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* Dans l'article "-AL, -EL,, suff."
-AL, -EL, suff.
Suff. formateur d'adj. (et except. d'adj. substantivés) à partir de subst. appartenant à la lang. fr. ou à partir de thèmes latins.
I.− [La base est un substantif de la langue française]
A.− Relatif à, propre à, qui se rapporte à, qui appartient à, qui concerne ...
-al :
artisanal « relatif à l'artisan »
banal vx, « qui appartient au ban, circonscription du suzerain »
beylical « qui a rapport au bey »
branchial « qui appartient aux branchies »
caricatural « qui tient de la caricature, qui y prête »
collégial « qui se rapporte à un collège (réunion de chanoines) »
colonial « relatif aux colonies »
comtal « qui se rapporte à un comte, à une comtesse »
commercial « relatif au commerce »
ducal « qui appartient à un duc, à une duchesse »
génial « qui appartient au génie, qui est inspiré par le génie »
marial « relatif à la Vierge Marie »
mondial « relatif à la terre entière, qui concerne toute la terre »
monumental « relatif aux monuments »
musical « qui est propre, qui appartient à la musique; qui a les caractères de la musique »
nymphal « relatif aux nymphes d'insectes »
papal « qui appartient au pape »
postal « qui concerne la poste, l'administration des postes »
orchestral « propre, relatif à l'orchestre symphonique »
racial « relatif à la race, aux races »
régional « relatif à une région »
seigneurial « qui appartient à un seigneur »
sentimental « qui concerne l'amour; qui provient de causes d'ordre affectif »
tombal « qui appartient à une tombe, aux tombes »
tribal « relatif à la tribu » ...
-el :
alluvionnel « relatif aux alluvions » (Nyrop t. 3 1936, § 206)
confessionnel « relatif à une confession de foi, à une religion »
conjoncturel « relatif à la conjoncture économique »
constitutionnel « relatif à la constitution d'un État »
correctionnel « qui a rapport aux actes qualifiés de délits par la loi »
émotionnel « relatif à l'émotion, qui a le caractère de l'émotion »
existentiel « relatif à l'existence en tant que réalité vécue »
fonctionnel « relatif aux fonctions (en biol., psychol., chim.) »
individuel « qui concerne l'individu; qui concerne une seule personne »
industriel « qui se rapporte à l'industrie »
insurrectionnel « qui tient de l'insurrection »
matriciel « relatif aux matrices de l'administration »
obédientiel « relatif à l'obédience »
présidentiel « relatif au président, à la présidence »
professionnel « relatif à la profession, au métier »
pulsionnel « relatif aux pulsions »
réactionnel « qui a rapport à une réaction organique; qui constitue une réaction contre une situation mal supportée, une pulsion refoulée »
rédactionnel « relatif à la rédaction »
résidentiel « propre à l'habitation, à la résidence »
sériel « qui forme une série, appartient à la série »
torrentiel « relatif au torrent, qui caractérise, concerne le torrent »
transactionnel « qui concerne une transaction, a le caractère d'une transaction »
vectoriel « relatif aux vecteurs »...
Certains dér. se rapportent volontiers à un lieu :
équatorial « relatif à l'équateur terrestre »
provençal « qui appartient ou qui a rapport à la Provence et à ses environs immédiats »
tropical « qui concerne les tropiques, la zone intertropicale, les régions situées autour de chaque tropique, de part et d'autre de la zone équatoriale proprement dite »
zénithal « relatif au zénith »
zodiacal « relatif au zodiaque »...
Cf. supra colonial, mondial et infra méd.
concurrentiel « où s'exerce la concurrence »
Qq. dér. fournissent une indication de temps :
auroral « relatif à l'aurore »
matinal « qui appartient au matin, qui se produit le matin »
septembral « qui appartient au mois de septembre »
solsticial « relatif aux solstices »
En partic., MÉD. Ce suff., surtout sous la forme -al, est très productif. La base est un subst. désignant un organe, une partie ou une substance du corps humain (abdominal, anal, anévrismal, duodénal, endothélial, synovial, tympanal, ventral ...; artériel), une maladie, ses manifestations ou ses causes (grippal, rhumatismal, pétéchial, syncopal, trichinal, vaccinal ...; carentiel, lésionnel). Toutefois, la forme -el prédomine en fr. mod. et sert à former des dér. appartenant surtout à la psychanal. (caractériel, confusionnel, démentiel, obsessionnel, réactionnel ...).
