CRACHER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Trans.
1. 1
erquart
xiies.
crachier « rejeter par la bouche » (
Lapidaire de Marbode, éd. P. Studer et J. Evans, 655);
2. ca 1450
tout craché « très ressemblant » (
Mistère du Vieil Testament, XLV, 48573, éd. J. de Rotschild, t. 6, p. 192);
3. 2
emoitié
xves. « dire avec affectation ou mépris » (
G. Coquillard,
L'Enquête d'entre la simple et la rusée, 887, éd. M. J. Freeman,
Œuvres, p. 108);
4. xvies. « jeter, rendre comme en crachant » (
Remy Belleau,
Reconnue, II, 1, éd. Marty-Laveaux,
Œuvres poétiques, II, 378 ds
IGLF);
5. 1809 « payer » ([
Leclair],
Les Méditations d'un hussard, p. 22).
B. Intrans.
1. 1178 sens propre (
Renart, éd. Martin, branche IV, 1264);
2. a) xves. méd.
cracher au bassin (
Henri Baude,
Dictz moraux pour mettre en tapisserie, éd. J. Quicherat ds
IGLF);
b) 1536
cracher au bassin au fig. « rendre gorge, payer » (
Roger de Collerye,
Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, 9 ds
IGLF);
3. 1671
cracher sur « traiter de manière insultante ou méprisante » (
Pomey);
4. 1757 « projeter ou laisser échapper de la matière » (ici du métal en fusion) (
Encyclop. t. 7, p. 154 a). Issu d'un type lat. vulg. *
craccare dér. d'un rad. onomat.
krakk- qui est représenté aussi bien dans le domaine roman que dans le domaine germanique (
REW4, n
o4752;
FEW t. 2, pp. 1266 b-1271). L'expr.
tout craché (A 2) « très ressemblant » s'explique plutôt par le fait que l'action de cracher peut symboliser l'acte de génération (Nyrop ds
Bulletin de l'Académie du Danemark, 1900, p. 343;
FEW, loc. cit., note 3) que par un rapprochement entre
crachat et
goutte d'eau (
se ressembler comme deux gouttes d'eau; G. Paris ds
Romania, t. 30, pp. 432-433).