Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
VOLAGE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers., d'une collectivité] Qui ne fixe pas longtemps ses goûts, ses opinions, ses sentiments sur le même objet. Synon. capricieux, changeant, fantasque, instable, léger, versatile.Cette nation volage qui n'aima jamais la liberté que par boutade, mais qui est constamment affolée d'égalité; cette nation multiforme (...) fut (...) grave sous Louis XIV, débauchée sous la Régence (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 318).
[Dans le domaine des relations amoureuses] Synon. cavaleur (pop.), coureur, frivole, inconstant, infidèle.Baudouin III, qui n'avait que vingt-sept ans, fut tout de suite très épris de sa femme-enfant. Lui, jusque-là si volage, l'aima dès lors uniquement jusqu'à sa mort (Grousset, Croisades, 1939, p. 185).Les poètes sont volages par vocation, et les littérateurs, par goût des expériences (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 196).
[P. méton. du subst.] L'amour d'une femme est semblable à l'enfant Qui, las de ses jouets, les brise triomphant, Foule d'un pied volage une rose immobile, Et suit l'insecte ailé qui fuit sa main débile (Vigny, Poèmes ant. et mod., 1837, p. 143).
P. méton., [en parlant de l'affect ou du comportement d'une pers.] Humeur, pensée volage. Une demoiselle de magasin, déjà mûre, s'était laissé choir entre les bras d'un jeune homme; puis, pour se venger de son amant dont le cœur était volage, elle lui avait tiré un coup de revolver (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Jadis, 1883, p. 598).
B. − [En parlant d'un animal] Qui ne se fixe pas longtemps sur un même objet, qui n'exerce pas longtemps sur lui son activité. Il avait tout à fait l'air, réintégrant ainsi le logis de monsieur de Meillan, du pigeon volage de la fable, qui a eu tort d'abandonner le nid natal (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 180).
C. − [En parlant d'un inanimé]
1. Dont les caractéristiques physiques, la position changent souvent. On ne sait pas quand une année est belle Ce qu'on aime le mieux parmi tant de beautés, Ou du printemps volage ou de l'été fidèle, Ou des graves hivers ou des graves étés (Péguy, Ève, 1913, p. 939).
MAR. [En parlant d'un bateau de petites dimensions] Qui a peu de stabilité, qui s'incline facilement sur le côté, qui est très sensible au mouvement des lames (d'apr. Bonn.-Paris 1859). Le vent fraîchit assez pour soulever de petites lames courtes et saccadées, qui menaçaient parfois de chavirer notre embarcation trop volage (Dumont d'Urville, Voy. autour du monde, t. 5, 1832-34, p. 454).[En parlant d'une boussole, d'un compas] Dont l'aiguille aimantée a acquis beaucoup de force et présente, de ce fait, de vives oscillations; dont la suspension a reçu un grand perfectionnement et le rend trop sensible aux effets d'une mer agitée (d'apr. Will. 1831).
2. PATHOL. Qui apparaît et disparaît rapidement. Il n'y a que les dartres farineuses, et ces petites dartres volages qui surviennent quelquefois après un coup de soleil, que l'on puisse faire dissiper par des topiques (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 441).
Feu volage. Éruption se manifestant sur le visage et aux lèvres, surtout chez les enfants. Par moments il souffrait d'une espèce de feu volage ou d'érésypèle qui allait d'une partie de son visage à l'autre (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 10).Au fig. L'amour, dans ces deux bergers, n'est qu'un feu volage qui passe d'un sexe à l'autre, et des dieux à un protecteur (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 119).
3. Vx. Qui n'a qu'une durée brève, qui se caractérise par son manque de solidité. Synon. éphémère, passager1; anton. durable, immuable, impérissable.Si votre ami est beau, bien fait, amoureux des avantages de sa personne, ne négligez pas trop la vôtre (...) car cette sorte d'amitié, qui vit de parfums, est dédaigneuse, volage, et se dégoûte aisément (Sainte-Beuve, Consol., 1830, p. 195).
