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SUIVRE, verbe trans.
I. − Venir, se situer après, derrière quelqu'un ou quelque chose.
A. − [Dans l'espace]
1. [Avec une idée de mouvement]
a) [En parlant d'êtres vivants] Suivre à pied; suivre le guide. Nous l'aperçûmes bientôt, venant au-devant de nous, suivi d'une escorte nombreuse (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 123).J'ai pris mon ton le plus service pour lui dire: « Suivez-moi, madame, je vais vous conduire là où Caracalla vous attend » (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 75).
Suivre qqn comme un caniche (v. ce mot A), comme un toutou*, comme son ombre (v. ombre1II C 1).
Suivre à distance. C'était le maître de l'hôtel, suivi à distance par une femme de chambre qui resta dans le corridor (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 168).Suivre de près. Il vit distinctement, grâce à la lanterne du commissaire qui les trahissait, trois hommes qui le suivaient d'assez près passer successivement sous cette lanterne dans le côté ténébreux de la rue (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 538).Suivre pas à pas. Quand je vois Denis (...) lui témoigner cette amitié burlesque, lui taper sur l'épaule, le suivre pas à pas, comme un toutou (Bernstein, Secret, 1913, ii, 3, p. 18).
Rem. Constr. indifféremment avec de ou par. Suivi d'une foule, par une foule. Je suis parti à midi pour Barèges avec ma femme, tous deux à cheval et suivis par un domestique à pied (Maine de Biran, Journal, 1816, p. 158). Il partit à cheval, suivi de son domestique (Fromentin, Dominique, 1863, p. 38).
[P. méton. de l'obj.] Franz et Albert suivirent la file, échangèrent des poignées de confetti avec les voitures de la file opposée et les piétons qui circulaient entre les pieds des chevaux (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 528).Une fois, dans une ville populeuse, un jour d'hiver (...), j'ai suivi un enterrement. Nous accompagnâmes le convoi dans la boue (Benoit, Atlant., 1919, p. 312).
Empl. abs. L'Empereur (...) a demandé tout de suite la calèche, pour être revenu de bonne heure. Mon fils a suivi à cheval (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 394).De la queue, les voix appelaient toujours: pas si vite... ça ne suit pas (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 256).
Accompagner quelqu'un. Qui m'aime me suive. Si le jour de ton départ, tu étais allé vers Dieu, je t'aimais trop pour ne pas t'accompagner. Mais tu m'as quittée pour suivre une danseuse gitane (Salacrou, Terre ronde, 1938, ii, 3, p. 207).
Suivre qqn quelque part; suivre qqn à Paris, chez qqn. Il s'est retiré vers les six heures, et m'a fait signe de le suivre dans sa chambre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 250).La pâle Sieglinde sortit préparer le breuvage du soir; Hunding appesanti de colère et de fatigue, la suivit au lit nuptial (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 18).
Au fig.
Suivre qqn dans la mort, dans la tombe. Le penchant irrésistible qui entraîne la veuve de l'Inde à suivre son mari dans la mort, le Gaulois à ne pas survivre à son chef de clan (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 174).
Suivre qqn dans + subst. abstr. Cet être qui n'avait rien de l'homme moral, ce je ne sais quoi vivant auquel je m'étais attaché et que je suivais à la trace dans le vice, je le retrouvai encore un matin (Janin, Âne mort, 1829, p. 128).
[Dans l'intention de surveiller, de surprendre, d'accoster qqn] Faire suivre qqn. V. suiveur II A 1 a ex. de Morand.
b) [En parlant de choses] Des vins exquis suivaient dans des barques sur le Danube (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 7).Empl. pronom. On avait tiré de Moscou tous les véhicules possibles... Ils se suivaient à la file, emplis de ballots, chargés de vivandières, qui grelottaient (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 85).
Faire suivre le courrier. Faire en sorte que le courrier parvienne à son destinataire, alors que ce dernier a changé d'adresse de manière temporaire ou définitive. Elles m'ont défendu de dire où elles allaient, ajouta-t-elle, mais en écrivant à leur ancienne adresse on fera suivre leurs lettres (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 351).Mon adresse? Vous lui direz de faire suivre la correspondance au Ritz, place Vendôme (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 389).Empl. abs. En cas de maladie de l'enfant, écrire à l'adresse de d'Argenton à Paris, avec ordre de faire suivre (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 149).
[En parlant de pensées, d'actions] À quoi te sert-il de te sauver loin de ta demeure, puisque cette folle pensée te suit partout, et que tu ne peux l'éviter nulle part? (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 112).Nos actes nous suivent. Ils se prolongent dans le temps et dans l'espace avec la rigueur d'une loi scientifique, et ce n'est pas la pauvre volonté humaine qui peut les arrêter et leur dire: « Tu n'iras pas plus loin! (...) » (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 170).
c) Qqn suit qqc.
