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CALFEUTRER, verbe.
Procéder à la fermeture hermétique des ouvertures occasionnant une déperdition de chaleur :
1. Ce soir, pour arrêter le vent et la pluie, j'ai dû calfeutrer les châssis avec de vieux jupons... Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 125.
Emploi pronom. S'enfermer chaudement chez soi :
2. On voyait maintenant des compositeurs, et jusqu'à des virtuoses, qui connaissaient l'œuvre de Bach! − Surtout on avait fait un grand effort pour combattre l'esprit casanier des Français. Ces gens-là se calfeutrent chez eux; ils ont peine à sortir. R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 694.
Au fig. Se replier sur soi-même :
3. Élisabeth bouda, se calfeutra dans un mutisme dédaigneux. Ce mutisme l'ennuyant, elle passa de l'emploi de la mégère à celui de nourrice. Cocteau, Les Enfants terribles,1929, p. 63.
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adjectivé calfeutré, ée. [Période] au cours de laquelle on a été l'objet de précautions excessives. Par opposition avec mon petit passé calfeutré, je vivais ici complètement dehors, dans les chemins, sur les portes, dans les rues (Loti, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 199).
Prononc. et Orth. : [kalføtʀe], (je) calfeutre [kalfø:tʀ ̥]. Dub. transcrit la 2esyll. avec [œ] ouvert. Pour [ø:] fermé long dans la forme conjuguée, cf. Fouché Prononc. 1959, p. 55. Pour [ø] à l'inf., cf. Kamm. 1964, p. 133. Ds Ac. 1694 sous les formes : calfeutrer ou calfater. Ds Ac. 1718-1932 sous la forme calfeutrer seule. Étymol. et Hist. 1. 1382-84 mar. calefestrer « calfater » (Le Compte du Clos des Galées de Rouen, éd. C. Bréard, p. 100) − 1694, Ac. : calfeutrer; 2. 1478 galefeustrer « boucher les fentes d'une ouverture » (Comptes de l'Hôtel des rois de France aux XIVeet XVes., éd. L.-C. Douët d'Arcq, p. 357); 1540 calfeutrer (Nicolas Herberay des Essars, Le Premier Livre de Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, p. 20); 1875 part. prés. adjectivé calfeutrant (Bottin, Annuaire du Commerce, p. 1322 ds Darm., p. 65 : plinthes calfeutrantes); 3. av. 1721 pronom. « se tenir dans une pièce calfeutrée, s'enfermer » (P. D. Huet ds Trév. Suppl. 1752 s.v.). Altération de calfater* avec développement d'un -r- épenthétique par croisement sém. avec feutre*, le feutre ayant servi de bourre. Fréq. abs. littér. : 58.
DÉR.
Calfeutrage, calfeutrement, subst. masc.Action de calfeutrer; résultat de cette action. Travaux de raccord et de calfeutrement (E. Robinot, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment,1928, p. 39). [kalføtʀa:ʒ]; Ds Ac. 1694-1932. [-tʀ əmɑ ̃]. 1resattest. calfeutrage a) 1575 mar. calfeutage « ce qui sert à calfater » (A. Thevet, La Cosmographie Universelle, XXIII, 2 ds Hug.), forme isolée, b) 1718 « action de calfeutrer, résultat de cette action » (Ac.); calfeutrement a) 1575 mar. « ce qui sert à calfater » (A. Thevet, op. cit., XII, 2 ds Hug.), attest. isolée, b) 1875 maçonn. « action de calfeutrer » (Chabat t. 1); de calfeutrer, suff. -age*, -ment1*. Fréq. abs. littér. Calfeutrage : 3.
BBG. − Duch. 1967, § 35.6. − Staaf (E.). Qq. rem. sur le passage d'eu atome à u en fr. In : [Mél. Wahlund (C.)]. Mâcon, 1896, p. 248. − Vidos 1939, p. 23, 263, 266.