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PERSONNAGE, subst. masc.
A. − Rôle tenu au théâtre ou dans la vie.
1. Chacune des personnes incarnées par un acteur ou une actrice dans une oeuvre théâtrale ou cinématographique. Caractère, choix, geste d'un personnage; composer, créer, mettre en scène un personnage; personnage d'une pièce, d'un drame, d'une comédie; personnage accessoire, central, principal, secondaire. La même scène réalisée en film parlant, avec des personnages qui s'analysent complaisamment et qui échangent des répliques travaillées au lieu de laisser le spectateur meubler le silence, devient artificielle (Arts et litt., 1935, p.78-7).Il n'y a pas de théâtre sans incarnation. Ce n'est pas le moindre charme des personnages de théâtre que de les savoir capables d'incarnations successives (Mauriac,Journal 2, 1937, p.169).Ces deux grandes familles des personnages de Shakespeare: les gens d'action et les irrésolus, que dans nombre de ses drames il oppose les uns aux autres (Gide,Journal, 1943, p.228).
Être son personnage; entrer, se mettre dans un personnage et, fam., se mettre dans la peau, coller à la peau d'un personnage. Incarner son rôle avec conviction, au point de s'y assimiler. L'acteur doit s'imposer un «silence intérieur» et obtenir concurremment, une déconcentration physique. Il ne pourra vraiment être son personnage que s'il est détendu (Arts et litt., 1936, p.64-11):
1. ... s'attarder aux beautés du texte et aux principes essentiels de l'interprétation, et (...) corriger certaines erreurs de distribution, avant que les acteurs ne soient entrés dans leurs personnages et ce, pendant qu'ils ont encore leur sang-froid. Arts et litt., 1936, p.64-2.
P. ext.
a) Chacune des personnes qui figurent dans une oeuvre littéraire. Personnage d'un poème, de légende, d'un livre; personnage fantastique. Nerval dira que certains conteurs ne peuvent inventer sans s'identifier aux personnages de leur imagination: ils arrivent à s'incarner dans le héros imaginaire, si bien que son existence devient la leur (Durry,Nerval, 1956, p.103):
2. ... cette évolution actuelle du personnage de roman (...) témoigne, à la fois chez l'auteur et chez le lecteur, d'un état d'esprit singulièrement sophistiqué. Non seulement ils se méfient du personnage de roman, mais, à travers lui, ils se méfient l'un de l'autre. Sarraute,Ère soupçon, 1956, p.59.
Personnage allégorique. Abstraction représentée sous les traits d'une personne dans une oeuvre littéraire ou artistique. L'introduction (...) des personnages allégoriques, (...) de tout ce qui représente les hommes en masse, et d'une manière abstraite, ne sauroit plaire aux spectateurs de nos jours (Staël,Allemagne, t.3, 1810, p.199).
P. anal. Oh, quels deux personnages de comédie moderne! ce vieux père, que j'écoutais comme la sagesse sociale jouée par Provost, et ce jeune fils, un utopiste seriné par des professeurs (Goncourt,Journal, 1864, p.116).Ce père qu'il n'a jamais vu est resté pour lui un personnage légendaire, tout juste distinct de millions d'autres héros (Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1355):
3. ... je fis mon entrée en scène −et le spectacle commença. Pitoyable tragi-comédie! Que vous en dirai-je que vous ne connaissiez déjà? Je n'y ai jamais su faire qu'un personnage secondaire et des plus effacés (...). Rien n'est si malaisé que d'apprendre à jouer le principal rôle dans les événements de sa propre existence. Milosz,Amour. init., 1910, p.8.
b) Chacune des personnes représentées dans une oeuvre picturale ou sculpturale. Cette même personne avait poussé l'amour de l'art jusqu'à poser la jambe et une portion de la cuisse pour le personnage du même tableau (Delécluze,Journal, 1826, p.338).À l'intérieur une montagne de cristal de roche portait de petits personnages coloriés (Jouve,Paulina, 1925, p.14).
2. P. anal. Rôle tenu dans la vie, surtout par opposition à la personne véritable dont les sentiments ou la nature restent dissimulés ou par opposition à la personne privée. Jouer un (vilain) personnage; rester conforme à son personnage. Leur seul souci, c'était le personnage qu'ils se fabriquaient et la réussite de leur carrière (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.267):
4. ... je m'insurgeai tout d'un coup contre la docilité que j'avais mise à les suivre dans leurs conceptions, je commençai à imperceptiblement me distinguer du personnage qu'ils m'avaient obligé à incarner, j'objectivai ce personnage... J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, p.150.