RUGBY. ,,Se dit des avants qui progressent groupés autour du ballon`` (L'Auto, 11 janv. 1906 ds Petiot 1982). Suivre le ballon est le principe même de la tactique des avants (L'Auto, 11 janv. 1906ds Petiot 1982).Empl. abs. ,,Se dit de l'attaquant qui, sur un coup de pied donné par lui ou le partenaire, s'élance pour profiter d'un rebond heureux ou d'une maladresse adverse`` (L'Auto-Vélo, 11 nov. 1901 ds Petiot 1982). A. manque un drop-goal, mais H. a suivi et marque l'essai (L'Auto-Vélo,11 nov. 1901ds Petiot 1982).
Coup de pied à suivre. ,,Tactique du porteur de la balle qui, mal soutenu ou menacé, envoie le ballon, d'un coup de pied de volée, par-dessus le rideau défensif adverse`` (L'Auto, 23 sept. 1932 ds Petiot 1982). Le coup de pied à suivre reste un coup de surprise (L'Auto,23 sept. 1932ds Petiot 1982).
2. [Sans idée de mouvement] Qqc. suit qqc.Être situé après, derrière quelque chose. La chambre suit le salon. Quiros (...) cite sous le nom de Nuestra-Senora Del Socorro l'île qui suit immédiatement celle du Pélerin (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 102).Empl. pronom. Mon attention (...) fut détournée tout à coup par la vue d'une série de boutiques de brocanteurs qui se suivaient de porte en porte (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Qui sait? 1890, p. 1193).
[Dans un énoncé, dans un texte] Une légende humoristique écrite en anglais et suivie d'un point d'exclamation (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 504).M. Ferrero consacre les cent pages qui suivent à développer les conséquences de cette révolution (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 211).
[Dans une phrase] Siegfried je n'aurais pas dû vous demander qui vous êtes! Je vous ai ainsi tout demandé. Un prénom suivi de son nom, il me semble que c'est la réponse à tout (Giraudoux, Siegfried, 1928, ii, 2, p. 75).Pour le participe [passé] suivi d'un infinitif pur, Malherbe et Vaugelas le laissaient invariable (Grev.1969, 783).
[Dans un mot] Une consonne ne peut jamais être prononcée sans une voyelle? En sorte que quand elle n'est suivie de rien, il y a une voyelle quelconque sous-entendue; et quand elle est suivie d'une autre consonne, elle doit, ou en être séparée par une voyelle (...) ou se fondre avec elle (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 362).Empl. pronom. Deux ou trois voyelles qui se suivent, forment ce qu'on appelle des diphtongues et des triphtongues (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 379).
Empl. abs. Nous rechercherons beaucoup plus dans ce qui suit à dégager les polarisations fondamentales et les orientations élémentaires du caractère (Mounier, Traité caract., 1946, p. 42).[P. méton. du suj.] Pardonnez-moi si je vous donne tous ces détails, mais vous verrez qu'ils furent la cause des événements qui vont suivre (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 172).[Souvent suivi de deux points] Le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit: Titre I. Constitution des retraites... (J. O., Loi sur retraites ouvr. et pays., 1910, p. 2998).Empl. impers. Comme (il) suit. Une liste d'invités qui, après de laborieuses combinaisons, se trouva arrêtée comme suit: la comtesse Fergus, divorcée, et son ami, l'économiste et député, Joseph Brigard... (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 194).M. Robert Planel (...) décrit cette méthode comme il suit: la dictée est d'abord purement mélodique... (Enseign. mus., 1, 1950, p. 17).
B. − [Dans le temps]
1. Qqn suit qqn.Intervenir, agir après quelqu'un, lui succéder. Parmi les philosophes rêveurs qui ont précédé ou suivi Rousseau, plusieurs ont touché au ridicule (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1843, p. 52).
Empl. pronom. La République n'étant pas un personnage palpable (...) à qui l'on peut ressembler et les présidents se suivant avec rapidité, il se trouva plongé dans le plus cruel embarras (...), arrêté dans tous ses besoins d'imitation (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 285).Les générations qui se suivent ont toujours un sentiment plus vif de ce qui les désunit que de ce qui les unit (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1529).
2. Qqc. suit qqc.
a) Se produire, être effectué après quelque chose.
α) [En parlant de choses concr.] Cet obus n'était pas suivi d'un second, (...) le silence était revenu (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 59).Le tout, accompagné d'un vin quelconque, hélas! mais précédé et suivi d'excellents alcools (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 327).Empl. abs. Lettre suit. [Pour annoncer dans un message bref une lettre détaillée] Le télégramme se terminait par ces mots: « lettre suit » (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 291).
