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OCCUPER, verbe
I. − Emploi trans.
A. − Remplir (un espace); être (dans un lieu).
1. Remplir (un certain espace, une certaine surface); être (dans un lieu déterminé).
a) [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Au Jardin des plantes, à travers un quartier que je n'ai jamais vu. Petits passages occupés par des brocanteurs (Delacroix,Journal, 1847, p.161).Trois personnes seulement occupent la banquette, en face de moi (H. Bazin,Vipère, 1948, p.203):
1. Chaque jour, les découvertes préhistoriques nous font mieux apprécier l'importance des groupes de population qui avaient occupé les fertiles terrasses limoneuses bordant le pied oriental du massif. Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p.193.
En partic. Habiter (un logement). Occuper un appartement, une maison. M. René de Girardin lui offrit un pavillon inoccupé, faisant face à un autre pavillon qu'occupait le concierge du château (Nerval,Filles feu, Angélique, 1854, p.574).Ils ont déménagé peu après, pour occuper un petit logement coquet dans une maison neuve de Saint-Ouen (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p.252).
b) [Le suj. désigne une chose] Occuper le centre, le milieu de qqc. Positions qu'occupent Jupiter à l'instant t et Saturne à l'instant t plus a (H. Poincaré,Valeur sc., 1905, p.53).Une table occupait toute la longueur de la pièce, avec deux bancs (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p.67).
c) Au fig.
[Le suj. désigne une pers.] Avoir (un emploi, un rang dans une collectivité donnée, dans la société). Occuper une situation. Manet occupera dans l'école française une place considérable (Mauclair,Maîtres impressionn., 1923, p.58).Il avait occupé un poste de professeur dans une institution de Nancy (Billy,Introïbo, 1939, p.241).
[Le suj. désigne une chose] Avoir, tenir (une place déterminée dans un ensemble, dans une hiérarchie). Occuper la première place. Je note selon l'ordre chronologique qu'occupent ces révélations dans mon histoire intérieure (Du Bos,Journal, 1927, p.245).Retour à une couleur éclatante (...) où les rouges occupent une place prépondérante (Dorival,Peintres XXes., 1957, p.69).
2. [Le suj. désigne une pers., un ensemble de pers.] S'emparer (d'un lieu, d'un espace) par la force, sans autorisation et s'(y) installer. [Les Tupi] se sont dirigés vers le nord, le long de la côte, où ils ont occupé une bande en repoussant les occupants (Haddon,Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p.258).V. aussi occupation ex. 1.
a) [Dans un cont. milit.; le suj. désigne un ensemble de pers., une collectivité]
S'emparer (d'une position stratégique) et s'(y) installer. Au centre la 2earmée avait occupé Dieuze et poussé des avant-gardes à Morhange et à Delme (Joffre,Mém., t.1, 1931, p.280).
Soumettre (un territoire) à une occupation militaire. Occuper un pays. La Russie, pour sa part, occupa la Mandchourie (A. France,Pierre bl., 1905, p.207).Le Japon, occupé par l'armée américaine (Le Monde, 19 janv. 1952, p.1, col. 1).
b) [Le suj. désigne des grévistes; le compl. d'obj. dir., un lieu de travail] Y demeurer pour faire pression sur l'autorité supérieure et la conduire à satisfaire les revendications, parfois dans la perspective d'un bouleversement politique. Occuper une usine. En juin 36, j'ai rendu visite aux employés du Louvre qui «occupaient» leur magasin (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.171).
B. − Absorber (quelqu'un); remplir, employer (un de ses attributs).
1. [Le suj. désigne une pers.; le compl. d'obj. dir. désigne un attribut du suj. (temps, état, faculté, etc.)] Remplir, employer. Après tout, me dis-je, je n'ai pas mal occupé ma vie (Stendhal,H. Brulard, t.1, 1836, p.12).
Occuper (un de ses attributs) à + inf. ou subst.Occuper son temps, ses loisirs à qqc. Elle occupait son interminable agonie de paralytique à ronger l'existence de sa fille Jeanne (Nizan,Conspir., 1938, p.221).Je me sens en assez bonne humeur de travail, que j'occupe à la préface de mon anthologie (Gide,Journal, 1943, p.188):
2. Dès que je serai propriétaire, je ne manquerai point de moyens de passer les heures, et d'occuper aux soins d'arranger, de bâtir, d'approvisionner, cette activité intérieure dont les besoins ne me laissent aucun repos dans l'inaction. Senancour,Obermann, t.2, 1840, p.99.
