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ÉCHEVEAU, subst. masc.
A.− Domaine concr.
1. Assemblage de fils repliés plusieurs fois sur eux-mêmes et attachés de telle sorte qu'ils ne se mêlent pas. Écheveau de fil, de chanvre, de coton, de lin; dévider, tenir un écheveau. Maintenir l'écheveau (cf. dévidage ex.).Anne-Marie l'écouta, pelotonnant sa laine devant un écheveau passé au dossier d'une chaise (Pourrat, Gaspard,1931, p. 94).On reconnaissait les fileuses à la chaleur de leur teint... d'admirables écheveaux sortaient de leurs mains (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 20).Jenny tenait dans ses bras un paquet d'écheveaux de laine brune, à mettre en pelotes (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 877):
1. Ah! ces jeunes filles brodeuses d'autrefois, blotties dans l'ample jupe de leur mère, sur un dur petit tabouret! L'autorité maternelle les liait là des années, des années − elles ne se levaient que pour changer l'écheveau de soie − ... Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 270.
Spéc., ARTILL., vx. Assemblage de crins qui composait le ressort de certaines armes balistiques. C'était lui-même qui bandait les écheveaux des balistes. Pour qu'il y eût, dans leurs tensions jumelles, une parité complète, on serrait leurs cordes en frappant tour à tour de droite et de gauche, jusqu'au moment où les deux côtés rendaient un son égal (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 80).
2. [P. anal.]
a) [de forme] Assemblage d'éléments d'une certaine longueur. Un écheveau de barbelés, de cheveux, de nerfs, de racines, de vermicelle. Des écheveaux de gros boudins noués d'une faveur, des quenouilles de saucissons de foie succulents, des chaînes de saucisses rouges suspendues à tous les crocs de la boutique (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 251).
b) [d'apparence; en parlant de qqc. qui évoque la souplesse, le moelleux d'un écheveau de fil] Écheveau de brume. Puis comme vous suiviez les écheveaux de fumée qui s'élevaient (...) une secousse plus brutale vous a averti que vous étiez arrivé à Dijon (Butor, Modif.,1957, p. 96).
B.− P. métaph. et au fig.
1. Assemblage d'éléments, concrets ou abstraits, embrouillés. Synon. enchevêtrement.
a) Domaine concr.Ursus, un moment dérouté dans l'écheveau brouillé des ruelles, parvint à rejoindre (...) le cortège (Hugo, Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 181).L'instinct (...) de ses chiens (...) qui, le nez au sol, pouvaient démêler sans erreur l'écheveau des traces et des voies du gibier (Vialar, Homme de chasse,1961, p. 356):
2. Mais le croquis s'embrouillait d'un tel écheveau de lignes, se chargeait d'une si grande confusion de détails sommaires, qu'elle n'y distinguait rien. Zola, L'Œuvre,1886, p. 236.
b) Domaine abstr.Écheveau complexe, compliqué, embrouillé, emmêlé; démêler l'écheveau. Perrico (...) avait, fil à fil, débrouillé tout l'écheveau d'une intrigue (Toulet, Mar. Don Quichotte,1902, p. 234).Je sens là un nœud ou un écheveau de pensées qu'il faudrait réussir à défaire (Marcel, Journal,1922, p. 282).
2. Déroulement d'une continuité. Écheveau de souvenirs. Je jalouse le sort des plus vils animaux Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide, Tant l'écheveau du temps lentement se dévide (Baudel., Fl. du mal,1857-61, p. 52):
3. Ce fut d'abord [dit Trielle] la période du monsieur qui (...) voulant la paix à tout prix, use l'un après l'autre tous les écheveaux de patience dont la Providence l'a pourvu... Courteline, Femmes d'amis,Le Fils, 1885, p. 124.
Loc. Dévider l'écheveau, dévider son écheveau. Parler sans interruption. Et devinez, reprit-il [M. le curé], dévidant son écheveau avec une aisance où les souvenirs de la jeunesse n'étaient pas sans mêler quelque douceur (Fabre, Oncle Célestin,1881, p. 119).
Prononc. et Orth. : [eʃv̭o]; mais parfois dans la conversation cour. [ε ʃv̭o]; cf. échelon. C'est même la seule prononc. donnée ds Pt Rob. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 plur. escheviauz ([Chr. de Troyes], Philomena, 1104 ds T.-L.); début xives. sing. l'eschevel (E. Boileau, Métiers, éd. Lespinasse et Bonnardot, titre L § XXIX, addition ms. Arch. Nat. KK 1, 336); xves. un escheveau (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 703); 2. 1611 au fig. desmesler un escheveau « se sortir d'une affaire compliquée ou d'un danger » (Cotgr.). Orig. discutée. Prob. issu du lat. class. scabellum « escabeau » (REW3, no7633; FEW t. 11, pp. 259-262) qui aurait été employé pour désigner les dévidoirs ressemblant à certains escabeaux en X, puis, p. méton., on serait passé du dévidoir à l'écheveau (cf. à partir du lat. *scamnium pour scamnum « escabeau » l'a. prov. escanh « banc, escabeau » et le fém. escanha « dévidoir » ds Pt Levy ainsi que l'a. fr. escagne, escaigne ds T.-L. et Gdf.). L'a. prov. escavel (xiiies. Don. Prov. 4665 ds Levy Prov. et Pt Levy), le prov. escavel et escabel signifiant à la fois « dévidoir » et « écheveau » et, pour escabel « escabeau » (Limousin ds Mistral) illustrent cette évolution sém. L'étymon *scapellum dér. de scapus « tige, support servant à enrouler les papyrus » (EWFS2) ne peut être retenu. Fréq. abs. littér. : 201. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 114, b) 357; xxes. : a) 431, b) 306. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 238. − Thomas (A.). Variétés étymol. Romania. 1899, t. 28, p. 183.