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RIVIÈRE, subst. fém.
I.
A. −
1. Cours d'eau moyennement abondant qui se jette dans un fleuve, dans la mer ou parfois dans un lac. Une rivière, un maigre cours d'eau, surgi du sable juste à temps pour refléter un peu de ciel avant de rallier la mer (Gide, Si le grain, 1924, p. 560).V. aspect ex. 7:
1. Là-bas, suivant les ondulations de la petite rivière, une grande ligne de peupliers serpentait. Une buée fine (...) restait suspendue autour et au-dessus des berges, enveloppait tout le cours tortueux de l'eau d'une sorte de ouate légère... Maupass., Contes et nouv., t. 2, Clair de lune, 1882, p. 32.
Rem. 1. Rivière est parfois considéré comme synon. de fleuve: Leurs yeux (...) cherchèrent la rivière. On eût dit que le fleuve complice voulait fêter quelque convive rare: entre deux coteaux sablonneux, il dressait une grande nappe d'eau claire (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 211). 2. En gén., rivière désigne un cours d'eau moins important et moins large que le fleuve et plus important que le ruisseau et le torrent: Fleuve qui n'est, à la fin de l'été, qu'une étroite rivière dans un immense lit de galets (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 183). V. fleuve ex. 1.
SYNT. et EXPR. Rivière débordée, gelée, glacée, large, navigable, noire; belle, grande, jolie rivière; berge, bord, coude, courant, cours, débit, embouchure, passage de la rivière; bras, cailloux, eau, lit de (la) rivière; descendre, franchir, longer, passer, remonter, traverser la rivière; se jeter à/dans la rivière; monter de la rivière; la rivière charrie, déborde; de l'autre côté/au fond/le long/ au milieu de la rivière.
Locutions
Rivière flottable. V. flottable B ex. du Code civil.Rivière marchande. Rivière qui permet le transport des marchandises. (Dict. xixeet xxes.).
Rivière souterraine. ,,Masse d'eau courante qui passe par une très grande cavité − grotte ou caverne − ou par un ensemble de grandes cavités`` (Eau 1981). Des rivières souterraines alimentent de leur courant silencieux des profondeurs liquides, (...) et qui dorment à notre insu, noires et lourdes de menace, dans quelque caverne de la montagne (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 47).
Rivière sportive (canoë-kayak). ,,Le Canoë Club de France a divisé les rivières et affluents des bassins français en trois classes: rivières faciles; rivières de difficultés moyennes; rivières sportives`` (Petiot 1982). La rivière sportive (...) la plus jeune des trois grandes disciplines du canoë-kayak (...) est aussi la plus complète: toujours pratiquée en descendant le courant, elle alterne la vitesse de la course en ligne (...) et la difficulté des obstacles naturels (Jeux et sports, 1967, p. 1538).
Fausse rivière. ,,Partie d'un cours d'eau isolée du cours principal et résultant de la rupture d'un méandre`` (Nouv. Lar. ill.). Osier (...) coupé des bords de la Loire, des fausses rivières, (...) des retours d'eau. Des mortes rivières (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 673).
Rivière de première catégorie (pêche). Rivière où dominent les Salmonidés. Rivière de deuxième catégorie (pêche). Rivière où dominent les Cyprinidés. L'ablette est très commune dans toutes les rivières, canaux et étangs de 2ecatégorie (Cyprinidés communs) (J. Nadaud, La Pêche, 1955, p. 185).
Oiseau de rivière. Oiseau qui vit au bord des rivières, des eaux courantes. Des oiseaux de rivière et des poissons fournirent abondamment à notre table (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 293).
Poisson de rivière. Poisson d'eau douce. La tanche, l'anguille, le brochet, la lotte, la truite et les autres poissons de rivière s'accommodent de même (Gdes heures cuis. fr., Grimod de La Reynière, 1838, p. 158).
Sable de rivière. Sable extrait du lit des rivières. Une maison bâtie en granit, cimentée avec du sable de rivière (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 283).