Occuper (un de ses attributs) de, en + subst.Fatigue. Avais-je trop occupé mon coeur même de Dieu? (Dupanloup,Journal, 1860, p.223).Son beau-frère fut l'ennemi dont elle occupa toutes ses heures (Zola,Ventre Paris, 1873, p.664).Il tâcha d'occuper son esprit en voyages, en travaux (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1441).
Emploi pronom. réfl. indir. Il faut se représenter Bernard ne fondant la Guerre Civile que (...) pour s'occuper l'esprit en attendant de donner sa mesure (Nizan,Conspir., 1938, p.55).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou un attribut d'une pers. autre que le suj.]
a) [Le suj. désigne une chose, parfois une pers.; le compl. d'obj. dir. désigne un attribut de la pers.] Remplir (d'une activité), absorber. Occuper l'âme, l'attention, l'esprit, la pensée de qqn ; occuper une journée, les loisirs de qqn. J'ai eu M. Desgranges qui a occupé ma soirée (Maine de Biran,Journal, 1816, p.210).Pendant une heure entière, ces idées occupèrent sa promenade agitée (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.367).Besognes fastidieuses n'occupant que les mains (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p.174).
En partic. [Le compl. d'obj. dir. désigne une durée collective] Le problème essentiel qui a occupé la seconde moitié du XIXesiècle est cette importante question de la perception de l'espace (Hist. sc., 1957, p.1654).
Occuper (une durée) à + subst. (rare).[Les machines] occupent au travail et au gain le temps dont l'homme aurait besoin pour se préparer à vivre (Michelet,Journal, 1834, p.152).
b) [Le suj. désigne une pers., parfois une chose; le compl. d'obj. dir. désigne une pers., parfois un ensemble de pers.] Donner, procurer une activité (à quelqu'un); distraire (quelqu'un), (l')absorber. Occuper qqn tout entier; la question, le sujet qui nous occupe. Occupant Solange dans la chambre pour l'empêcher de regarder dehors (Sand,Hist. vie, t.4, 1855, p.115).
[Le compl. d'obj. dir. n'est pas exprimé] Les paysans (...) s'informent avec beaucoup d'agitation de ce qui occupe tant à Paris (Delécluze,Journal, 1827, p.395).
Occuper qqn à + inf. ou subst.Près la fontaine de Bleau, les rois touchaient les écrouelles (...): c'est à cela que Richelieu occupait son maître (Michelet,Journal, 1833, p.110):
3. Aussi le bonhomme finit-il par bénir le Juif qui lui avait appris l'art d'impatienter son adversaire commercial; et, en l'occupant à exprimer sa pensée, de lui faire constamment perdre de vue la sienne. Balzac,E. Grandet, 1834, p.134.
Vieilli, littér. Occuper qqn de qqn ou de qqc.Pour distraire le peuple, le cabinet lui-même ne l'occupait que de la crainte de périr de faim (Marat,Pamphlets, On nous endort, 1790, p.222).Ces hésitations l'occupaient du docteur (Zola,Page amour, 1878, p.811).
[Le compl. d'obj. dir. n'est pas exprimé] Tout ce qui occupe des autres, égaie; tout ce qui n'occupe que de soi, attriste (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.182).
En partic.
Occuper qqn (à qqc.).Faire travailler, employer quelqu'un (à quelque chose). Reims occupait quatre mille ouvriers aux besognes du vin et vingt mille à celles de la laine (Hamp,Champagne, 1909, p.156).Le coton (...) occupe en France près de 150000 ouvriers (Macaigne,Précis hyg., 1911, p.311).Chaumette offrait seulement (...) de grands travaux pour occuper les chômeurs (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p.344).
[Avec une valeur intensive] Inquiéter, préoccuper:
4. Dans le courant des mois de juin et de juillet, les affaires d'Espagne commencèrent à occuper sérieusement le cabinet de Londres. Lord Londonderry et la plupart des ambassadeurs montraient en parlant de ces affaires une inquiétude et presque une peur risible. Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.115.
