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PLEUREUR, -EUSE, subst. et adj.
A. − Substantif
1. Personne engagée pour pleurer et se lamenter avec ostentation lors des veillées funèbres et des funérailles. Des pleureuses, agenouillées et la main placée en signe de deuil sur leur chevelure bleue, se retournaient vers les catafalques (Gautier,Rom. momie, 1858, p.175).Les irisations que les siècles (...) ont su donner aux petites urnes de verre qu'on enfermait dans une tombe, pleines de larmes versées par les pleureuses funèbres (Arts et litt., t.1, 1935, p.84-16):
. Ce fut le signal d'une épouvantable scène de cannibalisme. Le corps des esclaves n'est pas protégé par le tabou comme le cadavre du maître. Il appartient à la tribu. C'est la menue monnaie jetée aux pleureurs des funérailles. Verne,Enf. cap. Grant, t.3, 1868, p.138.
Rem. Dans l'Antiq. gr. et romaine il s'agit essentiellement de femmes qui en faisaient une véritable profession. Dans certains pays méditerranéens, d'Afrique ou du Moyen-Orient, cette coutume s'est perpétuée jusqu'au début du xxes. et survit encore de nos jours de manière très localisée; le rôle est dévolu aussi bien à des hommes qu'à des femmes, la fonction n'est pas toujours rémunérée mais est assumée comme un droit ou un devoir par certains membres de la communauté.
2. Péj. Personne qui se lamente sur la mort, sur la destinée de quelqu'un, qui éprouve un chagrin de convenance. Hugo a pour pleureurs officiels Sardou, qui n'allait jamais chez lui, et Dumas, qui disait à Lavoix que Hugo était l'homme qu'il méprisait le plus (Goncourt,Journal, 1885, p.457).Veuve professionnelle, elle ne s'occupait jamais de rien dans la maison (...) Elle n'intervenait qu'en qualité de pleureuse: lors des visites au cimetière ou des messes de fondation (H. Bazin,Qui j'ose aimer, 1956, p.20).
3. Personne qui pleure, qui éprouve un réel chagrin. Étonné, effrayé de soi, très doucement, il écarta la pleureuse et la mena par la main vers sa tante (Adam,Enf. Aust., 1902, p.282).Au milieu d'eux passa une femme qui sanglotait. Et le puissant Lavisse fit un mouvement de tout le corps, la suivit avec stupeur. Quelle était cette pleureuse? C'était Maria, l'amie de sa jeunesse, qui seule sanglotait (Barrès,Cahiers, t.6, 1908, p.311).
4. Pop. Personne dont le comportement affligé peut faire croire qu'il est proche du défunt. Larme-à-l'oeil? Mais il est pleureur à la Madeleine. Il suit les enterrements de première classe. Je me crois morte toutes les fois qu'il me regarde (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Yvette, 1884, p.500).
B. − Subst. et adj.
1. (Personne, enfant) qui pleure facilement, à tout propos. Marmot pleureur. Armand-Louis tette quand il veut (...) Mais j'ai peur que le travail des dents ne commence, et que tu ne le trouves bien criard, bien pleureur (Balzac,Mém. jeunes mariées, 1842, p.302).Elle me quitta en pleurant, bien que ce fût pour un mari excellent, d'une belle figure, d'une grande probité, intelligent et riche par-dessus le marché, société bien préférable à celle d'un enfant pleureur et fantasque (Sand,Hist. vie, t.2, 1855, p.282).Je ne suis pas si grognon que cela, fait remarquer Marcel, puisque je laisse partir cette lettre. C'est Camille qui est une pleureuse et qui ne veut pas me dire ce qu'elle a et pourquoi elle pleure (Tharaud,Enf. perdus, 1948, p.127).
Adj., au fig. [En parlant d'un créateur, de son oeuvre] Qui est enclin à la tristesse, larmoyant. Il y a beaucoup de sensiblerie [dans les Mémoires de Brissot]. Le Brissot est du genre pleureur; mais chez lui tout est lourd, déclamatoire, sans naturel (Balzac,OEuvres div., t.1, 1830, p.629).Je ne sais si je m'égare sur la portée réelle de cette biographie, si pleine d'enfance, si pleureuse et qui suscite de tels mouvements populaires (Barrès,Pays Lev., t.1, 1923, p.103).
