Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
VOLUPTUEUX, -EUSE, adj.
A. − [Corresp. à volupté A 1]
1.
a) [En parlant d'une pers., d'un groupe] Qui aime, recherche la volupté donnée aux sens par des objets concrets, des phénomènes physiques. Jamais l'homme le plus voluptueux n'a humé le plus délicieux parfum de l'Orient avec la suavité du plaisir que m'a causé l'odeur fétide d'une chair antédiluvienne putréfiée (J. de Maistre, Corresp., 1807, p. 500).Un seul souci régit la structure du meuble: s'adapter aux besoins d'une société voluptueuse qui n'a d'autre souci que son bien-être. Aussi les sièges épousent-ils le plus étroitement possible les formes du corps humain (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 95).
Empl. subst. masc. Personne qui mène une vie oisive, luxueuse. Si la fortune ne sert qu'à rendre plus sensibles l'abrutissement des voluptueux et l'incapacité des oisifs, elle peut prêter un relief éclatant aux qualités de l'esprit (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 155).
b) [En parlant d'une sensation] Qui est caractéristique de cette forme de volupté ou qui s'y rattache. Engourdissement voluptueux. Le sommeil est toujours précédé d'une sensation plus ou moins voluptueuse: le corps y tombe avec plaisir par la certitude d'une prompte restauration; et l'âme s'y abandonne avec confiance (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 200).Il l'avait connue et goûtée, cette belle Italie, dans la période la plus exaltée de sa jeunesse (...). Il savoura, comme un barbare, cette voluptueuse impression animale du soleil, si caressante à ceux dont la jeunesse a grandi sous les nuages du Nord (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 218).
2.
a) [En parlant d'un aspect du comportement] Qui exprime cette forme de volupté. Il retomba nonchalamment sur les coussins de la bergère, et il reprit la voluptueuse attitude d'un bon croyant qui fume sa pipe à l'heure de midi. Dans cette attitude, si j'étais peintre, je peindrais le calme et le bonheur (Janin, Âne mort, 1829, p. 118).
b) [En parlant d'une chose concr., d'un phénomène physique] Qui procure cette forme de volupté. Synon. délicieux, plaisant, ravissant, savoureux; anton. déplaisant, désagréable, pénible.Chose voluptueuse. Le goût de la vanille, la saveur des amandes, le contact voluptueux du sucre sur la langue lui rappelaient (...) les agréments d'une vie qu'il avait eu le tort de ne pas défendre mieux (Estaunié, Tels qu'ils furent, 1927, p. 16).[Courbet] omet de dire la raison pour laquelle il peint ce qu'il voit: cette jouissance de manier des pâtes onctueuses et lourdes, d'élever par elles un monument à la voluptueuse matière (...): feuillage spongieux, chair grasse et drue, pelage fauve et profond, eau fraîche (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 87).
En partic. [En parlant d'un (élément de) cadre de vie ou d'un site naturel] Décor voluptueux. Maudits soient tous les objets dont la possession nous flatte (...)! Maudit soit Mammon, quand (...), par des jouissances oisives, il nous entoure de voluptueux coussins! (Nerval, Faust, 1840, p. 69).Ceux-là (...) qui ne voient dans Tahiti qu'une île voluptueuse où tout est fait pour le plaisir des sens et la satisfaction des appétits matériels,ceux-là ne comprennent rien au charme de ce pays (Loti, Mariage, 1882, p. 34).
B. − [Corresp. à volupté A 2]
1.
a) [En parlant d'une pers.] Qui aime, recherche et/ou tend à susciter la volupté dans le domaine amoureux, sexuel. Je me disais: « Il doit être brutal... un peu vulgaire dans ses caresses (...) et son corps musclé doit sentir le velours à dix-neuf sous! » (...) Et puis, pas du tout... tu as été plus voluptueux que brutal... beaucoup plus délicat que vulgaire... tes dessous étaient soignés et ton corps sentait bon (Guitry, Veilleur, 1911, II, p. 10).Elle avait peur de lui et elle l'adorait. Toute la nuit, pressés éperdument l'un contre l'autre, l'amant sanguinaire et la voluptueuse fille se donnaient en silence des baisers furieux (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 175).
