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ABOYEUR, EUSE, subst. et adj.
ÉTYMOLOGIE I.− 1. 1327 « celui qui proteste avec énergie » emploi fig. (Je qui premièrement avoye esté abayeur amer à l'encondre de tes lettres emmielees de miel du ciel. Jehan de Vignay, Mir. hist. XIX, 75 (éd. 1531) ds R. Hist. litt. Fr. I, p. 180); 2. 1387 « celui qui aboie (d'un chien) » (Chiens d'oyseaulx sont rioteurs et grans abayeurs. G. Phebus, La Chasse, 114, éd. Lavallée ds R. Hist. litt. Fr. I, p. 180). II.− 1250-70 « celui qui désire, qui convoite » (Will. Li Viniers, Rom. et Past., Bartsch, III, 31, 43 ds Gdf. : Fouchier, pour vostre bon pris Avés conquis Ma bone amour entiere; Mais s'avec moi vout set Guis, Tost m'en iert pis, Quar c'est uns abaiere). I, dér. de aboyer*; II, dér. de l'a. fr. abéer « désirer vivement » (xiiies. ds T.-L.) < lat. batāre « être ouvert », devenu abayer, aboyer, par attraction de aboyer*; suff. -eur*. HIST. − Apparaît en a. fr. sous les formes masc. abayeur (var. graph. abbayeur) et aboieur (var. graph. abboyeur et aboyeur), fém. abaeresse (fr. mod. aboyeuse). − Rem. 1. La distinction entre l'adj. et le subst. est second., l'emploi subst. l'emporte de beaucoup et dès les orig. mais l'emploi adj. peut toujours resurgir; cf. Littré s.v., 5o(Adjectivement. Des dogues aboyeurs) et sém. ex. 1, 2. 2. La distinction entre le masc. et le fém. tant pour le subst. que pour l'adj. est elle aussi second.; l'emploi masc. l'emporte de beaucoup, mais l'emploi fém. est toujours possible : cf. Littré et, pour l'adj. Renart (ds Littré) et sém. ex. 1, pour le subst., Besch. 1845. A.− Sém. sens II (homon. aboyeur 2, « celui qui désire ardemment qqc. »). 1. xvies., comme pour le verbe, existence réelle et distincte : Cet héritier... divertit les desseins de ces abayeurs de successions. Du Vair, Arrests prononcez en robe rouge, 1 (Hug.). 2. Aux xviieet xviiies. le mot a plus ou moins d'existence et s'est, en tout cas, confondu avec aboyeur 1 dont il est pris pour une simple accept.; cf. les séries Ac. et Trév. où la meilleure présentation est celle de Trév. 1771 : On le dit aussi figurément, dans le même sens qu'aboyer, de ceux qui crient, qui pressent avec importunité et de ceux qui désirent et poursuivent ardemment une chose. Voilà bien des aboyeurs. Il y a des aboyeurs à ses côtés. Ablanc[ourt]. Un aboyeur de bénéfices. 3. Au xixes., non seulement le mot n'a toujours d'existence qu'à l'intérieur de aboyeur 1 (cf. Besch. 1845 s.v. fig. 1 ou Littré s.v. 2) mais encore il vieillit et même disparaît; cf. de ce point de vue la succession : a) Trév. 1771 qui, tout en faisant 2 accept. d'un aboyeur unique, donne les 2 « mots » sur un pied d'égalité; b) Ac. 1835 qui (dans la même présentation) note le vieillissement du 1er; et c) Ac. 1878 qui le supprime purement et simplement : Il s'emploie au figuré, et signifie, Celui qui désire, qui poursuit ardemment une chose. Un aboyeur d'emplois, de bénéfices. Ce sens a vieilli. Il signifie plus ordinairement, Celui qui fatigue par des criailleries importunes, par des injures. Ce créancier est un dangereux aboyeur. Ce critique n'est qu'un aboyeur. Un aboyeur fatigant. Il est familier dans les deux acceptions. (Ac. 1835 pour les 2 paragraphes et Ac. 1878 pour le second seul). 4. Au xxes. le mot a disparu en tant que tel et en tant qu'accept. de aboyeur 1; cf. son absence même ds Rob. B.− Sém. sens I. 1. Au propre (aboyeur en parlant d'un chien). a) Caractère parmi d'autres : le mot est alors surtout adj. (ex. ce chien est aboyeur, comme on dit ce chien est méchant) avec fém. possible (cette chienne est aboyeuse). Vu que l'énoncé n'est pas d'un grand intérêt, les attest. manquent : 1reattest. dans la docum. disponible : Des dogues aboyeurs. (Littré). − Rem. Fém. plus anciennement attesté : Se l'une estoit maistre abaeresse, Et l'autre maistre lecharesse [gourmande], Moult furent bien les deux d'un cuer. xiiies., Renard (Littré). L'ex. très anc. d'étymol. 