Rem. Un grand nombre de noms de médicaments se terminent par le suff. -al (penthiobarbital, penthotal, pipéronal, véronal...). Cf. les répertoires de pharmacie.
B.− Significations diverses :
-al :
conjectural « qui est fondé sur des conjectures »
instrumental « qui s'exécute avec des instruments »
-el :
accidentel « qui constitue une modification passagère; qui est produit par une circonstance occasionnelle »
additionnel « qui s'ajoute ou doit s'ajouter »
confidentiel « qui se dit, se fait sous le sceau du secret »
exceptionnel « qui constitue une exception; qui est hors de l'ordinaire »
intentionnel « qui est fait exprès, à dessein »
possessionnel « qui marque la possession »
préférentiel « qui établit une préférence »
prévisionnel « qui est en prévision de qqc.; qui fait l'objet d'une étude ou qui constitue une étude destinée à prévoir qqc. »
sensationnel « qui fait sensation, produit une vive impression sur le public »
Noter aussi : bancal (de banc, les pieds d'un banc étant souvent divergents)« 1. se dit d'une personne qui a une jambe ou les jambes torses, et dont la marche est inégale. 2. se dit d'un meuble dont les pieds sont inégaux et qui n'est pas d'aplomb »
II.− [La base est latine (ou le dérivé est empr. directement au latin)]
A.− Relatif à, qui se rapporte à, qui appartient à, qui concerne ... :
abbatial « qui appartient à l'abbaye, ou à l'abbé, l'abbesse »
baptismal « qui a rapport au baptême »
censorial « relatif à la censure »
clérical « relatif au clergé; qui a rapport au cléricalisme »
conjugal « relatif à l'union entre le mari et la femme »
dominical « qui appartient au Seigneur; qui a rapport au dimanche, jour du Seigneur »
ecclésial « qui concerne l'Église, entendue comme communauté, sous son aspect social et juridique »
familial « relatif à la famille »
filial « qui émane d'un enfant à l'égard de ses parents »
lacrymal « qui a rapport aux larmes, à la production ou à l'écoulement des larmes »
matrimonial « qui a rapport au mariage »
matutinal « qui appartient au matin »
nuptial « relatif aux noces, à la célébration du mariage »
pictural « qui a rapport ou appartient à la peinture »
prétorial « relatif au prétoire »
rural « qui concerne la vie dans les campagnes »
sénatorial « qui est relatif, qui appartient à un sénat, aux sénateurs »
sororal « relatif à la sœur, aux sœurs »
spatial « qui se rapporte à l'espace, est du domaine de l'espace »
tinctorial « relatif à la teinture »
virginal « propre à une vierge »
vital « qui concerne, constitue la vie » ...
− Les dér. en -el, dans ce cas, sont presque tous empruntés directement au lat. : actuel, charnel, corporel, criminel, essentiel, immortel, originel, personnel, rationnel, temporel, ... Toutefois :
fraternel « qui concerne les relations entre frères ou entre frères et sœurs; propre à des êtres qui se traitent en frères »
maternel « qui appartient à la mère, lui est propre; qui a rapport à la mère, quant à la filiation, à la relation familiale »
mutuel « qui est relatif à un rapport double et simultané, un échange d'actes, de sentiments »
paternel « qui est propre au père, qui concerne le père »
spirituel « relatif à l'âme, en tant qu'émanation et reflet d'un principe supérieur, divin »...
− Certains de ces dér. pénètrent de plus en plus dans le vocab. techn.
LING.
Adjectival, -
adnominal, -
adverbial, -
apical, -
bilabial, -
grammatical, -
labial, -
labiodental, -
nominal, -
pronominal, -
substantival, -
suffixal, -
verbal .-
MATH.
Décimal, -
duodécimal, -
heptagonal, -
hexagonal, -
octogonal, -
orthogonal, -
pentagonal, -
polygonal, -
sexagésimal, -
vicésimal .-
MÉD.