β) [En parlant d'états, d'activités, de phénomènes] Une conférence suivie de discussion. Dans ce trouble d'esprit du réveil après le sommeil fiévreux qui suit les grands malheurs (Maupass., Une Vie, 1883, p. 221).La solennité des trois coups frappés sur la scène et suivis d'un profond silence m'émut (A. France, Vie fleur, 1922, p. 384).Empl. abs. Quand la dernière marche eut crié et qu'un long silence suivit, le regard de ma nièce s'envola (Vercors, Sil. mer, 1942, p. 64).Empl. pronom. Les coups se suivaient, par salves infernales (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 289).
En partic. [Précisions temporelles] Dans la matinée du jour qui suivit son arrivée, il alla chez Des Grassins (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 250).Le dimanche qui suit le premier mai, les jeunes gens, précédés d'un ou de deux joueurs d'instruments, s'en vont de maison en maison dans le village (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 69).Empl. abs. Pendant l'hiver qui a suivi. Empl. pronom. Les jours se suivent mais/et ne se ressemblent pas. Les années se suivaient, lentes, monotones et courtes parce qu'elles étaient vides (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 616).
b) [Le suj. désigne un résultat, une conséquence] Survenir après, à la suite de quelque chose; résulter de quelque chose. Les voluptés qui suivent la pratique de la bienfaisance (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 73).Je referme le volume avec une forte impression, celle de la brièveté de la vie humaine, d'où suit la nécessité de faire vite ce qu'on a à faire (Amiel, Journal, 1866, p. 255).
Suivi d'application. Les différents projets conçus pour améliorer cette situation n'avaient pas été suivis d'application (Nav. intér. Fr., 1952, p. 11).
Suivi d'effet. Essayant en vain de me persuader que cette scène ne serait pas suivie d'effet (Bourget, Disciple, 1889, p. 206).Peu à peu s'impose dans les milieux de la promotion du travailmême si cela n'est pas partout suivi d'effetl'idée que la culture n'est pas un luxe destiné à quelques privilégiés (Encyclop. éduc., 1960, p. 283).
En partic., dans le domaine méd.De faibles symptômes d'amélioration, à la fin de juillet, sont aussitôt suivis de rechute (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 86).Suivi de (la) mort. Les symptômes aigus ont été suivis de mort, comme dans les cas habituels (Pasteurds Travaux, 1882, p. 380).On observa des symptômes de pneumonie aiguë, suivis de la mort après deux jours (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux, 1896, p. 616).
Empl. pronom. Les vertus et le bonheur se suivent naturellement, mais non indissolublement. L'essence des choses les unit, mais souvent le train du monde les sépare (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 285).
S'en suivre. Existence essentielle et tout ce qui s'en suit, comme éternité, infinité, immutabilité (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1088).V. ensuivre B 2 rem.
Empl. impers. Il (s'en) suit que. De ce que vous êtes d'accord sur ce que vous connaissez avec certitude, il s'en suit que vous n'êtes discordans que sur ce que vous ne connaissez pas bien (Volney, Ruines, 1791, p. 338):
1. Le marché est un ensemble de firmes (...) liées entre elles par un réseau d'échanges, qui rend inter-dépendants tous les prix et toutes les quantités. D'où il suit que le marché recule lorsque de grandes unités substituent leurs décisions à celles des unités élémentaires et autonomes... Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 282.
[Pour insister sur l'aspect répétitif monotone d'une succession] Les jours suivaient les jours. Le cheval (...) trottait les quatre fers en l'air, les arbres suivaient les arbres, les broussailles les broussailles (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 102).
II. − Se déplacer, se dérouler dans la direction ou dans le sens de quelque chose.
A. − [Le suj. désigne un être vivant]
1. [Le compl. d'obj. désigne un objet statique]
a) [une voie terrestre] Suivre un chemin, un corridor, un couloir, une piste, un trajet. Nous vîmes les deux dames suivre l'allée du côté de Montreuil, et s'enfoncer dans le parc (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 93).Florent (...) suivait le boulevard Montmartre (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 610).
Suivre les pas, le sillage, les traces de qqn. Les doigts de l'homme, déjà, avaient trouvé le baliveau où se nouerait l'engin, et le nouaient. Et Raboliot était ailleurs, un peu plus loin suivant ses pas (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 99).
CHASSE. [En parlant d'un chien] ,,Prendre la voie d'un cerf quand il fuit`` (Vén. 1974).
[P. méton. du suj.] Il est aisé de gagner Archambault (...) par une route beaucoup plus courte, et plus aisée surtout: c'est celle que suivent les colis postaux et les gens pressés (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 733).
