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PRÉVENIR, verbe trans.
A. − Précéder, devancer.
1. Prévenir qqn
a) Vx. Venir avant, arriver avant quelqu'un. Vous arrivez bien tard au rendez-vous, mais je vous ai prévenu de plus d'une heure (Ac.1835-1935).
b) Vieilli. Devancer quelqu'un dans l'accomplissement d'une action. Synon. gagner de vitesse.Il voulait venir me voir, mais j'ai été bien aise de le prévenir (Ac.1835-1935).
En partic. Prévenir qqn (de, par qqc.).Entourer quelqu'un (d'égards, de soins, de marques de politesse). Prévenir par ses bons offices. Elle avait trop de raisonnement pour ne point prévenir et soigner son grand-père comme elle le devait (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p.23).
c) DR. ANC. Se saisir d'une affaire en premier. En certains cas, les baillis et les sénéchaux prévenaient les juges subalternes (Ac.1835-1935).
DR. CANON. Conférer un bénéfice avant l'ordinaire. Le pape prévient l'ordinaire (Ac.).
2. Prévenir qqc.
a) Vieilli ou littér. Anticiper. Chez certains enfants heureusement doués, la sagesse prévient l'âge (Ac.1935).
b) Aller au-devant d'une chose pour en hâter l'accomplissement; satisfaire par avance. Prévenir les besoins, les désirs, les intentions de qqn. Non-seulement j'obéis à ses ordres, mais encore je prévins ses volontés, je devançai ses désirs (Dumas père, Lorenzino, 1842, iv, 5, p.267).
c) Aller au-devant d'une chose fâcheuse qu'on ne peut éviter, en prenant des précautions pour en limiter la portée, les conséquences. Synon. empêcher:
1. ... il se mit à étudier chaque mot barré (...). La loupe ne lui servit qu'à découvrir les moyens dont Yves avait usé pour prévenir cet examen: non seulement il avait réuni les mots par des lettres de hasard, mais encore il avait tracé partout de faux jambages. Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p.183.
d) Tenter d'éviter (une chose fâcheuse) en prenant les devants; faire obstacle à. Synon. détourner, éviter, obvier à.Prévenir les abus, les accidents, les difficultés; prévenir la contestation, le scandale; prévenir une maladie. Tous les efforts de l'ennemi ne tendaient qu'à séparer ces braves de la France, et à y prévenir leur retour (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.743).Gide coupe l'herbe sous le pied de ses historiographes, prévient les accusations dont il pourrait être l'objet (Blanche, Modèles, 1928, p.191).Le porteur (...) les saupoudre [les briques] de sable fin et pur afin de prévenir les crevasses et les gerçures (Bourde, Trav. publ., 1928, p.128).
Empl. abs. Mieux vaudrait, ce semble, prévenir que réprimer (L. Blanc, Organ. trav., 1845, p.33).
Proverbe. Mieux vaut prévenir que guérir*.
En partic. Prévenir une objection, une question. La réfuter ou y répondre par avance. Madame de Couaën (...) courut légèrement à sa rencontre et prévint ses questions par quelques mots (Sainte-Beuve, Volupté, t.1, 1834, p.81).
B. −
1. Informer, mettre au courant (de quelque chose).
a) Qqn prévient qqn (de qqc.).Prévenir les camarades, (le) la concierge, la femme, le mari, les parents; prévenir Madame, Mademoiselle, Monsieur; faire prévenir; la personne à prévenir; ne prévenir personne; prévenir de l'arrivée, du passage, de la visite de qqn; prévenir du danger. Le jour où il faudra te cacher à cause de la contrainte par corps, je te préviendrai la veille; car il faut tout prévoir (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.600).−Je dois vous prévenir d'une chose, (...); je me bats sérieusement, et j'aime à croire que nous ne reviendrons pas tous les deux du bois (Ponson du Terr., Rocambole, t.2, 1859, p.198).Il n'y a qu'à prévenir le notaire de ta visite... (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.335).
b) Qqn prévient qqn que
[L'information porte sur l'avenir] Synon. avertir, aviser.J'avais (...) prévenu que je serais six jours sans t'écrire (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1805, p.99).Villefort envoya prévenir Valentine qu'elle eût à descendre au salon dans une demi-heure (Dumas père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.216):
2. Ne perdez pas de temps à vous rendre auprès de son altesse, qui me charge de vous faire part du choix qu'elle a fait de vous, et de vous prévenir qu'il se passera quelque chose d'intéressant avant peu... Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1888.
