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INSTANT, -ANTE, adj.
Étymol. et Hist. 1. a) Fin xives. ystant « imminent » (J. Froissart, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 15, p. 296); b) 1remoitié du xves. [date du ms.] tout instant adv. « à l'instant même » (Id., ibid., t. 11, p. 100, var. du ms. d'Amiens bibl. municipale 486); 2. 1550 « qui presse vivement » (Du Bellay, L'Olive ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 72). Empr. au lat.instans, -antis « présent, pressant, menaçant », part. passé de instare « se tenir sur, serrer de près, menacer vivement, être imminent »; cf. a. prov. instant « proche, prochain », attesté dès 1296 (d'apr. FEW t. 4, p. 721a).

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A./B. « très petit laps de temps, moment précis, situé dans le temps ». Attesté depuis 1365 (AmphYpL2, page 293, in DEAF I 318, 9 : l'instant ou le point ou la maladie commence). Antérieurement, on relève une attestation isolée en 1212, dans une traduction faite par le Frère Angier du Dialogue de Saint Grégoire, qui présente des traits anglo‑normands et angevins (AngDialGregO, vers 7239, in DEAF I 318, 7 : Lors soutilment e sanz demore Enquist le terme e le moment, Tant q'il qenut veroi[e]ment Q'en cel meïsme instant [DialGregF, 104, 13, texte latin : eodem momento] finit Quant li serf Dé cele alme vit El ciel od la clarté monter. Après l'attestation isolée de 1212 (appuyée par le latin médiéval, cf. ci‑dessous), le mot est rare du 14e siècle au début du 16e siècle et devient courant à partir de la Renaissance (1377, OresmeCielM, in DMF 2009 ; [ms. 15e], OresmeSphèreMy, 14a in DEAF I 318, 9 ; 1462/1463, Chastell., Robertet, Montferrant, Douze dames de rhétor. C., page 142 ; 1489/1498, Comm., Mémoires C., volume 1, page 14 ; ca 1500, Antitus, Poés. P., page 39 ; 1501, La Vigne, Compl. roy Bazoche M.R., page 402, tous in DMF 2009). - 
C. 1. a. α. à l'instant loc. adv. « aussitôt, sur‑le‑champ ». Attesté depuis 1540 (Amadis, Premier livre, volume 2, chapitre 43, page 473 : A l'instant Agraies courut aux deux aultres, et rencontra premier Darison, si que leurs lances furent brisées, mais Darison perdit l'ung des estriers : toutesfois nul d'eux ne tumba pour ce coup, car Abiseos faillit d'attaincte). Antérieurement on relève la locution en instant avec le même sémantisme en 1486 (Michel, Myst. Pass. J. = Di Stefano, Locutions). La tradition lexicographique est continue depuis Richelet 1680 (avec citation de Voiture, Poésies, Stances, IV, page 26, vers 5). - 
C. 1. a. ß. à l'instant même loc. adv. « aussitôt, sur‑le‑champ ». Attesté depuis 1559 (Boaistuau, Histoires tragiques, Histoire seconde, page 58 = Frantext : la beauté de la Grecque se representant devant ses yeux et l'apprehension qu'il avoit de l'abandonner luy donnoient tel alarme qu'il luy sembloit à l'instant mesme qu'on luy arrachoit le cueur du ventre). - 
C. 1. a. γ. tout à l'instant loc. adv. « aussitôt, sur‑le‑champ ». Attesté depuis milieu 16e siècle [date des mss] (Navarre, Heptaméron S., Quatrième journée, nouvelle 39, page 332, ligne 29, Apparat critique, page 617/29, variante mss BFGI : Et, en ce mesme instant [tout à l'instant], print le seigneur de Grignaulx la main qui estoit sur sa joue, criant à sa femme : «Je tiens l'esprit !»). Antérieurement, on relève la locution tout instant dans le livre 3 des Chroniques de Froissart (FroissChronK, volume 11, page 100 = Di Stefano, Locutions). Or, au passage correspondant, l'édition Mirot, qui est fondée sur le ms. BnF f. fr. 2650 et utilise comme mss de contrôle ceux de Besançon et de Breslau, n'indique pas cette variante (FroissChronL, volume 12, livre troisième, § 21, page 88, ligne 32 ; Ø Variantes, volume 12, page 345). La locution n'apparaît pas davantage dans l'édition d'Ainsworth qui reproduit le ms. de Besançon et se sert des mss de Londres, British Library, ms. Arundel 67 et de Paris, BnF f. fr. 6475 comme contrôleurs (FroissChronIII1A, livre 3, § 13, page 202). La locution tout à l'instant ne figure plus dans Ac8. Toutefois, l'emploi de cette locution caractérisé comme « vieux » par le TLF, se trouve encore sous la plume de Montherlant en 1944 et de Deleuze en 1969 (Frantext). - 
