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* Dans l'article "AMBRE2,, subst. masc."
AMBRE2, subst. masc.
A.− Ambre jaune.
1. Substance résineuse relativement tendre, d'origine végétale fossile, de couleur jaune mordoré, employée pour la fabrication de divers objets de luxe. Synon. succin, carabé.Collier d'ambre, couleur d'ambre :
1. J'ai trouvé parmi leurs bijoux des morceaux d'ambre jaune ou de succin; mais j'ignore si c'est une production de leur pays, ou si, comme le fer, ils l'ont reçu de l'ancien continent par leur communication indirecte avec les Russes. Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 2, 1797, p. 207.
2. Pour moi, la solitude est comme ce morceau d'ambre au sein duquel un insecte vit éternellement dans son immuable beauté. H. de Balzac, Albert Savarus,1842, p. 85.
3. Veux-tu des vierges blanches comme la lune? Aimes-tu mieux des femmes couleur d'ambre, aux ricanements altiers et qui se tordront comme des vipères, ... G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine,1856, p. 647.
4. Il avait sorti le collier de sa poche. Des petits grains de musc, d'un gris plombé, gros comme des noyaux de cerises, alternaient avec les boules d'ambre ancien, qui avaient la forme de mirabelles, et aussi leur couleur : ce jaune assombri, mi-opaque, mi-transparent, des mirabelles trop mûres. Machinalement, il roulait le collier entre ses doigts, et l'ambre devenait tiède, et il semblait à Antoine qu'il venait de détacher le collier du cou de Rachel... R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 794.
5. Tous les stades de civilisation humaine l'ont appréciée [la résine fossile qu'est l'ambre], depuis l'âge de la pierre polie, soit pour son effet ornemental, soit pour la brûler comme encens, ou encore pour de prétendues vertus curatives et thérapeutiques. En Europe orientale et méridionale, les jeunes enfants portent encore des colliers d'ambre pour écarter le « mauvais œil », comme d'ailleurs le corail. N. Metta, A. Metta, Les Pierres précieuses,1960, p. 123.
Rem. 1. Certains textes font réf. à des variétés présentant d'autres couleurs que le jaune :
6. C'était un de ces beaux chapelets d'ambre laiteux qui ne servent point à chiffrer des prières, mais à amuser l'oisiveté solennelle des Turcs. E. About, Le Roi des montagnes,1857, pp. 82-83.
7. ... − on ne voit plus que le vert tendre du chemin, et les touffes de primevères semées partout : végétations hâtives qui n'ont pas pris le temps de voir le soleil, et qui se pressent sur la mousse en gros bouquets compacts, d'un jaune pâle de soufre, d'une teinte laiteuse d'ambre. P. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 271.
8. Alluvion de plusieurs générations, une couche épaisse de cire durcie, transparente comme un vernis à reflets de topaze, donne à tout l'escalier l'air d'être sculpté dans une matière précieuse, polie, indéfinissable : dans un bloc d'ambre brun. R. Martin du Gard, Notes sur Gide,1951, p. 1385.
À noter que ambre, au plur., comme tout autre nom de matière, désigne différentes variétés ou rappelle les couleurs de différentes variétés. Cf. ,,ses ambres sombres, ses fortes ombres`` (E. Fromentin, Les Maîtres d'autrefois, 1876, p. 82); ,,Opales/ Ambres, roses ...`` (P. Verlaine, Odes en son honneur, X, 1893, p. 24); ,,ambres, jaspes, opales et jades`` (Verlaine, Œuvres posthumes, Nouvelles, Voyage en France, 1896, p. 100); ,,les métaux rugueux et les ambres étranges`` (É. Verhaeren, La Multiple splendeur, 1906, p. 32).
Rem. 2. D'autres textes font allusion à la transparence de certaines variétés d'ambre :
9. Vos yeux sont transparents comme l'ambre fluide Au bord du Niémen; − leur regard est limpide Comme une goutte d'eau sur la grenade en fleurs. A. de Musset, À quoi rêvent les jeunes filles,1832, II, 6, p. 382.
