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ACCEPTION2, subst. fém.
Action de tenir compte indûment de la qualité des pers. ou de leurs opinions ou conditions.
A.− [En parlant de la qualité des pers.] (Faire) acception de(s) personnes :
1. Dans la lutte éternelle que la société amène entre le pauvre et le riche, le noble et le plébéien, l'homme accrédité et l'homme inconnu, il y a deux observations à faire : la première est que leurs actions, leurs discours sont évalués à des mesures différentes, à des poids différents, l'une d'une livre, l'autre de dix ou de cent, disproportion convenue, et dont on part comme d'une chose arrêtée; et cela même est horrible. Cette acception de personnes, autorisée par la loi et par l'usage, est un des vices énormes de la société, qui suffirait seul pour expliquer tous ses vices. S. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 79.
2. La seconde garantie est la généralité de la loi, son indifférence entre les individus. Jusque-là elle faisait acception des personnes, distinguait l'homme et l'homme, elle choisissait, legebat (lex, a legendo?) plus de privilèges. J. Michelet, Histoire romaine,t. 1, 1831, p. 124.
3. Ils ne feront pas acception des personnes, ni des nations, ni des races. La routine antique ou les préjugés modernes, la quiétude des riches, le sort de la grammaire et du bon goût, les préoccuperont peu. J. Maritain, Primauté du spirituel,1917, p. 165.
B.− [En parlant des opinions ou conditions des pers.] Sans (faire) acception de :
4. Les soldats quittaient par milliers les drapeaux du protestantisme, pour se ranger sous les ordres d'un général, qui se montrait leur père et leur bienfaiteur, sans acception de croyance. B. Constant, Wallstein,1809, p. 188.
5. Mais là, j'avais à bien voir si ma confiance tomberait sur un cœur désintéressé, et je constatai bientôt que la jalousie de notre patron, comme nous l'appelions, était tout intellectuelle et s'exerçait sur tout ce qui l'approchait, sans acception d'âge ni de sexe. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 126.
Rem. L'acception des pers. ou de leurs opinions est considérée comme une faute contre l'égalité de traitement due par le juge à toute pers. hum. en tant que telle; d'où la valeur gén. péj. Par la forme négative (empruntée à l'Écriture Sainte, qui considère l'égalité de traitement des hommes comme un trait de la justice divine − cf. étymol. citat. de la 1reép. de saint Pierre et aussi Rom. II, 11, non... est acceptio personarum apud Deum, qui reprennent Deutéronome X, 17, Deus... qui personam non accipit necmunera), l'expr. devient positive et laud. Dans la phrase suiv., la valeur est sous ce rapport ambiguë, parce que l'aut. se place tour à tour au point de vue du Conseil dont les intentions sont légitimées par des considérations de droit, et à son propre point de vue qui condamne l'attitude du Conseil :
6. Le Conseil des Indes (...) aura cru devoir faire (...) ce qui a été effectué dans la péninsule pour détruire l'œuvre de la révolution; il aura voulu les replacer [les colonies] de droit sous l'autorité légitime sans faire acception des faits. F.-R. de Chateaubriand, Correspondance générale,t. 5, 1848, p. 133.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aksεpsjɔ ̃]. Enq. : /aksepsiõ/. 2. Homogr. : acceptions, plur. du subst. et forme de accepter.
Étymol. ET HIST. I.− Début xiiies. « action de faire entrer en ligne de compte la qualité d'une pers. » terme jur. (Les 7 Sages de Rome, éd. P. Paris, 51 ds R. Hist. litt. Fr., I, 184 : Et fist ses barons assambler qui jurerent que loyaulment sans acception ou faveur ilz ayderont a sçavoir la verité de la chose); ca 1350 « action de distinguer (une pers.) » (Gilles Li Muisis, éd. Kervyn de Lettenhove, II, 249 ds T.-L. : acception ne voet dieus de nulle personne); 1541 « action d'admettre par préférence » (Calvin, Inst. chrét., III, XI, 22 ds Hug. : Les fideles sont justes devant Dieu, non point par les œuvres mais par acception gratuite); 1547 de grande acception « de grand prix » (Haudent, Apologues d'Esope, II, 103 ibid. : Je ne te scay (monsieur) ny gré ny grace D'avoir obtins, a la presente place, C'est ascavoir ta benediction Veu qu'el' ne m'est de grand' acception Pourtant que si elle eust vallu de soy Un seul desnier, ne l'eusse eue de toy). II.− 1. 1532 « action de recevoir (qqc.) » (Lemaire de Belges, Schismes et Conciles, éd. Stecher, 1repart., III, 252 ibid. : Les tresors mobiles, portatifz et transitoires des Empereurs Phelippes et l'acception d'iceux par le Pape Fabian, causerent le premier schisme); 1771 terme méd. « action de recevoir » (Encyclop. ds Trév. : Se dit de tout ce qui est reçu, soit par la peau, soit par le canal alimentaire). − 1842, Ac. Compl. qualifié de peu fréq.; 2. xviies. « action d'accepter les épreuves », relig. (Bourdaloue, Panég. St Louis ds DG : une acception volontaire et une soumission chrétienne). De là les confusions entre acception et acceptation av. la distinction mod. des 2 mots. III.− 1694 « sens donné à un mot » gramm. (Ac. 1694 : acception, t. de grammaire, sens dans lequel un mot se prend. Ce mot a plusieurs acceptions; ce mot dans sa première et plus naturelle acception). Empr. au lat. acceptio, au sens II 1 dep. Cicéron, Top., 37 ds TLL s.v., 282, 44 : ...neque deditionem neque donationem sine acceptione intellegi posse; (cf. av. 821 Theodulf, Carmina, 28, 301 ds Mittellat. W. s.v., 480, 36 : acceptio numeris), terme méd. ive-ves. Theod. Prisc., Log., 49 ds TLL s.v., 282, 70 : acceptio ellebori; II 2 s'est développé en fr., pas d'équivalent en lat. chrét. − I, « considération de la pers. » à partir de l'époque chrét. : Tertullien, Adv. Marcionem, 4, 35 ds TLL s.v., 282, 83 : ex acceptione personae parcens ei; se développe en lat. jur. (Digeste de Florent, Code théodosien, ibid., 283, 4 sq.; cf. Lex Alaman., 41, 1 ds Mittellat. W. s.v., 80, 47); cf. avec attest. de 1350 et 1536 : I Pierre, I, 17 : Et si patrem invocatis eum, qui sine acceptione personarum judicat = secundum uniuscujusque opus... voir Théol. Cath. s.v. acception de personnes; voir aussi Naz, Dict. dr. canon. s.v. − III développé en lat. médiév. à partir de accipere « intelligere » (dep. Quintillien, Inst., 5, 10, 42 : duplex significatio est temporis : generaliter... et specialiter accipitur, et chez les grammairiens) : 1163-64, Arno Reichersbergensis, Apologeticus, p. 140, 9 ds Mittellat. W. s.v., 80, 24 : vocum acceptio.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 333. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 518, b) 650; xxes. : a) 233, b) 484.
BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Bouyer 1963. − Dagn. 1965. − Dam.-Pich. Gloss. 1949. − Delboulle (A.). Notes lexicologiques. R. Hist. litt. Fr. 1894, t. 1, p. 184. − Dictionnaire de droit canonique... Publ. sous la dir. de R. Naz. Paris, 1935. − Fér. 1768. − Foulq.-St-Jean 1962. − Gramm. t. 1 1789. − Kold. 1902. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Marcel 1938. − Springh. 1962. − Théol. cath. t. 1, 1 1909. − Thomas 1956.