B. − Personne qui se distingue.
1. Personne considérée dans son rang social. Synon. dignitaire.Personnage haut placé, important, officiel, puissant; personnage de marque, de premier plan. Un ruban rouge était noué à la boutonnière de sa redingote. Nous reconnûmes à ce signe que, loin d'être un pauvre, ce monsieur comptait parmi les personnages les plus considérables de la société (A. France,Vie fleur, 1922, p.293):
5. ... chez tels personnages de la cour de Louis XIV, quand nous trouvons des marques de courtoisie dans des lettres écrites par eux à quelque homme de rang inférieur (...) elles nous révèlent tout à coup chez ces grands seigneurs tout un monde de croyances qu'ils n'expriment jamais directement mais qui les gouvernent, et en particulier la croyance qu'il faut par politesse feindre certains sentiments et exercer avec le plus grand scrupule certaines fonctions d'amabilité. Proust,Guermantes 2, 1921, p.417.
Personnage historique. Personne qui a pris rang dans l'histoire en raison de son action et de sa notoriété. Jamais un historien n'a pu attribuer à un personnage historique une telle candeur de sottise (Goncourt,Journal, 1860, p.747).Hakem, personnage historique, s'était changé en personnage mythique quand les Druses avaient fait de lui un dieu. Nerval s'empare de ce mortel divinisé et transforme à son tour le personnage historique que lui fournit Silvestre de Sacy (Durry,Nerval, 1956, p.121).
Loc. verb. Être un personnage, se prendre pour, se croire un personnage. Se considérer comme quelqu'un d'important. Synon. se prendre pour, se croire qqn.Il se croit un personnage; un grand personnage (Ac.1798-1935).
2. Personne qui attire l'attention par son comportement, par son apparence, par ce qui lui est arrivé. Le personnage le plus intéressant de notre colonie était sans contredit John Harris (...). La première fois que j'ai dîné avec cet étrange garçon, j'ai compris l'Amérique (About,Roi mont., 1857, p.16).Meaulnes, avec précaution, allait poser d'autres questions, lorsque parut à la porte un couple charmant; une enfant de seize ans avec corsage de velours et jupe à grands volants; un jeune personnage en habit à haut col et pantalon à élastiques (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p.92).Clemenceau? Un personnage pittoresque, impulsif, cherchant l'effet (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p.158).
En partic.
a) Personne qui se distingue et qui s'attire l'admiration ou l'estime. L'épouse de ce personnage solennel et délicieux, immensément riche, lui remettait méticuleusement chaque matin son argent de poche (Fargue,Piéton Paris, 1939, p.202).C'est un personnage extraordinaire. C'est lui qui nous a fait apprendre, entre parenthèses, le peu de latin que nous savons (Duhamel,Suzanne, 1941, p.98).
b) Péj. Personne qui se distingue par une apparence, un comportement singulier ou critiquable. Synon. individu.Personnage grossier, inquiétant, singulier. C'est un drôle de personnage. Je connais le personnage (Ac.1935).Un curieux personnage, par ma foi! Gentilhomme aux façons d'adepte pipeur aux dés, au demeurant fort agréable de sa personne (Milosz,op.cit., 1910, p.45):
6. ... cette lucidité, ce don surnaturel de pénétration, qui ne sont pas seulement le privilège de ceux qu'éclaire l'amour chrétien, mais de tous ces personnages louches, de ces parasites au langage sucré et âcre, de ces larves qui fouillent sans cesse et remuent les bas-fonds de l'âme et flairent avec délices la boue nauséabonde. Sarraute,Ère soupçon, 1956, p.37.
Prononc. et Orth.: [pε ʀsɔna:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) a/) dr. canon. ca 1223 «situation (religieuse) importante» (G. de Coinci, Miracles ND, éd. V. F. Koenig, I Mir 41, 338); b/) 1226 «étendue d'un bénéfice» (doc. ds Du Cange, personagium, s.v. persona); c/) 1250 «dignitaire ecclésiastique» (doc. ds Gdf.); 1285 «dignité ecclésiastique» (Mir. de St Eloi, p.66, ibid.); b) 1566 «personne qui occupe une certaine situation» (H. Estienne, Apologie pour Hérodote, I, 16, p.225); 2. a) 1384 «personne fictive mise en action dans un ouvrage dramatique» (doc. ds Du Cange, s.v. Ludus Christi); 1461 «représentation théâtrale de sujets tirés de l'histoire ou de l'imagination» (Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.73); 1754 «personnage qui figure dans un ouvrage narratif» (Montesquieu, Quelques réflexions sur les Lettres Persanes ds OEuvres, éd. 1769, p.5); 1878 personnage de roman (Ac.); b) 2equart du xves. jouer/faire le personnage «se composer un rôle pour tromper quelqu'un» (Quinze joies de mariage, éd. J. Rychner, p.15 et 21); c) ca 1500 «rôle que l'on joue dans la vie» (Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t.2, p.51); 3. 1422 «image ou statue représentant une personne» (doc. ds Havard); 1719 personnage allégorique (Du Bos, Réflexions critiques sur la poésie et la peinture ds Encyclop.). Dér. de personne*, suff. -age*. Fréq. abs. littér.: 6504. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7504, b) 8716; xxes.: a) 9103, b) 11112.