[L'information porte sur le passé ou le présent] Synon. annoncer, faire savoir, informer.Un valet-de-chambre vient me prévenir que Madame m'invite à passer dans son boudoir (Jouy, Hermite, t.3, 1813, p.222).Je vous préviens que mon grand-père fait mieux encore; il dit Buonaparté (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.802).
c) Avec une valeur performative. [Pour souligner un avertissement souvent menaçant] Vous voilà prévenu. Je vous préviens que je suis très-méchante; une fois maîtresse ici, (...), j'y reste et ne cède point ma place (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.269).Je vous préviens que si vous cassez ces statues, vous aurez à les refaire (Faure, Hist. art, 1909, p.134).
2. En partic. Informer quelqu'un d'une chose fâcheuse pour provoquer son intervention. Synon. alerter.Prévenir les autorités, la police, les pompiers, le prêtre. Ce ne sont pas ces gens-là qui iront chez le commissaire de police pour le prévenir qu'un meurtre a été commis (Ponson du Terr., Rocambole, t.1, 1859, p.631).
C. − Qqn ou qqc. prévient qqn contre qqn/qqc. ou en faveur de, (rare) favorablement pour qqn.Préparer, disposer moralement contre quelqu'un ou quelque chose, en faveur de quelqu'un ou de quelque chose. Je vois trop, seigneur, reprit Armoflède, qu'on vous a prévenu contre moi (Genlis, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.259).Mosca (...) avait (...) un air simple et gai qui prévenait en sa faveur (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.90).Je parlais à mon ami de l'impression que m'avait causée l'aspect inattendu d'Abdul-Medjid (...) Ce visage pâle, effilé (..) m'avait prévenu favorablement pour lui (Nerval, Voy. Orient, t.3, 1851, p.15).
Empl. abs. Les yeux bleu clair avaient une douceur virile qui prévenait dès le premier abord (Verlaine, OEuvres compl., t.5, Hommes d'auj. (Sully Prud'homme), 1885-93, p.334).
Empl. pronom. [Marie-Antoinette] recommença la même erreur. Elle s'aperçut ensuite qu'elle s'était trop prévenue et que Barnave revenait à eux (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.8, 1864, p.373).
Prononc. et Orth.: [pʀevni:ʀ], [pʀ ε-] (v. prévenance), (il) prévient [pʀevjε ̃]. Ac. 1694, 1718: prevenir; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. A. 1. 1467 trans. «citer en justice» (Lettres de Louis XI, 8 févr., éd. J. Vaesen, t.3, p.132); 2. a) α) ca 1480 intrans. «agir le premier, devancer» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 12460); 1512 [éd.] trans. «devancer quelqu'un dans une action» (Lemaire de Belges, Le Second livre des Illustrations de Gaule, fo24 vo); β) 1691 absol. «aller au-devant de ce que quelqu'un peu désirer, demander» (La Bruyère, Caractère, éd. G. Servois, 1922, t.2, p.254); b) 1551 «venir avant» (Calvin, Institution de la relig. chrestienne, II, 3, § 12, éd. J.-D. Benoit, p.72: La miséricorde de Dieu nous prévient et nous suit); 3. a) ca 1480 intrans. prévenir à «aller au-devant pour faire obstacle à» (Myst. du V. Testament, 19495: A celle fin de prevenir Au mal qui vous pourroit venir); b) 1604 trans. «empêcher (une chose fâcheuse) de se produire» (Montchrestien, Hector IV ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p.49: Hastez vous donc, Priam, prevenez son malheur). B. 1. a) 1585 «informer par avance» (Noël Du Fail, Contes et Discours d'Eutrapel ds OEuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t.2, p.340: l'Empereur Tybere [...] jà prevenu de ladite nouvelle); b) 1782 «donner à quelqu'un un avertissement en guise de menace» (Laclos, Liaisons dangereuses, p.259); 2. a) av. 1662 être prevenu de «être sous l'influence d'un sentiment, d'une pensée... de telle sorte que l'on est privé de tout sens critique» (Pascal, Pensées, § 21, éd. L. Lafuma, 1963, p.502); b) 1675 prévenir en faveur de (Villedieu, Les Désordres de l'amour, p.205). Empr. au lat. praevenire «prendre les devants, devancer, surpasser» (de prae-, v. pré- et venire, v. venir). Fréq. abs. littér.: 3097. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5207, b) 5263; xxes.: a) 3710, b) 3675.