Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ADÉQUAT, ATE, adj.
A.− PHILOS., LOG. [En parlant d'une connaissance conceptuelle, d'une idée] Qui rend compte de son objet de manière exhaustive, c'est-à-dire tant sous le rapport de la compréhension que de l'extension :
1. On dit d'une image qu'elle est fidèle, d'une idée qu'elle est vraie, et l'on entend par là exprimer la conformité entre l'objet ou le type perçu et l'image ou l'idée présente à l'esprit. Si la conformité est rigoureuse, l'idée est dite exacte ou adéquate; ... A. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 292.
2. La connaissance du mal est inadéquate; si l'homme n'avait que des idées adéquates, il n'aurait aucune notion du mal. Or qu'est-ce qu'une idée adéquate? C'est celle qui outre sa vérité (rapport extrinsèque de convenance avec l'objet) est intrinsèquement propre à la déduction de toutes les propriétés de son sujet. Par exemple, la définition d'une circonférence de cercle, idée adéquate de cette figure, en implique toutes les propriétés. Ch. Renouvier, Essai de critique générale,3eessai, 1864, p. 175.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : ,,L'objet adéquat d'une science. L'idée adéquate d'une chose. Une bonne définition doit être adéquate, c'est-à-dire qu'elle doit convenir à l'objet défini tout entier, et ne convenir qu'à lui seul`` (Ac. 1835, 1878); ,,une définition adéquate à son sujet`` (Ac. 1932); cause adéquate, idée adéquate, objet adéquat. 2. Adéquat qualifie, dans le cont. d'une philos. post-cartésienne, l'idée ou notion distincte suivant une accept. qui rappelle la déf. de Spinoza, pour lequel une idée est adéquate ,,en tant qu'elle est considérée en soi, sans relation à un objet, a toutes les propriétés ou présente tous les signes (denominationes) intrinsèques d'une idée vraie.`` (L'Éthique, Paris, Gallimard, 1954 [1677], 2epart., p. 355). Conception adéquate, proposition adéquate, savoir adéquat, vérité adéquate.
B.− P. ext. Adéquat à.Qui est exactement approprié.
1. [En parlant de l'objet de la connaissance par rapport à la faculté de connaître, etc.] :
3. ... il y a au moins un de nos concepts qui dépasse le plan de l'analogie, et c'est précisément le plus haut de tous, celui de l'être. Le grand avantage qu'il y trouve, et il revient sur ce point avec complaisance, c'est que l'objet propre de l'intellect va coïncider avec son objet adéquat, et que cet objet adéquat lui-même va s'ordonner spontanément vers le Dieu proprement chrétien, qui est l'être vrai, total et infini. É. Gilson, L'Esprit de la philosophie médiévale,t. 2, 1932, p. 60.
4. On voyait là de l'irréligion. Et l'on aurait eu raison, si le philosophe avait fait de la « révélation intérieure » un équivalent psychologique du protoxyde, lequel aurait alors été, comme disent les métaphysiciens, cause adéquate de l'effet produit. Mais l'intoxication ne devait être à ses yeux que l'occasion. H. Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion,1932, p. 230.
2. [En parlant de l'expression (langage, signes, symboles) par rapport à la chose exprimée] :
5. Une idée étant donnée, trouver la forme qui lui est la plus adéquate, voilà le secret pour faire des chefs-d'œuvre. G. Flaubert, Correspondance,1864, p. 4.
6. ... le symbole n'a pas besoin d'être absolument adéquat à ce qu'il symbolise. Ce qui est exquis, c'est justement de le voir s'en détacher et prendre une vie propre, mais qui ne cesse pas d'être transparente. J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., mars 1906, p. 347.
7. Plus l'intimité se raffine, plus les signes doivent être maniés délicatement pour se rendre adéquats à leur objet; un regard en dit souvent plus long qu'un discours, une allusion suffit ou une intonation. J. Vuillemin, L'Être et le travail,1949, p. 42.
