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FAUCHER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Couper (des fourrages, des céréales) avec une faux, une faucheuse. Faucher la luzerne, le blé, les moissons :
1. ... quatorze moissonneurs, la poitrine nue et les jambes écartées, fauchaient des seigles. Les fers sifflaient dans la paille qui se versait à droite. Chacun décrivait devant soi un large demi-cercle, et, tous sur la même ligne, ils avançaient en même temps. Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 27.
[P. méton. de l'obj.] Faucher une prairie, les prés. Dans le temps qu'on battait encore au fléau et qu'on fauchait de grandes pièces de foin à la faux ou bien à la faucille (Guévremont, Survenant,1945, p. 199).
Emploi abs. − Monsieur Michel, c'est-il vrai que vous avez pensé à faucher avec une faucheuse? − J'y ai pensé, en effet (R. Bazin, Blé,1907, p. 194):
2. ... la faux est dirigée de droite à gauche. Elle a par là un sens de coupe. On fauche dans ce sens, et donc de droite à gauche, en marchant perpendiculairement devant soi, en se balançant d'un pied sur l'autre... Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 75.
Expr. Faucher l'herbe sous le(s) pied(s) de qqn. Synon. de couper* l'herbe sous le(s) pied(s) de qqn.
B.− P. anal.
1.
a) Couper, abattre comme avec une faux. Passant sa colère sur des ombelles, qu'il fauchait d'un coup de badine, il bougonna rageusement (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 187).Aussitôt une flamme rouge, pan! et ce boulet qui nous fauche notre grand mât (Claudel, Soulier,1944, 1repart., 2ejourn., 6, p. 1016).
Spéc. Guillotiner. Tu seras fauché dans trois jours, répliqua le chef de la sûreté (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 549).
b) Faire tomber, jeter à terre. Si vous patinez aussi près que ça... vous allez tout à l'heure me faucher, vous savez? (Gyp, Mme la Desse,1893, p. 166).Un garçon boucher surgit près de nous, d'un coup de bras fauche le voleur qui croule juste au ras du trottoir à nos pieds, et gémit (Gide, Journal,1905, p. 184).
En partic., SPORTS. Faire tomber irrégulièrement (un adversaire) en pleine course (cf. Rob. Suppl. 1970).
Spéc. Abattre en grand nombre. Les mitrailleuses avaient fauché des rangées d'hommes (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 204):
3. C'était donc peu de dire que le feu tue. Le feu moderne fauche, il supprime, il interdit le mouvement et la vie de toute zone qu'il bat. Quatre hommes résolus tiennent mille hommes en respect, couchent morts ou vifs tous ceux qui se montrent. Valéry, Variété IV,1938, p. 62.
c) Au fig.
Rendre faible, épuiser. Un petit restaurant lui envoya au passage un flot de jazz. Ses jambes, fauchées de fatigue, retrouvèrent un soudain élan (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 312):
4. La fatigue sourdement montée sous la griserie de l'air et du soleil l'avait fauchée dès qu'elle avait touché le quai de la station. Et les jambes lui avaient manqué. Peyré, Matterhorn,1939, p. 167.
Faire mourir, tuer. Ces populations dont la tuberculose, la faim et le froid avaient fauché près de la moitié (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 443):
5. ... la mort faisait sans repos son œuvre ignorée, fauchait des hommes comme pour fertiliser le champ où d'autres hommes pousseraient. Zola, Vérité,1902, p. 336.
Anéantir, détruire. Je m'étais levé dès 6 heures (...) en excellente disposition pour le travail, mais bientôt une petite crise néphrétique a fauché mon élan (Gide, Journal,1916, p. 555).Il vit le petit garçon relever la tête, lui sourire, et venir vers lui, ce qui faucha net son courage (Montherl., Célibataires,1934, p. 784):
6. ... j'ai désiré cette fille, un désir de trois jours qu'elle a pris soin de faucher dans sa fleur, avec une maladresse de pouliche entretenue... Lorrain, Phocas,1901, p. 243.
