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* Dans l'article "PROLÉTAIRE,, subst. et adj."
PROLÉTAIRE, subst. et adj.
I. − Substantif
A. − ANTIQ. ROMAINE. Citoyen de la dernière des six classes du peuple, sans droit et sans propriété, et qui était exclu de la plupart des charges politiques. Dans l'antiquité romaine, le prolétaire était le citoyen de la dernière classe déterminée par le cens; exempt d'impôt, n'ayant d'autre bien que sa personne il tenait cette dénomination du fait que son seul espoir de richesse était dans les enfants qu'il pouvait procréer (proles: lignée) (Bern.-Colli1981).
B. −
1. Vx. Personne qui appartient à la couche la plus pauvre de la société, qui ne possède rien en propriété. Synon. indigent, pauvre, peuple.La sympathie que nous éprouvons pour le prolétaire est comme celle que nous inspirent les animaux: (...) effroi de la misère, orgueil d'éloigner de nous tout ce qui souffre, voilà par quels détours d'égoïsme se produit notre charité (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.330).
En empl. adj. [Le collège scientifique royal] s'occupera à former d'abord et à perfectionner ensuite la doctrine générale qui servira de base à l'instruction publique de toutes les classes de la société, depuis celle des individus les plus complètement prolétaires jusqu'à celle des citoyens les plus riches (Cl.-H. de Saint-Simon, OEuvres, t.5, vol. 10, Le Catéchisme des industriels, 1966 [1824], p.30).
2.
a) Personne qui ne possède pour vivre que les revenus que lui procure une activité salariée manuelle, et dont le niveau de vie, par rapport à l'ensemble du groupe social, est bas; p.ext., travailleur manuel de la grande industrie. Synon. ouvrier, paysan, salarié, travailleur; anton. bourgeois, patron.Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. Il lit les mêmes journaux et a les mêmes passions (Flaub., Corresp., 1871, p.287).Les prolétaires se montraient de plus en plus débiles d'esprit. L'affaiblissement continu de leurs facultés intellectuelles (...) résultait aussi d'une sélection méthodique opérée par les patrons. Ceux-ci, craignant les ouvriers d'un cerveau trop lucide comme plus aptes à formuler des revendications légitimes (A. France, Île ping., 1908, p.404).
SYNT. Prolétaires des campagnes, des villes; prolétaire crasseux, exploité, opprimé; enfant, fils, fille de prolétaires; condition de prolétaire; bon, brave, digne, honnête, laborieux, misérable, pauvre, vil prolétaire.
b) [Dans la théorie marxiste, à propos des sociétés industr. caractérisées par le mode de production capitaliste] Travailleur appartenant à la classe sociale ne possédant pas les moyens de production et qui doit pour vivre vendre sa force de travail pour laquelle il perçoit un salaire et par laquelle il crée de la plus-value. Synon. ouvrier; anton. capitaliste, patron.Classe, parti des prolétaires. Le même système capitaliste qui exploite la force de travail de l'ouvrier, attente à la liberté du travailleur. Et la personnalité du prolétaire est diminuée, comme sa subsistance (Jaurès, Ét. soc., 1901, p.128).Pour l'occuper [la foule], les militants belges eurent l'idée d'entonner leur chant: Prolétaires, unissez-vous, que bientôt tout le monde reprit à l'unisson (...). Ce chant créait un lien, devenait un symbole sonore, concret, de solidarité (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.446).Il suffit que je sois né et que j'existe pour éprouver ma vie comme difficile et contrainte (...) mais les choses peuvent en rester là sans que je passe à la conscience de classe, que je me comprenne comme prolétaire et que je devienne révolutionnaire (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.507).
II. − Adj. [Corresp. à supra I B 2]
A. − Qui est relatif aux prolétaires, qui les caractérise (dans leurs habitudes, leurs conditions de vie). Je regardais avec amour les moindres objets (...) jusqu'à la chaufferette de ma mère, ce meuble prolétaire banni des habitudes élégantes (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.308).Je n'attaque pas la laideur non significative, mais cette laideur qui a de certains côtés de canaillerie originelle, qui sont des signes de bas entendement et de goût prolétaire dans les choses de l'esprit (Goncourt, Journal, 1879, p.18).
