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RAS3, RASE, adj.
A. − Qui est coupé près de la peau.
1. [En parlant d'un système pileux (barbe, cheveux)] Il avait des cheveux noirs, ras et droits (Maupass., Mt-Oriol, 1887, p. 25).La brosse rase des cheveux descendait en pointe d'écusson (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 5etabl., i, p. 163):
1. En me rhabillant, je me regardais dans la glace, et mon triste visage, un peu plus jaune chaque jour, avec ce long nez, la double ride profonde qui descend jusqu'aux commissures des lèvres, la barbe rase mais dure dont un mauvais rasoir ne peut venir à bout, m'a soudain paru hideux. Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1092.
P. anal. [En parlant du pelage d'un animal] Qui est naturellement court. Des chameaux à poils ras, couverts de plumes d'autruche (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 149).J'avais jadis un caniche à poil ras (Courteline, Ronds-de-cuir, 3etabl., 1893, iii, p. 120).
2. [P. méton., en parlant d'une surface pileuse (le visage, la tête)] [Les musiciens de Draveil] s'en allaient en pleine campagne, soufflant dans les cuivres, des trompettes avec leurs bonnes joues villageoises, rases et noiraudes (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 314).Ces garçonnets, de qui la tête rase porte par-devant un petit bourrelet de cheveux (Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p. 600).
3. Empl. adv. Très court. Cheveux, ongles coupés ras. Tu seras tondu ras, avec une casaque rouge et des sabots (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 121).En signe de deuil, elle fit couper tout ras ses admirables cheveux noirs (Loti, Mariage, 1882, p. 287).
B. − P. anal.
1. Qui est parfaitement uni, sans saillie ni proéminence.
a) [En parlant d'une surface] Petite île d'environ trois lieues de tour, mais si rase, qu'elle est en partie submergée à la haute mer (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 104).Et, seul, le berger restait debout, au milieu de la plaine rase, noyée de nuit (Zola, Terre, 1887, p. 301).
Rase campagne. V. campagne I A 1 c.
Faire table* rase.
b) Spécialement
BOT. [En parlant d'une plante, d'une végétation] Qui ne s'élève pas très haut au-dessus du sol. Gazon, pâturage ras; herbe rase; lande rase. L'ardoise mauve du toit se pare de petits lichens ras et blonds (Colette, Cl. ménage, 1902, p. 274).Les chaussures d'Augustin craquaient sur ce sable semé de silex, brindilles de bois mort et mousses rases, parure des allées de châteaux très bien tenues, où peu de voitures passent (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 125).
MAR. [En parlant d'un bateau] Qui est peu élevé au-dessus de l'eau ou qui a perdu sa mâture dans une tempête ou un combat. Le châssis est porté sur des bateaux ras, n'ayant que des bouts de leurs bas-mâts, avec leurs gouvernails (Maizière, Nouv. archit. nav., 1853, p. 5):
2. La mer terrible, enflant ses houles couleur d'encre, Défonça les sabords, rompit les mâts et l'ancre, Et fit la triste nef plus rase qu'un radeau. Heredia, Trophées, 1893, p. 178.
TEXT. [En parlant d'une étoffe] Dont le poil est court. Fourrure, velours à poils ras. Aubiac allait à la potence en baisant un manchon de velours ras bleu qui lui restait des bienfaits de Marguerite de Valois (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 31).Le dos des doigts pointus touche la peluche rase du tapis (Péladan, Vice supr., 1884, p. 2).
P. méton., subst. fém. Étoffe croisée et unie à poils ras. À la mode des gens de Limagne, il était habillé de rase blanche (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 136).
2. [En parlant d'un récipient] Dont le contenu arrive exactement au niveau du bord. Une mesure rase de graines. Le coke est un combustible léger. Celui de gaz pèse de 35 à 40 kilos l'hectolitre ras (Ser, Phys. industr., 1888, p. 76).
Fam. En avoir ras(-)le(-)bol. En avoir assez, être excédé. Synon. pop. en avoir marre.Je chanterai. J'en ai marre des accidents, des maladies, des hôpitaux. J'en ai ma claque, ras-le-bol! Je chanterai ou je n'ai plus qu'à crever! (S. Berteaut, Piaf, 1965, p. 418 ds Cellard-Rey 1980).Empl. subst. Ce que Mai 68 a laissé entrevoir, le ras l'bol ouvrier, nous le retrouvons en Italie d'une manière beaucoup plus explicite (D. Cohn-Bendit, Le Grand Bazar, 1975, p. 108).