Empl. subst. Personne qui s'adonne aux plaisirs amoureux charnels. Synon. amoureux, libertin.Renfermez deux hommes dans une chambre, ils causeront de femmes (...); il n'y a que les cagots et les grands voluptueux qui se taisent (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 50).Antinéa est entre mes bras. Ce n'est plus l'altière, la méprisante voluptueuse que je presse sur mon cœur. Ce n'est plus qu'une petite fille malheureuse et bafouée (Benoit, Atlant., 1919, p. 262).
b) [En parlant d'un mode de sentir (et de penser)] Qui est caractéristique de cette forme de volupté ou qui s'y rattache. Désir, rêves, souvenirs voluptueux; pensée voluptueuse; idées, images voluptueuses. Il prolongea cette attente voluptueuse, retardant le plaisir qu'il sentait là, tout proche (...). Puis le besoin d'enfoncer son visage dans ces cheveux, d'attirer contre sa poitrine ce dos élastique et tiède (...), devint si impérieux, que son sourire se figea (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 200).La puissance de l'ardeur voluptueuse renaissante sans cesse et non assouvie agit à l'égal d'une lésion, source intarissable de douleur (Valéry, Variété V, 1944, p. 186).V. baiser1ex. 10.
2. Qui exprime ou inspire cette forme de volupté. Synon. aphrodisiaque, excitant, luxurieux ; anton. austère, chaste, continent, froid, pur.
a) [En parlant du physique d'une pers.] Corps voluptueux. Le corps d'une femme dans l'état de jeunesse et de santé: ces formes arrondies et voluptueuses (...), ces joues teintes des roses de la volupté, ces yeux brillans de l'étincelle de l'amour ou du feu du génie (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 2).Tu souris, semblant me dire: « Osez! Mes seins voluptueux sont friands de vos lèvres Et de larmes d'amour veulent être arrosés » (Rollinat, Névroses, 1883, p. 95).
b) [En parlant de l'expr., de la manière d'être d'une pers.] Regard, rire, visage voluptueux; abandon, balancement, charme, frémissement voluptueux; bouche voluptueuse; étreinte, grâce, langueur, vie voluptueuse. Il vit ses yeux obscurs, où s'allumait une lueur de sauvagerie, sa grande bouche passionnée aux lèvres bien ourlées, le sourire voluptueux, un peu lourd et cruel (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1357).Il n'avait pas eu (...) un seul élan voluptueux, un de ces vindicatifs baisers qui étaient notre seul langage (Colette, Entrave, 1913, p. 300).V. amour ex. 174.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Nul n'a peint comme lui [A. de Saint-Aubin] la femme du XVIIIesiècle dans le voluptueux de sa grâce. Nul ne l'a saisie comme lui dans sa séduction sensuelle et dans son charme tendre, et dans sa coquette spiritualité (Goncourt, Art XVIIIes., 1880, p. 383).
c) [En parlant de vêtements, du cadre de vie, etc.] Lit, parfum voluptueux; odeur, toilette voluptueuse. Je fuyais cette couche voluptueuse et misérable, ce sanctuaire de l'amour qui fut le cercueil où s'ensevelirent toutes mes illusions (Sand, Lélia, 1833, p. 175).Ces actrices aux yeux lascifs (...), à gorges étincelantes, vêtues de basquines voluptueuses à plis licencieux, à jupes courtes, montrant leurs jambes (...) chaussées de manière à mettre un parterre en émoi (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 331).V. neige ex. 2.
d) [En parlant d'une forme d'expr. artist., verbale] Poème voluptueux; danse, musique, peinture voluptueuse. Les cantiques voluptueux de Salomon, les pastorales lascives de Longus, la philosophie érotique d'Anacréon me semblaient parfois plus religieuses dans leur sublime nudité que les soupirs mystiques et les fanatiques hystéries de sainte Thérèse (Sand, Lélia, 1833, p. 194).Toutes les forces de la vie bouillonnent dans ce magnifique tableau, un des plus voluptueux qu'ait produits le génie voluptueux de la Renaissance (Barb. d'Aurev., Memor. 3, 1856, p. 69).
[P. méton. du subst.] Il est inexplicable qu'un tel coloriste [Renoir] n'ait pas rencontré le succès foudroyant, étant voluptueux, clair, heureux, souple et savant sans lourdeur (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 142).