Au fig. Suivre le droit chemin, suivre le chemin de qqn, suivre son chemin, suivre son petit bonhomme de chemin (v. ce mot II B). Mieux instruites, les foules de l'an deux mille s'achemineraient vers un état où il deviendrait absurde d'imaginer aucun accident capable d'interrompre la belle trajectoire morale suivie par l'humanité (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 198).
b) [une forme, un relief] Suivre le(s) contour(s) de qqc.Les peintres [classiques] partent presque tous de l'orfèvrerie et de la sculpture; leurs mains ont palpé le relief des muscles, suivi la courbe des lignes (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 117).Je sentais depuis un moment un relief à la surface du bois et je suivais le dessin de ce relief (Jouve, Scène capit., 1935, p. 199).
c) [une direction ou ce qui l'indique] Suivre les flèches. [P. méton.] Comme le soleil, maintenant, entrait par les sabords de gauche, il comprit que la galère allait vers le sud. Et elle suivit cette direction six jours durant (Mille, Barnavaux, 1908, p. 307).
2. [Le compl. désigne un objet en mouvement, une voie d'eau] Suivre le cours de l'eau. Je suivis le mouvement, et là-haut, après une mêlée de quelques minutes, j'eus le spectacle de la déroute des Autrichiens (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 282).Pencroff, afin de ne pas s'égarer, résolut de suivre le cours d'eau qui le ramènerait toujours à son point de départ (Verne, Île myst., 1874, p. 46).P. métaph. Nous nous retrouverons tous chez vous tout à l'heure. Il n'y a qu'à suivre le courant. Au milieu des chants et des rires nous avons dérivé jusqu'à la place de l'Opéra (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 188).
B. − [Le suj. désigne une chose]
1. [Le compl. d'obj. désigne une voie]
a) [En parlant des astres] Il est dans la gravitation du système moral, et il se soumet à sa loi sans plus de peine que les astres suivent, dans les champs du ciel, la route tracée (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 75).
b) Longer. La route suit la côte, la rivière. De Miramas à l'Estaque, une voie plus récente, celle de Caronte, suit la côte, découpée et élevée, le long de laquelle il a fallu, pour passer, multiplier les travaux d'art (Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p. 45).
2. [Le compl. d'obj. désigne une forme, un relief] Cette bandelette déroulée, une autre se présenta, plus étroite et destinée à serrer les formes de plus près (...). Elle suivait exactement les contours (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 185).
C. − Au fig.
1. Qqn suit qqn.Conformer son action, sa conduite, sa pensée à celles de quelqu'un. Synon. imiter.Suivre les Anciens. Les autres grands ont suivi le parti royaliste parce qu'ils espéraient renverser la constitution (Chênedollé, Journal, 1818, p. 96).Il en est aujourd'hui [des poètes] qui, sans doute, suivent encore Lamartine; d'autres prolongent Rimbaud (Valéry, Variété III, 1936, p. 34).Au passif. Mais il faut reconnaître que vous avez manqué votre coup aux obsèques du Président Faure (...) Ne commettez pas une seconde faute, parce que alors vous ne seriez plus suivis (A. France, Bergeret, 1901, p. 134).Empl. abs. La guerre et l'après-guerre ne nous ont donné que des hommes qui suivent, et non des hommes qui guident (Thibaudet, Princes lorr., 1924, p. 136).
2. Qqn suit qqc.Se conformer à quelque chose.
Suivre son/une idée. Se tenir à quelque chose avec persistance. Synon. avoir de la suite* dans les idées.Les mots m'ont pris par la main (...) On suit une idée on s'emballe on ne sait plus ce qu'on dit Voilà Cela commence comme cela les mots vous mènent (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 83).Suivre le fil de ses idées. V. fil II A 2.
Suivre son train-train (fam.). Se conformer à la routine, aux habitudes. Voir Delvau 1866, p. 382.
En partic.
[Le compl. d'obj. désigne une inclination naturelle] Suivre une /ses impulsion(s), son inspiration, un/ses penchant(s). Je ne vous dirai que quelques époques de mon histoire, et je ne ferai que suivre mon caprice (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 138):
2. L'homme social n'est point un être nouveau créé par un système humain; c'est l'homme de la nature en société. C'est pour suivre ses passions, c'est pour obtenir ses besoins qu'il réprime quelquefois les unes et limite les autres. Senancour,Rêveries,1799, p. 133.
Suivre sa nature. Ne rien faire d'artificiel, suivre sa nature, et quand on se sent né pour créer, se considérer comme ayant en ce monde la plus grave et la plus belle des missions, un grand devoir à accomplir (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 626).
Suivre son premier mouvement. Je regrette amèrement de n'avoir pas suivi mon premier mouvement, c'est-à-dire de n'avoir pas flanqué mon pied au c.. de ces messieurs (Flaub., Corresp., 1863, p. 313).
