PLACE, subst. fém.
Étymol. et Hist.1. a) Ca 1100 «endroit, lieu, espace où se déroule l'action» (
Roland, éd. J. Bédier, 1108);
b) ca 1100
en la place «à cet endroit, sur le sol» (
ibid., 764);
c) 1409
sur la place «sur les lieux» (
Trésor des Chartes de Rethel ds
Runk., p.152); 1774
sur place (
Diderot, Réfutation Hévétius, p.356);
2. a) ca 1100 «partie déterminée d'un espace, d'un lieu, où quelque chose peut être fait ou mis, où quelqu'un peut se mettre» (
Roland, éd. J. Bédier, 1507); 1160-74 «emplacement (d'une ancienne ville)» (
Wace, Rou, III, 93, éd. A. J. Holden, t.1, p.164);
ca 1260
faire place à (
Récits d'un ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, par. 100, p.53);
ca 1350
metre en place (
Gilles Li Muisis, Poésies, II, 233 ds T.-L.); 1377
prendre place «s'installer» (
Gace de La Buigne, Roman des Deduis, 4003,
ibid.); 1539
être, mettre, entrer en la place de (
Est.); 1539
aller de place en place comme les oiseaux (
ibid.); 1553
trouver place (
O. de Magny, Amours, éd. Courbet, 72 ds
IGLF);
1579 ne pas pouvoir demeurer en une place (
Larivey, Jaloux, II, 3, éd. Viollet-le-Duc, VI, 28,
ibid.); 1705
ne pas tenir en place (
Regnard, Ménechmes, Prologue ds
Littré); 1606
que ferois-tu, si tu etois en ma place (
Nicot); 1671
mettre chaque chose en sa place (
Pomey); 1769
de place en place «de manière clairsemée, par-ci par-là» (
Saint-
Lambert, Les Saisons, p.49);
b) 1306 «lieu, logement prévu pour une personne (pour le logement de troupes)» (
Joinville, St Louis, 388 ds T.-L.); 1530 «siège pour une personne» (
Palsgr.);
3. 1175-80 «partie indéterminée d'espace»
poi de place (
Renart, éd. E. Martin, XV, 210, t.2, p.146); 1539
fai[
re]
faire place «écarter la foule» (
Est.); 1585 exclamation
place place (
N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, OEuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t.2, p.9); 1652
place! (
Scarron, Don Japhet d'Arménie, III, 4,
OEuvres, J. Fr. Bastien, t.6, p.429);
4. a) ca 1200 «lieu public découvert et environné de bâtiments» (
Aiol, 8947 ds T.-L.);
ca 1268 (
Brunet Latin, 615,
ibid.: la maistre
place de la vile); 1370-72
places publiques (
Oresme, Ethiques, X, 8, éd. A. D. Menut, p.511); 1737
cocher de place (
Caylus, Histoire Guillaume, p.VII); 1790
carrosses, voitures de place (
Le Moniteur, t.3, p.47 et p.152);
b) 1466
places marchandes (
Ordonnances des rois de France, t.16, p.566);
c) [1606
place du change (
Crespin d'apr.
FEW t.9, p.38a)]; 1694 «ensemble des négociants d'une ville» (
Ac.);
d) 1676 «lieu de rassemblement, de passage ou d'exercices d'hommes en armes» (
Félibien, p.110);
5. 1417
places fortes (
Archives de Bretagne, V, 214 ds
Fonds Barbier); av. 1463
tant bat on place qu'elle est prise (
Villon, Ballade des proverbes, 20, éd.
Lais et poèmes variés par J. Rychner et A. Henry, p.52);
6. a) ca 1485 fig. «situation, position par rapport à d'autres, degré» (
Viel Testament, XLI, 40232, éd. J. de Rothschild, t.5, p.152: J'ay mis mon cueur en haulte
place); 1539 (
Est.: remettre en se
place in gradum reponere); 1690 «position dans un classement d'écoliers» (
Fur.);
b) 1563 «titre, position sociale, fonction» (
B. Palissy, Récepte véritable, Paris, 1930, p.126 ds
IGLF: quelque
place noble ou office de plus grand honneur et authorité); 1696
homme en place (
La Bruyère, Caractères, OEuvres, éd. Grands écrivains de la France, t.2, 1922, p.262). Issu, par l'intermédiaire d'une forme *
plattea, avec
t géminé, prob. sous l'infl. de *
plattus (v.
plat), du lat.
platea «rue large, place publique», empr. anc. au gr. π
λ
α
τ
ε
ι
́
α, fém. subst. de π
λ
α
τ
υ
́
ς «large» (
FEW t.9, p.41b).