3. [En parlant de l'appropriation d'une expression par rapport à une œuvre, à une pers., etc.] :
8. le gendarme. − Oui, Monsieur le Procureur. boissonnade. − Qu'est-ce qu'il vous a fait? le gendarme. − Il a usé vis-à-vis de moi, d'un terme non adéquat à l'uniforme dont je suis revêtu. G. Courteline, Le Gendarme est sans pitié,1899, 1, p. 153.
9. Je trouve Debussy merveilleusement adéquat à Mallarmé dans son Prélude. Je relisais le poème. Ce qu'il en reste de beau, c'est non le sens exact; mais ces poussées de désir, ces élans sitôt retombés, ... J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., mars 1907, p. 97.
Emploi abs. :
10. On n'aurait pas rêvé, pour cette petite ville perdue dans les arbres, une parure plus jolie, plus seyante... (je ne peux pourtant pas dire plus « adéquate », c'est un mot que j'ai en horreur). Colette, Claudine à l'école,1900, p. 278.
11. Mais Yolande de Poli pansa immédiatement la plaie : elle avait un sourire cotonneux tout à fait adéquat. Rien qu'à la voir une seconde, on pouvait comprendre à quel point l'expression « tomber en quenouille » était valable pour cette maison. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 155.
4. PSYCHOL. ,,Excitant adéquat. Accordé à l'organe sensoriel.`` (Pt Rob.).
Prononc. − 1. Forme phon. : [adekwa], fém. [-at]. ,,Dans le groupe qu, en règle générale, la lettre u ne se prononce pas`` (Kamm. 1964, p. 75). Cependant on rencontre la prononc. [kw] (quatuor, aquarelle,...) ou [kɥ] (quintette,...) dans les mots sav. ou étrangers ,,incomplètement francisés`` (Mart. Comment prononce 1913, p. 290, rem. 2 et p. 291). Enq. : /adekwa, -t/. 2. Dér. et composés : adéquatement, (s') adéquater, adéquation, adéquer (cf. Gdf.), inadéquat.
Étymol. ET HIST. − 1736 philos. « parfaitement équivalent à l'objet pensé (d'une idée) » (Ch. Wolff, Logique, trad. J. des Champs, 25, d'apr. Quem. t. 1 1959 s.v. : Enfin une idée distincte est encore adéquate ou inadéquate). Empr. au lat. adaequatus part. passé de adaequare « rendre égal à » (obj. animé ou inanimé) dep. 1ers. av. J.-C. (TLL); pas d'emploi comme terme philos. en lat. class.; à partir du lat. chrét., au sens « correspondre exactement à, cadrer avec » (sujet inanimé) : Tertullien, De anima, ch. 8 ds TLL s.v., 561, 71 : quia [aliquid] ceteris corporalibus exemplis non adaequet; cf. 1243-48, Albert le Grand, De bono, 472 ds Mittellat. W. s.v., 156, 25 : locus perfecte repraesentans est locus adaequatus rei. [Antérieurement unique attest. en 1377 (B. de Gord., Pratiq., II, 8 ds Gdf. Compl. : Teigne nouvelle se cure a grant peine; s'elle est ancienne, elle ne se peult curer, ou c'est a trop grant labeur et en long temps, car la male complexion est adequate et ne peult recevoir a prendre cure), où le sens de adequate est obscur (peut-être « adaptée, habituée [à la maladie] » ou peut-être « totale », p. anal. avec l'expr. idée adéquate, synon. de idée totale (d'un objet), et donc « incurable »)? peut-être aussi dû à une mauvaise interprétation de l'orig. lat.].
STAT. − Fréq. abs. litt. : 183.
BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Foulq.-St-Jean 1962. − Franck 1875. − Goblot 1920. − Lafon 1963. − Lal. 1968. − Miq. 1967. − Piéron 1963. − Thomas 1956.