SOCIÉTÉ, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) 1176-84 « compagnie, relations entre des êtres humains » (
Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4242); 1355 « union, alliance » (
Bersuire, Tite-Live, B.N. 20312ter, f
o16 ds
Gdf. Compl.); 1580
la société de qqn « sa compagnie » (
Montaigne, Essais, I, 28, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 193); 1649 « commerce ordinaire que l'on a avec quelqu'un » (
La Rochefoucauld, Apologie de M. Le Prince de Marcillac ds
Œuvres, éd. D.-L. Gilbert et J. Gourdault, t. 2, p. 449);
b) 1560 « sentiment d'alliance et d'amitié qu'on éprouve pour quelqu'un, et le lien qui en résulte » (
La Bible, impr. A. Rebul,
Machabees, I, 8, 17);
2. a) 1467 « groupement professionnel » (
doc. ds
Bartzsch, p. 43);
b) 1656
La Société « la congrégation des Jésuites » (
Pascal, Onzième lettre ... écrite aux révérends pères jésuites, Les Provinciales, Œuvres compl., éd. L. Lafuma, p. 420); 1690 « compagnie de gens qui s'assemblent pour vivre selon les règles d'un institut religieux » (
Fur.);
c) 1668 « union de plusieurs personnes qui sont jointes pour quelque affaire, pour quelque intérêt » (
La Fontaine, Fables, I, VI, 3);
d) 1740 « association de savants » (
Ac.);
e) ca 1770
Société patriotique (
A. Cochin, Les Sociétés de pensée et la révolution en Bretagne, I, 25 ds
Quem. DDL t. 11), 1790
Société Fraternelle des Patriotes des deux sexes amis de la constitution (
Brunot t. 9, p. 812); 1842
société secrète (Mozin-
Biber);
3. a) 1615
compagnie et société « association de personnes finançant ou gérant en commun une entreprise » (
Décl. juill. ds
Kuhn, p. 162); 1636
société (
Monet);
b) 1656
acte de société (
Lettre patente, mars ds
Kuhn, p. 162); 1872
règle de société « règle qui donne les moyens de partager une somme avec plusieurs associés d'après la quotité de leurs mises » (
Littré);
c) 1673
société anonyme (
Savary); 1857
société en nom collectif (
J. Vallès, L'Argent, p. 165);
4. a) 1650 « coterie » (
Menage, Origines, p. 233: « Coteries est un vieux mot François qui signifie compagnie et
societez de villageois, unis pour tenir d'un Seigneur quelque heritage, dont vient le mot de certaines coustumes de tenir en coterie, c'est à dire
société »); 1690 « toute compagnie de personnes qui s'assemblent habituellement pour le jeu, la conversation, etc. » (
Fur.);
b) 1756
la société « les gens qui ont des salons, y reçoivent pour la conversation, pour le jeu, et ceux qui les fréquentent » (
Voltaire, Mœurs, 134 ds
Littré); 1832
la haute société (
Raymond);
5. a) 1670 « communauté des êtres humains, unis par leur nature et par les lois de la vie collective » (
Bossuet, Duchesse d'Orléans ds
Littré);
b) 1753 « groupe social (d'animaux) » (
Buffon, Hist. nat., t. 4, p. 95). Empr. au lat.
societas « association, réunion, communauté, compagnie, union politique, alliance, association commerciale ou industrielle », dér. de
socius « compagnon, associé, allié », d'où aussi en a. fr. la forme pop.
soisté « compagnie » (fin
xiies. ds T.-L.), usitée surtout au sens de « métayage (terme de coutume) » (
xiiies. ds
Gdf. et T.-L.) et qui survit dans les parlers de l'Ouest et de l'Yonne dans le dér.
souater « se prêter réciproquement ses chevaux pour les travaux agricoles », « travailler en commun », etc. (v.
FEW t. 12, p. 19b).