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PÈLERIN, -INE, subst.
I.
A. − Personne qui fait un pèlerinage. Bourdon, coquille de pèlerin; caravane, choeur, procession de pèlerins; pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle; les pèlerins chantent, prient, s'agenouillent; bénir les pèlerins. Il faisait à pied, son bâton de pèlerin à la main, quelque pieuse visite à la trappe ou à Marmoutiers, ou dans tout autre de ces lieux célèbres par la dévotion des peuples (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.3, 1848, p.544).De nombreux éléments de civilisation ont été apportés par des arabes venus dans l'Insulinde, ou rapportés par des pèlerins revenant de la Mekke (Cuisinier, Danse sacrée, 1951, p.99):
. [Marie] se trouvait (...) [dans le train de Lourdes] où s'entassaient outre les cinq cents pèlerins valides, près de trois cents misérables, épuisés de faiblesse, tordus de souffrance, charriés à toute vapeur d'un bout de la France à l'autre. Zola, Lourdes, 1894, p.2.
Au fém., rare. La pèlerine qui s'avance pieds nus dans les montagnes de Jérusalem, porte ainsi les présents sacrés qu'elle doit offrir au saint Tombeau (Chateaubr., Natchez, 1826, p.395).
P. métaph. Pèlerin du doute, j'ai fait ce que font les pèlerins de la foi; j'ai visité les tombeaux; j'ai touché dans les catacombes les os des martyrs (Quinet, All. et Ital., 1836, p.196).Mais il n'y a pas seulement, dans les casinos, des pèlerins de la fortune. Il y a aussi des «savants» (Jeux et sports, 1967, p.477).
Pèlerins d'Emmaüs. Hommes qui partagèrent leur repas avec le Christ après sa résurrection (sujet traité par de nombreux peintres sous le titre Repas des pèlerins d'Emmaüs). Pourquoi n'avons-nous pas dit à cette chère ombre ce que dirent au Maître les pèlerins d'Emmaüs: −Demeurez avec nous (A. France, Livre ami, 1885, p.84).
En empl. adj. Argile toujours vierge, inburinable airain, (...) Art (...) Meilleur mystérieux de l'esprit pèlerin! (Rollinat, Névroses, 1883, p.53).
B. − P. ext.
1. Personne qui voyage. [Chénier] a suivi vos pas sous le ciel de l'Attique. Pèlerin curieux, il a tout visité, Sur les plus hauts sommets (Murger, Nuits d'hiver, 1861, p.134).Toute jeune pèlerine qui cherche à travers l'Europe une fièvre dont on ne se lasse point, Marie Bashkirtseff nous laisse son souvenir à chérir et sa légende à amplifier (Barrès, Renan, Trois stations de psychothérapie, 1891, p.146).
(Re)prendre son bâton de pèlerin. Poupelin reprit son bâton de pèlerin et se remit à parcourir les communes (Vallès, Réfract., 1865, p.78).
2. Fam. [Avec une connotation méprisante] Individu quelconque. Synon. gaillard.Vous allez avec Rusca?... me dit mon capitaine. Prenez garde à vous, c'est un malin singe et un vaurien fini (...). Voilà le pèlerin... Ainsi attention! (Balzac, OEuvres div., t.2, 1832, p.495).
C. − Pop. Gardien de la paix. (Ds Fustier, Suppl. dict. Delvau, 1889, p.567).
II. − Subst. masc., ZOOL.
A. − (Requin) pèlerin. Requin géant. Le pèlerin habite surtout les mers tempérées, notamment l'Atlantique Nord (Animaux1981).
B. − (Faucon) pèlerin. Faucon commun. Au faucon, au gerfaut, au gentil pèlerin, enfin à tout oiseau chasseur (A. France, Génie lat., 1909, p.86).
