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PIQÛRE, subst. fém.
A. − Petite lésion cutanée, plus ou moins profonde, provoquée volontairement ou accidentellement par un objet, un instrument pointu ou par un animal (insecte, serpent, poisson, etc.). Piqûre d'aiguille, d'épine, de ronce; piqûre d'abeille, de moustique, de scorpion; piqûre venimeuse, mortelle; mains couvertes de piqûres. Un serpent lui montait aux jambes, un de ceux dont la piqûre fait mourir en deux minutes (Michelet, Oiseau, 1856, p.78).Il écrivit le chiffre de Ninon (...) sur son linge de corps, en caractère de sang, grâce à une piqûre qu'il se fit à la main avec une épingle (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p.193).
P. méton. La sensation qui en résulte:
1. On se rendra facilement compte de ce processus en tenant une épingle dans la main droite, par exemple, et en se piquant de plus en plus profondément la main gauche. Vous sentirez d'abord un chatouillement, puis un contact auquel succède une piqûre, ensuite une douleur localisée en un point, enfin une irradiation de cette douleur dans la zone environnante. Bergson, Essai donn. imm., 1889, p.44.
Piqûre anatomique*.
MÉD., ART VÉTÉR. Injection thérapeutique, ponction, faites à l'aide d'une aiguille creuse; introduction d'aiguilles d'acupuncture. Piqûre hypodermique, intramusculaire, sous-cutanée. Ne pouvez-vous donc lui faire une piqûre de morphine? J'ai le coeur brisé de l'entendre (Zola, Joie de vivre, 1884, p.940).Il y avait peu d'espoir de le sauver [le chien]. Il avait été mordu derrière la nuque. Son train arrière était paralysé. Je lui avais fait une piqûre intraveineuse et j'hésitais à lui administrer une deuxième dose du sérum universel de Boutantàn (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.355).
P. métaph. Vraiment, nous en avons trop vu de ces intellectuels adorant l'Art, avec un grand A, et qui, quand il ne leur suffit plus de s'alcooliser avec du Zola, se font des piqûres de Verlaine (Proust, Sodome, 1922, p.956).
B. − P. anal. ou au fig.
1.
a) P. anal. (d'aspect), gén. au plur.
Petits trous dus à certains insectes, petites taches (de moisissures, de corrosion, d'oxydation, etc.). Piqûres de vers; piqûres d'une glace ancienne. Pourquoi ces quatre jours [de salle de police]? Pour rien! Ou pour tout, ce qui revient au même; pour un bouton de veste en détresse, une piqûre de rouille à l'éperon, une tache graisseuse à la blouse (Courteline, Train 8 h 47, 1888, 1repart., ii, p.20).La couleur [de l'orge] doit être jaune clair (...) sans piqûres noires ou bleues qui indiquent la présence de moisissures (Boullanger, Malt., brass., 1934, p.50).
Petites taches rousses dues à l'humidité sur un papier, un livre. (Dict. xxes.). Synon. rousseurs.
Petits points lumineux. D'innombrables piqûres de lumière rendent plus noire l'obscurité sans fond (Hugo, Travaill. mer, 1866, p.301).MmePauque fit remarquer à la jeune fille un forsythia dont les fleurs s'annonçaient par des piqûres d'or qui formaient une sorte de constellation (Green, Malfaiteur, 1955, p.174).
b) P. anal. (d'effet). Sensation vive et irritante. Piqûre du froid, d'ortie, des rayons du soleil. [Pierre] faisait alors couler [le champagne] (...) dans sa bouche pour sentir la petite piqûre sucrée du gaz évaporé sur sa langue (Maupass., Pierre et Jean, 1888, p.336).Exaltée, les mollets travaillés de piqûres nerveuses, je me tiens debout dans le wagon (Colette, Cl. ménage, 1902, p.27).
2. Au fig. Vive irritation, blessure d'amour-propre. Piqûres d'épingle; piqûre de vanité; la piqûre d'un sarcasme, d'un regard. Les couplets malicieux d'un chansonnier de Montmartre avaient fait une piqûre cuisante à l'orgueil britannique (Vogüé, Morts, 1899, p.222).Le souvenir de leur accent ne suffisait pas à venger Léniot des piqûres qu'elles avaient faites à son amour-propre (Larbaud, F. Marquez, 1911, p.58):
2. Une piqûre assez irritante qu'il reçut au sein de l'Académie des Sciences morales et politiques (...) fut ensuite fermée et guérie par le choix que fit de lui en cette même qualité [de secrétaire perpétuel] l'Académie des Inscriptions. Sainte-Beuve, Portr. contemp., t.4, 1844, p.347.
