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ÉCLECTIQUE, adj.
A.− PHILOSOPHIE
1. [Appliqué à une chose abstr.] Qui est relatif à l'éclectisme*, en tant que méthode ou école philosophique :
1. Dans le ivesiècle le polythéisme expirait. Il chercha pour se relever à se réfugier dans la philosophie alexandrine, éclectique, déiste, qui, admettant tous les cultes comme divins, niait la divinité des dieux... Vigny, Journal d'un poète,1844, p. 1224.
2. [En parlant d'une pers.] Qui est partisan de l'éclectisme*. Ils [les Alexandrins] sont ouvertement éclectiques (Cousin, Hist. gén. philos.,1861, p. 192).
Emploi subst. [Le] professeur de philosophie, vieil éclectique cousinien (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 74).
B.− P. ext. (parfois péj.)
1. [En parlant d'une pers.] Qui aime à choisir ce qui lui plaît dans des catégories de choses ou de personnes très différentes, qui est capable d'apprécier des choses ou des personnes fort diverses, qui refuse tout choix exclusif. Un jeune normalien, éclectique et libre penseur (Martin du G., Devenir,1909, p. 11).
Emploi subst. :
2. Une œuvre faite à point de vue exclusif, quelque grands que soient ses défauts, a toujours un grand charme pour les tempéraments analogues à celui de l'artiste. L'œuvre d'un éclectique ne laisse pas de souvenir. Un éclectique ignore que la première affaire d'un artiste est de substituer l'homme à la nature et de protester contre elle. Cette protestation ne se fait pas de parti pris, froidement, comme un code ou une rhétorique; elle est emportée et naïve, comme le vice, comme la passion, comme l'appétit. Un éclectique n'est donc pas un homme. Baudelaire, Salon,1846, p. 169.
2. [Appliqué à une chose] Qui manifeste cette capacité ou cette complaisance à choisir dans des catégories très diverses; qui est fait d'éléments très divers, rassemble une grande variété de tendances. Art, goût, opinion éclectique. Paris est le seul lieu du monde où il existe de ces maisons éclectiques où tous les goûts, tous les vices, toutes les opinions sont reçus avec une mise décente (Balzac, Fille Ève,1839, p. 194).
Prononc. et Orth. : [eklεktik]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1651 [d'apr. Bl.-W.1-5]; 1732 « nom que l'on donnait à quelques philosophes anciens » (Trév.); 1818 philos. mod. (V. Cousin, Cours de 1818 d'apr. l'éd. 1836 ds P. Janet, Victor Cousin et son œuvre, Paris, éd. Calmann-Lévy, p. 64); 1832 « qui n'est pas exclusif dans ses goûts » véritable éclectique comme on dirait aujourd'hui (Hugo, N.-D. Paris, p. 40). Empr. au gr. ε ̓ κ λ ε κ τ ι κ ο ́ ς « qui exerce un choix, sélectif » (cf. ο ι ̔ ε ̓ κ λ ε κ τ ι κ ο ι ́ « les Éclectiques, philosophes qui empruntaient des éléments de leur doctrine à différentes écoles, surtout à l'épicurisme et au stoïcisme »), v. Lal., lui-même dér. de ε ̓ κ λ ε ́ γ ε ι ν « choisir ». Fréq. abs. littér. : 68.
DÉR.
Éclectiquement, adv.D'une manière éclectique, sans se prononcer catégoriquement pour une tendance ou une opinion déterminée. Quant à « Phèdre » [jouée par Rachel], je trouve que vous la jugez un peu éclectiquement. Elle a complètement réussi (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 5, 1818-69, p. 64). Seule transcr. ds Littré : é-klè-kti-ke-man. 1reattest. 1838 (Ac. Compl. 1842); de éclectique, suff. -ment2*.