Buccal, -
cæcal, -
cervical, -
crural, -
discal, -
jugal, -
radial, -
stomacal .-
SC. NATURELLES.
Marsupial, -
staminal, -
uropygial .-
B.− Servant à exprimer une qualité (ou un défaut) :
-al :
amical « empreint d'amitié, qui marque de l'amitié »
amoral « qui est moralement neutre, étranger au domaine de la moralité; qui est immoral par défaut de sens moral » (cf. moral, immoral)
bestial « qui tient de la bête, qui assimile l'homme à la bête »
brutal « qui tient de la brute; qui use volontiers de violence, du fait de son tempérament rude et grossier; qui est sans ménagement, ne craint pas de choquer »
cordial « qui vient du cœur »
jovial « qui est plein de gaieté franche, simple et communicative [comme les personnes nées sous le signe de Jupiter] »
loyal « qui est entièrement fidèle aux engagements pris, qui obéit aux lois de l'honneur et de la probité » (cf. déloyal)
vénal « qui se laisse acheter au mépris de la morale »...
-el :
sensuel « porté à rechercher et à goûter tout ce qui flatte les sens »
-el, forme pop. du suff., a surtout contribué à former des dér. à partir de subst. de la lang. fr., d'où le nombre réduit de dér. en -el trouvés dans cette partie.
Rem. 1. Selon la signif. et la nature du subst. qui régit le dér., celui-ci peut exprimer des choses différentes. Ainsi la colonne vertébrale est composée de vertèbres, alors qu'une tumeur vertébrale est une tumeur placée dans la région des vertèbres.
Rem. 2. Oppos. -al/-el. ,,Les deux suffixes -el/-al sont le plus souvent présentés comme des variantes, il arrive cependant que des adjectifs formés avec l'un et l'autre une fois lexicalisés se différencient : ...`` (Dub. Dér. 1962, p. 48) culturel coexiste avec cultural officiel coexiste avec official originel coexiste avec original partiel coexiste avec partial pénitentiel coexiste avec pénitential sacramentel coexiste avec sacramental cultural s'applique à la culture des terres; culturel est relatif à la culture de l'esprit. ,,La distinction qui s'établit [entre ces deux lexèmes] ne dépend pas du sémantisme du suffixe (...). Culturel n'a été sémantiquement réservé à la culture de l'esprit qu'en contraste avec cultural`` (Pichon 1938-40, p. 17), et sans doute aussi p. anal. avec naturel, auquel il s'oppose. official « juge ecclésiastique délégué par l'évêque pour exercer en son nom la juridiction contentieuse » (Littré) officiel « qui émane d'une autorité reconnue (gouvernement, administration); certifié par l'autorité » original ,,ne s'est spécialisé qu'en fonction de sa concurrence avec originel, originaire`` (Pichon 1938-40, p. 17); « qui paraît inventé ou imaginé sans modèle ou souvenir antécédent » (Littré) originel « qui remonte jusqu'à l'origine » (Littré) partial « qui prend parti pour ou contre quelqu'un ou quelque chose sans souci de vérité » partiel « qui ne se réfère, qui ne concerne que la partie d'un tout » sacramentel et sacramental ,,paraissent entièrement synonymes, si ce n'est peut-être que sacramentel a une forme un peu plus française et moins liturgique, ce qui le rendrait plus propre au langage profane ou du monde`` (Laf. 1858); Lar. 20ep. ex. distingue nettement le sens liturgique du sens laïque du mot sacramental, subst. masc. « objet ou exercice de piété auxquels sont attachées des grâces spéciales, tels que l'eau bénite, le bénédicité... » sacramentel « qui forme l'essence du sacrement » ex. : espèces sacramentelles; (fam.) paroles sacramentelles « formule essentielle pour la conclusion d'une affaire, d'un traité »
Rem. 3. Les suff. -el/-al assument un rôle de catégoriseurs gramm. Ils font passer un lexème de la catégorie du subst. à celle de l'adj. (cf. -aire, -if, -ique). Une tendance très répandue auj. remplace le compl. du nom par des adj. équivalents : événementiel, fonctionnel, nutritionnel, opérationnel, prévisionnel, promotionnel, stimutionnel, télévisionnel, volitionnel. . ,,Cette machine à rouages compliqués qui s'appelle en mauvais français : pondération gouvernementale...`` [C. de Bernard (Darm. 1877, p. 86)]. . ,,Quand deux gouvernements, la Suisse et la France, je suppose, convenaient ensemble de faire payer dix ou douze sous un port de lettre, on disait jadis trivialement : « c'est une convention de poste »; maintenant on dit « convention postale ». Quelle différence et quelle magnificence.`` [A. de Musset, Première lettre de Dupuis et Cotonnet (Darm. 1877, p. 86)]. Très souvent, cependant, l'adj. est inapte à indiquer le sens précis de la relation qu'il exprime, ce qui entraîne une certaine ambiguïté : . ,,... la campagne présidentielle signifie à la fois la campagne électorale du candidat à la présidence et la campagne faite par le président : le suffixe ne distingue pas le but et l'appartenance, il n'est pas exempt d'ambiguïté syntaxique, son rôle est ici d'être un catégoriseur.`` (Dub. Dér. 1962, p. 5).