C. − COUT., SELLERIE. Suite régulière de points assemblant ou ornant une ou plusieurs épaisseurs d'étoffe, de cuir. Piqûre(s) (à la) main, (à la) machine; piqûres d'un vêtement, d'une chaussure; piqûres sellier. Une robe de drap bleu toute simple −corsage à petits plis pincés, col cerclé de piqûres (Colette, Cl. Paris, 1901, p.34).[L']enveloppe [du ballon] est composée d'une série de fuseaux découpés dans l'étoffe, assemblés entre eux par des piqûres (Marchis, Nav. aér., 1904, p.76):
3. Les nouvelles machines de famille sont pourvues d'un mécanisme au réglage des points, qui permet de coudre en avant et en arrière sans avoir à arrêter de piquer (...). Cette marche avant et arrière est surtout pratique pour faire deux piqûres parallèles et pour arrêter le travail. Lar. mén.1926, p.781.
Point de piqûre. Rangée de points avant combinés avec des points arrière pour obtenir une ligne continue à l'endroit et à l'envers. (Dict.xxes.).
P. anal., RELIURE. Assemblage des feuillets et de la couverture d'un livre, d'un ouvrage, au moyen d'un fil, d'une agrafe; p.méton., le livre, l'ouvrage ainsi assemblé (d'apr. Comte-Pern. 1963 et Leygues 1979). Le cahier déplié, les piqûres du premier feuillet reproduites sur tous les autres, indiquent l'emplacement de chaque page (É. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p.301).
REM. 1.
Piquouse, piquouze, subst. fém.,arg. drogue. Piqûre de morphine, p.ext. piqûre en général. Divers va chaque semaine à la piqûre qu'il appelle, comme les autres malades, la piquouze (J. Genet, Miracle de la rose, 1947, p.351 ds Cellard-Rey 1980).
2.
Piquouser, piquouzer, verbe trans.,arg. Faire une piqûre. Tout le monde doit aller au toubib. Moi comme les autres; pour le vaccin (...) même à bord, tu peux pas descendre sans qu'on t'ait piquousé (Carco, Brumes,1935,p.42, ds Cellard-Rey 1980).
Prononc. et Orth.: [piky:ʀ]. Ac. 1694, 1718: picqueure; dep. 1740: piqûre. Étymol. et Hist.1. Fin xies. «piqûre, comme la morsure d'un serpent» (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, p.110); 2. 1380 «fait de piquer, résultat de cette action» (Roques t.2, Paris, B.N. 13032, 9991); d'où a) 1572 «méd.» (A. Paré, Des playes en général, VII, 2, éd. J. F. Malgaigne, I, p.432); b) 1762 piqûre de l'artère «blessure faite involontairement avec la lancette» (Ac.); c) 1859 «action d'injecter un médicament» (Journ. de méd. et de chir. pratiques, XXX, p.341 ds Quem. DDL t.8); 3. 1553 cout. (P. Belon, Observations, III, 17 cité par H. Vaganay ds R. Philol. fr. t.43, p.199); 4. 1559 «légère offense qu'on reçoit» (Amyot, Périclès, 65 ds Littré). Dér. de piquer*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér.: 549. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 294, b) 706; xxes.: a) 1031, b) 1084.
DÉR. 1.
Piqûrage, subst. masc.,industr. text. Opération consistant à réparer les défauts d'un tissu. C'était une ancienne salle de piqûrage, haute et sale (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.343).[pikyʀa:ʒ]. Supra prononc. 1reattest. 1935 id.; de piqûre, terme de cout., suff. -age*.
2.
Piqûreuse, subst. fém.,industr. text. Ouvrière qui a pour tâche de réparer les défauts d'un tissu. (Ds Rob. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr., Lexis 1975). [pikyrø:z]. 1reattest. 1951 (Ch. Martin, La Laine, Paris, P.U.F., p.75); de piqûre, terme de cout., suff. -euse*.