Prononc. et Orth.: [pεlʀ ε ̃], [pe-], fém. [-in]. Ac. 1694: pellerin; 1718, 1740: pele-; 1762: péle-; dep. 1798: pèle-. Étymol. et Hist.A. 1. a) Ca 1050 subst. masc. «étranger» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 354: Suz mun degret gist uns morz pelerins); 1remoitié xiies. empl. adj. peregrins a (Psautier Oxford, éd. F. Michel, LXVIII, 11: estranges sui faiz a mes freres e peregrins as filz de ma mere); b) id. spéc. en parlant de l'homme de passage sur cette terre (Psautier de Cambridge, éd. F. Michel, XXXVIII, 14: kar estranges sui envers tei, e pelerins sicume tuit mi paerre [advena sum apud te, et peregrinus]); fin xiies. emploi adj. fém. ainrme pelerine (Sermons de St Bernard, 21, 10 ds T.-L.); ca 1300 (Guillaume de Digulleville, Pèlerinage Vie humaine, 6, ibid.: ... ceuz de ceste regiön Qui point n'i ont de mansïon, Ains y sont tous, com dit Saint Pol [Hébr. XI, 13], ... Pelerins et pelerines); 2. a) «celui, celle qui se rend par piété dans un lieu saint» α) ca 1100 subst. masc. (Roland, éd. J. Bédier, 3687: Desur l'alter seint Sevrin le baron [à Bordeaux, étape vers Compostelle] Met l'oliphan plein d'or e de manguns: Li pelerin le veient ki la vunt); ca 1135 (Couronnement de Louis, éd. Y. A. Lepage, réd. AB, 1439: En mi sa voie encontre un pelerin, L'escherpe au col, el poing le fust fresnin); ca 1200 (Renaut de Montauban, 250, 13 ds T.-L. : Il [Maugis] prist chape locüe a un grant chaperon, Et chauça un trebus, puis a pris un bordon; Et les paumes au col et l'escrespe environ, Bien samble pelerin k'ait gëu en prison); β) 1210-30 subst. fém. (Guillaume Le Clerc, Ste Marie Madeleine, éd. A. Schmidt, 273); b) 1erquart xiiies. en parlant du chrétien cheminant durant sa vie terrestre vers la Cité céleste (Renclus de Molliens, Carité, éd. A. G. Van Hamel, LIX, 6: Prestre, toi convient estre sage...; Car tu as mise t'ame en gage Des pelerins a port nagier); 3. ca 1213 «voyageur» (Li Fet des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, III, XIII, § 11, t.1, p.553, 30 et t.2, p.191: qui verais povre est, il est plus seürs que cil as granz richeces... li povres pelerins chante devant le laron [cf. Juvénal, X, 22: cantabit vacuus coram latrone viator]); 4. 1ertiers xiiies. «croisé» (Guiot de Dijon, Chanterai por mon corage [Chanson de croisade] ds Chansons, éd. E. Nissen, 10); 5. 1erquart xiiies. a) «individu, personne»; spéc. «mendiant, pauvre hère» (Renclus de Molliens, Miserere, éd. A.G. van Hamel, XLV, 9: O rikes hom,... tes orilles estoupas A ce mesel povre pelerin [Lazare]); 1280 (Clef d'amor, 560 ds T.-L.); b) fin xives. «bon compagnon» (Eustache Deschamps, MCCCXLIII, 33 ds OEuvres, éd. Queux de St Hilaire, t.7, p.120). B. Ca 1265 «espèce de faucon» (Brunet Latin, Trésor, I, 149, 5, éd. Fr. J. Carmody, p.140, 7: faucon ke l'en apiele pelerins, pour çou que nus ne trueve son nit, ains est pris autresi comme en pelerinage); mil. xives. faucons peregrin (Entrée d'Espagne, 10750 ds T.-L.). Du b. lat. des inscriptions (CIL III, 4222; XI, 2875) pelegrinus, issu par dissimilation du class. peregrinus «qui voyage à l'étranger, qui vient de l'étranger, qui concerne l'étranger» adj. et subst. Sous l'inspiration chrét., ce mot s'est rattaché à différents types de marche et d'exil pour Dieu, notamment ceux du peuple de l'Exode, et des justes et des prophètes errant dans le désert, images du chrétien «étranger et voyageur sur la terre» (Hébr. XI, 13 et supra A 1 b). Ces modèles sont, entre autres, à la source de la marche d'exil du moine quittant son pays pour aller vivre dans un autre en étranger (cf. St Alexis, supra A 1 a) et de celle sur les traces du Christ et des saints, ce dernier type remontant à St Jérôme qui entraîna un bon nombre de fidèles en Terre sainte (Hier., Ep., 108, 14; cf. vies. Règle de St Benoît, LIII et id. Antonini Placentini itinerarium [récit d'un pèlerinage aux Lieux saints], p.175, 2: susceptio peregrinorum ds Blaise Lat. chrét.); mais c'est surtout entre le ixeet xies. que le terme peregrinus désigne couramment le voyageur religieux vers un sanctuaire (A 2); à partir de la fin du xies., le pèlerin de Terre sainte deviendra tout naturellement un croisé ( A 4). Du sens 2, sont issus les sens 3 (un lieu saint étant très souvent, au Moy. Âge, un but de voyage) et 5 (trafiquants et bandits de toutes sortes se mêlant aux pèlerins). Sur peregrinus, notamment sur l'évolution du sens de «étranger» à celui de «pèlerin», v. Cah. de Fanjeaux, XV, 1980, Le pèlerinage; v. aussi E. R. Labande, Rech. sur les pèlerinages dans l'Europe des XIeet XIIes. ds Cah. civilisation médiév., t.1, 1958, pp.159-169 et 339-347. Fréq. abs. littér.: 701. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1176, b) 881; xxes.: a) 1321, b) 1135. Bbg. Callebaut (B.). Index hist. et explicatif des noms des oiseaux en fr. Trav. Ling. Gand. 1980, no7, 147. _ Quem. DDL t.19.