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MIEN, MIENNE, adj.
A. − Dans des emplois pronom. et nom.
1. Le mien, la mienne, les mien(ne)s. [Groupe pronom. représentant le groupe nom. mon (ma, mes) + subst.] Les machines diminuent votre salaire, mais elles augmentent le mien; j'en suis très fâché pour vous, mais très content pour moi (Vigny,Chatterton,1835, p.252).Une personne d'un mérite supérieur au mien (Dumas fils, Ami femmes,1864, i, 8, p.84).Je suis tenté de croire au néant de tout jugement, du mien en particulier (Sainte-Beuve,Cahiers,1869, p.76).Je ne croise pas les bras et, s'ils ont leurs affaires, j'ai les miennes (A. France,Bonnard,1881, p.502).Toi, attends cette lettre pour répondre aux deux miennes (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1905, p.116).
[Avec le qualificatif propre ou le compl. à moi, qui marquent l'insistance sur le rapport au locuteur] Un garçon plein d'esprit, de coeur et de dispositions, qui devint mon enfant presque autant que les miens propres (Sand,Hist. vie,t.4, 1855, p.459).La mienne à moi [ma vie], j'étais justement en train de bien la fignoler avec des factures que je n'arrivais pas à payer (Céline,Voyage,1932, p.362).
[Avec rappel du subst. antécédent par un compl. en de] Le mien (de style) continue à me procurer des embêtements qui ne sont pas minces (Flaub.,Corresp.,1866, p.257).Que doit-elle penser de moi qui sus si bien casser la mienne d'assiette? (J.Bousquet,Trad. du silence,1935, p.51).
Rem. a) Les 2 constituants du groupe nom. prennent le genre du subst. réprésenté, mais le groupe peut avoir un nombre différent. Du jour où j'ai connu le paysan, toute bucolique m'a paru un mensonge, même les miennes (Renard, Journal, 1904, p.232). V. aussi supra l'ex. de Sand. b)Rare. Le groupe pronom. comporte un adj. qualificatif. Si cela est, j'en mourrai de chagrin et votre pauvre âme répondra de la pauvre mienne (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.116). Il peut comporter aussi un numéral. Nous eûmes, chacune, deux maris. Mais, tandis que les deux miens sont − vous m'en voyez aise − bien vivants, ma mère fut deux fois veuve (Colette, Naiss. jour, 1928, p.16). c) En tournure compar., le (la, les) peut céder la place à un numéral. Dans sa poitrine grosse comme deux miennes ça fait un ronflement de vent collinier (Giono, Baumugnes, 1929, p.11).
2. [Emplois de nom.]
a) Les miens (subst. masc. plur., toujours avec l'art. déf.)
La famille ou les proches du locuteur. Mon devoir envers mon amour, d'abord; ensuite mon devoir envers la mémoire des miens (Larbaud,Journal,1931, p.248).[Des garçons] qui faisaient le bonheur de leurs proches comme je faisais celui des miens (Sartre,Mots,1964, p.168).
La communauté à laquelle appartient le locuteur. Loin de ma patrie, des miens, du passé de toute notre race, comme un enfant trouvé (Maran,Batouala,1921, p.47).Ton orgueil me repousse, tu te souviens que je suis française et que les miens t'ont vaincu! (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.428).
Rem. Rare, employé sans le (la, les) comme interpellatif. − Où es-tu, mien? Où donc...? (Cladel, Ompdrailles, 1879, 359). J'appelai les miens: «Miens!» Ils accoururent (Colette, Naiss. jour, 1928, p.66).
b) Le mien. Ce que possède le locuteur. Sera-ce le sauvage, vagabond dans ses déserts, à qui le «mien» et le «tien» sont inconnus (Chateaubr.,Essai Révol.,t.1, 1797, p.38):
1. Il existe près des écluses Un bas-quartier de bohémiens Dont la belle jeunesse s'use À démêler le tien du mien Aragon,Rom. inach.,1956, p.150.
Mettre du mien dans, y mettre du mien (vieilli). Perdre de l'argent dans. Synon. laisser des plumes dans (fam.).Peut-être croyez-vous que je fais mes affaires; la vérité pourtant est que j'y mets du mien (Collin d'Harl.,Vieux célib.,1792, p.38).Après dix ans que je vous sers, que je mets du mien dans votre ménage, que mes économies y sont toutes passées (Balzac,Cous. Pons,1847, p.157).Nos frais seraient à peine couverts; j'y mettrais du mien, mon cher monsieur! − Vous est-il jamais arrivé de perdre sur une affaire? (About,Roi mont.,1857, p.195).
Au fig.
Rare. Apporter une contribution personnelle. Tel quel, dans son débraillé, ce journal avait une originalité, une saveur particulière, et (...) je ne pouvais que le banaliser en «y mettant du mien» (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.11).
Payer de ma personne; faire des efforts, mettre de la bonne volonté. Le Seigneur m'a soutenu, mais j'y ai mis beaucoup du mien (Flaub.,Tentation,1849, p.369).Il y faut un peu de complaisance, il est vrai. J'y mettrai du mien, c'est entendu (Gide,Journal,1931, p.1055).
c) Loc. J'ai (encore) fait des miennes. V. leur3B 2.
d) P. plaisant. À la mienne. À ma santé (v. à la tienne, s.v. tien). Je ne suis qu'une bistrote d'occasion. À la mienne! À la vôtre! (Cendrars,Bourlinguer,1948, p.326).
