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PRISON, subst. fém.
A. − Lieu de détention.
1.
a) Établissement pénitentiaire clos, aménagé pour recevoir des individus condamnés par les tribunaux à une peine les privant de liberté ou des prévenus en instance de jugement; p.méton., ensemble des détenus d'un tel établissement. Synon. cabane (pop.), geôle (moins usuel), plombs (vx, littér.; v. plomb II B 8), taule (pop.).Il demande la destruction des prisons d'État, l'abolition des tribunaux exceptionnels (Tocqueville,Anc. Rég. et Révol., 1856, p.197):
1. −J'espère, lui dit-il, que vous ne vous êtes pas trop ennuyé en prison. J'ai toujours pensé que ce qu'un homme peut rencontrer de plus utile vers la vingtième année, c'est une longue maladie ou un séjour en prison... Arland,Ordre, 1929, p.440.
SYNT. Barreau, cachot, cellule, cour, parloir, préau d'une prison; cantine de prison; directeur, gardien, surveillant de prison; aumônier, visiteur de prison, temps de prison; faire de la prison; mettre, coller (fam.), fourrer (fam.) en prison; s'échapper, s'évader de prison; sortir, tirer de prison; prison de femmes; l'argot des prisons.
DR. Bris* de prison.
Prison départementale (p.oppos. à prison centrale*). ,,Prison (...) où se subissent les courtes peines d'emprisonnement, la détention préventive et la contrainte par corps`` (Cap. 1936).
Expr. Triste comme une porte* de prison; p.antiphr., agréable, aimable, gai comme une porte* de prison.
b) Local clos où l'on garde enfermés des individus pendant un temps plus ou moins long. Synon. bloc (pop.), dépôt, mitard (arg.), trou (pop.), violon (pop.).L'excellent garçon m'apportait un ordre de me rendre à la prison du secteur pour deux jours et deux nuits (Verlaine,OEuvres compl., t.4, Prisons, 1893, p.364).
c) Prison (militaire). Local disciplinaire où sont détenus les soldats coupables de fautes contre la discipline. Tomber sur une patrouille de (...) gendarmes de la marine (...) et, pour finir, la prison maritime (L. Chevalier,Les Ruines de Subure, Paris, R. Laffont, 1985, p.24).
2. P. ext. Lieu dans lequel quelqu'un est retenu prisonnier, enfermé ou séquestré. À cet homme, accusé de haute trahison Je veux bien accorder sa chambre pour prison (Dumas père, Christine, 1830, iv, 8, p.274).
3. P. anal. Bâtiment, souvent austère et sombre, dans lequel on se sent à l'écart de la vie normale. Tu as froncé le sourcil tout à l'heure en rencontrant du regard ce mot: collège (...). Encore, toi qui fus externe, tu ne les connais que par le dehors, ces odieuses prisons (Bourget,Ét. angl., 1888, p.180).Dargelos renvoyé, Condorcet devenait une prison (Cocteau,Enfants, 1929, p.53).
4. P. anal. ou au fig. Ce qui tient serré, ce qui enferme étroitement. Prison dorée.
a) Domaine concr.Ses cheveux (...) se trouvaient si harmonieusement coiffés qu'ils tenaient dans une gracieuse prison de dentelle (L. Daudet,Voy. Shakesp., 1896, p.50).Les ruisseaux avaient rompu leurs prisons de glace au souffle du printemps (Barrès,Colline insp., 1913, p.339).
Pop., vx. La prison de Saint-Crépin (patron des cordonniers). Des souliers étroits, qui blessent les pieds. (Dict. xixeet xxes.).
b) [À propos du corps, p.oppos. à l'âme] :
2. Ah! prison de chair, je te maudis! Pourquoi es-tu là? Voyons! Que fais-tu, misérable charogne vivante, qui traînes ta pourriture par les rues, qui bois, qui manges, qui dors et qui jouis? Pourquoi suis-je attaché à ce cadavre qui me traîne sur la terre, moi qui veux voler dans les cieux et partir dans l'infini? Qu'avais-tu donc fait, pauvre âme, pour venir là, dans la prison de ce corps, où tu bats en vain des ailes que tu brises aux parois qui t'entourent? Flaub.,Smarh, 1839, p.116.
