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ABOMINER, verbe trans.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov. abominar; n. prov. aboumina; esp. abominar; cat. abominar; ital. abbominare, abominare. 1. a) Début xiies. « refuser avec horreur » terme relig. dans trad. (Ps. Oxford, éd. F. Michel, 106, 18 : Tute viande abominad l'aneme d'els); b) « considérer comme impie, avoir en horreur » id. (ibid., 105, 37 : ... E iriez est par fuirur li Sire en sun pople, e abomina la sue heredité); c) 1remoitié xives., « id. (une pers.) » ds trad. (Bersuire, Tite-Live, fol. 48 ds Gdf.); d) 1370 abhominer contre « id. » ds trad. (Jehan Lefèvre, Lament. de Matheolus, éd. van Hamel I, 746, ds T.-L.); 2. dernier tiers xives. « profaner » ds trad. (La Vieille, trad. du lat. par Jehan Lefèvre éd. Cocheris I, 746 ds T.-L. : les autelz affem[en]ine Et les ordoye et abhomine). Empr. au lat. abominari, dep. Tite-Live (3025, 12 ds TLL s.v., 124, 1) « écarter comme un mauvais présage » terme relig., d'où : « s'écarter avec horreur, exécrer » terme gén., dep. Tite-Live (32, 38, 5 ibid., 124, 22 : non aspernatos modo sed abominatos etiam nomen tyranni), d'où 1; très fréq. en lat. chrét. (cf. avec 1 a Ps. CVI, 18 : omnem escam abominata est anima eorum; avec 2 a id. CV, 40 : et abominatus est beneditatem suam); élargissement de sens en lat. chrét. « rendre exécrable qqc. de sacré, le rendre capable d'inspirer l'horreur », « le souiller », « le profaner » Itala, Cod. Monac. Lévit., II, 43 ds TLL s.v., 124, 64 : non abominamini animas vestras in omnibus quae repunt in terram, d'où 2. HIST. − C'est uniquement par les trad. de textes relig. et aussi profanes (celui du psautier d'Oxford, Bersuire, Jehan Lefèvre, Oresme) que le terme sav. abominer est entré dans la lang. (cf. étymol.). Le terme couramment utilisé dès le xiies. pour exprimer le dégoût était le doublet pop. abo(s)mer, (qui, outre le sens « avoir du dégoût pour..., abominer », avait un second sens, act. « accabler, consterner » et un sens réfl. « s'effrayer »). On remarquera que le 1ersens de abo(s)mer exprime dès le xiies. soit a) le dégoût phys. (abosmer sa viande, ds Gdf., à rapprocher de abomination, hist. I, sens méd.); soit b) le dégoût mor. (Hume de sancs e tricheur abomerat nostre sire, ds Liv. des Ps., Cambridge, V, 5, Michel, ds Gdf.). Une concurrence a donc pu s'établir, en dépit de la nature différente des 2 verbes issus du même étymon lat., abominari, d'une part entre abominer sens étymol. 1 a et abo(s)mer sens 1 a, d'autre part entre abominer, sens étymol. 1 b et 1 c et abo(s)mer sens 1 b. I.− Sens et emplois entièrement disparus av. 1789. − Rem. Ces sens et emplois n'étant attestés dans la docum. disponible que par un ex. unique pour chacun d'eux, il est difficile de se faire une idée de leur vie réelle et de leur mort. A.− Sens − 1. « refuser avec horreur » (cf. étymol. 1 a); 2. « profaner » (cf. étymol. 2); B.− Emplois 1. abominer contre qqc. (cf. étymol. 1 d); 2. inf. substantivé : Ces prestres abominoient le poisson, de sorte que quant ils vouloient escrire le hayr, et l'abominer, ils peignoyent un poisson. G. Bouchet, 31eSeree, IV, 297 (Hug.). II.− Hist. de l'unique sens attesté apr. 1789. − A.− Emploi trans. 1. Du début du xiies. (cf. étymol. 1 b et c) jusqu'au xvies. inclus : Quant aux meurtriers et decepteurs, Celui qui terre et ciel domine, Les abomine. C. Marot (Hug.). 2. Donné unanimement comme inusité ou presque aux xviieet xviiies. par les lexicographes qui l'ont recensé (Nicot 1606; Cotgr. 1611; Fur. 1690, 1701; Trév. 1704, 1752, 1771), se trouve consigné dans un répertoire d'arch. de Brunot t. 6, p. 1289 de la façon suiv. : ,,Absent de Ac. 1694; vieux mot qui ne se dit que dans le style burl. ou marotique, Fér., Crit. 1787-1788.`` Le mot appartient encore au vx lang. selon Ac. Compl. 1842. 3. Reparaît au xixes., apr. une éclipse de 2 s., sur le conseil de certains lexicographes tels que Besch. 1845 : ,,Ce mot a vieilli et n'est plus guère en usage. Il est à désirer qu'on le rajeunisse et qu'on l'introduise de nouveau dans la langue``, ou Littré, qui se montre plus précis sur les motifs d'une remise en usage : ,,Ce verbe, très ancien dans la langue, mérite d'être repris; il se comprend sans peine, et n'a rien qui choque, puisqu'on a abominable et abomination.`` Les ex. les plus anc. à notre disposition pour prouver cette résurgence, sont respectivement de : 1801 : O malheureux jeune homme! l'éclat de ses charmes te séduit; mais apprends de moi que c'est elle qui a empoisonné ta mère, et juge combien tu dois l'Abominer! S. Mercier, Néol., t. 1, 1801, p. 2. 1825, 1835 (cf. sém.); 1838 (Barbey d'Aurevilly, non cité ds sém.); 1852 : Abominer, v. a. Avoir en abomination. Terme vieux français. (Humbert, Gloss. Genevois, p. 3). La recherche d'un effet litt. est peut-être à l'orig. de sa résurgence chez les aut. du début du xixes. Sa résurgence et sa vitalité dans la lang. actuelle ont été consacrées par son admission ds Ac. 1932-1935 (qui précise que le mot s'emploie surtout par exagération plais.). B.− Emploi pronom. 1. Avec prép. S'abominer de, « avoir horreur de » (ds Besch. 1845 uniquement, ds l'ex. s'abominer d'un crime, hors d'usage au xixes.), remonte pour le moins au xves., comme le montre l'ex. de E. Deschamps : [Choses] Dont Dieux et le ciel s'abhomine. 2. Sans prép. Il s'agit là vraisemblablement d'une création de qq. aut. du xixes. (cf. sém. 2, ex. 7 et 8), sans antécédent dans l'hist. de la lang.