Absol. Il mit la mitrailleuse en position, tira deux longues rafales, aller-retour, en fauchant (Malraux, Espoir,1937, p. 642).
2. [P. anal. avec le mouvement décrit par la faux]
a) Décrire un large mouvement (du bras, de la main) qui semble couper (un espace). Alors, d'une voix forte et soudain distincte, fauchant la salle du bras : « Regardez ceux qui m'injurient ici pour m'interrompre ... » (Malraux, Conquér.,1928, p. 111).Un soldat de l'Armée d'Afrique (...) allait d'un pas allongé et ferme en fauchant l'air de gestes larges de ses bras (Arnoux, Nuit St Avertin,1942, p. 53).
b) Spéc. Effectuer un tir en utilisant le procédé du fauchage. La plus bruyante [mitrailleuse] (...) fauche les bois dans la direction de la 8e(Genevoix, Nuits de guerre,1917, p. 280).
C.− Spéc., pop. Voler, chaparder :
7. Le Fridolin se plaint qu'on lui ait fait les poches et qu'on lui ait refait jusqu'à son tabac. J'aime mieux vous dire, mon général, que c'est nous qui avons fait le coup et que nous avons en effet tout fauché. Cendrars, Main coupée,1946, p. 197.
II.− Emploi intrans., MAN. [Le suj. désigne un cheval] Traîner en demi-rond une des jambes de devant en décrivant un mouvement semblable à celui de la faux. En se rassemblant sur ses hanches pour bondir, la jument avait lancé, en fauchant, sa jambe droite (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1502):
8. olivier : Oh! du bouquet... un cheval qui fauche! thérèse : Non, monsieur, il ne fauche pas (...) il billarde seulement... Labiche, Mari lance sa femme,1864, II, 6, p. 417.
P. anal. [Le sujet désigne une pers., notamment atteinte de tabès] Un malade de la moelle qui fauche d'une jambe (Goncourt, Journal,1865, p. 209).
Emploi trans. Il boitait depuis sa naissance (...). On le voyait arriver, bien avant l'heure, fauchant de sa jambe courte le dallage des couloirs (Martin du G., Devenir,1909, p. 133).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Fauchant, ante, part. prés. adj. Qui fauche. α) [Correspond à faucher I B 1 b] L'arbitre, délicatement, lança la petite balle blanche (...) et le cliquetis précipité recommençait, les raclements, les coups fauchants dans les tibias (Genevoix, Match à Vancouver, 1942, p. 223). β) [Correspond à faucher I B 2 b] Une mitrailleuse faisait du tir fauchant (Alain Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1911, p. 305). b) Fauchants, subst. masc. plur. Argot. Ciseaux. Certains instruments pouvant forcer une serrure ou crocheter une porte, et d'autres pouvant couper ou trancher, les deux familles d'outils sinistres que les voleurs appellent « les cadets » et « les fauchants » (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 929). c) Fauchement, subst. masc., cf. supra II. Me faire battre le bas des jambes du « fauchement » de ses pieds inertes (Goncourt, Journal, 1891, p. 34).
Prononc. et Orth. : [foʃe], (je) fauche [fo:ʃ]. Enq. : [foʃ, D] (il) fauche. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1176-81 (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 1835); 2. 1587 fig. s'il faut venir au point, au calcul et au compte, vous voilà fauché (Cholières, Les Après-Dinées, éd. Ed. Tricotel, t. 2, p. 365); 3. 1678 terme de man. (G. Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, Paris); 4. 1713 arg. « voler [couper les bourses] » (ds Esn.). D'un lat. pop. *falcare de falx, falcis « faux, faucille ». Fréq. abs. littér. : 283. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 248, b) 444; xxes. : a) 494, b) 459. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1975, t. 39, p. 207. − André (P.). Le Vocab. du violoniste. Vie Lang. 1972, p. 685. − Chautard (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 277. − Quem. DDL t. 5, 10. − Rog. 1965, p. 87. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 67, 300.