Suivre sa destinée. Il faut, bon gré mal gré, suivre l'ardente nue Qui marche devant soi sur la voie inconnue; Il faut courber la tête, et le long du chemin, Sans regarder à qui l'on peut tendre la main, Suivre sa destinée au grand jour ou dans l'ombre (Barbier, Ïambes, 1840, p. 104).
[Le compl. d'obj. désigne une mode, une école, un courant, un usage] C'est (...) une douce chose que l'aisance; on peut tout arranger, suivre les convenances, choisir et régler (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 129).Celle-ci [une commission d'étude] décida de procéder à deux enquêtes sur les usages suivis dans les bibliothèques de Paris et dans les bibliothèques de province (Civilis. écr., 1939, p. 52-8).
Suivre un/le mouvement. Jamais, avant, Marc n'aurait osé lui parler sur ce ton; mais c'était quelqu'un qui était incapable de ne pas suivre le mouvement général, et de ne pas se mettre tout naturellement du côté gagnant... et Alexis était le vaincu (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 104).Suivre la mode. On se défend de suivre la mode et on méprise le « snobisme » (Larbaud, Journal, 1934, p. 333).Suivre un style. [Velasquez] se déclara l'admirateur de Tristan, copia ses toiles et quitta, pour faire gras, large et souple, le style un peu sec qu'il avait suivi jusque-là et qu'il tenait de Pacheco (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 261).
[P. méton. du suj.] Les systèmes philosophiques suivent leur temps bien plus qu'ils ne le dirigent (Cousin, Vrai, 1836, p. 274).
[Le compl. d'obj. désigne des étapes d'une profession] Suivre la carrière des armes. Suivre une filière. V. ce mot III A ex. de Aragon.
[Le compl. d'obj. désigne des prescriptions, une règle] La circulaire ministérielle était si précise qu'on la suivit à la lettre (Davout, Réorg. milit., 1871, p. 10).Règles à suivre pendant l'opération. Ces règles sont relatives à la position du chirurgien et des aides (Nélaton, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 6).
[P. méton. de l'obj.] Les proportions des sels contenus dans le bain doivent être suivies rigoureusement (H. Fontaine, Électrolyse, 1885, p. 58).
Rare. Suivre son devoir. Accomplir son devoir. Mon frère, je veux le croire, pour suivre ton devoir tu n'auras pas attendu ma réponse (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 306).
En partic. Suivre une cure, un régime, un traitement. Le chantre de l'énergie, le poète qui célébrait la génération des sports intrépides, de l'action, de la guerre, pouvait à peine marcher sans essoufflement, était sobre, suivait un régime strict (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1489).Régulièrement on lui fera suivre, pendant dix jours par mois, un traitement arsenical (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 101).
[Le compl. d'obj. désigne une méthode, un plan] Quelle que soit la méthode suivie pour le calcul des marées d'un port, il faut avoir un nombre suffisamment grand d'observations exactes dans ce port (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 185).La politique suivie par le gouvernement en matière d'emploi (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 52).
Marche à suivre. Les détails généraux et particuliers relatifs à la composition sont ordinairement résumés dans une marche à suivre spéciale à chaque imprimerie (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 125).
[Le compl. d'obj. désigne une injonction, une incitation] Suivre les indications, un/les ordre(s), les recommandations de qqn; suivre un précepte. Quelle iniquité pourrait être plus grande, que pour une heure de fol marché, pour une faute faite sans malice (...) et bien souvent pour obéir, suivre l'avis d'autrui, l'on soit obligé à une peine perpétuelle! (Borel, Champavert, 1833, p. 115).Le conseil de prendre une maîtresse dans une famille ultra lui parut plaisant et il le suivit à la lettre (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 87).
Suivre une influence. E. Lochac met Fr. Jammes très haut; ne comprend pas comment les jeunes peuvent se détourner de son œuvre pour suivre des influences débiles qui les égarent, qui leur font croire que la poésie est improvisation et sauvagerie verbale (Larbaud, Journal, 1931, p. 254).
Suivre l'exemple de. Ces hommes que vous allez massacrer sont vos frères (...). Ce que vous avez fait le 14 juillet, ils le font aujourd'hui, ils s'opposent à leurs oppresseurs; les punirez-vous de suivre votre exemple (Marat, Pamphlets, Affreux Réveil, 1790, p. 243).Au-dessus de mes convictions politiques, je n'hésite pas à placer la patrie. Je ne fais d'ailleurs que suivre l'exemple et l'enseignement de notre cher papa (Aymé, Jument, 1933, p. 92).
[Le compl. d'obj. désigne un rythme, une cadence] Il connaissait d'expérience cette difficulté singulière à suivre le rythme de la vie d'autrui, retardant toujours sur le geste fait, la parole dite (Bernanos, Joie, 1929, p. 711).