2.
a) MYTH. [La rivière considérée comme une divinité, une puissance bénéfique] Les hommes (...) s'imaginèrent que leurs rivières et leurs fleuves étaient des divinités qui versaient leurs eaux par des urnes; qu'elles habitaient les sommets des montagnes (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 199).Sources et rivières étaient divinisées et on venait leur demander des guérisons (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 689).
b) Par personnification, littér. [La rivière considérée comme un être animé] La rivière est amoureuse (...). Chaque soir, ses bras humides Attirent quelque imprudent Qui, sous ses perles liquides, vient plonger son cœur ardent: (...) l'onde efface (...) le plongeur! (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 254):
2. Une rivière aux yeux gris, à la robe vert pâle, (...) une rivière de grâce, aux souples mouvements, s'étirant avec une spirituelle nonchalance dans la parure (...) de sa ville, les bracelets de ses ponts, les colliers de ses monuments, (...) comme une belle flâneuse... Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 818.
B. − P. anal.
1. Littéraire
a) Ce qui se déroule, se glisse le long de quelque chose ou entre deux bordures plus ou moins parallèles. La rivière de feu qui tombait du Vésuve (...) frappa (...) Oswald. Corinne (...) se hâta de l'entraîner avec elle sur le rivage de cendres de la lave enflammée (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 299).La chaussée entre ses deux trottoirs formait une rivière d'ombre (Estaunié, Tels qu'ils furent, 1927, p. 103).V. charcuterie ex. 2.
b) Ce qui évoque une rivière par son épanchement fluide, souple, abondant. Rivière de lave, de sang. Mais ta chevelure est une rivière tiède, Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède (Mallarmé, Poés., 1898, p. 37).Pendant qu'il [le général] essayait de rompre la masse en fuite (...), toute la débâcle, deux rivières d'hommes glissèrent contre ses bottes, tumultueuses (D'Esparbès, Tumulte, 1905, p. 217).
2. Spécialement
a) BIJOUT. Bijou, collier composé d'une longue chaîne sur laquelle sont enchâssées des pierres précieuses. Voyez donc cette rivière! Quel admirable collier! (Dumas père, Jeunesse Mousquet., 1849, iii, 9, p. 145).Ses cuisses que bat une gigantesque pendeloque où coule une rivière d'escarboucles et d'émeraudes (Huysmans, À rebours, 1884, p. 77).V. diamant ex. 2.
P. anal. Quelques gouttes de rosée sur une toile d'araignée, et voilà une rivière de diamants (Renard, Journal, 1898, p. 498).
b) BROD., COUT. ,,Genre de broderie qui peut être utilisé en guise d'entre-deux ou bien intercalé entre des bandes brodées ou tissées`` (Guérin Suppl. 1895). Entre-deux avec rivières à jours et étoiles brodées (...). Dans les ouvrages sur toile on distingue deux sortes de jours: l'un est produit par l'enlèvement de fils (...); on l'appelle généralement rivière (Th. de Dillmont, Encyclop. des ouvrages de dames, Bibliothèque D.M.C., 1901 [1886], p. 559).
c) HÉRALD. Figure ondée évoquant une rivière. Les rivières sont figurées par des bandes, des fasces ou des pals ondés (D.-L. Galbreath, Manuel du blason, nouv. éd. par L. Jéquier, 1977, p. 155).
d) SPORTS (athl., hipp.). Pièce d'eau précédée d'une haie que doit franchir le coureur ou le cheval. Nous nous étendons dans le fossé qui devient rivière les jours de steeple (...) la haie nous protège (Montherl., Olymp., 1924, p. 269).À Auteuil, saut de la rivière des Tribunes. Elle a plus de cinq mètres de large. (...) un animal doit faire un bond de huit mètres pour la franchir (Zitrone, Mon tiercé, 1966, p. 221).