Vivre dans une prison dorée. Vivre dans des conditions très confortables mais sans liberté. (Dict. xxes.).
B. − P. méton. État d'un individu privé de liberté.
1. Peine privative de liberté, subie dans une prison; p.méton., durée de cette peine. Synon. détention, emprisonnement, réclusion.Faire de la prison; risquer la prison; condamné à la prison à perpétuité. La femme convaincue [d'adultère] pourrait être condamnée à la prison pour la vie. Si le mari avait été absent plus de deux ans, la femme ne pourrait être condamnée qu'à une prison de quelques années (Stendhal,Amour, 1822, p.228).[Au Royaume-Uni] les divulgations de secrets atomiques en temps de paix sont passibles de peines de cinq ans de prison au maximum, beaucoup moins sévères qu'aux États-Unis (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p.72).
Prison préventive*; prison pour dettes*.
2. Au fig. État de contrainte, d'isolement. Le bonheur est une forte prison (Claudel, Cantate1913, p.332).Infirme et condamné à la prison perpétuelle, j'ai tout d'un coup conçu un amour immense et inégalable (J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, p.140).
En partic. [En parlant de l'amour] Ils ne songeaient qu'à eux-mêmes, (...) enfermés dans cette prison où l'on ne sait plus rien du monde, où l'on ne voit plus rien qu'un être (Maupass.,Notre coeur, 1890, p.372).
REM.
Prison-, -prison, élém. de compos. entrant dans la constr. de qq. subst.[Corresp. à supra A] a)
Hôpital-prison, subst. masc.; prison-hôpital, subst. fém.Il fallait absolument faire quelque chose pour une jeune Chilienne (...) qui devait finalement accoucher d'un enfant mutilé (...), il fallait la sortir de son hôpital-prison (F. Magazine, juill. 1979, p.25, col. 2).La passion et l'entêtement qui nous animaient pour sortir cette jeune femme-enfant [Carmen Castillo] de sa prison-hôpital (Le Nouvel Observateur, 28 juin 1980, p.13, col. 1).
b)
Prison-modèle, subst. fém.Nous avons vu l'effet de la solitude et de l'oisiveté conjuguées dans cette prison-modèle, si proprette qu'elle en est presque pimpante (Le Nouvel Observateur, 5 avr. 1976, p.75, col. 3).
c)
Usine-prison, subst. fém.L'usine-prison, noire, aux vitres jamais lavées, entourée de hauts murs comme pour bien prouver aux ouvriers qu'ils étaient des forçats (M. Ragon,Les Quatre murs, 1966, p.63 ds Gilb. 1980).
Prononc. et Orth.: [pʀizɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 prisun «prise, capture» (Roland, éd. J. Bédier, 1886); ca 1140 prisun «emprisonnement, captivité» (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5696); b) ca 1100 meiner en sa prisun «emmener captif» (Roland, 3680); ca 1140 jeter en prisun «mettre en captivité» (Geffrei Gaimar, op. cit., 5703); 1155 tenir en prison «tenir en captivité» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2064); 1160-74 mettre en prison «mettre en captivité» (Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 4220); 1176 garder an prison «garder en captivité» (Chrétien de Troie, Cligès, éd. A. Micha, 1343); c) ca 1165 prison «service amoureux auprès d'une dame» (Troie, 1597 ds T.-L.); d) expr. 1640 attrayant comme la porte d'une prison (Oudin Curiositez); 1842 triste comme la porte d'une prison (Musset, Poésies nouvelles, Le mie prigioni ds OEuvres, éd. Ph. Van Tieghem, p.192); 2. ca 1140 prisun «prisonnier, captif» (Geffrei Gaimar, op. cit., 699); 3. ca 1210 subst. masc. «lieu de détention» (Raoul de Houdenc, Méraugis, éd. M. Friedwagner, 5666). Du lat. pre(n)siōnem, acc. de *pre(n)siō , contraction de prehensiō «action d'appréhender au corps» (prendre*), devenu preison, puis prison, sous l'infl. de pris, part. passé de prendre*. A éliminé au sens de «prison» chartre* et geôle*. Fréq. abs. littér.: 4553. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9518, b) 5517; xxes.: a) 5067, b) 5237.