VALOIR, verbe
Étymol. et Hist. 1. Ca 1050
valeir « être d'un certain prix » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 502); 1534
tu vaulse trop! formule d'éloge « être plaisant, agréable (en parlant d'une personne, de ce qu'elle dit) » (
Rabelais,
Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech et V.-L. Saulnier, chap. 39, p. 236); 1685
valoir trop d'argent « être d'un prix considérable » (M
mede Sévigné,
Lettre à MmeDe Grignan du 29 janvier ds
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 175); 1690
valoir beaucoup d'argent (
Fur.,
s.v. argent); 1694
valoir de l'argent (
Ac.,
s.v. argent); 1666
valoir son prix « avoir une certaine valeur » (
Molière,
Misanthrope, III, 1);
2. a) ca 1100
valeir « être estimé à l'égal de quelqu'un » (
Roland, éd. J. Bédier, 921);
ca 1625
valoir la peine de « être assez important pour que » (D'
Aubigné,
Lettre ds
Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 263); fin
xives.
ne faire cose qui vaille (
Froissart,
Chroniques, II, § 420, éd. G. Raynaud, t. 11, p. 183); 1549
ne faire rien qui vaille (
Est.);
b) α) 1160-74
valeir « rapporter, donner tel profit » (
Rou, III, éd. A. J. Holden, 111); 1538
faire valoir qqc. « (en) tirer le profit qu'elle peut rapporter » (
Est.); 1690
faire valoir par ses mains une terre (
Fur.); 1835
faire valoir « exploiter soi-même sa terre » (
Ac.);
β) xves. [éd. 1528]
se faire valoir « se faire apprécier à sa juste valeur » (
Perceforest, t. 6, f
o108 v
ods
Littré); 1718 « s'attribuer des qualités qu'on n'a pas » (
Ac.).
γ) 1559
faire valoir qqc. « donner du prix à, faire paraître meilleur » (
Ronsard,
Hymne de Charles, cardinal de Lorraine ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 9, p. 58, 531); 1664 [éd. holl.]
faire valoir qqn « fournir (à quelqu'un) des occasions de paraître à son avantage » (
La Rochefoucauld,
Sentences et maximes morales, 55 ds
Maximes, éd. J. Truchet, p. 448);
δ) 1588
faire valoir « faire ressortir en guise d'extase » (
Montaigne,
Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 979); 1611
faire valoir une chose « vanter le mérite, l'importance de » (
Cotgr.);
c) α) ca 1100
valeir à qqn « être utile à, aider » (
Roland, 1840); fin du
xiiies. [date du ms.]
valoir « faire du bien (en parlant d'une médecine) » (
Le medicinal des oiseus, ms. Digby, 86, f
o56 v
ods
Tilander,
Glanures lexicogr., p. 268);
β) 1289
valoir « rapporter un certain profit à quelqu'un » (
Trésor des chartes du Comté de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. 1, p. 398); av. 1675 « procurer, faire obtenir quelque chose à quelqu'un » (
La Rochefoucauld,
Œuvres, éd. D. L. Gilbert et J. Gourdault, t. 3, p. 217);
γ) 1690
cela ne vaut rien « c'est de mauvais augure » (
Fur.); 1740
cela ne vaut rien à qqn « cela est mauvais (pour quelqu'un) » (
Ac.);
δ) 1718
à valoir « se dit de ce qui est fourni à compte d'une plus forte somme » (
Ac.);
d) xiiies.
vaille que vaille « à tout hasard, quoi qu'il en soit » (
Ysopet de Lyon, éd. W. Foerster, 666);
xiiies.
si vaut si vaille (
Loi du conseil, éd. A. Barth, 735). Du lat.
valere « être fort, vigoureux », d'où « avoir de la valeur, du mérite, un prix ».