10. ... la lumière se veloutait, se dégradait, amincissait les portes de communication ou les degrés des escaliers intérieurs qu'elle convertissait en cette ambre dorée, inconsistante et mystérieuse comme un crépuscule, où Rembrandt découpe tantôt l'appui d'une fenêtre ou la manivelle d'un puits. M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 800.
Rem. 3. A. Chénier développe une sorte de mythe poétisant la formation de l'ambre solide à partir d'une coulée d'origine végétale :
11. Seule, de mots heureux, faciles, transparents, Elle [la Poésie] sait revêtir ces fantômes errants : Ainsi des hauts sapins de la Finlande humide, De l'ambre, enfant du ciel, distille l'or fluide, Et sa chute souvent rencontre dans les airs Quelque insecte volant qu'il porte au fond des mers; De la Baltique enfin les vagues orageuses Roulent et vont jeter ces larmes précieuses Où la fière Vistule, en de nobles coteaux, Et le froid Niémen expirent dans ses eaux. Là les arts vont cueillir cette merveille utile, Tombe odorante où vit l'insecte volatile; Dans cet or diaphane il est lui-même encor, On dirait qu'il respire et va prendre l'essor. A. Chénier, Poèmes,L'Invention, 1794, pp. 19-20.
Rem. 4. Certains textes font réf. à la propriété de l'ambre de pouvoir s'électriser par frottement :
12. C'est dans un morceau d'ambre que la propriété électrique fut aperçue pour la première fois, et l'homme est parti de ce point pour arracher la foudre du ciel. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 163.
Par métaph. :
13. Images délicieuses, et que l'esprit revoit toujours, cristallisées dans l'ambre clair de cette prose de poète, aussi belle que de la belle poésie. A. Daudet, Pages inédites de critique dramatique,1897, p. 341.
2. P. méton. Couleur de l'ambre jaune :
14. J'aime à la voir, les cheveux tordus sur sa tête, dans les tissus négligemment attachés du matin, penchée au balcon sous le fleuve de soleil qui l'inonde, présentant insoucieusement à son ambre la courbure d'inbronzables épaules et la blancheur de mains divines. J. Barbey d'Aurevilly, Deuxième Memorandum,1838, p. 236.
15. Le visage de Miette, hâlé par le soleil, prenait, sous certains jours, des reflets d'ambre jaune. É. Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 16.
16. L'unanime sommeil des bois gagne les plaines; La brise passe, avec ses doigts fleurant le miel; Les lignes d'ambre et d'or des montagnes lointaines Dans le matin léger, tremblent au fond du ciel. É. Verhaeren, La Multiple splendeur,1906, p. 96.
17. L'automne sur les bois sème la rouille et l'ambre Et ses longs cheveux d'or flambent dans les étangs Cependant que bientôt l'impitoyable temps Aura déjà fauché les trois quarts de septembre. V. Muselli, Les Travaux et les jeux,1914, p. 41.
B.− TECHNOL. La même substance traitée en vue de la fabrication de vernis :
18. ... Claude en arrivait à une sorte de superstition, à une croyance dévote aux procédés. Il proscrivait l'huile, en parlait comme d'une ennemie personnelle. Au contraire, l'essence faisait mat et solide; et il avait des secrets à lui qu'il cachait, des solutions d'ambre, du copal liquide, d'autres résines encore, qui séchaient vite et empêchaient la peinture de craquer. É. Zola, L'Œuvre,1886, p. 296.
19. La distillation du succin naturel donne de l'acide succinique et le résidu constitue l'ambre fondu, utilisable dans la fabrication des vernis. Ch. Coffignier, Les Vernis,1921, p. 84.
C.− Ambre noir. Synon. de jais ou jayet (cf. Boiss.8).
DÉR.
Ambréade, subst. fém.,vx. Produit factice imitant l'ambre jaune (attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892).
Ambréité, subst. fém.phys., rare. Propriété de s'électriser par frottement et d'attirer les corps légers − découverte pour la première fois dans l'ambre jaune : ,,Les hommes reconnoissent dans une substance inconnue (l'ambre) la propriété, qu'elle acquiert par le frottement, d'attirer les corps légers. Ils nomment cette qualité l'ambréité (électricité). Ils ne changent point ce nom à mesure qu'ils découvrent d'autres substances idio-électrique`` (J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1,1821, pp. 379-380).