B. − Adj. qualificatif
1. [En corrélation avec l'art. indéf. ou le dém. et antéposé au subst. (dans des groupes nom. où mon (ma, mes) est exclu parce qu'il est trop proche de le et contradictoire avec un)]
[Avec un subst. désignant une pers.] Le caractère de ce mien camarade. À propos, j'ai un mien ami qui veut me faire faire un mariage de deux cent mille livres (Flaub.,Corresp.,1852, p.356).L'opium dont j'usais avait été acheté par un mien ami (Baudel.,Paradis artif.,1860, p.437).On ne se marie, m'assure une mienne cousine, que... (Montherl.,Olymp.,1924, p.245).
[Avec un subst. désignant un inanimé] Tu m'avais mis le nez dans mon ennui, et j'ai d'abord examiné de nouveau cette mienne dégoûtante faculté (Valéry,Corresp.[avec Gide], 1899, p.354).Cette mienne vie trop connue, dédaignée (Proust,Swann,1913, p.410).
2. [En fonction d'attribut ou d'épithète]
a) Qui m'appartient, qui m'est propre.
[En fonction d'attribut] Synon. à moi.Un secret que je ne peux pas te dire parce qu'il n'est pas mien (E. de Guérin,Journal,1835, p.62).Il faudra que je partage le pain que j'ai gagné, qui est mien, avec l'étranger que je ne connais pas (Proudhon,Propriété,1840, p.304).Il y a en moi quelque chose qui est mien, qui doit m'être rattaché de plus en plus étroitement, et qui pourtant n'est pas moi (Blondel,Action,1893, p.153).Sortie de mon lit, il n'y avait pas un coin qui fût mien; je ne possédais même pas un pupitre pour y ranger mes affaires (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.99):
2. De ces poncifs, je fais alors une image sincère, une image qui est mienne, aussi mienne que si je l'inventais moi-même, suivant ma douce manie de croire être toujours le sujet de ce que je pense. Bachelard,Poét. espace,1957, p.43.
[Avec faire ou tout autre verbe à valeur factitive] J'étais disposé, en ce temps-là, à prendre pour miennes les idées d'autrui (A. France,Vie fleur,1922, p.288).[Une étude] dont je fais miennes toutes les conclusions (De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.448).
[En fonction d'épithète] Un ensemble de tendances, trop profondément sincères, trop miennes, trop personnelles (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1905, p.148).Précisément, c'est le livre I des Confessions, qui est tout rempli par la louange de Dieu en soi, que je citais à Thorold comme le texte entre tous mien (Du Bos,Journal,1927, p.154).
b) [En parlant d'une pers.]
[Avec un verbe factitif] Faire que quelqu'un m'appartienne physiquement. Cette femme de qui me séparent les lois et les préjugés du monde, j'ai juré de la conquérir et de la faire mienne (Ponson du Terr.,Rocambole,t.3, 1859, p.362).Je prenais une tendre blonde dans mes bras et la faisais mienne (Giraudoux,Siegfried,1922, p.157).
[Avec un verbe attributif ou en fonction d'épithète] Nous causâmes; en causant, je la regardais, si aimable, si mienne (Michelet,Journal,1858, p.394).L'instant qu'elle était nue et mienne se brouilla dans ma mémoire comme un songe (Montherl.,Songe,1922, p.205).
Rem. Rare, au sens de «s'appartenir». Oui! je retourne chez le duc, reprit-elle enfin, d'une voix basse. Mais, pendant un mois, je resterai mienne, et nul ne franchira mon seuil (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.281).
Prononc. et Orth.: [mjε ̃], fém. [jεn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Adj. poss. [842 (Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie, p.1: cist meon fradre Karlo)]; a) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 445: ço'st granz merveile que li mens quors tant duret); b) ca 1100 un mien filz (Roland, éd. J. Bédier, 149), en emploi adj. qualifié de vieilli dep. Ac. 1694; 2. pron. poss. a) ca 1100 (Roland, 43); b) ca 1340 fém. mienne (Guillaume de Machaut, Le jugement dou roy de Brehaigne, 911 ds Œuvres, éd. A. Hoepffner, t.1, p.91); 3. subst. [ca 1140 «ce qui m'appartient, mon bien» (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 843: Ia unt il tant del mon qu'il nel poent porter)]; a) ca 1160 li mien «id.» (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 614); b) xives. li mien «mes proches» (Psautier, fo80 ds Littré); c) 1690 (Fur.: J'ay bien fait des miennes en ma jeunesse). Forme tonique de l'adj. poss., issue du lat. meum acc. de meus (v. mon) «mien, qui est à moi; qui me concerne» et au neutre subst. meum «mon bien», au plur. mei «les miens»; au fém. mienne a évincé l'a. fr. meie, moie, issu du lat. mea et att. de ca 1100 au xvies. Fréq. abs. littér.: 7431. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 13384, b) 9937; xxes.: a) 7999, b)10426. Bbg. Barnett (F. J.). The Development of the Old Fr. possessives of singular person reference. In: [Mél. Reid (T.B.W.)]. Oxford, 1972, pp.1-17. _ Cornu (J.). Mien. Romania. 1878, t.7, p.593. _ Pinchon (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, pp.41-42.