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MONUMENT, subst. masc.
A. −
1. Ouvrage d'architecture ou de sculpture édifié pour transmettre à la postérité le souvenir d'une personne ou d'un événement. Consacrer, dresser, édifier, ériger un monument à la gloire de qqn; inaugurer, restaurer un monument; monument de bronze, de granit, de marbre. Guillaumin prend la parole (...). Il parle d'un (...) enfant de Cérilly, (...) mort à trente-cinq ans (...): le naturaliste Perron. Un petit monument sur la place rappelle son souvenir (Gide,Journal,1909, p.285).On m'a demandé de faire partie du comité d'un monument pour Arthur Rimbaud. J'ai refusé. J'ai suffisamment de regrets d'avoir (...) collaboré à l'érection de l'imbécile chose dernièrement dédiée à la mémoire de Verlaine (Claudel,Corresp.[avec Gide], 1911, p.180):
1. La Pucelle ayant couché une nuit dans la ville, (...) la municipalité (...) faisait élever, avec le concours de l'État, un monument commémoratif de ce séjour. Deux artistes, enfants du pays, l'un sculpteur, l'autre architecte, avaient exécuté ce monument, où se dressait, sur un haut piédestal, la vierge «armée et pensive». A. France,Orme,1897, p.100.
2. En partic.
a) Monument aux morts. Édifice élevé par une communauté à la mémoire d'un ensemble de personnes appartenant à celle-ci et qui ont été victimes de la guerre ou d'une catastrophe. Le monument aux morts, en vrai bronze, où un soldat mourait debout, sans déranger un pli de sa capote, sans lâcher le drapeau qu'il maintenait sur son coeur (Vercel,Cap. Conan,1934, p.250):
2. Au milieu des tombes, toujours joyeux, le poilu en granit du monument aux morts, attaque à la baïonnette. C'est un vieux camarade: une espèce de baromètre. Les jours de pluie, il est tout noir; (...) mais, au plein soleil, il devient bleu, l'animal: bleu-horizon, comme de juste; et son casque brille, poudré de verre pilé. Martin du G.,Vieille Fr.,1933, p.1019.
b) Vx. Sépulture. Joseph l'enveloppa dans un blanc linceul (...). Et il le plaça dans son monument neuf. Dans son sépulcre neuf (Péguy,Myst. charité,1910, p.83).
Monument funéraire ou, absol., monument. Construction érigée sur une sépulture ou à la mémoire d'un mort dont le corps est absent. Fabricant de monuments funéraires. On voit au bord du lac un monument funéraire en mémoire d'une Anglaise et de son mari qui se noyèrent il y a dix ans en se promenant sur le lac (E. de Guérin, Lettres,1846, p.500).Un grand tombeau avec statues et bas-reliefs est érigé au baron Vassenaard, un marin célèbre qui mourut en battant les Anglais en 1665; ce lourd monument est signé Egger, 1667 (Du Camp,Hollande,1859, p.31):
3. Sur la frise ornée de torches renversées, cette inscription était gravée: Familles Allier et Alexandre. Une grille fermait l'entrée du monument. Au fond, surmontant un autel couvert de roses, une plaque de marbre portait des noms parmi lesquels je lus ceux de Clémentine et de sa fille. A. France,Bonnard,1881, p.380.
Rem. On relève en ce sens monument funèbre. Ruyter repose à Amsterdam, dans l'église Sainte-Catherine (...). Son tombeau occupe la place du maître autel. Beau monument funèbre. Il dort, le héros, la main sur sa blessure (Michelet, Chemins Europe, 1874, p.366).
3. P. anal., vx. Objet qui atteste l'existence, la réalité de quelque chose et qui peut servir de témoignage. La langue d'un peuple est le monument le plus important de son histoire (Michelet,Hist. romaine,t.1, 1831, p.26).La peinture est, de tous les arts du moyen âge, celui dont les monuments sont les plus rares en France (Mérimée,Ét. arts Moy. Âge,1870, p.55).Les montagnes sont des monuments des révolutions du globe (Littré):
4. Jeannot (...) est descendu dans le souterrain et l'a exploré de tous côtés. Ce n'est autre chose qu'une excavation incrustée de jolies petites pierres relevées en bosses de pralines. J'en ai pris pour monument de notre découverte. E. de Guérin, Journal,1835, p.63.
En partic. Témoignage écrit qui atteste des événements ou des choses du passé. Trois mois après son départ, on pouvait lire dans un journal la lettre suivante, premier monument de la campagne archéologique (Reybaud,J. Paturot,1842, p.289).Robert [drame de La Martelière] est un idéal du chef de la montagne, et j'engage mon lecteur à le relire comme un monument très-curieux de l'esprit du temps (Sand,Hist. vie,t.1, 1855, p.192):
5. ... l'Encyclopédie est le monument qui représente le mieux le dix-huitième siècle parmi nous, avec toute sa grandeur et sa hardiesse, et aussi avec tous ses dérèglemens. Cousin,Hist. philos. XVIIIes.,t.1, 1829, p.38.
B. −
1. Édifice imposant par sa taille et remarquable par son intérêt historique ou esthétique, par sa valeur religieuse ou symbolique. Monument mégalithique, préhistorique; les monuments de la Grèce antique, du moyen âge; visiter les monuments d'une ville. Le ministre leva sa canne vers le fronton du monument et dit: − C'est inimaginable, le mauvais goût qu'on a pu avoir à une certaine époque (Druon,Gdes fam.,t.1, 1948, p.109):
6. ... Paris s'étendait, mais un Paris rapetissé (...); les monuments semblaient fondre, à gauche deux traits pour Notre-Dame, à droite un accent circonflexe pour les Invalides, au fond le Panthéon, honteux et perdu, moins gros qu'une lentille. Zola,Bonh. dames,1883, p.763.
