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ILLÉGITIME, adj.
Qui n'est pas légitime.
A. − Qui ne remplit pas les conditions requises par la loi, le droit. Les Français ne pouvaient être jugés que par leurs juges naturels; (...) tout tribunal extraordinaire était illégitime (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 121).Un pouvoir peut porter des lois injustes et n'être pas, pour cela, nécessairement illégitime (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 230) :
1. ... l'on pourrait recenser les opinions selon qu'elles voient dans le gouvernement de l'État français une autorité à la fois illégale et illégitime, ou légale et illégitime, ou illégale et légitime ou, au moins jusqu'à une certaine date, légale et légitime. Vedel, Dr. constit.,1949, p. 276.
DR., vieilli. Naissance illégitime; enfant, fils, fille illégitime. (Né(e)) hors du mariage et non légitimé(e). Synon. adultérin, naturel; bâtard (péj.).Le clergyman du district unit lord Astor à la fille illégitime de la portière Pitau (Péladan, Vice supr.,1884, p. 152).Les enfants qui souffrent d'une naissance illégitime, de mauvais traitements ou de scènes de violence familiale, inclinent à imaginer qu'ils sont issus d'une famille inconnue, riche ou d'illustre lignée (Mounier, Traité caract.,1946, p. 377).
Emploi subst., péj. C'est un fils... enfin, il passe pour être... enfin tu sais quoi! C'est un illégitime, ça ira très bien avec toi (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 146).
Rem. La loi du 3 janv. 1972 redéfinit les droits des enfants nés hors du mariage légal, qu'elle ne nomme plus illégitimes, mais naturels, et auxquels elle donne sensiblement les mêmes droits qu'aux enfants légitimes.
En partic. Qui est hors de l'institution du mariage. Commerce illégitime. Compagnon, compagne illégitime. Synon. concubin, concubine.Toute la poésie contemporaine d'Élisabeth, ou antérieure à son époque, respire le même esprit. Ce ne fut que plus tard qu'un amour illégitime, ou même non consacré par l'Église, put intéresser (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 135).Je savais que Riaucourt avait une liaison avec une jeune femme qui s'appelait Olga; Jacques me peignit leurs amours en couleurs si romanesques que, pour la première fois, je considérai avec sympathie une union illégitime (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 266).
Emploi subst. Maîtresse d'un homme marié; amant d'une femme mariée. Vos épaules étincelantes des pierreries du légitime aimé ou de l'illégitime plus aimé encore (Cancans du boudoir, [18]77) (Larch.Suppl.1880, p. 70).
B. − P. ext. Qui n'est pas conforme au bon droit, à l'équité, sur le plan moral, intellectuel ou matériel. Synon. injuste, inique.La corruption des temps et l'incertitude des doctrines ont rendu tous nos droits illégitimes et tous nos désirs irréalisables (Sand, Lélia,1839, p. 477).La même notion qui nous laissait croire que le meurtre était indifférent lui ôte ensuite ses justifications; nous retournons dans la condition illégitime dont nous avons essayé de sortir (Camus, Homme rév.,1951, p. 18) :
2. C'est ici (...) une partie dont les partenaires, tout en lisant dans le jeu l'un de l'autre, ne cherchent pas à jouer au plus fin, mais se comprennent à demi-mot et bornent toute leur ambition à perpétuer, par une entente inavouée, certains profits illégitimes ou indéfendables. Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 168.
Qui n'est pas justifié, qui n'est pas fondé. Synon. déraisonnable, immotivé, injustifié.En faisant naître un idéal extrahumain dans cette âme qu'elle avait baignée et qu'une hérédité datant du règne de Henri III prédisposait peut-être, la religion avait aussi remué l'illégitime idéal des voluptés (Huysmans, À rebours,1884, p. 147).Mais il semble à la fois illégitime de dire que ce savoir est en acte, et excessif de soutenir qu'il n'est qu'en puissance. Notion médiane à trouver, c'est-à-dire à construire (G. Marcel, Journal,1918, p. 143).
C. − Spécialement
1. BOT. Pollinisation* illégitime.
2. MÉD. Fièvre illégitime. Fièvre irrégulière ou bâtarde (d'apr. Nysten 1824).
Prononc. et Orth. : [il(l)eʒitim]. Att. ds Ac. dep. 1694, illegitime (1694-1740), puis illé-. Étymol. et Hist. 1458 fils illegictime (Arch. Nord, B 1688, fol. 13 ds IGLF) II; 1549 « contraire à la loi » (Est.). Empr. au lat. juridiqueillegitimus « illégal, illégitime ». Fréq. abs. littér. : 177.
DÉR.
Illégitimement, adv.D'une manière illégitime. a) [Correspond à illégitime A] Les rois se sont présentés tantôt comme les délégués de Dieu, tantôt comme les héritiers des empereurs, ou comme les premiers gentilshommes du pays, selon le besoin ou le penchant du moment; ils se sont illégitimement prévalus de ces titres divers (Guizot, Hist. civilisation, leçon 9, 1828, p. 33).b) [Correspond à illégitime B] M. Bastiat part d'une supposition tout à fait fausse, ou, si l'on aime mieux, il anticipe illégitimement sur l'avenir (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 33).[il(l)eʒitimmɑ ̃]. 1reattest. xves. (G. Chastellain, Œuvres, éd. K. de Lettenhove, VII, 102); de illégitime, suff. -ment2*.