P. métaph. Notre ciel est pleureur, et le printemps de France, Frileux comme l'hiver, s'assied près des tisons (Gautier,Poés., 1872, p.300).Il sort, il va humer cette belle pleureuse, la terre après la pluie (Montherl.,Encore inst. bonh., 1934, p.691).
2. Adj. [En parlant du comportement, des sentiments de qqn] Qui est empreint de larmes, qui s'attendrit facilement. Ton pleureur; figure pleureuse. Élio était fort original; c'était une espèce de petit sauvage. Ne riant jamais que d'un rire sardonique, voix pleureuse, air maussade (Michelet,Mémor., 1822, p.204).Les gens peu sensibles (...) tombent dans l'air pleureur, quand absolument ils veulent être tristes (Stendhal,Rossini, t.2, 1823, p.29).Ma mère était une de ces femmes qui accablent leur mari et leurs fils d'une tendresse pleureuse, exigeante et molle: elle a empoisonné mon enfance (Nizan,Conspir., 1938, p.220).
C. − P. anal.
1. Adj. [En parlant d'arbres, d'arbustes] Dont les branches retombent, s'inclinent vers le sol. Charme, cyprès, frêne, mélèze, orme, tilleul pleureur. Un cénotaphe bien simple, ombragé par un saule pleureur, et placé sur le bord d'un ruisseau, attira mon attention (Jouy,Hermite, t.5, 1814, p.259).À l'ombre d'un arbre pleureur, un vire-vire tournait ainsi qu'un moulin à prières (Arnoux,Écoute, 1923, p.190).
P. anal. Voilà des cheveux pleureurs, défrisés, qu'il faut tout à l'heure brosser longtemps pour leur rendre leur couleur de castor brillant (Colette,Vagab., 1910, p.14).
2. Substantif
a) Subst. masc., ZOOL. Singe du genre Sapajou dont le cri ressemble à la plainte d'un enfant qui pleure. Des chimpanzés? Il n'y en a pas dans mon cercle! Vous aurez vu des singes verts, des pleureurs, des cynos [cynocéphales], ce que vous voudrez (Genevoix,Routes avent., 1958, p.185).
b) Subst. fém., HIST. DU COST. Sorte de manchette de toile blanche que l'on portait lors des premiers temps du deuil. (Dict.xixeet xxes.).
REM.
Pleureux, vieilli, région. et péj., var. de pleureur. (Celui) qui pleure facilement, qui semble toujours sur le point de pleurer. J'avoue avec franchise Que je héis [hais] à la mort ce pieux fils d'Anchise, Un bedeau sous l'armure, un jocrisse, un pleureux (Pommier,Crâneries, 1842, p.61).L'homme tourna la tête. Il avait un oeil pleureux, une fistule comme un gros bouton rouge et, avec sa veste qui montrait la corde et son pantalon fendu sur les chevilles, la façon à peu près d'un honnête coupeur de bourse (Pourrat,Gaspard, 1925, p.106).
Prononc. et Orth.: [ploeʀoe:ʀ], fém. [-ø:z], [-øʀø:z]. Martinet-Walter 1973, fém. [plø-], [ploe-]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1050 ploros adj. masc. «qui pleure, en larmes» (Alexis, éd. Chr. Storey, 324); ca 1165 plorose adj. fém. «id.» (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 22439); b) 1561 pleureux «id.» (Grevin, M. Ant., V ds Gdf.), noté comme peu usité dep. Ac. 1718; c) 1575 subst. fém. pleureuse «femme dont on louait les services dans l'Antiquité pour pleurer un mort» (Belleforest, Cosmogr., part.2, col. 381 ds Gay); 2. a) xiiies. subst. fém. ploreresse «id.» (Bible, Maz. 684, fo125c ds Gdf.); 1563 pleureresse «id.» (Bible, Jeremie, IX, ibid.), attest. isolées; b) 1414 subst. masc. ploureur «mercenaire payé pour pleurer un mort» (Laur. de Premierfait, Decam., B.N. 129, fo8c ds Gdf. Compl.), attest. isolée; 3. déb. xves. adj. pleureur «qui pleure, qui a l'habitude de pleurer» (Catholicon, B.N. 1. 17781, ibid.); 1736 ton pleureur (Destouches, Le Dissipateur, p.119); 1770 saule pleureur (Lettre ds Bougainville, Voy. autour du monde, 1772, p.109). Dér. de pleur* et de pleurer*; suff. -eux* et -eur2*. Fréq. abs. littér.: 212. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 279, b) 357; xxes.: a) 332, b) 272.