INTERDIRE, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1250 [copie du
xvies.] « défendre (quelque chose à quelqu'un) » (Doc.
ap. G.
Espinas,
La Vie urbaine à Douai au moyen âge, t. 3, p. 148); 1361 (
Mém. de la Société de l'hist. de Paris et de l'Ile-de-France, t. 10, 1883, p. 124);
b) ca 1590 « rendre formellement impossible » (
Montaigne,
Essais, II, 3, éd. A. Thibaudet, p. 397);
2. a) 1376-78
interdire (un lieu) « défendre la célébration du culte et l'administration des sacrements (dans un lieu) » (
Songe du Vergier, I, 14 ds
Gdf.
Compl.);
b) α) 1560
interdit adj. « frappé par l'interdiction de l'Église » (
Bonivard,
Ancienne et nouvelle police de Genève, 36 d'apr.
FEW t. 4, p. 752a);
β) 1625
interdit subst. « personne frappée d'interdiction par l'Église » (
Stoer,
Le Grand dict. françois-latin, ibid.);
γ) 1656
interdire « défendre (à un prêtre) la célébration du culte et l'administration des sacrements » (
Pascal,
Provinciales, XIV ds
Œuvres compl., éd. L. Lafuma, 1963, p. 438b);
3. a) α) av. 1615 [éd. 1665] « priver quelqu'un du droit d'exercer ses fonctions » (
Pasquier,
Recherches de la France, 569 ds
IGLF);
β) 1652
interdit subst. « personne privée du droit d'exercer ses fonctions » (
La Rochefoucauld,
Œuvres, éd. D.-L. Gilbert et J. Gourdault, t. 3, 1, p. 109);
b) 1690 « priver quelqu'un juridiquement de la libre disposition de ses biens, de sa personne » (
Fur.);
4. a) 1634
interdit adj. « très étonné » (
Corneille,
Galerie du palais, IV, 3);
b) 1656 « jeter quelqu'un dans l'étonnement » (
Pascal,
Provinciales, VIII, p. 406b). Au sens 1, empr. au lat.
interdicere. Au sens 2, empr. au lat. médiév. de l'Église
interdicere (
ixes. ds
Nierm.;
Blaise Latin. Med. Aev.). Le mot a été empr. par l'a. fr. sous une forme plus francisée :
entredire « mettre (un pays, une personne) en interdit » (1174 ds T.-L.).