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VERDEUR, subst. fém.
A. − Qualité de ce qui est vert, d'une couleur qui tire sur le vert.
1. [À propos de la lumière naturelle, d'un lieu couvert de végétaux] Verdeur des pâturages, des prés. Seul et grave, quand il venait contempler la verdeur de la verdure et la splendeur du jour (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 222).Ce que jette l'aube, c'est (...) une herbe longue et dure; ce premier rais en a la verdeur et le parfum (Giono, Manosque, 1930, p. 88).
2. [À propos d'une chose concr.] Le silence fusait par la verdeur des stores (Jammes, Clairières, 1906, p. 66).Le tannage est incomplet si (...) on constate la présence d'une raie pâle, verdâtre (...), appelée raie de verdeur (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux, 1947, p. 117).
3. Rare. [À propos du visage d'une pers.] Décoloration verdâtre de la peau sous l'effet d'une émotion. En le contemplant [le jeune homme] (...), peut-être y aurait-on reconnu l'espèce de flétrissure qu'imprime une grande pensée ou la passion, dans une verdeur mate (Balzac, Proscrits, 1831, p. 14).
B. −
1. [À propos d'un fruit, d'un légume ou, p. méton., d'une période de temps] État qui précède la maturité ou insuffisance de maturité. Synon. âpreté, mordant; anton. douceur, maturité, moelleux.Quand mûrissaient ces fruits un peu acides qui sentent la verdeur de l'année, les cerises, les groseilles (A. Daudet, Contes lundi, 1873, p. 256).La rocambole de France ayant presque toujours un goût de verdeur et d'âcreté très prononcé, il faut avoir soin de la faire blanchir (Gdes heures cuis. fr.,Éluard-Valette,1964, p. 249).
P. méton., ŒNOL. Qualité d'un vin trop jeune, qui n'est pas fait, qui présente une certaine acidité due au manque de maturité des raisins. Le vin d'une extrême verdeur agaçait le palais comme des prunelles sauvages (Champfl., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 145).
2. Au fig.
a)
α) [À propos d'une pers., de son âge, de sa personnalité] Fraîcheur éclatante et insolente de la jeunesse, charme de la spontanéité et de la fougue juvéniles. Avec l'âge, l'homme, insensiblement, se modèle sur les vieilles gens qu'il observait dans sa jeunesse et trouvait ridicules ou impossibles. Il en (...) devient plus solennel, plus courtois (...) qu'il ne le fut jamais au temps de sa verdeur (Valéry, Degas, 1936, p. 41).Celle que j'aime n'est rien que verdeur, qu'acidité printanière; elle se gonfle de tous les sucs (...): « Tu brûles tout (...) et n'engranges rien » (Mauriac, Plongées, 1938, p. 128).
β) [À propos d'une chose abstr.] Qualité de ce qui est encore à son début, en son état brut, de ce qui n'a pas atteint la plénitude de l'épanouissement. De simples notes prises sur nature et données dans la verdeur originale de la sensation (Zola, Romanc. natur., A. Daudet, 1881, p. 219).Je crains un empire dans sa première verdeur. Je crains l'âpre nouveauté d'une république (A. France, Opin. J. Coignard, 1893, p. 78).
b) [À propos d'une forme d'esprit ou d'expr.]
α) Qualité de celui/de ce qui exprime quelque chose librement, avec toute la crudité du franc-parler. Synon. cynisme, franchise, hardiesse, truculence, verve; anton. afféterie, apprêt, convention, fadeur, retenue.Cette popularité (...) était fondée sur cette brusquerie (...) verte, sur cette verdeur, sur cet humour un peu braque (...), sortant en boutades les plus imprévues, les plus réjouissantes (Péguy, Argent, 1913, p. 1227).Le style de la Correspondance [de Flaubert], plein de fantaisie, tout en verdeur et en exubérance (Thibaudet, Réflex. crit., 1936, p. 68).V. crudité A ex. de Goncourt, lettré ex. 1.
P. méton., au plur. Ce qui témoigne d'une grande liberté ou d'une certaine insolence de ton. [Ce secrétaire] conservera (...) la marque et la saveur de votre génie, fût-ce au prix de quelques-unes de ces verdeurs naturelles qui choquent les moralistes engoncés (Arnoux, Roi, 1956, p. 235).
