ̓ κ η δ ι ́ α) due soit à un rapprochement avec accidere (Ern.-Meillet), soit à la prononc. de ι pour η en gr. de la Koinè (REW3), soit au rapprochement avec le premier (accidere) par l'intermédiaire du second (α ̓ κ η δ ι ́ α, prononc. acidia). Lat. chrét. acēdia désigne la nonchalance, la tristesse spirituelles : Cassianus, Collationes, 5, 2 ds Blaise 1954 : acēdia est taedium et anxietas cordis quae infestat anachoretas et vagos in solitudine monachos; cf. avec Brunet Latin : Cassianus, Inst., 5, 1, ibid. : principalia vitia... quintum tristitiae, sextum acediae; fréq. en lat. médiév. en réf. à la vie spirituelle. Fr. accide xiii-xves., le plus souvent en réf. à la vie spirituelle des religieux ou des clercs.
BBG. − Langfors (A.). Le Miroir de vie et de mort par Robert de l'Omme (1266). Romania. 1924, t. 50, p. 51.