B. − Qui est composé, formé de prolétaires. Classe, état, masse, parti, révolution prolétaire. Sans cette universelle émancipation, complément nécessaire de l'abolition du servage, la famille prolétaire ne saurait être vraiment constituée, puisque l'existence féminine y reste habituellement abandonnée à une horrible alternative entre la misère et la prostitution (Comte, Catéch. posit., 1852, p.29).
[En parlant d'un aut., d'un écrivain] Qui appartient, qui est issu du prolétariat; dont le centre d'intérêt est le prolétariat (v. ce mot B 1). Depuis qu'Eugène Sue est devenu le romancier prolétaire, Béranger le visite, et madame Sand le reconnaît. Ce sont de grandes puissances qui se traitent désormais d'égal à égal (Sainte-Beuve, Corresp., t.5, 1843, p.323).J'aime à me rappeler l'amitié (...) de Gilland, écrivain prolétaire d'un grand talent et d'une grande foi (Sand, Hist. vie, t.4, 1855, p.460).
ÉCON., vieilli. Nations prolétaires. Synon. de tiers monde (v. tiers1).L'abîme entre riches et pauvres, entre les pays nantis et «les nations prolétaires» est tel que l'on désespère pouvoir le combler (Univers écon. et soc., 1960, p.8-2).
REM. 1.
Prolétairement, adv.,rare. À la façon des prolétaires; d'une manière qui a rapport avec le prolétariat. Des tas de gros sous très prolétairement vert-de-grisés (Gautier, Mllede Maupin, 1835, p.20).
2.
Prolo, subst.,pop. et fam., synon. (supra I B 2).Fils de prolo. De temps en temps, je changeais de nom, mais je finissais quand même par être connu des prolos et des flics (Abellio, Pacifiques, 1946, p.43).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔletε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.1. Ca 1375 prolectaires antiq. romaine (Raoul de Presles, Cité de Dieu, l. III, exposition sur le chap.17, ms. Paris BN fr. 170 [ca 1380], fo132 vo: prolectaires [...] laissiez en la cite de Rome pour engendrer enfanz); 1578 prolétaires (La Cité de Dieu, trad. G. Hervet, I, 88b, D, éd. 1578 cité par H. Vaganay ds Rom. Forsch. t.32, p.136); 2. 1789 époque mod., adj. (Dupont de Nemours, 24 sept., Arch. parlementaires, 1resérie, t.IX, p.167, col. 2: des citoyens prolétaires, quittes envers la patrie, quand ils lui ont donné des enfants); 1792 subst. (A. Clootz, Pétition des Domestiques, 28 août, Arch. parlementaires, 1resérie, t.L, p.671, col. 1: les bornes qui séparent les prolétaires des citoyens actifs); 1825 classe prolétaire (Saint-Simon, De l'organisation sociale, t.V, vol. 10, p.124 ds Vardar Soc. pol., p.295); 1848 prolétaires de tous les pays, unissez-vous! (K. Marx, F. Engels, Manifeste du Parti communiste, trad. L. Lafargue, Paris 1897, p.60). Empr. au lat. proletarius «citoyen de la dernière classe de la société romaine, qui n'était considéré comme utile que par les enfants (proles) qu'il engendrait», dér. de proles «race, lignée, enfants». Cf. St Augustin, Civ. Dei, éd. Migne, l. 3, chap.17: proletarii illi, qui eo quod proli gignendae vacabant. Fréq. abs. littér.: 317. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 254, b) 516; xxes.: a) 572, b) 510. Bbg. Dub. Pol. 1962, pp.386-388. _Klare (J.). L'Élaboration du vocab. politico-social en France... Beitr. rom. Philol. 1974, t.13, p.267. _Quem. DDL t.14. _Tournier (M.). Un vocab. ouvrier en 1848. Thèse, Paris, 1976, t.1, no1, p.171, 183; t.2, no2, p.467, 521, 618.