Monument historique. Monument, partie de monument ou objet mobilier, appartenant à l'État, à une collectivité ou à un particulier, qui fait l'objet d'un classement par l'administration des Beaux-Arts et d'une protection de l'État en raison de son intérêt historique, artistique. Une maison classée monument historique. Je ne connais rien de bête comme ces reconstitutions d'un monument historique dans un lieu autre que celui où il a été autrefois élevé (Goncourt,Journal,1890, p.1167):
7. A-t-on le droit de répondre à la vieille dame lorraine qui déplore la vente de l'église où l'on sonnait les heures (...) de sa vie modeste: «Cette église n'offrait aucun intérêt artistique ou historique. On ne pouvait la classer. Mais voyez, à Béziers s'élève une fort belle église, nul ne pourra la vendre, car elle est inscrite désormais comme monument historique». Barrès,Cahiers,t.8, 1910, p.33.
Monument public. Édifice qui est la propriété de l'État, d'un département ou d'une commune, destiné à l'usage public. Nous heurtons une cohue s'écoulant de l'Hôtel de Ville et d'un autre monument public qui présente un fronton et des colonnes de temple (Barbusse,Feu,1916, p.328).
2. P. anal., vx. Les monuments de la nature. Les créations de la nature qui sont remarquables par leur taille, leur caractère grandiose. Malheureusement, ces monuments de la nature [les grands arbres] deviennent chaque jour plus rares devant les besoins de la civilisation et les exigences de l'industrie (Sand,Nouv. lettres voy.,1876, p.277).
En partic. Monuments naturels et sites. ,,Ensemble architectural ou paysages dont la conservation ou la préservation présente, du point de vue artistique, historique, scientifique ou pittoresque, un intérêt général`` (cida 1973).
3. [P. réf. à la taille imposante d'un monument] Objet ou personne énorme. Lemaître se délecte et Sarcey exulte. Lemaître me présente à lui. Il m'effraie un peu, ce monument à voix énorme (Renard,Journal,1897, p.452).Ce camion de déménagement est un vrai monument (Davau-Cohen1972).
Œuvre artistique, littéraire ou scientifique imposante par ses dimensions, ses qualités. Je vois là se dresser ton monument, cette grande construction internationale qu'est la traduction de Shakespeare (Hugo,Corresp.,1866, p.544).La radieuse, et très dramatique conjuration de Claudius Civilis, du musée de Stockholm, qui est un véritable monument de la peinture (Lhote,Peint. d'abord,1942, p.40).
Personne que ses qualités placent hors du commun. Parlant (...) de cette génération de gens de bien dévoués à la vérité, il [Royer-Collard] ajoutait (...): De n'avoir pas pensé à moi dans ma vie publique, cela me vient d'eux. Cet homme, qui fut un monument, n'est plus; et nous sommes tombés à un temps où personne n'a plus le droit de dire de soi de telles paroles (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.3, 1848, p.612).
4. Expr. fam., péj. Un monument de + subst. Une chose révélatrice d'une qualité poussée à son plus haut point. Sans être particulièrement compétent, vous verrez que cet article sur l'Afrique romaine est un prodige d'inconscience, un monument d'ignorance (Benoit,Atlant.,1919, p.268):
8. ... au moment de m'habiller, la seule vue de mon bonnet avait provoqué mon indignation. Je savais bien que l'évêque exigeait le bonnet, mais il n'exigeait pas que ce bonnet fût un monument d'horreur. Celui que grand'mère m'avait fait faire dépassait tout ce que l'on peut imaginer. Gyp,Souv. pte fille,1928, p.340.
Prononc. et Orth.: [mɔnymɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xes. «tombeau» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 351: Dunc lo pausen [Jesum] el monument O corps non jag anc a cel temps), Rich. 1680 qualifie le mot de ,,poétique ou de la prose sublime``, Ac. 1694-1798 note que dans ce sens ,,il n'est guère d'usage dans le discours ordinaire``; b) 1534 «document écrit» (Rabelais, Gargantua, chap.56, éd. R. Calder et M. A. Screech, p.312); c)1636 «ouvrage d'architecture ou de sculpture qui transmet un souvenir à la postérité» (Monet, p.371b: Monument. Chose dressée pour la mémoire future); 1653 (Vaugelas, Quinte Curce, Vie et actions d'Alexandres le Grand, III, éd. A. Courbé, p.223: En cette contrée, le temps avoit éffacé plusieurs monumens que les Poëtes ont tant celebrez. On y mostroit encore la place où estoient les villes de Lyrnesse et de Thèbes); 1690 (Fur.: Les Pyramides d'Égypte, le Colisée sont de beaux monuments de la grandeur des Rois d'Égypte et de la République Romaine); 1832 Comité des Monuments historiques d'apr. Lar. 20e); 2. 1855 [d'une oeuvre littér.] monument d'orgueil et d'humilité (Sand, Hist. vie, t.1, p.8). Empr. au lat. monumentum (de monere au sens de «faire penser, faire se souvenir») «tout ce qui rappelle le souvenir, spéc. le souvenir d'un mort: monument commémoratif, monument funéraire, tombeau; monument écrit; marque, signe de reconnaissance». De la var. anc. monimentum, la forme moniment (Passion, 31 au sens de «sépulcre»; seulement en a. fr., très rare); de la confusion avec munimentum «rempart, protection», signalée ds TLL, s.v. monumentum, 1461, 54, la forme munument (Passion, 355, 422, également au sens de «sépulcre»). Fréq. abs. littér.: 3066. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7614, b) 3897; xxes.: a) 3300, b) 2467. Bbg. Gohin 1903, p.308. _ Sculpt. 1978, p.533.