Rem. 4. a) Plusieurs de ces dér. sont entièrement substantivés : official, sacramental, qui appartiennent au vocab. eccl. (cf. supra rem. 2), journal, mémorial, etc.; d'autres le sont dans certaines de leurs accept. : armorial (recueil), idéal, local (administratif, etc.), original (d'un texte), principal (de collège), etc.; d'autres sont en train de le devenir : (examen) partiel, (élément) terminal (d'une configuration électronique). b) Plusieurs de ces subst. l'étaient dès la lang. à laquelle ils sont empruntés : festival, récital (angl.), piédestal (ital.), tribunal (lat.), etc.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [-al], [-εl]. 2. Forme graph. − Grev. 1964, § 358 admet la règle suiv. : ,,Sauf bancal, fatal, final, naval, tribal, auxquels un usage à peu près établi donne un pluriel masculin en -alstonal, dont le pluriel en -aux ne paraît pas possible, à cause de l'homonymie de tonneaux − et causal, dont le pluriel masculin ne semble pas usité, les adjectifs en -al forment leur pluriel masculin en -aux : hommes géniaux, propos initiaux, etc.``
Morphol. 1. Formes élargies. − -al se présente le plus souvent sous la forme simple (global, musical, pyramidal, verbal, zodiacal...), mais aussi sous la forme -ial (adverbial, filial, présidial, proverbial...) surtout après [s] (facial, glacial, official, racial...) et dans la finale -orial gén. en relation avec un subst. en -eur : censeur, dictateur, ou en -oire : mémoire, territoire (censorial, dictatorial, mémorial, réquisitorial, sénatorial, territorial...). -el se présente sous la forme simple (formel, personnel, temporel...), mais aussi sous les formes -uel et -iel. -uel : conceptuel, graduel, habituel, menstruel, perpétuel, résiduel, spirituel, télévisuel, textuel... -iel . Si la base est un subst. en -ance/-ence : concurrentiel, démentiel, événementiel, existentiel, préférentiel, référentiel, révérenciel, valentiel. . P. anal., en correspondance avec d'autres subst., notamment des subst. dont la base se termine en [ʀ] ou [s] : factoriel, indiciel, industriel, sacrificiel, sectoriel, sensoriel, sériel, tensoriel... . Plus particulièrement en correspondance avec -ère : artère/ artériel, caractère/caractériel, matière/matériel, ministère/ministériel... 2. Changements phonét. ou graph. dans le rad. . -al : eu [œ] > o [ɔ] : censorial, dictatorial, sénatorial (cf. toutefois seigneurial) oi [wa] > o [ɔ] : matrimonial, mémorial, réquisitorial, territorial. eu [œ] > u [y] : fluvial ... . -el (graphie) Les adj. dér. de subst. en -tion, -sion... redoublent le n devant -el, mais non devant -al. . -el : additionnel, conventionnel, émotionnel, fonctionnel, intentionnel, notionnel, passionnel, professionnel, rationnel, relationnel, sensationnel, traditionnel. Cf. au contraire : conventionalisme, rationalisme, traditionalisme... . -al : national (international, supranational) Rem. 1. Les autres adj. en -onal ont tous un seul n : cantonal, diagonal, méridional, patronal, polygonal, etc. Confessionnal et processionnal, qui s'écrivent avec 2 n, sont des subst. 2. Une consonne finale latente, disparue dans le subst., peut réapparaître dans l'adj. : hiver/hivernal, vierge/virginal. 3. Un phénomène de dénasalisation peut accompagner cette résurgence : matin/matinal, région/régional. 4. La présence d'une syllabe de transition dans beylical (de bey) est inexplicable, elle se retrouve également dans le dér. beylicat. 