C. − Au fig.
1. Ce qui a un cours régulier, un mouvement continu, ce qui change sans cesse, etc. Boileau était une petite rivière, étroite, peu profonde, mais admirablement limpide et bien encaissée. C'est pourquoi cette onde ne se tarit pas (Flaub., Corresp., 1853, p. 336).La triste rivière des souvenirs, des images et des idées, suit son cours tourbillonnant et irisé (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 246).
2. Locutions
(Jeter/rejeter, etc.) à la rivière. (Vouer) à l'échec, à la ruine, au mépris, etc. Synon. à l'eau, dans l'eau (v. eau I A 2 d loc. verb.).Voilà encore un mariage à la rivière, (...) c'est ennuyeux (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 24).Elle se contentait (...) de remercier en disant: « C'est gentil d'être venu » (...); puis aussitôt le rejetant [l'invité] à la rivière, elle ajoutait: « Vous trouverez M. de Guermantes à l'entrée des jardins » (Proust, Sodome, 1922, p. 636).
Porter de l'eau à la rivière. V. eau I A 2 d loc. verb.Son cœur se serrait à l'idée que le bien va toujours aux moins pauvres. Jamais ça ne ratait, ces gens de la Piolaine auraient porté de l'eau à la rivière (Zola, Germinal, 1885, p. 1360).
Ne pas trouver de l'eau à la rivière. V. eau I A 2 d loc. verb. (Dict. xixeet xxes.).
L'eau va (toujours) à la rivière. C'est aux plus favorisés qu'arrive toujours un surcroît de fortune, de chance. Un malheur ne va jamais seul; l'eau va à la rivière. Ces proverbes rappellent (...) la gravitation des semblables vers les semblables, des écus vers les écus, des joies vers les joyeux (Amiel, Journal, 1866, p. 207).
Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Les petites quantités (d'argent notamment) finissent par constituer une masse importante. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petites syllabes font des alexandrins, et les montagnes sont faites de grains de sable; c'est dans la Sagesse des nations (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 130).
II. − P. méton.
A. −
1. Vx. Plaine, terrain à proximité de la rivière. (Dict. xixeet xxes.).
Veau de rivière (vx). Veau élevé dans les prairies bordant la Seine en Normandie (Dict. xixeet xxes.). Vin de rivière (vx). Vin de champagne produit sur les bords de la Marne (Dict. xixeet xxes.).
2. Région. (Nord-Est et Sud-Ouest de la France notamment). Fond de vallée occupé par des prairies, des champs, etc. Tout est concentré dans la vallée (appelée ici la rivière), routes, villages, champs (...): c'est le site (...) de Verdun (...). Au-dessus, (...) la forêt règne (...); seule végétation (...) de ces roches calcaires. Pour l'habitant de la rivière, c'est la montagne (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 218).
B. − Vx. Bord de mer. Synon. côte, littoral, rivage (v. ce mot A 1), rive (v. ce mot I B 1).De cette rencontre de conditions, verger et marine, est née une combinaison propre à la vie de la Méditerranée, qui concentre la population et la vie sur certaines parties du littoral (...). Ce type de rivière se répète ailleurs [qu'en Syrie] (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 86).
Rivière (de Gênes). ,,Côte qui borde le golfe de Gênes depuis la frontière franco-italienne jusqu'à Porto Venere`` (Quillet 1965). L'armée française (...) repassa l'Apennin et revit la mer; mais maîtresse de la côte, de ce qu'on appelle dans le pays la rive, ou rivière du ponant, elle (...) fit peur aux nobles de Gênes (Stendhal, Napoléon, t. 2, 1842, p. 72).[L'Autriche] veut étendre son empire jusqu'à Savone, sur la rivière de Gênes, pour donner un débouché au Milanais (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 65).
REM. 1.
Riviera, subst. fém.a) [P. réf. à la Rivière de Gênes (supra), région caractérisée par le contact brutal de la mer et de la montagne] La côte d'azur, remarquable par la douceur du climat et la végétation méditerranéenne naturelle ou cultivée. b) P. anal. Région de côte présentant ces caractères. Sur la Riviera vaudoise, en plein soleil vente d'appartements et studios (Journal de Genève, 3 sept. 1979, p. 14, col. 1).