C. 1. h. sur l'instant loc. adv. « aussitôt, sur‑le‑champ ». Attesté depuis 1593 (Lucinge, Dialogue, page 108 : A cecy le Roy ne respond, sinon confusément et en prince irrésolu ; tandis que son esprit estoit en ce bransle, que sa fantaisie estoit agitée, et luy perplex de ce qu'il vouloit ou pouvoit faire sur l'instant). Antérieurement, on trouve la variante sus l'instant depuis 1534 (Rabelais, Œuvres, chapitre 50, page 394, ligne 92 = Rabelais, Gargantua, chapitre 48, page 277, lignes 130‑131 : secondement ses compaignons fouaciers, qui feurent negligens de corriger sa teste folle sus l'instant). - 
C. 1. c. dans l'instant (même) loc. adv. « aussitôt, sur‑le‑champ ». Attesté depuis début 17e siècle (Bodin, Colloque, page 103 : ce sont des Demons commis a la garde des corps mortz, ainsy que me l'a persuadé le larcin de cette mommie dont le gardien, pour se venger de moy, me poursuivit avec la tempeste qu'il excita pour abysmer nostre vaisseau, d'ou je tire cette consequence c'est qu'aussy tost que mon cadavre fut dans le Mer, de la mesme façon que Jonas, dans l'instant mesme la tourmente cessa, qui nous faict veoir clairement la puissance merveilleuse des Demons sur les ventz). Première attestation de la locution dans l'instant : depuis avant 1693 (Charleval, Poésies, Elégie, page 12, in Google, Recherche de Livres : Tout changea dans l'instant, jusqu'à l'air du visage ; Vos attraits n'eurent plus leur glorieux usage ; Et vos ieux, devenus plus doux de la moitié, Tendirent à l'amour bien moins qu'à la pitié). Première attestation lexicographique : 1740 (Ac3 : instant. s. m. Moment, le plus petit espace de temps […]. A l'instant. adv. Tout à l'heure, à l'heure même. Je reviens à l'instant, tout à l'instant. Il partit à l'instant, dans l'instant). - 
C. 1. b. ß. à tout instant loc. adv. « continuellement, très souvent ». Attesté depuis début 16e siècle (Auton, Chroniques, volume 1, chapitre 3, page 53 : les cannonnyers françoiz, sans autrement prendre terme d'avys, fors a tout instant executer leur ruineuse commission). Première attestation lexicographique : 1787 (Féraud : Instant, s. m. […] A tout instant vaut mieux qu'à tous instans). - 
C. 1. b. γ. à tous instants loc. adv. « continuellement, très souvent ». Attesté depuis 1580 (Montaigne, Essais, livre 1, chapitre 20, Que philosopher c'est apprendre à mourir, page 86 : N'ayons rien si souvent en la teste que la mort. A tous instants representons la à nostre imagination et en tous visages). Première attestation de la locution à tous les instants : 1725 (montesquieu, Temple, Chant IV, page 35 = Frantext : La mollesse a tellement affoibli leurs corps, qu'ils ne sauroient remuer les moindres fardeaux ; ils peuvent à peine se soutenir sur leurs pieds ; les voitures les plus douces les font évanouir ; lorsqu'ils sont dans les festins, l'estomac leur manque à tous les instants). - 
C. 1. b. α. à chaque instant loc. adv. « continuellement, très souvent ». Attesté depuis 1580 (Montaigne, Essais, livre 1, chapitre 20, Que philosopher c'est apprendre à mourir, page 85 : Ces exemples si frequens et si ordinaires nous passant devant les yeux, comme est‑il possible qu'on se puisse deffaire du pensement de la mort, et qu'à chaque instant il ne nous semble qu'elle nous tient au collet ?). - 
C. 1. g. pour l'instant loc. adv. « en attendant, présentement ». Attesté depuis 1761 (Chevrier, Colporteur, page 202, in Frantext : N'allez jamais immoler la gloire de votre caractere à un premier mouvement, et ne suivez point l'exemple de cet ambassadeur qui quitta brusquement une cour d'Allemagne, parce qu'ayant invité une des filles du souverain à danser, la princesse fort fatiguée refusa pour l'instant. Ce ministre imprudent cria que l'on manquoit essentiellement à son maître, et partit au milieu de la nuit). - 