3. Qqc. suit qqc.L'affaire, la crise, la maladie suit son cours. Mais le rapport suit son cours, arrive à l'état-major général (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 231).Quand j'avais connu Albertine, le mot de « mousmé » lui était inconnu. Il est vraisemblable que, si les choses eussent suivi leur cours normal elle ne l'eût jamais appris (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 357).
a) [En parlant d'une mode, d'une tendance] La lithographie toute jeune et la gravure sur bois (...) suivaient mieux que la peinture ou la sculpture ces imaginations parfois délirantes [des romantiques] (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p. 341).
b) [En parlant d'un plan] Le film suivait fidèlement les principaux épisodes du roman (Sadoul, Cin., 1949, p. 79).
c) Suivre une règle. Luire, reluire, nuire suivent (...) la conjugaison de conduire, sauf que leur participe passé n'a pas de féminin et s'écrit sans t (Grev.1969,§ 678).
d) [Le compl. désigne une cadence] Des jappements qui suivent le rythme de la respiration, et dont celui qui écoute sent qu'ils vont s'arrêter avec le souffle (Malraux, Espoir, 1937, p. 509).Empl. abs. Les contre-basses marquent le rythme, les flûtes et les bassons suivent (Prod'homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 300).
III. − [Le suj. désigne une pers.] Concentrer son attention, son intérêt, son activité sur quelqu'un ou quelque chose.
A. − Observer, étudier avec attention. Suivre de l'œil, des yeux, du regard; suivre le regard de qqn.
1. [Le compl. d'obj. désigne une activité, une opération, une scène] C'est de là que je suivis la bataille de la Marne (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 394).Jean-Paul baissa le front, sans répondre. Il décocha vers Antoine un coup d'œil en dessous, suivit d'un regard hésitant Daniel qui s'en allait (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 866).
Suivre le jeu, le manège de qqn. [Il] fait le grand seigneur et l'homme sérieux. Je me suis beaucoup amusé à suivre son jeu (Amiel, Journal, 1866, p. 282).Le soleil de deux heures était ce jour-là très doux et cette impression détendit les nerfs du promeneur. Il regarda autour de lui distraitement, et se plut à suivre le manège de deux enfants qui jouaient auprès de leur mère (Bourget, Disciple, 1889, p. 216).
Suivre le regard de qqn. Regarder dans la même direction que quelqu'un. Au fig. Suivez mon regard. [,,En fin d'énoncé, pour évoquer quelqu'un ou quelque chose qui est impliqué ou décrit dans ce qui précède; l'emploi de la locution instaure une relation de connivence entre l'auteur et son lecteur, le locuteur et son interlocuteur`` (Bernet-Rezeau 1989)] Il ajoute: « Le pire, c'est de se prendre au sérieux. Il faut avoir de la distance par rapport à ce que l'on fait, même si certains arrivent à être leurs personnages et croient pouvoir changer la face du monde. » Suivez mon regard... (Première,févr. 1986,p. 40, col. 1, ds Bernet-Rezeau 1989).
Suivre par la pensée. André et Claire suivaient d'imagination Fourier dans tous les détails de sa vie: à son restaurant, par exemple, où il évite la société des militaires, trop hautains (Barrès, Enn. Lois, 1893, p. 92).
2. [Le compl. d'obj. désigne une évolution] Suivre l'actualité, une affaire; suivre l'évolution, la progression de qqc. L'homme qui suit les cours de la bourse (Proust, Sodome, 1922, p. 1036).Cette glorieuse armée qui venait de la frontière égyptienne (...) et dont on avait suivi de jour en jour les progrès dans le Sud Tunisien (Gide, Journal, 1943, p. 236).
− Dans le domaine de la méd.Suivre un malade. L'observation ci-dessous, concernant une jeune femme que nous suivons depuis plus de cinq ans (B. et mém. Sté méd. hôp., 1935, p. 8).
− Dans le domaine de la pédag.Suivre un élève, un enfant. ,,Grâce à la continuité d'une observation réfléchie s'étendant sur une longue période, constater les changements qui se produisent et prévoir ceux qui vont se produire dans le psychisme d'un sujet auquel on s'intéresse, afin de contribuer, autant que possible, à la bonne orientation de son développement`` (Foulq. 1971).
B. − Assister à quelque chose, y participer régulièrement et avec intérêt. Suivre une cérémonie, un concert, un office, un spectacle. Des femmes (...) qui suivaient à Paris un procès dont dépendait leur fortune (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t. 2, 1828-29, p. 69).Haudouin acquit une véritable notoriété, son commerce de maquignon en alla mieux tout d'un coup, et à tout hasard, il prit l'habitude de suivre la messe régulièrement (Aymé, Jument, 1933, p. 10).[P. méton. de l'obj.] Henriette (...) suivait les grands prédicateurs, visitait des sœurs dans leurs couvents, des prêtres dans les sacristies (A. Daudet, Évangéliste, 1883, p. 44).