3. [Dans des loc.]
À ras, loc. adv. De très près. Il m'ordonnait, juste avant une matinée dansante, de couper à ras mes ongles (Giraudoux, Judith, 1931, i, 4, p. 36).
À, au ras de, loc. prép. Au niveau de. Enfin des lumières à ras des flots ont paru; c'était Beyrouth (Flaub., Corresp., 1850, p. 222).Mais Philippe, à plat ventre, ne cessait d'épier le petit visage résolu, peu à peu cerné par l'aube, au ras de l'herbe (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1381).
À, au ras de terre, du sol. La vapeur siffla au ras du sol, en un jet assourdissant (Zola, Bête hum., 1890, p. 6).Les faux se mirent à sonner dans l'étendue de la prairie. On les entendait siffler au ras de terre, coupant les herbes lourdes de rosée (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 145).
TEXT. [En parlant d'un vêtement] Ras de/du cou. Sans col et dont l'encolure s'arrête à la base du cou. Le chandail qu'elle avait fini de tricoter (...) était trop joli! Bleu-marine, montant au ras du cou (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 46).En appos. Le pull ras de cou Jersey Courtelle 75 % acrylique, 25 % laine (Catal. La Redoute, 1979-80, p. 92).
Au fig. À, au ras de terre, du sol; à, au ras des pâquerettes (fam.). Sans s'élever, sans prendre de hauteur. Il avait mis de bonne foi son espoir (...) dans l'apaisant arrangement d'une existence au ras du sol (Colette, Chatte, 1933, p. 106).Vous qui traînez au ras de terre, dans le noir, comme des fumerolles, et qui n'avez plus rien à vous que votre grand dépit (Sartre, Mouches, 1943, ii, 1ertabl., 2, p. 46).À cette coopération « au ras des pâquerettes », une Fédération nationale des coopératives et groupements d'artisans (...) tente depuis trois ans de donner un certain souffle (Le Monde dimanche, 31 janv. 1982, p. iv).
P. anal. Sans s'écarter. Tout le monde avait compris que celui qui comprend le mieux le Cid, c'est celui qui prend le Cid au ras du texte (Péguy, Argent, 1913, p. 1177).
(À) ras bord(s). Jusqu'au niveau du bord, jusqu'en haut. Il emplit son verre ras bords, et, soulevant le chapeau: « Mesdames, messieurs, la compagnie, le coup du docteur! » (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 29).Il était comme une coupe pleine à ras bords, qui continuellement déborderait, à la façon des vasques marocaines (Montherl., J. filles, 1936, p. 966).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ], fém. [ʀ ɑ:z]. Homon. raz, ras1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1190 « entièrement plein » (Gui de Cambrai, Vengement Alixandre, 1118 ds Elliott Monographs t. 23, p. 61), rare jusqu'au xvies., v. rez; 2. a) 1534 chapeau raz « chapeau dont le poil est court » (Rabelais, Gargantua, XII, éd. R. Calder et M. A. Screech, p. 92); b) 1547 barbe rase (Noël Du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, t. 1, p. 71); c) 1573 nom donné à diverses étoffes (Larivey, trad. Straporole, VII, 3 ds Hug.); 3. a) 1536 ras terre (Rabelais, Lettre, éd. Marty-Laveaux, t. 3, p. 355); av. 1755 au ras de terre (St Simon, 97, 25 ds Littré); b) 1606 couper tout ras (Nicot, s.v. raser); c) 1836 à ras de (Gozlan, Notaire, p. 41); 4. 1559 campagne rase (Amyot, P. Aem., 27 ds Littré); 1636 rase campagne (Monet). Réfection de l'a. fr. rés (v. rez) d'apr. raser*. Fréq. abs. littér.: 1 196. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 363, b) 1 333; xxes.: a) 2 685, b) 2 441. Bbg. Wartburg (W. von). Glanures étymol. R. Ling. rom. 1960, t. 24, p. 287.