C. 1. d. d'instant en instant loc. adv. « à de petits intervalles de temps, (presque) continuellement ». Attesté depuis 1646 (Brosse, Songes, acte 1, scène 5, vers 327 : Mais d'instant en instant ce fumeux vin nouveau Me remplit de vapeurs le donjon du cerveau). - 
C. 1. e. d'un instant à l'autre « bientôt, d'une manière imminente ». Attesté depuis 1744 (Jourdan, Guerrier, page 141, in Frantext : mais tous mes soins étoient sans effet : elle dépérissoit d'un instant à l'autre ; ses yeux n'avoient plus leur vivacité naturelle). - 
C. 1. f. par instants, par instant loc. adv. « à de petits intervalles de temps, de temps à autre ». Attesté depuis 1771 (Helvétius, De l'homme, volume 2, section 4, chapitre 24, page 284 : Quelque occupés que les gens du monde soient de leur fortune et de leurs plaisirs, ils éprouvent par instant des désirs de gloire). Première attestation lexicographique : 1787 (Féraud : Un Auteur moderne a dit, par instans, pour dire, par intervalles). - 
C. 2. a. de tous les instants loc. adj. « continuel, incessant ». Attesté depuis 1745 (Marivaux, Marianne, Dixième partie, page 582 = Frantext : C'est une amie d'une espèce unique que la mort vous enlève en pareil cas, une amie de tous les instants, à qui vous ne vous donnez pas la peine de plaire). - 
C. 2. b. de chaque instant loc. adj. « continuel, incessant ». Attesté depuis 1819 [juin] (Maine De Biran, Journal, volume 2, page 231 = Frantext : Si je me livre au mouvement extérieur des affaires ou de la société, j'éprouve un vide qui me tourmente davantage, et surtout une incertitude de chaque instant dans le choix de l'objet ou de l'occupation propre à me fixer). - 
C. 3. a. dès l'instant que loc. conj. « aussitôt que ». Attesté depuis 1623 (Sorel, Histoire comique, volume 1, livre 3, page 157 : A quoy servent toutes ces choses qui ne rendent pas les causes moins obscures ? Que ne juge t'on dès l'instant que les plaideurs comparoissent ?). Contrairement à ce qu'affirme le FEW 4, 721b, la consultation de Ac6 oriente plutôt vers le sens « aussitôt que » et semble exclure la valeur causale « puisque » (cf. Littré). Cette perspective de cause immédiate (ou de conséquence obligatoire) se dégage en 1792 (Marat, Pamphlets, page 175 = Frantext : Dès l'instant que l'administration de l'hôtel‑de‑ville apprit que le sieur Plantère était arrêté par les citoyens de Vernon, alarmée des suites qu'aurait l'indiscrétion du détenu, et ne songeant plus qu'à l'arracher de leurs mains, elle fit partir à la hâte un détachement de trois cents gardes‑nationaux). Antérieurement, on relève l'emploi de sus l'instant que en 1546 (Rabelais, Tiers Livre, chapitre 41, page 279 = BFM : « Entends bien : je les prendrois sus l'instant que et les uns et les aultres seroient las de guerroier, qu'ilz auroient vuidé leurs coffres, expuisé les bourses de leurs subjectz, vendu leur domaine, hypothequé leurs terres, consumé leurs vivres et munitions »). - 
C. 3. b. dès l'instant où loc. conj. « à partir du moment précis où ». Attesté depuis 1729 (Piron, École, acte 3, scène 11 : Dès l'instant où mon Père a parlé d'incendie, La contenance étoit déjà bien étourdie, Et chacun d'être ici se mordoit bien les doigts). - 

Origine :
Formation française : conversion de l'adjectif instant* , lui‑même emprunté au latin īnstāns adj. « imminent, pressant » (attesté depuis Cicéron, TLL 7/1, 2004). Cf. von Wartburg in FEW 4, 721a‑722a, instare I 2 b . Le latin médiéval d'Angleterre fournit une substantivation au sens de « très petit laps de temps », attestée dès ca 1120 (Latham, Dictionary 1, 1411a‑b). Le substantif instant est attesté en continu du 14e siècle au 16e siècle malgré une certaine rareté de l'emploi du terme jusqu'au 16e siècle, époque à laquelle apparaissent les nombreuses locutions adverbiales (C. 1. a. α/C. 1. a. ß./C. 1. a. γ/C. 1. b. α/C. 1. b. ß./C. 1. b. γ/C. 1. h.).


Rédaction TLF 1983 : Nadine Steinfeld. - Mise à jour 2009 : Cécile Haut.. - Relecture mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld ; Bernard Combettes ; Thomas Städtler ; Gilles Roques ; Frankwalt Möhren ; Éva Buchi ; Jean-Paul Chauveau ; Yan Greub.