En partic., dans le domaine de la formation.Suivre un entraînement; suivre un/les cours, l'enseignement, les leçons de qqn. Oui, vous suivez les cours de M. Bellac; c'est M. Bellac qui m'a remplacé, alors? (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie, 1869, i, 12, p. 51).Sur ce total: 255 000 travaillaient, dont 190 000 suivaient une « formation professionnelle », formation très aléatoire (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 67).[P. méton. de l'obj.] Ma mère, mécréante, permit cependant que je suivisse le catéchisme (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 179).Suivre un stage. Si un remplaçant débutant ne peut participer, dans le premier semestre, au stage prévu, il est tenu de suivre un stage d'information de 8 jours (Encyclop. éduc., 1960, p. 366).
Suivre (le texte). Lire (le texte). La voisine de mon compagnon fait mieux encore, elle lui tend son livre ouvert et suit avec lui (Bourget, Ét. angl., 1888, p. 12).
À suivre. [Formule utilisée à la fin de chaque épisode d'un feuilleton (sauf le dernier) pour indiquer qu'on trouvera la suite dans l'épisode suivant] (Dict. xxes.).
(Affaire) à suivre. Affaire dont il convient de suivre attentivement le déroulement ou le développement. Ils avaient le temps puisque, arrivés à six heures vingt-sept, M. Stangerson ne quittait Dijon qu'à sept heures huit et les Darzac à sept heures exactement. À suivre. Le professeur avait fait ses adieux à sa fille et à son gendre sur le quai même de la gare, après le dîner (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 28).
C. − Prêter attention (aux propos de quelqu'un). Suivre les explications de qqn. Nab, qui suivait la conversation avec un extrême intérêt (Verne, Île myst., 1874, p. 131).
[P. méton.] Suivre qqn dans ses explications. Pardon, je ne vous suivais pas, je voudrais bien savoir... Si ça ne vous contrariait pas de recommencer (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hautot, 1889, p. 265).Suivez-moi bien. Il y avait un dieu au Mexique autrefois, un dieu qui... (Audiberti, Quoat, 1946, 2etabl., p. 58).Empl. abs. Il a l'air de suivre; il ne peut pas suivre; élève qui ne suit pas. Je continue ma démonstration (...). Vous suivez, n'est-ce pas? (A. France, Pt bonh., 1898, 3, p. 504).
P. ext. Comprendre un énoncé dans son déroulement. Suivre un raisonnement. La pensée de Montaigne est souvent difficile à suivre, indépendamment de son vocabulaire ou de sa syntaxe (Rudler, Techn. crit. et hist. littér., 1923, p. 19).Germaine suivait aisément ce langage (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 155).
IV. − Rare. Poursuivre, continuer.
A. − BOXE. ,,Exploiter un avantage en marchant sur l'adversaire et en redoublant ses attaques`` (L'Auto, 29 mars 1904 ds Petiot 1982). Il aurait pu gagner s'il avait suivi son offensive (L'Auto,29 mars 1904ds Petiot 1982).
B. − COMM., p. méton. Suivre un article, une marchandise, un produit. Continuer à se réapprovisionner, à vendre un article, une marchandise, un produit. (Dict. xxes.).
REM. 1.
Suivage, subst. masc.,rare. [Corresp. à supra III] Fait de suivre. Cela permit un entretien incessant, (...) un suivage fréquent (La Varende, Heur. humbles, Phoebé, 1942, p. 125).
2.
Suivance, subst. fém.,rare. [Corresp. à supra II C 1] La docilité inquiète et attentionneuse, la suivance de ce grand révolutionnaire aux gens de son temps, aux modes de son temps, aux mouvements de son temps, à ce qui réussissait, est un spectacle d'autant plus réjouissant qu'on peut le goûter sans arrière pensée (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 708).
