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MOQUER, verbe trans.
I. − Emploi trans., vx ou littér. [Surtout employé au passif] Tourner en dérision, railler (quelqu'un ou quelque chose). Elle était seule, (...) montrée au doigt, criée par les rues, battue des sergents, moquée des petits garçons en guenilles (Hugo, N.-D. Paris,1832, p.248).Nous prêtons à rire... Mais il ne me déplaît pas d'être moqué (Gide, Journal,1918, p.646):
1. Les petites compositions ingénues de Puvis de Chavannes touchent tellement à la caricature qu'on les croirait l'oeuvre d'un caricaturiste moquant les primitifs, comme Daumier moquait l'histoire ancienne dans Le Charivari. Goncourt, Journal,1888, p.775.
II. − Emploi pronom.
A. − Se moquer de (qqn/qqc.)
1. Tourner en dérision, en ridicule, prendre comme objet de plaisanterie (quelqu'un ou quelque chose).
a) [Le compl. désigne une pers.] Synon. brocarder, rire de; (vulg.) se foutre de, se ficher de qqn; (fam.) chiner, mettre en boîte*, se payer* la tête (de).D'autres fois, quand il était de belle humeur, il se moquait d'elle, il la blaguait (Zola, Assommoir,1877, p.723).Comme mari tout-puissant et taquin, il était enchanté de se moquer de sa femme (Proust, Sodome,1922, p.960):
2. Croyez-vous que je ne me sois pas aperçu qu'ils se moquaient de vous et de moi? Ah, je veux me moquer d'eux à mon tour... Fiévée, Dot Suzette,1798, p.121.
Se faire moquer (de soi). Être l'objet de plaisanteries, de railleries. Mon père est désolé de ces articles de l'Universel qui me font moquer de moi (Lamart., Corresp.,1830, p.39).
b) [Le compl. désigne une chose] Synon. s'amuser (de), railler, ridiculiser, rire (de).Euphrasie riait beaucoup et se moquait presque de mon éclat de joie lorsque j'ai ouvert la fenêtre (E. de Guérin, Lettres,1837, p.123).Voulez-vous donc que les Parisiens, qui sont railleurs, se moquent de la mauvaise diction d'une d'Este? (Péladan, Vice supr.,1884, p.13):
3. J'avais (...) entendu deux de mes camarades bafouer (...) une vieille dame (...). J'avais ri de leurs propos au lieu de les relever. La vieille dame allait à la messe; s'en moquer, c'était donc se moquer d'une action pieuse. Bourget, Disciple,1889, p.86.
2. [Souvent renforcé par un adv. à sa suite, notamment bien ou fort] Mettre en évidence par son attitude que l'on ne fait pas cas de quelqu'un ou de quelque chose, que l'on y est indifférent, qu'on l'ignore. Synon. se balancer (de) (pop.), dédaigner, se désintéresser (de), se ficher (de) (pop.), se foutre (de) (vulg.).
a) [Le compl. désigne une pers.] Il y va de la vie de mon frère. − Je me moque pas mal de votre frère (A. Daudet, Pt Chose,1868, p.300).Si ta soeur n'est pas contente, elle me le dira, à moi! Je m'en moque bien de ta soeur (Maupass., Contes et nouv.,t.1, En fam., 1881, p.355).Que sont ces fléchettes d'écolier à côté de ce grand mépris, solennellement distribué en une séance mémorable? L'Académie se moque des moqueurs (Alain, Propos,1927, p.727).
b) [Le compl. désigne un fait ou une chose] Se moquer de la morale, de l'opinion publique, des usages; se moquer de la chaleur, du froid; se moquer de ses affaires, de ses malheurs, de la patrie. Le capitaine Branciforte se moquait fort de l'avenir de son fils (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p.161).Si elle se moquait de la bagatelle, elle tenait aux égards (Zola, Assommoir, 1877, p.676):
4. Ma conscience! fit l'enfant avec un emportement farouche. Il ne s'agit pas de ma conscience! Je me moque bien de ma conscience! Ce n'est pas ma conscience qui... Bernanos, Crime,1935, p.859.
S'en moquer (+ adv.).Synon. s'en foutre (vulg.).C'est partie remise, et je m'en moque profondément (Flaub.Corresp.,1866, p.235).Je m'en moque absolument. Elle sera autre: voilà ce que je veux dire (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p.322).Ils s'en moquent bien! Ils sont naturellement prodigues et insouciants (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p.51).
Se moquer (de + verbe à l'inf./que + phrase au subj.).Michelet veut trop poétiser la nature. Elle n'a pas besoin de ça. Elle se moque d'être surfaite (Renard, Journal,1898, p.492).Oh! Je me moque bien qu'il soit célèbre ou non, dit-elle (...). C'est autre chose qui est en jeu (Beauvoir, Mandarins,1954, p.176).Cyril se moquait d'aller ou non à Saint-Raphaël. Le principal pour lui était d'être où j'étais (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p.142).