3. Affinités avec certaines consonnes finales. − -al manifeste une certaine affinité avec [k], [g], [e], [tʀ], affinité qui le distingue de ses concurrents (-aire, -if, -ique...) : . ducal, fiscal, musical, syndical, tropical... . conjugal, égal, légal... . boréal, al, idéal, linéal... . austral, magistral, spectral, théâtral... Cf. toutefois : concentrique, gastrique, géométrique. 4. Combinaison avec d'autres suff. a) Le suff. en position d'infixe. − En position d'infixe, -el est toujours remplacé par -al, ce qui montre l'équivalence des 2 suff. À partir de -al et -el se créent des verbes en -aliser
-al → -aliser
-el → -aliser
constitutionnel/constitutionaliser départemental/départementaliser fiscal/fiscaliser formel/formaliser institutionnel/institutionnaliser intellectuel/intellectualiser officiel/officialiser personnel/personnaliser proportionnel/proportionaliser spatial/spatialiser temporel/temporaliser visuel/visualiser À partir de -al et -el se forment des subst. . En -alisation, gén. par l'intermédiaire de verbes en -aliser :
-al → -alisation
-el → -alisation
libéral/libéralisation mutuel/mutualisation (Lar. 20eSuppl.) normal/normalisation rationnel/rationalisation . En -alité :
-al → -alité
-el → -alité
féodal/féodalité original/originalité universel/universalité Cf. formel/formalité . En -alisme (-aliste) :
-al → -alisme/-aliste
-el → -alisme/-aliste
capital/capitalisme colonial/colonialisme idéal/idéalisme journal/journalisme national/nationalisme patronal/patronalisme régional/régionalisme social/socialisme conventionnel/conventionalisme formel/formalisme individuel/individualisme intellectuel/intellectualisme naturel/naturalisme rationnel/rationalisme el/alisme sensuel/sensualisme b) Le suff. s'accole à un autre suff. -al s'accole volontiers à la finale -ment ou à la finale -ure : . départemental, fondamental, gouvernemental, ornemental, sentimental... . architectural, caricatural, conjectural, cultural, horticultural, sculptural, structural... -al se place souvent derrière le suff. -oïde : colloïdal, conchoïdal, cycloïdal, hélicoïdal, ovoïdal, rhomboïdal, sinusoïdal, sphéroïdal, spiroïdal, trapézoïdal... -el s'accole fréquemment à des subst. en -tion, -sion... : commotionnel, confusionnel, congrégationnel, directionnel, fonctionnel, fractionnel, gravitationnel, informationnel, institutionnel, lésionnel, obsessionnel, omnidirectionnel, opérationnel, propositionnel, provisionnel, pulsionnel, réactionnel, tridimensionnel, unidirectionnel. Enfin, -el (sous la forme -iel) s'accole très souvent aux subst. en -ance/-ence : circonstanciel, concurrentiel, confidentiel, providentiel, substantiel, tendanciel... 5. Correspondances suff. (substitution de suff.). − Noter la correspondance fréq. de -el et de -ité : étern-el/-ité fratern-el/-ité matern-el/-ité patern-el/-ité
Étymol. ET HIST. A.− Étymologie 1. Remonte au lat. -lis (-lem), finale adj. attachée à un rad. subst. Selon la termin. du rad., -lis présente les formes suiv. a) -īlis (subst. de 2eou 3edéclinaison; cf. Lat. Gramm. t. 1 1926-28, § 188, 268) : cīvīlis < cīvis, is « de citoyen » hostīlis < hostis, is « de l'ennemi » pŭĕrīlis < pŭĕr, ĕri « enfantin, de l'enfance » > fr. puéril servīlis < servus, servi « d'esclave, qui appartient aux esclaves » > fr. servile (cf. -il/-ile) b) -ulis (subst. de la 4edéclinaison) : currūlis < currŭs, ūs « de course » trĭbūlis < trĭbŭs, ūs « qui est de la même tribu » c) -ēlis (subst. de la 