Prononc.: [sɥi:vʀ ̥], (il) suit [sɥi]. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. seguan gérondif « aller derrière quelqu'un ou quelque chose qui se déplace » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 257); en partic. ca 1100 « rester derrière quelqu'un que l'on accompagne » (Roland, éd. J. Bédier, 3215: Sis filz le siut); 1690 pronom. « marcher, aller l'un derrière l'autre » se suivre à la file (Fur.); 2. ca 1100 « accompagner quelqu'un jusqu'à l'endroit où il se rend » Il me sivrat ad Ais (Roland, 188); a)ca 1170 « partir avec quelqu'un en liant son destin au sien » mar me siwistes! (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Eliduc, 942); b) fin xives. « épier, surveiller » (E. Deschamps, Balades, DCCCCLXXIV, 21 ds Œuvres compl., éd. de Queux de St-Hilaire, t. 5, p. 221); 1640 suiure de l'œil (Oudin Curiositez); c) 1676 « ne pas cesser de penser à quelqu'un » je vous ai suivie partout (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 454); d) 1664 suivre qqn au tombeau (Racine, Thébaïde, V, 1); 3. ca 1160 « (d'une valeur abstraite) accompagner quelqu'un, s'attacher à lui » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 7956); 4. a) 1306 « arriver peu après » (Joinville, Vie St Louis, éd. N. L. Corbett,233: Connestable, alés devant et je vous suiwré); b) 1549 « être situé derrière, après un élément d'une série ordonnée » (Est); av. 1616 absol. suit (d'Aubigné, Les Tragiques, Au lecteur ds Œuvres compl., éd. Réaume de Caussade, t. 4, p. 11); 1656 pronom. (Pascal, Provinciales, XII, éd. L. Lafuma, p. 427); c) 1557 trans. « id., dans le temps » (O. de Magny, Souspirs, p. 10 ds IGLF: le clair iour suyt la tenebreuse nuict); 1656 pronom. (Pascal, op. cit., XVI, p. 453); 5. 1636 « (d'une chose), se déplacer derrière quelqu'un ou quelque chose » Le bagage Suit l'armée (Monet); 6. 1640 « survenir après quelque chose, comme effet, comme résultat » (Horace, Cinna, III, 6, 1013); 7. 1703 « (annonce un développement, une énumération) » (Baron, Andrienne, I, 1, ds Littré). B. 1. 1119 « penser, agir selon l'exemple de quelqu'un » (Philippe de Thaon, Comput, 3296 ds T.-L;); 2. ca 1150 « conformer sa conduite à des sentiments, des impulsions qui poussent à agir dans ce sens » Or sivrai mon proposement (Le Conte de Floire et de Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, 31); 3. ca 1165 « conformer ses pensées, ses actes à des directives données par autrui » Bien en sivrai voz volentez (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 19813); 4. a) ca 1165 « se conformer à des règles, des normes, des principes » Le latin sivrai e la letre (Id., ibid., 139); 1665 suivre la mode (Molière, Dom Juan, V, 2); b) 1588 [éd.] pronom. « (d'une chose) s'enchaîner selon un ordre logique et cohérent » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, III, IX, p. 994). C. 1. a) 1174-76 nus sivum les traces qu'il ala (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 3105 ds T.-L.); b) ca 1250 segre son chemin (Joufroi de Poitiers, éd. P. B. Fay et J. L. Grigsby, 36); 2. 1783 « (d'une chose) être tracé, disposé le long de quelque chose » (Buff[on], Min., t. V, p. 138 ds Littré). D. 1. xiiies. « fréquenter régulièrement une série de séances » sivir les tournoiemens (Le Roi Flore et la belle Jehanne ds Nouv. fr. du XIIIes., éd. L. Moland et Ch. d'Héricault, p. 87); 2. 1290 « écouter ou lire avec profit » conostre et sugre per les signes (Jean Priorat, Li Abregance de l'ordre de Chevalerie, éd. U. Robert, 4589); 3. 1549 « s'attacher avec constance à ce que l'esprit a élaboré » suyvre ce qu'on a entrepris (Est.); 4. a) 1678 suivre de près qqn « le surveiller attentivement » (Lett. de Louis XIV, à Colbert, 15 juin ds Littré); b) 1784 « se tenir au courant de l'évolution de quelque chose » en partic. « d'une maladie, ou d'un malade » (Mmede Genlis, Veill. du chât., t. I, p. 24 ds Pougens, ibid.); 5. 1694 « apporter une attention soutenue aux propos de quelqu'un, écouter attentivement » suivre un homme dans un discours, dans un raisonnement (Fur.). Du lat. pop. sĕquĕre « id. » qui apparaît très tôt à côté du class. sĕqui, et qui à l'exception du roum., continue à vivre dans toutes les lang. rom. (FEW t. 11, P. 493b); d'abord sivre en a. fr., puis suivre d'apr. la 3epers. du sing. du prés. de l'ind., d'abord siut (Roland, 3215, supra A 1), puis suit par métathèse, v. suif. Fréq. abs. littér.: 21 958. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 34 584, b) 31 063; xxes.: a) 30 173, b) 29 082. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 465, − Bogacki (K.). Les Prédicats locatifs statiques en fr. Warszawa, 1977, pp. 69-70. − Fennell (T.G.). La Morphol. du futur en m. fr. Genève, 1975, p. 124. − Goosse (A.). Jeux du sing. et du plur. ds les verbes pronom. Mél. Pohl (J.). Bruxelles, 1980, pp. 100-101. − Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 267-269.