Loc. fam. Se moquer de qqc. comme (de l'an* quarante/de sa première chemise*/de colin-tampon*); se moquer du tiers* comme du quart.
Loc. pop., vieilli. J't'en moque! Synon. pop. et fam. je t'en fiche!Azor! j't'en moque! − Tu vas m'la payer, aie pas peur! (Monnier, Scènes pop.,1830, p.5).Je t'en moque. Qu'est-ce qu'il aurait fait, mon mari, s'il ne m'avait pas eue? (Becque, Parisienne,1885, ii, 8, p.311).
3. Traiter quelqu'un de manière désinvolte, méprisante, avec impudence. Synon. bafouer, se jouer de.Il ne redoute personne, mais il respecte tout le monde; à couvert sous l'opinion il se moque de chacun (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p.276).Vous m'ôtez mes enfants, et vous vous moquez de moi me posant seule au milieu de ces biens que j'ai conquis (Claudel, Otage,1911, i, 1, p.228):
5. − Le Crochard prendra votre argent et se moquera de vous, dit Leuwen (...). − Oh! que non! On ne se moque [it. ds le texte] pas d'un préfet, dit en ricanant M. de Riquebourg, choqué du mot. Stendhal, L. Leuwen,t.3, 1836, p.82.
Loc. Se moquer des gens, du monde. Avoir un langage ou un comportement peu sérieux et désinvolte, et parfois insolent. Cette petite madame Séguin se moque du monde lorsqu'elle prend des airs de désolation, en disant qu'elle aurait tant voulu nourrir, mais (...) qu'elle n'avait pas de lait. Elle n'a jamais essayé (Zola, Fécondité,1899, p.274).Si Swann avait trente ans de plus et une maladie de la vessie, on l'excuserait de filer ainsi. Mais tout de même il se moque du monde (Proust, Swann,1913, p.270).
B. − Se moquer (vieilli ou littér.).Ne pas agir, ne pas parler sérieusement. Synon. charrier (pop.)., plaisanter, rigoler (fam.).Halte-là! monsieur l'auteur. Vous moquez-vous avec votre titre qui ne tient pas ses promesses (Verlaine, Œuvres compl.,t.4, Mém. veuf, 1886, p.218).Hélas! je vais avoir trente ans. Trente ans! Vous moquez-vous? C'est la grâce des arbres, Le soleil de midi qui tombe sur les arbres (Cocteau, Poèmes,1916-23, p.177).
Prononc. et Orth.: [mɔke], (il) moque [mɔk]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1174-77 trans. «railler, plaisanter» (Renart, éd. M. Roques, VIIa, 6038); d'apr. Fur. 1690 moquer ,,ne se dit qu'avec le pronom personnel``; ca 1350 m. de (qqc.) (Gilles Li Muisis, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t.2, p.288); fin xiiies. absol. (Sone de Nansai, 829 ds T.-L.); xiiies. soi moquer de (qqn) (Isopet de Lyon, éd. J. Bastin, XXXVI, 29); 1539 se faire mocquer de soi (Est.); 2. 1267 soi m. de «ne faire aucun cas de, dédaigner» (Rutebeuf, Voie de Tunes, éd. Ed. Faral et J. Bastin, 117); 1509 estre mocqué «être trompé, leurré» (Arch. Nord, LM 26336); ca 1590 se moquer de + inf. «s'abstenir de» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, livre I, chap.20, t.1, p.92). Orig. obsc.; prob., formation expr. à partir d'un rad. mokk- marquant le mépris, cf. les correspondants du fr.: vénit. mocar «moquer; dire des paroles inutiles», piémontais moca «grimace» (FEW t.6, 3, p.22b, v. aussi REW3no5637). L'hyp. d'un rattachement au gr. Μ ω κ ω ̃ «railler» (Jud. ds Vox romanica t.5, p.304) présente des difficultés d'ordre phonét., et celle d'un rattachement à l'a. nord. moka «remuer du fumier» (J. Orr ds Archivum Linguisticum t.9, pp.31-33) n'est pas suffisamment étayée quant à son évolution sém. et à son orig. normande. Fréq. abs. littér.: 3447. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4424, b) 4889; xxes.: a) 5278, b) 5091.
DÉR.
Moquable, adj.,rare, vieilli. [Correspond à moquer II A 1] Susceptible ou digne d'être moqué, raillé. Synon. risible.C'était sur votre grave et silencieux ami (...) que se répandait votre malice en moqueuses allusions. Il est vrai que j'étais justement moquable dans votre pensée (M. de Guérin, Corresp.,1837, p.280).Pour être moins moqué le gouvernement n'en sera que plus moquable (Sand, Hist. vie,t.2, 1855, p.101). [mɔkabl̥]. 1resattest. av. 1544 mocquable (Des Périers, trad. du Lysis de Platon ds Œuvres, éd. L. Lacour, t.1, p.11), att. au xvies., voir Hug., à nouveau 1819 (Boiste qui cite Marivaux: moquable); de moquer, suff. -able*.