2.
Riviérette, subst. fém.Petite rivière. Il crut distinguer (...) au bord de l'eau, quelqu'un (...). (...) en côtoyant la riviérette, ourlée de glaïeuls (...), il s'avançait (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 128).
Prononc. et Orth.: [ʀivjε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: riviere; dep. 1740: -vière. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xies. judéo-fr. riviere « cours d'eau, ruisseau » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n o902); ca 1140 gued sur la riviere (Geffrei Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 2962); 2. p. anal. a) 1705-11 rivières [de sang] (Boileau, Satires, XII ds Œuvres, éd. F. Escal, p. 96); b) 1746 rivière [de diamants] ([La Morlière], Angola, I, 121 ds Brunot t. 6, p. 1107); c) 1872 cost. « bande ornant un châle » (J.O., 11 mars, p. 1743, 1recol.). B. 1. a) Déb. xiies. « terrain en bordure d'une rivière; vallée » (Benedeit, St Brendan, 1737 ds T.-L.); 1671 Veau de Rivière (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, IV, 1, éd. R. Bray, p. 260); 1694 Vins de rivière (Ac.); b) ca 1175 spéc. « terrain de chasse » (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 4155 ds T.-L.: beles rivieres, D'oisieaus garnïes et plenieres); ca 1285 oisel de riviere (Adam de La Halle, Robin et Marion, 384, ibid.); c) ca 1135 « chasse au gibier d'eau » aler en riviere (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 2199); 2. a) ca 1265 « rivage maritime » la riviere de la mer Rouge (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 122, § 6); b) fin xives. spéc. désigne une partie de la côte méditerranéenne le rivière de Gennes (Jean Froissart, Chron., éd. S. Luce, I, § 55, t. 1, 2, p. 118, 18). Du lat. riparia, fém. subst. de l'adj. riparius « de la rive, qui se tient sur les rives » (Pline, en parlant d'oiseaux); la subst., par omission d'un subst. fém. tel que ora, terra..., riparia, est att. par de multiples topon. dep. le viiies.: 721 Ribarias, Yonne; xes. Riparia, Indre-et-Loire (Dauzat-Rost. Lieux 2eéd. 1978); ainsi que dans les doc.: 863 au sens de « littoral »; 951 « bord d'un fleuve », Nierm. A est issu d'un rapprochement de rivière au sens B, avec l'a. fr. riu « ruisseau » (ca 1165, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1765), du lat. rivus « petit cours d'eau, ruisseau », FEW t. 10, p. 416b; d'apr. l'ancienneté du b. lat. ripa relevé au sens de « rivière » (ca 640, Vit. Arnulfi Mettensis ds Blaise Lat. chrét.), il n'est cependant pas impossible de penser à un croisement plus anc., au niveau du lat.; cf. aussi l'a. fr. rive « ruisseau » (1remoit. xiies., Psautier d'Oxford, 61, 11 ds T.-L.). L'ital. riviera « cours d'eau » (déb. xives., Dante, Par., XXX, 61-62), « rive » (1remoit. xives., G. Villani) est empr. au fr. (DEI; Devoto; Hope, p. 118); celui-ci a, à une époque récente, repris le mot ital. comme terme géogr. (Riviera) pour désigner la côte de Gênes entre La Spezia et Nice (supra B 2 b). Fréq. abs. littér.: 3 796. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 607, b) 6 652; xxes.: a) 5 265, b) 3 773. Bbg. Foulet (L.). Fleuve et rivière. Rom. Philol. 1948/49, t. 2, pp. 285-297. − Hasselrot (B.). Pt. suppl. de dim. fr. St. neophilol. 1959, t. 31, p. 39 (s.v. riviérette). − Quem. DDL t. 16. − Schmidt (H.-J.), Muller (Ch.). Fleuve/rivière. Praxis. 1975, t. 22, pp. 103-104.