3. Emploi pronom.
a) [Le suj. désigne une pers. ou parfois un attribut de la pers.]
Meubler son temps; avoir des activités, du travail. S'occuper activement. Tâche de t'occuper le plus possible, de t'étourdir par le travail (Flaub.,Corresp., 1865, p.189).Le secrétaire avait répondu qu'on trouvait à s'occuper dans le Centre (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Vagabond, 1887, p.667).
S'occuper à + subst. ou inf.S'adonner, s'appliquer à quelque chose, à faire quelque chose. Dans cet état d'inaction, l'homme s'occupa à comparer ses idées (Laclos,Éduc. femmes, 1803, p.461).Notre âme s'occupant en ses caches profondes À de graves pensers (M. de Guérin,Poésies, 1839, p.109).Il ne s'occupait qu'à la lutte, à la savate et aux coups de poing (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.46).
S'occuper de + subst. ou inf.Consacrer son temps, ses soins à quelqu'un, à quelque chose, à faire quelque chose; se préoccuper, s'inquiéter de quelqu'un, de quelque chose. S'occuper d'un enfant, des autres; s'occuper de littérature, de politique; s'occuper d'une affaire, des intérêts de qqn. Ses mains délicates s'occupent sans cesse d'exprimer le suc des herbes (Cottin,Mathilde, t.2, 1805, p.327).Pendant que le grand frisé s'occupe du déjeuner, nous allons promener les enfants dans les allées de tilleuls (Nerval,Filles feu, Sylvie, 1854, p.625).Au lieu de t'occuper de ce garçon, tu ferais mieux de t'inquiéter de Jimmy, tiens! (Bourdet,Sexe faible, 1931, ii, p.334):
5. ... il n'y a, pour moi, que deux partis à prendre, ou me jeter à l'eau, ou suivre mon chemin sans m'occuper nullement de ce qu'on appelle l'opinion publique. Je me suis arrêté au second point et ne prends souci que de quelques centaines d'esprits qui se tiennent encore vivants au-dessus de l'atonie générale. Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1854, p.221.
Rare. S'occuper que.Il s'occupait peu que les malles fussent faites ou le cercueil prêt (Proust,Guermantes 2, 1921, p.337).
Emploi pronom. réciproque. Les deux femmes (...) étaient des amies intimes, très liées par une pointe de rivalité qui les faisait s'occuper l'une de l'autre, continuellement (Zola,Ventre Paris, 1873, p.674).
En partic. S'occuper de qqn.Lui régler son compte. Deux d'entre eux s'étaient occupés de moi, m'avaient immobilisé avec peine (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p.136).
[Dans des phrases gén. fam. où une pers. demande à une autre pers., sur le ton du souhait ou de l'ordre, de la laisser tranquille]
S'occuper de ses affaires. Occupe-toi de tes affaires!
6. On n'allait pas une bonne fois les laisser tranquilles? Si Thomas s'installait au presbytère, eh bien, cela se passerait au grand jour et on aurait le temps d'ouvrir les yeux −d'ici là que chacun s'occupe donc de ses affaires! Queffélec,Recteur, 1944, p.55.
Occupe-toi de ce qui te regarde! Koupriane aurait pu me faire dire: «Occupez-vous de ce qui vous regarde, donc!...» (G.Leroux,Roul. tsar, 1912, p.129).
Fam. S'occuper de ses oignons. V. oignon A 2 c.
Pop. (Ne) t'occupe pas de qqc., de qqn; (ne) t'occupe (pas). Ce n'est pas ton affaire, ne t'inquiète pas de quelque chose, de quelqu'un. Je lui réponds avec une indépendance qui la surprend: −T'occupe pas d'ça!... (Gyp,Souv. pte fille, 1928, p.143).Ne t'occupe pas. Je vais le foutre à la porte par le col (Aymé,Jument, 1933, p.163):
7. Qui tu es pour venir me dire ça? Qu'est-ce que signifient ces salades? −T'occupe! (...) il a fait, l'air toujours aussi sérieux... Simonin,Cave se rebiffe, 1954, p.16.