5edéclinaison) : fĭdēlis > (fĭdēs, ei) « en qui l'on peut avoir confiance » fr. fidèle d) -ālis (quelle que soit la déclinaison du mot de base) : annālis, ăquālis, brac(c)hĭ ālis, căpĭtālis, cŏmĭtĭ ālis, curĭ ālis, hospĭtālis, lătĕrālis, lībĕrālis, mortālis, nātālis, nāvālis, nuptĭ ālis, vernālis, vĭ ālis, virgĭnālis... Rem. Par dissimilation, apr. les rad. en -l, la finale -ālis devient -āris (cf. -aire) : angŭl-āris, căpŭl-āris, dĭōbŏl-āris, fămĭlĭ-āris, mīlĭt-āris, pĕcūlĭ-āris, pŏpŭl-āris... -el est la forme fr. du suff. sav. -al < (lat.) -alis. Les 2 suff. semblent avoir été très productifs à toutes les époques de la langue (Meyer-L. t. 2 1966, § 11). 2. Plusieurs adj. en -al remontent au lat. tardif ou médiév. (p. ex. quadriennal); d'autres ont été empruntés avec un sens attesté seulement à ces époques (p. ex. triennalis « qui dure trois ans » → « qui a lieu tous les trois ans »). B.− Histoire 1. Formations pop. et formations sav. a) Dans l'anc. lang., la forme sav. -al tend à remplacer -el même dans les dér. à rad. pop. : barr-al, besogn-al, cost-al, enfer(n)-al, fenestr-al, grev-al, hiver(n)-al, loy-al, lun-al, poign-al, princip-al, matin-al, roy-al. À côté de ces mots, subsistent les formations pop. en -el : charnel, mortel... Rem. Dans le mot journal, la substitution de -al à -el coïncide avec la substantivation de l'adj. (cf. aussi journellement). b) L'emprunt au lat. (de toute époque) de mots en -al se pratique continuellement dep. le xies. : buccal, cérébral, doctoral, essential, estival, guttural, historial, impérial, lacrymal, médicinal. Qq. empr. plus récents : brutal, capital, causal, central, diurnal, dorsal, fatal, frugal... c) Pour des raisons phonét., voire graph., -iel (-tiel) devient une var. combinatoire de -al/-el : concurrenc(e)-iel, présidenc(e)-iel rattachés à concurrent, président; d'où torrent > torrentiel. d) Sur le modèle des formations lat. du type adj. + alis : aequus « égal »/aequalis « égal par l'âge, par la durée ». On trouve en fr. : assidu-el, continu-el, perpétu-el. 2. Formation de doublets en a. fr. − Il y a eu jusqu'au xviies. (cf. Nyrop t. 3 1936, §. 303) dans beaucoup d'adj. et dans qq. subst. une certaine hésitation entre -al et le suff. pop. -el. À côté de personel, on trouve aussi la forme purement sav. personal, et, à côté de la forme pop. charnel, l'on peut trouver charnal. Cf. encore : champel/champal continuel/continual corporel/corporal cruel/crual ,,Le même auteur se sert souvent des deux formes sans distinction : dans le Tristan de Béroul, on trouve par exemple ostel/sel (v. 1297-98) et ostal/governal (v. 3581-82).`` (Nyrop t. 3 1936, §. 303), et notamment à la rime. 3. Finales homophones et substitutions de finales dans certains subst. a) -al est d'orig. analogique dans maréchal < vx fr. mareschalc, du germ. mar(a)hskalk et dans sénéchal < vx fr. seneschalc, du germ. siniskalk, dont les formes en -s (mareschaus, senechaus) coïncidaient avec celles des mots en -al. Il l'est également dans arsenal qu'on prononçait arsenac au xviiies. (cf. Vaug. 1647, p. 474) < anc. vénitien arzana. Original est une altération de orignac, emprunté du basque oregnac (plur. de oregna « cerf »). -el est d'orig. analogique dans autel, dont la forme primitive est auter [< (lat.) altare], qui s'emploie encore au xiiies. b) On a hésité entre -al et -ar/-ard. Ainsi, on a dit bocar, locar au lieu de bocal, local, et inversement, brassal, calvial, réalgal au lieu