II. − Substantif
A. − Personne qui ne fixe pas longtemps ses goûts, ses opinions, ses sentiments sur le même objet. Bruits du monde [dans les journaux] (...) jeux et rébus, toutes les coquetteries d'un quotidien, y compris sa compétence en matière d'hygiène, atteignent et réjouissent le valétudinaire plus sûrement encore que ce volage, ce distrait, cet enfant gâté qu'est le lecteur bien portant (Colette, Pays connu, 1949, p. 216).
[Dans le domaine des relations amoureuses] Se souciant donc fort peu d'en obtenir autre chose que ce que les femmes de cette sorte ont coutume d'accorder à leurs amants, il se bornait au désir d'être mon successeur immédiat dans les bonnes grâces de la volage (Milosz, Amour. init., 1910, p. 231).
B. − Rare. [À propos d'un inanimé concr. et gén. de l'argent] Ce qui, par nature, est destiné à changer de place, à ne pas être fixé. Il aurait bien voulu savoir, le vieux crocodile, où je l'afurais mon petit pèze!... mon aubert mignon! (...) Il quittait jamais ma fouille ce petit volage, et même une planque bien épinglée dans l'intérieur de mon plastron (Céline, Mort, 1936, p. 468).
Prononc. et Orth.: [vɔla:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1165-70 « volant, ailé » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 6817: oisel volage); 2emoit. xiiies. (Roncevaux, éd. W. Foerster, p. 113: oisel volage); 2. a) α) fin xiies. « frivole, inconstant, infidèle » (Première Continuation Perceval, éd. W. Roach, t. 1, p. 195, 7157: Autre home sont qui sont volage); xiiies. (Lai du Conseil, éd. A. Barth, 298: Li autres la tient a volage); 1612 subst. (H. d'Urfé, L'Astrée, t. 1, p. 32: ceste volage); β) fin xiies. p. méton. (Chrétien de Troyes, Chanson, I, 25 ds Foerster, Kr. von Troyes W. zu seinen sämtlichen Werken, 1914, p. 205*: Fols cuers legiers et volages); fin xiies. (Chastelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, p. 68: faus cuer ne volage); b) déb. xiiies. « inconstant, changeant » (Chardri, Sept dormants, éd. B. S. Merrilees, 704: jovenes bachelers [...] volages e legers); 1260-70 subst. (Vie de Saint Osith, éd. A. T. Baker, 239: A volage ne vot baillier [un livre]); 3. a) 1247 « qui passe ou change vite » (Gautier de Mes, Ymage du monde, ms. St Brieuc, fo10a ds Gdf.: apres ceste vie volage); b) 1434-38 feu volage « sorte d'éruption au visage » (Jacques d'Esch, Chron. messine, éd. G. Wolfram, p. 498 [gloss.]: feu voullaige, éruption au visage); 1478 (Le Guidon en françois, trad. par N. Panis, fo167 ds Sigurs, p. 399: dartres ou feu volage); 1580 fig. « engouement passager, attachement sans profondeur » (Montaigne, Essais, I, 28, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 186: l'affection envers les femmes [...] c'est un feu temeraire et volage); c) α) [1757 mar. « instable » (Saverien d'apr. Jal1)] 1773 (Bougainville, Voyage autour du monde, t. 2, pp. 54-55: rendre la pirogue moins volage); β) [1812 « qui a un recul très vif (en parlant d'un canon) » (Mozin-Biber d'apr. FEW t. 14, p. 609a)] 1872 (Littré); γ) 1831 « qui a des oscillations trop vives » (Will.: un compas est volage). Du lat. volaticus « qui vole, ailé; qui va de-ci de-là, changeant, inconstant; éphémère », dér. de volare (voler1*). Fréq. abs. littér.: 154.