Au fig. [Le suj. désigne une discipline scientifique, littér., un écrit] Avoir (quelque chose) pour objet. Ces ouvrages ne s'occupent guère que des vérités particulières aux peuples britanniques (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.501).La physiologie générale (...) s'occupe de toutes les propriétés générales et de tous les phénomènes communs des êtres vivants (Cl.Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.288).
b) Argot
Se donner du mal. «Il a fallu s'occuper pour reprendre le village», Bicard, I, 6 (Esn.Poilu1919, p.374).
Se débrouiller, vivre d'expédients, travailler:
8. −(...) Le reste, au feu. Après, les fauteuils du salon, qui étaient en acajou, y ont passé en douce (...). −Il allait fort, dit Pépin... Nous, on s'est occupé avec un vieux meuble qui nous a fait quinze jours. −Pourquoi aussi qu'on n'a rien de rien? Faut faire la soupe, zéro bois, zéro charbon. Barbusse,Feu, 1916, p.37.
En partic.
Vivre du proxénétisme. [Le garçon entretenu:] À dix-huit ans, je m'occupais déjà... Je m'étais déjà créé un intérieur (Méténier,Lutte pour amour, 1891, p.55).
Vivre de la prostitution, se livrer à la prostitution. [Le souteneur:] Depuis cinq heures [et il est 11 h], elle a eu le temps de s'occuper (Méténier,Lutte pour amour, 1891, p.252).
Vivre de vols. Voir Carabelli, [Lang. pègre], s.d.
II. − Emploi intrans., DR. [Le suj. désigne un avoué] Occuper pour qqn.Se charger de son affaire, de ses intérêts. Je ne puis pas occuper pour le père lorsque je poursuis le fils, lui dit Cachan (Balzac,Illus. perdues, 1843, p.610).
REM.
Occupable, adj.[Correspond à supra I A 1] Qu'on peut occuper. L'espace, c'est-à-dire la surface non seulement occupée mais occupable (Brunhes,Géogr. hum., 1942, p.305).
Prononc. et Orth.: [ɔkype], (il) occupe [ɔkyp]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 estre occupé (à) «travailler à, passer son temps à» (Dialogues Grégoire, éd. W. Foerster, p.230); 1538 occupé «qui a beaucoup à faire» (Est.); b) ca 1330 s'occuper à qqc. «travailler à, passer son temps à» (G. de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 6599 ds T.-L.); 1365 (doc. ds Gdf. Compl.); 1677 s'occuper «employer son temps, travailler» (Racine, Phèdre, III, 5); c) ca 1360 occuper qqn de qqc. «employer, faire travailler» (Hugues Capet, éd. De La Grange, 3324); 1404 occuper qqn à qqc. (Chr. de Pisan, Charles V, éd. S.Solente, p.27); d) av. 1662 occuper qqn «donner un sujet d'activité à quelqu'un, faire que quelqu'un ne soit pas dans l'oisiveté» (Pascal, Pensées, IV, 1 ds Littré); 1538 «distraire par toute sorte d'embarras, amuser» (Est.); 2. a) 1314 occuper «remplir un certain espace» (H.de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, t.2, p.188, 2107); b) 1306 «action de se rendre maître militairement d'un lieu» (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. Wailly et Delisle, 9986); 1355 «prendre possession d'un bien, s'établir sur un domaine» (Bersuire, Tite-Live, B.N. 20312 ter, fo20 vods Gdf. Compl.); c) 1530 «habiter» (Palsgr., p.645); d) 1530 «remplir, exercer (un emploi)» (Lefevre d'Etaples, Bible, IV, Esdras, 11, fo20 ro); e) 1530 «remplir un certain espace de temps, prendre le temps de quelqu'un» (Id., ibid., 13, fo201 vo.). Empr. au lat. occupare «s'emparer de» (FEW t.7, pp.300b-302a). Fréq. abs. littér.: 12005. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 21064, b) 15368; xxes.: a) 16312, b) 15034. Bbg. Bogacki (K.). Les Prédicats locatifs stat. en fr.: ét. de sém. et de synt. Warszawa, 1977, pp.65-66. _Wüest (J.). Wie weit ist das Wahl der Verbalkonstruktionen semantisch bedingt? Rom. Forsch. 1980, t.92, no1/2, p.70.