2 (1387, chiens d'oyseaulx sont grans abayeurs) n'est guère éloigné de cet état; de même : Un chien qui est grand aboyeur est fort importun. (Fur. 1690 puis Ac.). b) Caractère essentiel : aboyeur est alors subst. (c'est là l'emploi le plus intéressant et donc le plus attesté). Plus le caractère est donné comme essentiel, plus la substantivation est poussée et c'est ainsi que, − faute de pouvoir désigner une race de chien dans l'espèce canine −, le mot en est cependant arrivé à désigner une sous-catégorie dans la catégorie des chiens de chasse; cf. apr. étymol. 2 : xvies. : Ils chassent seulement avec la arquebuse ou arbalestre et l'abboyeur. Carloix, IV, 12 (Littré). xviies. : Là l'on voit la biche légère, Loin du sanguinaire aboyeur. Racine, Poés. div., ode 3 (DG). On appelle abboyeurs une sorte de chiens pour le sanglier qui abboyent devant luy sans l'approcher. Fur. 1690. Cet homme a un bon abboyeur pour le sanglier, pour le loup. Ac. 1694. xviiies. cf. déf. de Trév. et Ac. reprenant celle de Fur. xixeet xxes. cf. Ac. 1835 à 1932, Besch. 1845, Littré, Rob. 2. P. ext. au fig. Par ordre d'apparition : a) En parlant d'un homme (interférences avec aboyeur 2, cf. sup. A). Caractère parmi d'autres : dep. 1327 (cf. étymol. 1), cf. aussi : Abbayant, abbayeur, qui crie contre aucun. Duez (Gdf.). Il se dit figurément des hommes qui crient, qui pressent avec importunité. Voilà bien des Abboyeurs. Ac. 1694. Perman. jusqu'à sém. ex. 13 à 15. − Rem. Au fém. : Aboyeuse se dit au fig. et famil. d'une femme méchante qui a toujours l'injure à la bouche ou qui se donne beaucoup de peine pour solliciter, pour intriguer. Besch. 1845. Caractère essentiel : progressivement le mot finit par désigner une catégorie d'hommes, en l'occurrence un métier (cf. sup. B 1 b processus identique pour le chien). . D'abord et surtout aboyeur « journaliste » et « crieur de journaux », dep. le xviiies. d'apr. Dauzat 1964 : « journaliste » : Ce critique n'est qu'un aboyeur. Ac. 1762. Une foule d'aboyeurs, doués d'un esprit médiocre et d'une rage incurable, servent le ministère au-delà de ses espérances. 1782, Mercier, Tabl. de Paris, 8, 128, ch. 629 (Quem. t. 1, 1959). Ce journaliste n'est qu'un aboyeur. Lav. 1828. « crieur de journaux » : Les Aboyeurs ou crieurs de journaux (« en 1792 parti de ceux qui « aboient » à la guillotine », d'ap. HLF, 9, 837 n ds Quem. t. 1, 1959). Cf. aussi Besch. 1845. Littré et sém. ex. 3, 4, 11. − Rem. Au fém. : Se dit d'une femme qui vend dans les rues des complaintes et des nouvelles. Besch. 1845. . Puis divers : aboyeuse de guillotine : 1792 (sém. ex. 10); « crieur de voiture » : 1814 (art. sém. ex. 6), et : Se dit d'une espèce de crieur volontaire qui se tient à la porte des théâtres au moment de la sortie pour appeler les voitures et avertir les maîtres de leur arrivée. Besch. 1845; « sorte d'huissier de parloir dans les prisons » : 1862 (sém. ex. 5); « bonimenteur à l'entrée d'une salle de spectacle » : 1900 (DG); « sous-officier » : 1919 (sém. ex. 8); « huissier de justice » : 1922 (sém. ex. 9). b) En parlant d'un animal autre que le chien : aboyeur en ornith., d'apr. le caractère essentiel de l'oiseau (cf. sup. B 1 et B 2 a processus identique pour le chien et l'homme) : 1reattest. Besch. 1845. c) En parlant d'un obj. − Même processus aboutissant à aboyeur, arg., « canon » dep. la Grande Guerre (sém. ex. 17) et à aboyeur, arg., « pistolet, revolver », xxes. (sém. ex. 16). − Rem. Ces ext. (sauf b) sont fam. et certaines arg. Elles sont donc quelque peu éphémères. Pour la plupart on trouve des équivalents actuellements plus vivants.