Ambroïde, subst. fém.,phys. Matière formée par agglomération, à température élevée, de déchets d'ambre jaune et utilisée comme isolant électrique. Synon. ambroïte (attesté ds Duval 1959, Delorme 1962),,L'isolement est assuré par l'emploi d'ambroïde`` (Le Journal du radium,1906, p. 202).
Ambroïne, subst. fém.,phys., technol. Matière plastique semblable à l'ambre jaune, obtenue par moulage sous pression de résines diverses et constituant un succédané de l'ébonite (attesté ds Duval 1959, Delorme 1962, Quillet 1965) : ,,L'ébonite a été employée mais les isolateurs ainsi obtenus sont trop chers et pour des isolements moyens, de lignes de tramways à 500 volts par exemple, l'ambroïne, substance formée d'isolants agglomérés, a paru donner d'assez bons résultats`` (A. Soulier, Les Grandes applications de l'électricité,1916, p. 102).
Prononc. − 1. Forme phon. : [ɑ ̃:bʀ ̥]. 2. Homon. : hambre (arbre du Japon; cf. Zlat. 1862). Dér. Ambréade. Seule transcription ds Land. 1834 : ɑn-bré-ɑde. Ambréité. Seule transcription ds Land. 1834 : ɑn-bré-i-té.
Étymol. ET HIST. − Fin xiie-déb. xiiies. « substance céracée rejetée par la mer, qui exhale une odeur de musc » (Li Romans d'Alixandre p. Lambert li tors et Alexandre de Bernay, éd. H. Michelant, 525, 18 ds T.-L. : Lin, alöès et ambre ... Ardoient en la sale). Empr. à l'ar. anbar « id. », prob. par l'intermédiaire du lat. médiév. ambar, aussi ambra (ixes., Rhithmi aevi Merovingici et Karolini, 136, 3 ds Mittellat. W., 540, 66 : nardei qui sedulo et ambaris odorem ore spirabas; 1076-87, Constantinus Africanus, De gradibus quos vocant simplicium liber, p. 357, 27 ibid., 549, 9-10 : ambra de ventre cuiusdam marinae bestiae egreditur, ... calida et sicca in secundo gradu). Voir aussi R. Arveiller, Z. rom. Philol. t. 85, pp. 120-122. Ambréade [suff. élargi] 1730 (Savary des Bruslons, Dict. Univ. de comm. t. 3); ambréité [suff. élargi] 1821, supra; ambroïde, 1906, supra; ambroïne [suff. -ine, élargi en -oïne sous l'influence de ambroïde], 1916, supra.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 322. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 543, b) 674; xxes. : a) 388, b) 310.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Alex. 1768. − Bach.-Dez. 1882. − Bar 1960. − Barb. Misc. 28 1844-52, pp. 345-347 (s.v. ambréade).Baudr. Pêches 1827. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Canada 1930. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857 (s.v. ambréade). − Comm. t. 1 1837 (s.v. ambréade). − Cost. 1899. − Daire 1759. − Delorme 1962 (et s.v. ambroïde, ambroïne).Dumas 1965 [1873]. − Duval 1959 (et s.v. ambroïde, ambroïne).Fromh.-King 1968. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gottsch. Redens. 1930, p. 274. − Gruss 1952. − Husson 1964. − Laborde 1872. − Lar. comm. 1930 (et s.v. ambroïne). − Lar. mén. 1926. − Lavedan 1964. − Le Clère 1960. − Littré-Robin 1865. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 207. − Metta (N.), Metta (A.). Les Pierres précieuses. Paris, 1960, p. 123. − Mont. 1967. − Nysten 1814-20. − Perraud 1963. − Piéron 1963. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870. − Ritter (E.) Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 345. − Thomas 1956. − Tournemille (J.). Au jardin des locutions françaises. Vie Lang. 1964, no153, p. 710. − Uv.-Chapman 1956.