3. P. anal.
a) [En parlant d'un animal, (d'un aspect) de la nature] Des bruits étranges s'élevaient (...), des bruits de feuilles qui s'égouttaient, de gazons qui buvaient l'eau tombée. C'était un frisson universel, ce frisson voluptueux des champs dont un orage a abattu la poussière (Zola, M. Férat, 1868, p. 19).Il va, impérieux et prompt, tout droit parmi ses poules. C'est un tyran: mais voluptueux et tendre (...). S'il est sensuel, il l'est également et ne fait point de jalouses (...), il possède ses poules pour le plaisir (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 246).
b) [En parlant d'une période de temps] Ces jeunes feuilles, ces doux gazons, tout ce voluptueux printemps tout plein de vie et d'amour (Michelet, Journal, 1821, p. 144).
C. − [Corresp. à volupté B]
1.
a) Rare. [En parlant d'une pers.] Qui aime, recherche la volupté inspirée par des objets abstraits. Le mystérieux Papillaud (...), collectionneur voluptueux de « petits papiers », de scandales, dont il gardait jalousement pour lui le secret (Bernanos, Gde peur, 1931, p. 247).
b) [En parlant d'une disposition d'esprit] Qui est caractéristique de cette forme de volupté ou qui s'y rattache. Joie voluptueuse. Sans doute, M. Barrès goûte-t-il dans le christianisme la poésie du cœur, mais c'est une piété indifférente au dogme, un attrait voluptueux pour les choses de l'âme, qui mêle la sensualité à la religion (Massis, Jugements, 1923, p. 226).
[En assoc. avec des termes à valeur gén. nég.] Angoisse, souffrance voluptueuse. Cette gravité qu'une mélancolie tant soit peu complaisante, voluptueuse même, arrête en deçà du tragique (...); cette poésie toute en nappes étales, où la désespérance même garde je ne sais quoi de riant (Du Bos, Journal, 1926, p. 81).
2. [En parlant d'une forme d'expr., d'une chose abstr.] Qui exprime, procure cette forme de volupté. On avait peine à quitter sa conversation caressante, trop caressante, voluptueuse, bien que le perfide [M. de Latouche] se plût toujours à vous lancer à la fin quelque parole amère qui corrompait le miel de ses cajoleries (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 3, 1851, p. 480).À lire les phrases de Chavarax, hérissées d'âpres lieux communs, il goûtait des joies de fin gourmet. Ses jouissances étaient infinies, encore (...) qu'à peine un soupçon de sourire les trahît (...)! on n'eût su dire quoi au juste de tendrement voluptueux endormi en ses coins de lèvres (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 91).
[En assoc. avec des termes à valeur gén. nég.] Mort voluptueuse. Attiré par l'idée de la souffrance, de la désagrégation, de la mort, il eût pu n'être qu'un Tristan ayant bu le philtre, condamné à se dissoudre dans un voluptueux néant (Arts et litt., 1936, p. 48-3).
REM.
Voluptuosisme, subst. masc.,hapax. Je préfère le poëte qui se met en communication permanente avec les hommes de son temps (...), malgré tous ces travaux littéraires (...), ce voluptuosisme armé de mille instruments et de mille ruses (Baudel., Art romant., P. Dupont, 1851, p. 404).
Prononc. et Orth.: [vɔlyptɥø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 « (en parlant d'une chose) qui procure la volupté, la satisfaction des sens » (Nicole Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, I, 6, p. 110: vie voluptuose plainne de tels delis [de delectation corporel]); 2. 1572 « (en parlant d'une personne) qui recherche la volupté, la satisfaction des sens » homme voluptueux et luxurieux (Amyot, Comm. refréner la colère, 40 ds Littré); 1669 empl. subst. (Racine, Britannicus, IV, 2: Othon, Senecion, jeunes voluptueux); 3. 1765-70 « qui exprime, qui inspire la volupté » tableaux voluptueux (domaine littér.) (Rousseau, Confessions, IX ds Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 345); 1800 (Geoffroy, Méd. prat., p. 383: il se présente à l'imagination quelques images voluptueuses). Empr. au lat.voluptuosus « agréable, qui charme, qui plaît ». Fréq. abs. littér.: 1 013. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 689, b) 1 278; xxes.: a) 1 858, b) 1 063. Bbg. Quem. DDL t. 34.