de brassard, caviar, réalgar. De même, -ail dans corail, frontail, poitrail, portail a été sporadiquement remplacé par -al. c) Il y a eu substitution de -ier à -el dans menestrel > mene(s)trier, et dans l'a. fr. plurel (< pluralis), qui devient plurer, plurier sous l'influence de singuler, singulier, et finalement pluriel à date plus récente, par rapprochement avec la forme lat. De -eau (< -ellu) à -el (< -ale) : frontelfronteau De -eau (< -ellu) à -el, lui-même substitué à -ier (< -are) : lintier → lintellinteau d) Il y a alternance de -el et de -al (< -ale) dans a. fr. matinel à côté de matinal, puis substitution de -eux (eus < -ôsu) à -el, d'où matineux. 4. Productivité a) La base est aisément analysable dans la plupart des dér. -al : catarrh-al, collég-ial, commerc-ial, cycloïd-al, rac-ial, rhomboïd-al, seigneur-ial, synod-al... -el : additionn-el, concurrent-iel, confident-iel, origin-el, passionn-el, possessionn-el... b) Plus rarement, le suff. est commutable : canonial/canonique confédéral/confédération éternel/éternité fraternel/fraternité maternel/maternité paternel/paternité pluvial/pluvieux social/société spécial/spécifique, spécifier Rem. La forme et la fonction gramm. du suff. étant nettes, celui-ci permet l'analyse du dér., même quand le rad. de base n'existe pas sous la même forme, en dehors de ses dér. : abbatial, dominical, légal, local, monacal, vocal... c) Productivité des suff. -el/-al. − ,,Les formations en -el ont connu un développement récent très important; la plupart des dérivés que nous avons relevés ont été enregistrés dans les divers dictionnaires après 1945. Ceci est confirmé par les aires d'extension du suffixe.`` (Dub. Dér. 1962, p. 47). En effet, ces adj. intéressent surtout l'écon. pol. (préférentiel, prévisionnel, référentiel, sectoriel), la psychol. (démentiel, obsessionnel, réactionnel), les techn. récentes, comme la télév. (télévisuel) ou l'habitat mod. (résidentiel). ,,Au contraire de la formation en -el dont le développement est plus récent, le suffixe -al a connu une extension qui est moins sujette à des fluctuations brusques; les enregistrements des dérivés dans les revues et les dictionnaires s'échelonnent entre le début du siècle et 1961.`` (Ibid., p. 48). d) Choix entre les 2 suff. − ,,Lorsqu'il a le choix entre les deux suffixes -el et -al, le locuteur emploie actuellement de préférence celui en -el, dont l'extension est continue dans les sciences et les techniques; ceci est confirmé par l'absence des dérivés en -al pour les mots en -tion, par opposition avec le développement de la forme -(n)el. À la limite, les sujets parlants tendent à distinguer les dérivés (ex. idéel et idéal) encore qu'il soit impossible de parler de différenciation systématique.`` (Ibid., pp. 48-49).
BBG. − Berman (P. R.). Derivational models in French choreonyms before 1588. Rom. Philol. 1970, t. 23, p. 297. − Cohen 1946, p. 44, 68. − Darm. 1877, p. 86, 190. − Dub. Dér. 1962, p. 5, 17, 20; pp. 48-49; p. 77, 104. − Gall. 1955, p. XXX, 15; pp. 249-250; p. 280. − Grand. 1962. − Lew. 1960, p. 19, 246, 248, 251, 345. − Sobaršov (I. T.). Obrazovanie prilagatel'nyh otnositel' nyh s suffiksami -aire, -al, -el, -ique (K voprosu o prilagatel'nyh otnositel'nyh v sovremennom francurzskom jazyke) [La Formation des adjectifs à l'aide des suffixes -aire, -al, -el, -ique (Contribution au problème des adjectifs relatifs en français moderne)]. Moskva, 1954, 27 p. − Thomas 1956.