β) Qualité de celui/de ce qui exprime quelque chose d'une manière leste, grivoise, sans se soucier des convenances. Synon. égrillardise (rem. s.v. égrillard), gaillardise, gauloiserie, grivoiserie, licence, obscénité, polissonnerie, salacité; anton. chasteté, décence, délicatesse, gravité, pudibonderie, réserve, sérieux.Il y a beaucoup de farces que je désapprouve: (...) mon éditeur (...) voulait quelque chose d'un peu égrillard. Vous pouvez répondre cela pour me justifier (...) si la verdeur des mots (...) scandalise (Sand, Corresp., t. 1, 1832, p. 212).Les visiteurs pudibonds feront bien de ne pas regarder de trop près les miséricordes des sièges; elles sont d'une étrange audace (...); les ébénistes de l'époque, dans leur verdeur populaire, se sont complus à les orner d'indécences mythologiques et de satires gaillardes (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 244).
γ) Vieilli. Qualité de celui/de ce qui exprime quelque chose avec rudesse, sévérité, sans ménagements. Synon. acerbité, brutalité, dureté, virulence.L'abbé Dumont (...) conservait de la république une certaine verdeur âpre mais savoureuse sur les lèvres et dans le cœur (...). Mon âme jeune (...) était prédisposée à cette austérité d'opinion (Lamart., Confid., 1849, p. 353).
C. −
1. Qualité d'un élément végétal qui a encore de la sève après la coupe, qui n'est pas complètement sec. Anton. sécheresse.Du bois qui a encore de la verdeur, qui n'a pas perdu sa verdeur (Besch. 1845).
2. Au fig.
a) [À propos d'une pers. (notamment âgée)] Qualité de celui qui a (conservé) beaucoup d'allant, d'énergie physique. Synon. dynamisme, force, tonus, vaillance, vigueur; anton. débilité, décrépitude, faiblesse, langueur.Conserver dans les cadres de l'activité un préfet de plus de 65 ans, chez qui la fraîcheur intellectuelle se joint à la verdeur physique (Baradat, Organ. préfect., 1907, p. 79).Madame Maurisset est très vieille aussi, mais elle a gardé sa vitalité, une verdeur paysanne dans une figure ronde où les yeux vifs ont une expression directe (Chardonne, Dest. sent., I, 1934, p. 297).V. éprouver B 3 a ex. de Cladel, jour II B 2 a ex. de Zola.
b) [À propos d'une forme d'esprit ou d'expr.] Qualité de ce qui manifeste une grande vigueur ou vivacité. Rouvière: (...) tu ne possèdes plus tout-à-fait la même verdeur d'imagination, la même vivacité d'esprit que je t'avais connues autrefois (...). Dupuis: Ah! Ah! tu l'avoues donc enfin, tu me trouves rouillé! (Feuillet, Scènes et com., 1854, p. 20).Par son humanisme profond, la poésie de Maurras s'apparente à celle de Chénier. Par sa verdeur et sa sève, à celle d'Agrippa d'Aubigné (L. Daudet, Maurras, 1928, p. 26).
c) [À propos d'une chose abstr.] Puissance vitale, capacité de régénération. Le monde se mourait. La vertu de quelques-uns ne lui rendait ni la vie ni la verdeur, ni l'énergie, ni l'autorité; il était vieux, lui aussi (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 241).
Prononc. et Orth.: [vε ʀdœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoit. xiies. verdur « couleur verte » (Lapidaire de Marbode, 217, éd. P. Studer et J. Evans, p. 36); 2. 1268-75 « sève du bois qui n'est pas mort ou pas encore sec » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5923); 3. a) 1393 « acidité des fruits verts » (Ménagier de Paris, IV, 5, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 219); b) 1611 « acidité du vin » (Cotgr.); 4. 1437 « vigueur de la jeunesse » (Charles d'Orléans, Songe en complainte, 175, éd. P. Champion, t. 1, p. 105); 5. 1580 « vigueur physique conservée chez une personne, qui n'est plus jeune » (Montaigne, Essais, II, 6, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 372); 6. 1636 « rudesse des paroles » (Monet). Dér. de vert*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér.: 79.