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ALLÈGRE, adj.
A.− [En parlant d'une pers.]
1. Vieilli. [En parlant d'une pers. dont on considère la santé] Dispos, plein de vitalité (malgré l'âge, les difficultés, les circonstances...) :
1. Aussi vert et alerte que s'il avait vingt ans, M. de La Seiglière (...) ne se souvenait du passé que comme d'une pluie d'orage. Vif, allègre, dispos, bien portant, il s'était conservé dans l'exil comme les primevères sous la neige. Les vingt-cinq années qui venaient de s'écouler ne l'avaient pas vieilli d'un jour. J. Sandeau, Mllede la Seiglière,1848, p. 86.
2. [En parlant d'une pers., de son esprit, de son caractère, de son comportement] Qui manifeste une gaieté pleine de vivacité :
2. C'étaient de braves gens fort prudents (...) qui ne pouvaient souffrir de me voir allègre, insouciant, heureux avec un cahier de papier blanc et une plume, et vivant avec pas plus de 4 ou 5 000 francs. Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 1, 1836, p. 30.
3. En voyant s'éloigner la voiture où était son père, Henri releva la tête, regarda sa montre, et, du pas allègre et dégagé d'un homme qui se sent le vent de la fortune au dos, il se lança dans la rue de la Paix. E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 192.
4. On s'incline avec le plus affectueux respect devant ces jeunes âmes vaillantes, plus joyeuses, plus allègres, plus allantes, si j'ose le dire, que ne le pouvaient être leurs nobles mères et grand'mères atterrées par les désastres et qui vêtues de deuil se réfugiaient dans les églises. M. Barrès, Mes cahiers,t. 8, juill. 1910− févr. 1911, p. 223.
5. ... je me revois le matin il y a quelques semaines où je lisais dans les « Nouvelles littéraires » l'éblouissant fragment de la préface pour Lucien Leuwen. Ce feu clair, cet imperceptible pétillement, cette joie allègre et comme sèche de l'esprit en travail, cette variété du tour syntaxique (...) cette impossibilité de la redite, du piétinement, du lieu commun... Ch. Du Bos, Journal,avr. 1927, p. 203.
P. ext. [En parlant d'un ensemble hum.] :
6. ... l'on parvient, au milieu d'un charroi sans discipline, au centre nouveau-riche de cette cité redondante : Alcala, Gran Via, bruyante, nourrissante, active, bigarrée, allègre, européenne et madrilénissime avenue, avec ses spectaculaires et surprenantes devantures commerciales (il faut voir ça!), ses bars, ses cafés et cafeterias selects, ses cinémas les plus luxueux du monde... A. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 219.
Rare, en emploi adv. :
7. Maintenant, le grand couteau qui ressemble à un devant de barque navigue dans la terre calmée. − Allez, le Nègre, tire un peu, feignant de bonsoir. Ça va tout allègre et tout clair. Et voilà le soleil qui a sauté les collines et qui monte. Et voilà Arsule qui a sauté le ruisseau et qui monte. J. Giono, Regain,1930, pp. 175-176.
Rem. 1. Syntagmes fréq. pas, allure, marche allègre; figure, regard, sourire −; voix −. 2. Assoc. fréq. avec rassurant, optimiste, lucide, disponible, délié, content, serein; anton. abattu, affligé, atone, chagrin, terne, etc.
B.− Rare. [En parlant de choses] Qui fait naître une impression de gaieté chez celui qui les voit, les entend... :
8. ... et le fait est qu'il y avait un moment exquis, ce moment où, délivré de cette course dans les frimas et l'ombre, Durtal s'asseyait dans son cabinet de travail, devant une cheminée où les pommes de pins craquaient et s'émiettaient en de rouges écailles dans les flammes orangées des bûches; et déjà réchauffé, il dégustait, en mangeant une tranche de pain, une allègre tasse de café noir. J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 237.
9. On s'était précipité, vers les métiers. On « enclenchait ». Et bientôt s'éleva la chanson tumultueuse de l'usine, (...) La navette dans les fils de chaîne, rapide, allègre, bruyante, allant et venant comme une mince torpille entre deux nappes horizontales, c'était cela, la vraie résurrection de Roubaix. M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 479.
10. Le Menteur a la chance d'être la plus populaire d'entre les comédies de Corneille. C'est en effet une œuvre allègre, ravissante... R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 236.
Rem. 1. L'ex. 9 peut s'interpréter également par la personnification. Cf. aussi vent, cloche, note allègre. Plus gén., les frontières entre A et B ne sont pas nettes et plusieurs ex. (p. ex. 6, 10) pourraient être classés dans les 2 rubriques. Cf. allègre dix-huitième siècle (gens et œuvres). 2. En constr. d'épithète, allègre est le plus souvent postposé au subst.; l'antéposition a une valeur expr. (cf. ex. 6, 8, et allègres matins ds Sully Prudhomme, Les Vaines tendresses, La Rive, 1875, p. 237).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [alεgʀ ̥] ou [all-]. [l] simple ds Passy 1914 et Pt Lar. 1968; possibilité d'une prononc. avec [ll] double ds Barbeau-Rodhe 1930 et Dub.; [ll] double ds Harrap's 1963 et Warn. 1968 (pour [ll], cf. allécher et alléguer). Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 2esyllabe du mot, Harrap's 1963 une durée longue. 2. Dér. et composés : allégrement, allégresse. 3. Hist. : [ll] n'est noté que ds DG. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 proposent la graph. alègre avec un seul l et Littré précise : ,,quelques-uns disent, ce qui est moins bon, al-lè-gre``. Fér. Crit. t. 1 1787 rappelle qu'autrefois on écrivait alaigre.
Étymol. ET HIST. − Ca 1130 « dispos, vif » (Le Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 2179 : Sor noz arçons nos gisent noz boeles, Li plus alegre n'a soing d'aler en destre), considéré comme familier dep. Rich. 1680 jusqu'à Besch. 1845. Du lat. ălăcrem. Les formes rom. remontent à un paroxyton. La forme a. fr. alegre (écrite postérieurement alaigre) est issue d'un lat. vulg. *alacru. La forme (h)aliegre, fréq. en a. fr. remonte à un *alĕcru. L'évolution -cr- > -gr-, irrég., est la même que dans aigre (< acru) et maigre (< *macru), tous trois appartenant au vocab. (demi-) savant de la médecine (qualificatifs de l'état physique); peut-être influence de l'a. prov. alegre, xiies., Rayn., p. 52. H- initial est de la forme médiév. peut-être d'origine expr., ou plus prob. influencé par haitié de même sens (dans le groupe sain et (h)aliegre alternant dans les textes avec sain et haitié). La forme allègre, 2emoitié du xves., Gdf. Compl. est peut-être due à une influence ital., voir allegro.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 185.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Dup. 1961. − Laf. Suppl. 1878. − Lav. Diffic. 1846.